to protect and to serve ☾ emil

Dossiers papiers, photos de surveillance et autres fouillis étalés sur son lit, Wyatt il reste penché au-dessus de son bazar à la recherche de ce qui pourrait être un véritable indice. Des semaines qu’il bosse en interne sur cette affaire avec l’aide de Damian et des semaines qu’il n’arrive à rien. A chaque fois que le brun à l’impression d’avancer quelque chose fait qu’il recule immédiatement de deux cases, de quoi le frustrer au plus haut point. Pourtant habitué à être patient avec les différentes affaires qui lui ont parfois pris des années, l’Américain sait que pour celle-ci le temps joue contre lui. Son collègue toujours pas retrouvé, il s’attend toujours au pire. Pourtant il y a une chance sur deux qu’il soit toujours en vie mais si c’est le cas, Wyatt sait qu’il ne sortira pas de sa planque tant qu’il ne sera pas certain que sa vie n’est plus en danger. Pour ça, il faudrait que le flic parvienne à faire tomber Ruello, ce policier véreux qui est au centre de toute cette merde. Un bref regard vers son portable et il commence à rassembler toutes ses affaires pour rejoindre le poste de police. Arrivé à un point où il ne peut plus avancer tout seul, le brun sait avoir besoin d’aide et même s’il commence à avoir de plus en plus confiance en sa partenaire – chose qu’il ne lui avouera pas, ça lui ferait trop plaisir – il préfère mêler quelqu’un qu’il connaît depuis des années. La personne parfaite ça ne peut être qu’Emil si bien qu’arrivé dans les bureaux des renseignements, il se contente de jeter sa veste sur le dossier de son fauteuil pour ensuite chercher du regard son collègue. La salle de repos. Seul. Parfait. Le dossier toutefois rangé précieusement dans un des tiroirs de son bureau, il se dirige vers Emil sans rien laisser paraître. Simplement un jour comme les autres au travail, tout pour éviter d’attirer l’attention de leurs autres collègues. Une fois dans la pièce, il ne ferme pas la porte trop conscient que ça éveillerait la curiosité, s’empresse d’attraper sa tasse en train de sécher sur le bord de l’évier et il la tend vers Emil une fois près de lui. « T’as l’air bien parti et j’ai grandement besoin d’un café. » Large sourire aux lèvres, taquin, il pose sa tasse sur le meuble contre lequel il s’appuie, son regard ne déviant pas. « T’aurais cinq minutes ? J’aurais besoin de ton avis et probablement de ton aide pour un truc. » Mystérieux et méfiant, il jette un coup d’œil vers la porte de la salle de repos pour s’assurer qu’aucune oreille indiscrète n’est en train d’épier leur début de conversation – pas vraiment passionnante – puis reporte son attention sur le flic.

Ne mêler personne à son enquête, c’est clairement ce qu’il aurait préféré faire. Savoir son meilleur ami déjà que trop lié à cette histoire ne lui plaire guère, alors ajouter encore une personne, Wyatt aurait préféré éviter d’en arriver là. Malheureusement, il n’a plus vraiment le choix. Il est coincé. Tellement coincé qu’avoir un peu d’aide ne lui fera pas de mal. Une chance qu’il soit de service tout l’après-midi et toute la soirée, ça devrait lui donner l’occasion de croiser Emil. Thea a été une option, mais une part de lui refuse toujours de mêler la jeune femme à ses histoires. Il la respecte beaucoup, considère qu’elle fait de l’excellent travail, mais pour le moment ils ne sont pas assez proches pour qu’il se jette dans le vide avec elle. Le blond, c’est une histoire tout à fait différente. Ce dernier retrouvé dans la salle de repos du bureau des renseignements, il s’assure tout de même ne pas être écouté par des oreilles baladeuses. L’Américain sait cette affaire difficile. Il sait que Ruello a des yeux et des oreilles partout, surtout au sein de la police où il doit graisser pas mal de pattes, autant éviter qu’il apprenne que Wyatt lui court après. « Hm … » Qu’il commence suite à la remarque de son ami. « Moi je ne suis pas sûr d’apprécier d’entendre que j’ai une sale gueule. » Loin d’être vexé, il sourit quelque peu, lui fait comprendre ainsi qu’il ne prend pas mal ce qu’il vient de lui dire. De toute façon, Emil ne fait que pointer l’évidence. Wyatt ne dort pas beaucoup. C’est le cas depuis son retour de Chicago et c’est pire encore depuis qu’il s’est mis en tête de faire tomber ce flic véreux qui joue un peu trop avec le feu. « Je bosse ce soir, t’inquiète pas pour ça. » Il aurait préféré pouvoir trouver un peu de temps pour dormir, mais il aime assez bosser la nuit. Non pas parce que c’est calme, c’est généralement l’inverse. « J’aurais besoin de ton avis sur une affaire sur laquelle je suis depuis plusieurs semaines. » Explique-t-il sans pour autant entrer dans les détails. Revenu récupérer sa tasse désormais fumante, il remercie son collègue d’un mouvement de la tête et reste appuyé contre le meuble. « C’est un dossier un peu sensible pour être franc, le genre de truc qui pourrait probablement me coûter ma place. » Ou sa vie à bien y réfléchir. Quand il voit que Langston est soit obligé de resté planquer, soit mort, Wyatt se dit que ça pourrait tout autant être lui si Ruello venait à apprendre qu’il mène une enquête sur lui. « Ça te tente toujours dans savoir plus ? » Il pourrait comprendre que non, qu’il préfère éviter de mettre les pieds dans quelque chose qui pourrait lui exploser au visage, alors il préfère demander plutôt que de se lancer directement.

