cause i love the adrenaline in my veins (flynn)

Un dimanche après-midi comme beaucoup d’autres pour Noa, mais à la différence que ça se passe chez elle pour une fois, à New York. Une chose qui n’arrive pas souvent dans son métier, pour lequel elle est plutôt amenée à souvent changer de pays pour chaque course, mais cette fois ce sera à domicile et elle a l’avantage d’avoir ses marques. Un jour important donc. Comme tout un tas d’autres dans l’année, certes, puisqu’elle considère tous ses jours de course importants. Qu’importe la catégorie, la ville, le circuit, elle se bat et donne le meilleur d’elle-même quoi qu’il arrive alors aucun n’est plus important qu’un autre. Et comme d’habitude sa concentration est au maximum. Elle a ses petits rituels avant de prendre le volant, qu’elle ne manque jamais, qui l’aident à oublier tout ce qu’il y a autour d’elle, à se sentir complètement vidée et apaisée. Pendant de longues minutes elle écoute les conseils de son équipe et échange sur les derniers points avec eux, fais le tour de sa voiture avec les techniciens pour s’assurer que tout est en ordre, puis elle part s’isoler un instant, son casque sur les oreilles et ses musiques préférées qui défilent. Il ne lui manque qu’une dernière chose afin d’être totalement prête et dans de bonnes conditions pour réussir, la présence de Flynn. La cerise sur le gâteau, le truc dont elle a le plus besoin. Et, le planning toujours aussi bien réglé que d’habitude, c’est après quelques chansons qu’elle le voit apparaître et que son sourire étire ses lèvres alors qu’elle enlève son casque. Assise sur une table à l’arrière du stand, elle tend les bras vers lui. « Câlin. » Geste essentiel qu’elle réclame évidemment à chaque fois, et comme ils n’ont que quelques minutes devant eux, elle n’attend pas plus longtemps pour le faire.

Aujourd’hui, Noa a une course et, comme pour toutes ses compétitions, je suis sur place. Avec elle. Depuis qu’elle a commencé les compétitions professionnelles -ce qui remonte à pas mal d’années-, je la suis dans tous ses déplacements, peu importe les villes, les jours ou les nombres de cours que je dois louper. Ma meilleure amie a tendance à dire que je suis son porte-bonheur et qu’elle ne gagne pas lorsque je ne suis pas dans les parages. Alors je rate rarement ses courses, pour lui faire plaisir et pour pouvoir être présent aussi. Ainsi en ce dimanche et comme à mon habitude, toujours en suivant le rituel que ma meilleure amie nous impose, je déambule dans les couloirs pour me diriger vers son stand, saluant les membres de son équipe qui, à force, me connaissent tous. Après les salutations, ils retournent à leur occupation tandis que, moi, j’entre à l’arrière du stand de Noa, la retrouvant assisse sur une table, casque sur les oreilles. Otant son casque, elle tend ses bras vers moi et, souriant, je la rejoins sans me faire prier, l’enlaçant dans mes bras. Je dépose un baiser sur son épaule, soupirant un tout petit peu en sachant très bien que le temps nous ait comptés. C’est toujours comme ça, on peut profiter l’un de l’autre que quelques courtes minutes, un laps de temps qui n’est jamais assez pour me rassurer complètement. Parce que je ne peux jamais m’empêcher de flipper, au moins un peu, à chaque fois qu’elle prend le