le calme avant la tempête - gabriel

L’hôpital était un lieu effervescent agité toujours par une tension palpable. Entres ces murs s’accomplissaient les bonnes et les mauvaises nouvelles au gré de l’augure incertaine, dans un équilibre au demeurant fragile. Mia arpentait les couloirs du centre hospitalier depuis maintenant un mois, assez de temps pour que la démarche soit plus assurée au rythme où elle prenait ses marques. Ce poste était inédit, bien différent de ces années dans l’humanitaire mais aussi de son ancien travail à l’hôpital de Los Angeles. A New-York, les choses allaient encore plus vite. C’était un cortège de patients et d’ambulances déversés aux urgences, et si Mia était performante dans l’immédiat et sur des sujets délicats qui aiguisait sa dextérité et sa concentration elle ne pouvait nier que le rythme effréné l’avait submergée de prime abord, avant de prendre le pli et s’acquitter avec diligence.

Cette nuit-là, l’infirmière était de garde, enchainant quelques heures supplémentaires concédées à une collègue contrainte à un départ précipité. La journée avait été plutôt calme, presque trop. C’était à la frontière du redondant pour la personnalité vive de la dame qui se complaisait dans l’activité dense. Elle avait choisi ce boulot pour ça, car les journées s’enchaineraient sans jamais ressembler à la précédente. Son métier, Mia le vivait comme une vocation à part entière, même lorsqu’elle grince des dents parfois après une journée ingrate. Quand elle revenait sur son parcours, elle considérait que sa profession lui avait toujours plus apporté qu’elle ne lui avait couté dans la vie.

Dévolue au pôle des urgences, Mia avait entrepris une tournée des patients qu’elle avait à sa charge en attendant qu’ils soient redirigés vers le service adéquat. Elle allait visiter la dernière chambre quand un raffut notable attira son attention. Le bruit émanait de l’accueil des urgences où elle se rendit à grandes enjambées afin de s’enquérir sur ce qu’il s’y passait.

Le tableau était assez classique comme put le constater Mia en débarquant sur les lieux. Deux agents de police encadraient un homme, semblant complètement ivre et suffisamment bruyant pour attirer toute la lumière sur sa personne. « On vous laisse gérer ça, on viendra le récupérer demain matin quand il se sera calmé. » Mia fronça un sourcil d’un air circonspect mais elle savait pertinemment qu’elle ne pouvait rien dire. C’était la procédure et la demande avait faite sur un ton impérieux y faisant écho. Alors qu’un agent s’occupait de la paperasserie et des différentes modalités et informations au sujet de l’individu, son collègue posa son regard sur Mia. « Vous êtes infirmières, non ? » N’attendant pas sa réponse, il s’avança en tenant fermement l’homme par l’épaule. « Où on peut le mettre celui-là ? »

Mia le regarda un instant parfaitement stoïque, avant de lui indiquer d’un geste machinal qu’il pouvait la suivre afin d’installer l’homme dans une chambre adaptée. « Vous savez ce qu’il lui est arrivé ? » Demanda Mia directement au policier en détaillant quelque peu l’individu afin d’évaluer ses blessures et son état.