Pas de cri, pas de déni, elle ne me repousse pas, elle ne repousse pas la vérité que je peux enfin lui offrir, pour enfin nous soulager un peu, l’une et l’autre. Dans son regard, je vois qu’elle me croit, je revois l’espoir que je puisse reprendre un jour ma fille dans mes bras, tout contre moi. Ce doux mot passe encore ses lèvres « Maman ». Et puis… et puis les gens se rapprochent, m’empêchant de les ignorer plus longtemps. Mais qu’est-ce qu’une scène aussi intime peut leur apporter ? Pourquoi nous regardent-ils comme ça ? J’ai envie de leur crier de dégager, je suis prête à le faire quand trois hommes s’approchent davantage et encadrent Madeline. Ah, son petit copain… j’aurais dû me douter qu’il ne nous laisserait pas en paix. Mais pourquoi ? Ne l’aime-t-il pas ? Ne veut-il pas qu’elle soit… moins malheureuse ?
Je l’observe, un peu impuissante, attraper le bras de ma fille et lui ordonner de retourner dans le bar, de « s’arranger ». Quel ignoble petit con. Oh, il l’aime ? Ce n’est pas ce que je vois. Madeline s’éloigne de quelques pas, me jette un dernier regard avant d’obéir à Ibra. Mon cœur se fend, mais je ne peux rien faire, pas pour l’instant. Elle semble avoir confiance en lui, assez pour ne pas lui tenir tête. Mais, à ses yeux, c’est un « adulte », un « grand ». Intervenir davantage dans sa vie pourrait aller contre ce que je veux, alors, pas pour l’instant.
Il m’invective, me traitant de merde. Alors je me redresse de mon presque mètre 80, ajoutant même quelques centimètres de talons. Je le toise, je n’ai pas besoin de lever la tête pour le regarder, au contraire.
« Profiter de quoi ? Tu penses que tu la berneras longtemps avec ce genre de mensonge ? Tout ce que je veux, c’est retrouver ma fille, imbécile. Madeline n’est pas un objet, et elle n’est à personne sauf à elle. Elle s’en rendra compte avant toi. »
Comment pourrais-je profiter d’elle, moi ? C’est une enfant de 16 ans, et j’ai ma propre vie. Elle s’en rendra compte, et elle se rendra aussi compte que tout ce que je veux c’est qu’elle en fasse partie, c’est lui faire profiter de ce que j’ai à offrir. Ibra ne semble pas apprécier mes paroles et s’avance un peu plus pour me gifler. Ses copains gloussent, mais le regard que je lance au petit copain de ma fille les fait cesser net. Lui-même change un instant d’expression. C’est un petit fouille-merde, moi je suis une vraie ex-taularde, et il n’a vraiment pas intérêt à se frotter à moi. Un rire glacial m’échappe.
« Tu ne l’emporteras pas au paradis celle-là. Et si Madeline a envie de me revoir, tu ne pourras jamais l’en empêcher. »
On se fixe quelques instants avant qu’il ne tourne les talons, accompagnés de ses deux compères. Je l’entends à nouveau me traiter de merde, il me jette un regard par-dessus son épaule, pensant certainement que ce genre de paroles pourrait m’atteindre. Il n’a pas idée de ce que j’ai enduré, je ne suis pas certaine qu’il pourrait l’endurer à son tour. Pauvre petit chose.
Je repars à mon tour vers ma voiture, essayant de ne pas faire une crise de panique. Ce crétin pourrait prendre à Madeline la photo et ma carte que je lui ai données… mais elle connait mon nom, et je fais en sorte qu’on puisse facilement me trouver, même sur les réseaux sociaux. Si Madeline veut me voir, elle viendra à moi… il faut que je me rassure. Mack… ne craque pas avant d’être chez toi…
Code par Melody | Gif : nottrulyperfect.tumblr.com