volant pour l’une de ses courses. J’ai toujours peur qu’il lui arrive un truc. Pourtant, j’essaie tout le temps de faire bonne figure, de paraître serein pour ne pas lui transmettre mes craintes. Ça risquerait bien trop de la déconcentrer et ce n’est pas une chose que je peux me permettre. Me reculant légèrement, je me positionne afin de pouvoir planter mes yeux dans les siens, mes mains se plaçant sur ses joues. « Je sais déjà que tu vas gagner, mais je te souhaite bonne merde quand même. » Un petit sourire prône au coin de mes lèvres. C’est la meilleure, elle va tous les coiffer au poteau. Prenant le temps de détailler son beau visage, je ne peux cependant pas m’empêcher de lui demander : « Fait attention à toi, chérie, ok ? »

C’est automatique, ses lèvres s’étirent dans un grand sourire quand elle voit son meilleur ami apparaître et, lorsqu’il la prend dans ses bras, elle en fait de même, passant les bras autour de sa taille et nouant les jambes autour des siennes. Ses mains qui se posent sur ses joues lui réchauffent la peau et ses encouragements, eux, lui réchauffent le cœur. « C’est toi ma grosse merde. » Un rire taquin accompagne ses paroles, mais même si elle le dit en rigolant, ce n’est pas tout à fait faux. C’est en partie grâce à lui qu’elle gagne à chaque fois, elle le ressent au plus profond d’elle-même, il est son porte bonheur, celui qui lui donne la force de tout affronter et de donner tout ce qu’elle a de meilleur. S’il n’était pas derrière elle, elle sait pertinemment qu’elle n’aurait pas la même rage de vaincre. Et ça ne vaut pas que dans ses courses d’ailleurs, c’est la même chose dans sa vie en général, raison pour laquelle elle a bien trop besoin de lui. Suivant son regard elle le voit parcourir son visage, prêt à ajouter quelque chose, elle le sent. Alors elle patiente et un petit sourire apparaît sur ses lèvres quand elle entend sa question, ses jambes et ses bras se resserrant un peu plus fort autour de lui. « Comme toujours. Tout se passera bien. » Elle le sait que ça lui fait peur, tout comme ça fait peur à sa mère et à son frère, parce que c’est un sport risqué, qui a même coûté la vie à son père. Mais il ne lui dit pas, fait tout pour ne pas lui transmettre ce stress, et elle le remercie infiniment pour ça. L’inquiétude de sa famille est déjà bien assez pesante. Et en retour elle se montre toujours confiante, lui disant que ça ira, même si elle ne peut jamais en être sûre à 100%. D’autant plus que faire attention n’est pas simple pour elle, parce que, comme pour quasiment tous les pilotes, l’instinct de survie de Noa n’est pas le plus développé au monde. Mais ça elle ne lui en fait évidemment pas part, même s'il peut le remarquer au quotidien, mais elle ne tient vraiment pas à l’inquiéter plus que de raison. Posant la tête sur son torse elle ferme les yeux un instant, profitant de leurs dernières secondes ensemble avant le départ. Et quand elle les rouvre elle les pose sur l’horloge. « Je crois que ça va être l’heure d’y aller. » Dénouant ses jambes elle le laisse reculer et se lève de la table, mais le serre à nouveau dans ses bras une dernière fois dès qu’elle a les pieds à terre. « Je t’aime chéri. » Juste quelques secondes de plus et elle finit par le lâcher parce qu’on vient la chercher.