Cette enquête lui prend par moment la tête plus qu’il ne le voudrait. Certaines nuits il ne parvient pas à fermer l’œil, trop occupé à tout remettre en ordre dans sa tête. Le temps est une chose précieuse et Wyatt sait que s’il n’agit pas très vite il va en manquer. Langston plus que lui à vrai dire. S’il n’a travaillé qu’une seule fois avec le flic, il l’a toujours beaucoup respecté. C’est un bon, surtout sous couverture, presque un modèle pour le lieutenant qui a fait de cette partie de son métier son domaine jusqu’à il y a quelques mois. Mal finir et voir son nom sali par un salaud qui préfère accepter de l’argent sale, Wyatt n’est pas pour. C’est pour ça qu’il a décidé de continuer cette affaire en interne et qu’il est prêt à risquer sa carrière. Peu d’autres flics le feraient à sa place, payer le loyer c’est souvent trop important. Malheureusement, il commence à être coincé. Des indices, il en a des tas, mais par moment il a surtout l’impression de tourner en rond si bien qu’avoir un autre regard sur l’affaire est devenu nécessaire. Pour ça, il ne peut qu’aller demander de l’aide à une personne de confiance. « Rappelle-moi de t’en faire d’aussi beau la prochaine fois que tu rentreras d’une courte nuit avec une sale gueule. » Large sourire aux lèvres, il lui rend la pareille, aime pouvoir le taquiner en sachant que lui non plus ne prendra pas mal la chose. Ils sont amis, se connaissent depuis un bout de temps et savent très bien comment l’un et l’autre fonctionne. Se vexer pour une plaisanterie – même de mauvais goût – ce serait idiot. Débute les choses plus sérieuses. Et lorsqu’Emil souligne que personne n’est au courant de ce qu’il fait, Wyatt se contente d’opiner. Si leur unité est assez soudée, il ne sait pas toujours en qui il peut avoir confiance ou non et il se méfiera toujours de leur sergent. Pourquoi ? Il ne se l’explique pas, c’est comme ça. La porte fermée, Wyatt prend place autour de la table de la salle de repos, rapidement rejoint par le lieutenant. « J’aime bien savoir que je ne suis pas le seul suicidaire … ou du moins capable d’accepter de flinguer sa carrière et sa réputation. » Même si être flic c’est toute sa vie, il saura retomber sur ses pattes, comme un chat. Il aimerait bien avoir autant de vies mais il ne faut pas pousser non plus. Et puis, s’il doit quitter la police, peut-être qu’il sera pris ailleurs et restera dans les forces de l’ordre. Enfin, il n’en est pas là, heureusement. « Ça fait beaucoup de questions d’un coup. Je cherche à coincer l’un des nôtres, Ruello. On a tous entendu les rumeurs comme quoi il accepterait de l’argent sale, souvent des différents gangs de la ville mais qu’il vend aussi des infos à quelques mafieux. Langston, un vieux d’un des districts de Manhattan était sur son dos, il a disparu. La chambre d’hôtel qu’il avait a été retournée, mais lui aucune trace. » Commence-t-il à expliquer en passant quelques détails peu utiles pour le moment. « Ruello a des contacts haut placés, s’il apprend que quelqu’un en a après lui, il a de quoi me faire perdre mon poste voire pire. » Raison pour laquelle, il n’a mis personne au courant. Damian sait parce qu’ils ont bossé ensemble sur la scène de crime, mais pour le reste il ne veut pas faire courir le moindre risque aux autres.

