|
| Invité a posté ce message Dim 6 Jan 2019 - 17:20 # |
| { Don’t be afraid to fall. Your wings will catch you. }@leah burgess Terrible sensation, vraiment. Ça n’est pas dans ses habitudes : débarquer à Brooklyn, à dix-neuf heures, sur le paillasson d’un appartement, situé dans un immeuble en briques ayant certainement abrité pas mal de monde (de la petite frappe italienne à l’artiste fauché qui, un jour, a pu retrouver ses œuvres accrochées quelque part dans la 57ème). Raul Tucci, aucun lien de parenté avec Stanley, travaille dans le milieu de la pub, c’est lui, l’intermédiaire : le grandiloquent qui se balade d’une porte à l’autre, débauchant les petites starlettes. Avec son carnet d’adresse richement new yorkais, il connaît les boroughs de fond en comble et les vermines qui y pullulent (cela va du plébéien random au petit rupin aux boucles savamment travaillées). C'est à lui qu'aurait dû incomber la mission mais, c'est Moriah Bialik, reclus depuis la saison dernière qui se trouve devant la porte métallique : bras ballants, pas le moins du monde enthousiasmé par l'effort que le simple fait d'avoir traversé la moitié de New York pour se retrouver là - ce qui, pour quelqu'un de normal serait interprété comme quelque chose de banal, est pour le metteur en scène surhumain. L'idée ne vient pas de lui, et c'est peut-être ce simple fait qui biaise profondément son ressenti de toute la situation : pourquoi se déplacer en personne ? Pour une vedette de pacotille qui ne doit sa 'notoriété' toute en lettres minuscules, qu'à un certain sens de l’exhibitionnisme millénial (quel prestige y a-t-il à se faire connaître en se filmant H-24 ou en prenant des photos du contenu de son assiette ?). C'est donc armé de préjugés qu'il a claqué le bitume. Il frappe à la porte et prétend n'en avoir rien à cirer du temps que sa future interlocutrice met à se présenter : chez les initiés, on ne fait pas attendre un futur employeur, surtout lorsqu'il a monté des pièces de renoms et a fait la une de la presse artistique à un si jeune âge. Une question de bon sens : qui raccrocherait au nez de Spielberg ? Ou refuserait une entrée à Jerry Bruckheimer ? Personne ayant un tant soit peu d'ambition (et l'intention de recevoir des invit' aux soirées, même les plus mineures). Pas qu'il se sente négligé, pas qu'il espère plus de promptitude : peut-être un sale mélange des deux. Mais lorsque la porte s'ouvre enfin - après approximativement vingt secondes d'interminable attente - sur une jeune femme dans sa vingtaine, élancée, Moriah ne remarque que les sourcils froncés qui lui font face. Ce à quoi il ne trouve rien d'autre à faire que gratifier la brune d'une représentation gratuite de pantomime, fronçant ses sourcils également. Il se demande s'il a fait erreur sur le numéro de l'appartement, s'il n'a pas fait totalement fausse route. Le prend-t-elle pour un témoin de Jéhovah, venu déranger le déroulement de sa soirée ? - Moriah Bialik - débute-t-il, hésitant à tendre la main - geste qu'il aurait certainement fait s'il avait eu droit à un autre accueil. Metteur en scène, précise-t-il, en se désignant - comme s'il suffisait qu'il prononce son nom pour que la lumière atteigne aussitôt tous les étages (il n'est pas connu à ce point, non). Raul Tucci n'est qu'un petit merdeux - songe Moriah à voix haute avant de se passer la main sur le visage. J'ai vu une de vos vidéos sur Youtube et j'ai peut-être un rôle à vous offrir...à condition que je ne passe pas ma soirée sur ce paillasson.
|
|