Je roule des yeux en entendant ce qu'elle me dit. « Grosse merde toi-même. » Que je dis en prenant un faux air vexé. Je sais qu'elle plaisante -et heureusement-, tout comme elle sait que je ne suis pas vraiment vexé. Scrutant ensuite son visage avec plus d'attention, je lui demande de faire attention et ce qu'elle rétorque me fait lever les yeux au ciel. « Ouais, comme toujours. » Bordel, qu'est ce que je déteste ces paroles-là. Parce que je la connais, elle ne va pas juste conduire, elle va mettre en œuvre plein de tactiques dangereuses pour passer devant les autres. Mon petit cœur se porterait mieux si elle ne se mettait pas autant en danger, mais je suis conscient que ça n’arrivera pas. Ça ne serait pas elle. L'heure fatidique est arrivée, chose que je comprends quand elle me l'annonce en se détachant de moi pour descendre de la table. Je souris, malgré tout, son "Je t'aime" me réchauffant le cœur. « Je t'aime aussi chérie. Plus que tout. » Et avant qu'on se sépare, je pose mes lèvres sur son front, puis sur le bout de son nez et, enfin, sur ses lèvres. Des baisers rapides, du bout des lèvres. Si elle, elle a son rituel des quelques minutes avec moi pour se sentir bien, moi, j'ai ce rituel-là. Petit sourire aux lèvres, je la laisse se détacher de moi pour partir et je commence à en faire de même, prêt à rejoindre son équipe parce que, comme toujours, je ne peux pas me contenter d'aller dans les gradins. J'ai besoin d’être au plus près de l'action, d'elle. Je finis pourtant par me retourner, ma meilleure amie passant à peine l’ouverture du stand. « Et Nadeau ! » J'attends qu'elle se retourne en entendant ma voix et lorsqu'elle l'a fait, j'ajoute : « Je te préviens, je vais botter ton joli p'tit cul si t’es pas première ! » Le sourire que j'aborde démontre complètement que j'y pense, à cette petite menace. C'est aussi un moyen de lui donner un petit coup de boost parce qu'une défaite n'est pas envisageable. Elle ne prend pas autant de risque pour ne pas finir première. Il en va de son honneur aussi. Il faut qu'elle clou le bec des gens médisants, de ceux qui déclarent ouvertement que si elle est là où elle est, c'est grâce à son patronyme. Nadeau, le nom de l'un des plus grands champions que l'histoire de la formule 1 a connu. Le nom de son père, le sien aussi. Le nom d'une future championne, j'en suis convaincu.

Elle rit en l'entendant lui renvoyer l'insulte, pas attristée une seule seconde par son air vexé qu'elle sait complètement faux. Par contre quand il lève les yeux au ciel après qu'elle lui ait dit qu'elle ferait attention, là elle sait qu'il ne fait pas exprès. Mais elle n'ajoute rien, elle sait que tout ce qu'elle pourrait dire ne changerait rien pour lui, qu'il la connait trop par cœur, et ce n'est en plus vraiment pas le moment pour qu'ils se fâchent. Elle doit d'ailleurs bientôt partir et elle préfère donc se concentrer sur son je t'aime et sur les petits bisous qu'il dépose tout le long de son visage. Ça au moins ça le fait sourire et ça le met de bonne humeur. C'est ainsi qu'ils se quittent, mais elle l'entend l'appeler juste avant de sortir, riant encore une fois à ce qu'il dit, puis levant le pouce en l'air. « Mon joli p'tit cul se portera très bien alors. » Parce qu'elle n'a absolument pas l'intention de perdre. Et après lui avoir tiré la langue, elle sort vraiment, allant s'installer dans sa voiture. Dernier speech, derniers réglages, et une fois que tout est ok elle part. C'est à la seconde place qu'elle prend le départ, n'ayant pas réussi à avoir la pole position pendant les essais qualificatifs à cause d'une erreur de tactique, mais elle sait qu'elle pourra rattraper ça et qu'elle aura un tas d'occasions pour passer première. Le début de la course se déroule normalement, elle colle le pilote précédent, à deux doigts de le dépasser à plusieurs reprises, mais ça devient un peu plus compliqué quand il se met à pleuvoir. Rien d'inquiétant pour autant, ça ne change pas grand-chose pour Noa et c'est au détour d'un virage qu'elle tente une nouvelle fois de doubler. Mais le pilote, ne voulant évidemment pas la laisser passer, il se rabat. Sauf qu'il le fait un poil trop tôt et qu'elle n'a pas le temps d'éviter, leurs roues se percutent et le pneu de son concurrent explose, les envoyant valser tous les deux. A plus de 300 km/h le moindre petit choc provoque un réel accident et Noa part à toute vitesse, finissant dans le mur de pneus après un tonneau. Sa voiture s'immobilise après quelques secondes et elle réalise enfin ce qui vient de se produire sans qu'elle n'ait eu vraiment le temps de se rendre compte des choses, le cœur qui bat à tout rompre. C'est la première fois qu'elle subit un tel accident, mais bizarrement, le choc passe vite, parce qu'elle connait parfaitement les risques du métier et qu'elle a toujours su que ça pouvait arriver. Mais elle est assez folle pour faire une totale confiance à sa voiture et elle a la preuve que la sécurité est bien plus présente depuis quelques années, la cellule se survie ayant joué son rôle à la perfection. Elle va bien, c'est tout ce qui compte, et elle peut même sortir seule avant même que des secours arrivent. Une bonne chose, vaut mieux sortir rapidement, au cas où. Mais c'est aussi à ce moment-là qu'elle ressent les douleurs lancinantes qui se propagent dans son poignet et dans son genou. Elle est même incapable de s'appuyer ne serait-ce qu'un peu dessus et impossible de marcher pour s'éloigner sans qu'on ne vienne la chercher. Et avec l'averse qui s'intensifie, elle est en train de finir trempée. Et là elle va tout de suite un peu moins bien, parce qu'elle sait qu'elle est bonne pour aller faire un tour à l'hosto et qu'elle risque de ne pas en sortir totalement indemne.