Terminer cette enquête, la boucler définitivement, c’est de plus en plus tentant. Toutefois, Wyatt a l’habitude des affaires longues, qui demandent beaucoup de temps et de travaille. Après tout, il n’a pas passé trois ans à Chicago sous couverture uniquement pour le plaisir. S’il n’y avait pas eu l’incident avec son précédent partenaire, le brun est sûr qu’il serait encore dans l’Illinois pour être certain de faire tomber toutes les têtes à faire tomber. Le destin en a décidé autrement et pourtant la pourriture le suit jusqu’à New York. Ce n’est pas une grande surprise. Il sait que sa ville n’est pas plus clean qu’une autre, mais une pause n’aurait pas été de refus. Malgré ça, il continuera de combattre aussi longtemps qu’il le faudra. S’il ne le fait pas qui prendra sa place ? Léger sourire au coin de ses lèvres, c’est la seule réaction qu’il a en entendant le terme de suicide collectif. En un sens ce n’est pas faux, Emil est sur le point de se tirer une balle dans le pied, du moins si cette affaire ne termine pas comme Wyatt le souhaite. Mais il est appréciable de savoir qu’il a des personnes derrière lui pour le soutenir. Et, forcément, le nom qu’il balance fait son petit effet. « Tu ne peux pas dire que je ne t’ai pas prévenu. » Lance-t-il, un brin taquin, sa tasse fumante toujours entre ses mains. « Son corps ou des morceaux, pour bien brouiller les pistes. Langston est un bon, il sait que s’il est grillé il vaut mieux qu’il reste un fantôme. Seulement, il a aucune assurance qu’un flic creuse vraiment. » Beaucoup aurait conclu à la disparition de leur collègue en voyant la chambre d’hôtel qu’il louait dans un sale état et après avoir trouvé un peu de sang. Ça arrive, plus souvent que l’Américain ne peut l’accepter d’ailleurs. Wyatt n’est pas de ceux-là, parce qu’il n’abandonne pas tant qu’il n’a pas trouvé une véritable conclusion. Légèrement maniaque sur les bords. « Je connais un de ses indics, membre d’un gang dans Harlem. Il ne m’a pas donné grand-chose. Soit l’argent ne l’intéresse pas, soit il a trop peur de lui. » Puisque l’argent intéresse toujours, il a aussitôt opté pour la seconde option et n’a pas plus insisté de crainte d’attirer l’attention de Ruello. « Tu crois que tes contacts ou ceux de ton oncle pourraient me trouver un moyen d’approcher Ruello ? Le seul moyen c’est d’être introduit, il doit être trop méfiant pour que je me pointe et prétexte être intéressé par l’idée de me faire un peu plus de fric. » Aussi bon qu’il soit en infiltration, Ruello reste un flic et donc méfiant par nature. Si quelqu’un peut l’aider à monter une bonne histoire pour qu’il ne soit pas suspicieux, ce n’est pas de refus. « Je n’ai pas cherché. Si je le fais, je pourrais mener les mauvaises personnes droit vers lui et pour le moment ce n’est pas une bonne idée. » Même s’il aimerait s’assurer qu’il est vivant et en bonne santé, pour l’instant il juge mieux pour Langston qu’il ne s’intéresse pas à l’endroit où il se trouve.

Wyatt a conscience de jouer gros avec cette affaire, mais n’est-ce pas le cas à chaque fois qu’il se lance dans quelque chose d’aussi sérieux ? Le dernier dossier sur lequel il a travaillé et qui aurait pu lui coûter la vie c’était celui de Chicago et si lui est rentré en un seul morceau, ça n’a pas été le cas de son ancien partenaire. Plusieurs mois et le brun ne s’en est toujours pas remis. Comment est-il supposé le faire alors qu’il a vu Thomas se faire descendre sous ses yeux ? Peu importe le nombre de séances avec le psychologue, il sait que ses cauchemars ne le quitteront jamais complètement. Cette histoire avec Ruello, il faut qu’il parvienne à la régler et s’il peut sauver la peau d’un collègue, ça ne pourra être que bénéfique. Pour lui comme pour la plupart des flics de ce poste ou des autres de New York. « Ouais, je sais bien, mais ne dit-on pas que qui ne tente rien, n’a rien ? » Il se doit d’essayer, de tenter de voir si un des indics de Ruello aurait le courage de le balancer. Ça n’a pas été le cas mais au moins le lieutenant n’a plus aucun regret à avoir. Tasse amenée à ses lèvres, il boit une longue gorgé de café, se délecte de la chaleur que ça propage dans tout son corps alors qu’Emil reprend la parole. « T’inquiète pas pour moi, c’est loin d’être mon premier rodéo. » Lui assure-t-il dans un sourire. Un triste sourire cela dit. Il est resté trois ans parmi une des mafias à Chicago, ce n’est pas les sbires de Ruello qui vont l’effrayer ou y voir clair dans son jeu. Excellent acteur et caméléon, il sait se mettre dans la peau d’un autre sans souci, alors il ne s’inquiète pas plus que ça. « J’ai pas besoin de beaucoup, simplement de pouvoir l’approcher le temps de rassembler les preuves dont j’ai besoin. Après ça, je pourrais le faire tomber et Langston pourra sortir sereinement de sa planque. » Ça ne devrait pas être trop difficile une fois dans ses rangs, ce qui l’inquiète le plus c’est que Langston soit trouvé et tué entre temps. Comme un modèle, un exemple pour ceux qui voudraient oser se dresser contre un flic véreux. Non, mieux vaut que Langston reste là où il est tant que ce n’est pas sûr. « Donc si tu peux t’occuper d’attirer leur attention, je suis pas contre. J’ai besoin de boucler cette affaire. » Qu’il lui dit, presque suppliant. Ça ne lui ressemble pas pourtant de supplier, mais il est fatigué de devoir se battre contre des types supposés être le bons de l’histoire. « J’en ai vraiment besoin. » Insiste-t-il plus pour lui-même que pour Emil. Une bonne nouvelle, un peu de joie, c’est tout ce que Wyatt demande. Après ce qu’il a vécu à Chicago, ce n’est tout de même pas trop demander.