Supporter ma meilleure amie est une chose normale à mes yeux, quand bien même la peur qui me prend toujours aux tripes pourrait m’en dissuader. Je dois être là, ça en est presque devenu une obligation pour elle, comme pour moi. Tout comme nos petits rituels avant chaque course, petites habitudes qu’on exécute dans un ordre bien précis, allant des câlins, aux baisers que je dépose sur son visage, et terminant par cette petite menace que je formule avant qu’elle n’aille rejoindre son véhicule. Elle rit, suivit par mon rire, et on se quitte là. Elle part dans sa voiture, moi sous la tente avec son staff. La course débute alors sous mes yeux qui ne quittent pas le bolide de Noa, attentif aux moindres petits imprévus qui pourraient se produire et le pire finit par arriver. Tandis qu’elle tente de dépasser un de ses concurrents, ce dernier se rabat trop vite et trop tôt, et elle ne peut l’éviter, heurtant sa roue et voltigeant dans le mur de pneus après avoir exécuté un tonneau. « NOA ! » C’est un cri du cœur qui déchire le silence pesant après les gros bruits qu’on produit l’impact. Le mien, celui du gamin qui assiste impuissant à un accident qui pourrait lui retirer celle qu’il aime le plus au monde. Ne tenant pas une seconde de plus, n’attendant pas que quelqu’un réagisse avant moi, je fonce vers la barrière de sécurité, prêt à l’enjamber pour aller rejoindre la jolie brune. La pluie qui tombe fortement trempe tous mes vêtements et mon corps en moins de quelques secondes, je manque de m’étaler au sol en dérapant dans la boue qui s’est déjà formé à certains endroits du sol, mais rien ne m’arrête. Rien, jusqu’à ce que je tente de sauter la barrière et que des bras puissants me tirent en arrière, me faisant presque tomber à la renverse. Heureusement, les deux mecs me tiennent bien fortement pour que je reste debout sur mes petites jambes. « Putain, laissez-moi passer ! » Je crie, j’hurle limite, me débattant comme un forcené pour pouvoir sauter par-dessus la barrière de sécurité et courir au secours de ma meilleure amie. Mais j’ai beau lutter de toutes mes forces, les molosses qui me tiennent ne me permettent pas de faire un pas de plus. « Il faut aller l’aider ! » Ils ont beau me retenir, ce n’est pas pour autant que j’arrête, ils finiront par en avoir assez, me lâcher et me laisser y aller -l’espoir fait vivre, je sais-, jusqu’à ce qu’une main sur mon épaule me calme, au moins quelques secondes. Pas une des deux costauds, mais celle de l’un des membres du staff de Noa. Je dévie le regard vers lui, arrêtant de gigoter comme une anguille dans les bras des deux autres. « Flynn, je comprends ton désarroi, mais on ne peut pas... On ne peut rien faire, à part attendre les secours. Ça serait trop dangereux, la course n’est pas arrêtée pour le moment. » Putain, je le sais ça, et je n’en ai rien à foutre. Je ne reculerais jamais devant tous les risques que je pourrais prendre pour Noa, jamais. Mes mains agrippent la barrière et je la serre fort, fort, tout comme ma mâchoire, au point de commencer à ressentir des douleurs. Pourtant, ce n’est pas aussi douloureux que ce que je ressens à ne pas voir la jeune femme sortir de son véhicule. La pluie m’a trempée, mais ce n’est pas non plus à cause d’elle que proviennent les larmes qui perlent sur mes joues. C’est interminable, j’ai la sensation que le temps passe à deux à l’heure et que ça fait un siècle que l’accident s’est produit, il faut faire quelque chose. Je me tourne de nouveau vers le staff de ma meilleure amie, prêt à leur dire qu’il ne faut plus attendre, mais lorsque j’ouvre la bouche pour parler, on me montre quelque chose du doigt. « C’est une battante. » Mes yeux suivent son doigt pour finir par se poser sur Noa qui sort de sa voiture. Je ne peux pas déterminer exactement ce qu’elle a, étant beaucoup trop loin pour être sûr à 100%, mais elle se tient sur une seule jambe, ne posant pas l’autre ou si, pendant quelques courtes secondes, avant de la relever. Elle est en vie, oui, mais blessée et bordel, il faut qu’elle tienne le coup et que les secours arrivent vite. S’il devait lui arriver un truc, ou si son état devait s’aggraver avant que l’ambulance arrive, je ne pourrais pas le supporter.

Tout se passe trop rapidement pour qu’elle ait le temps de réagir, elle ne peut même pas modifier sa trajectoire pour ne pas se faire rentrer dedans par son concurrent. Et même si elle avait pu, à cette vitesse, un brusque coup de volant lui aurait surement donné quasiment le même résultat, le tonneau est inévitable. Le premier sentiment qui la prend alors qu’elle se met à voltiger dans les airs, c’est d’être énervée contre lui. Énervée qu’il lui ait coupé la route de façon trop dangereuse, qu’il ait provoqué un accident, et aussi qu’il l’ait stoppée net dans sa course, lui faisant ainsi passer la victoire sous le nez. Elle ne va même pas pouvoir aller jusqu’au bout et ne pas passer la ligne d’arrivée, même dans les derniers s’il faut, c’est un échec pour elle. Il y a aussi de la peur évidemment, elle est secouée et un peu sous le choc, mais ce n’est pas ce qui prime. Puis vient le soulagement quand sa voiture s’immobilise au milieu des pneus, celui d’aller bien, de se rendre compte qu’elle est bien vivante, ce qui aurait pu ne pas être le cas. Heureusement l’accident n’a pas été si violent que ça, si on peut dire ça comme ça, et elle n’a pas l’impression d’avoir de blessures graves, ni même de se sentir trop mal. C’est ce qu’elle dit par la radio quand quelqu’un de l’équipe lui demande comment elle va. Et finalement le dernier sentiment est l’inquiétude, en sortant de la voiture et en se rendant compte que son genou et son poignet en ont quand même pris un bon coup, qu’ils lui font très mal et que ça pourrait jouer sur la suite. Parce qu’évidemment qu’elle pense déjà aux prochaines courses. Mais il y a aussi de l’inquiétude pour l’autre pilote. Ça aussi c’est une évidence, elle a beau lui en vouloir pour son action, elle n’en reste pas moins quelqu’un de foncièrement gentil et elle espère qu’il n’a rien de grave lui non plus. De l’inquiétude pour ses proches également, elle espère surtout qu’ils n’ont pas vu ça en direct, surtout sa mère. Et pour Flynn, elle espère qu’il n’est pas en train de paniquer, mais ça elle en doute fortement. Toutes ces pensées se bousculent à une vitesse folle dans sa tête pendant que les secours arrivent. Une des personnes vient la soutenir pour avancer et elle passe le bras autour de son cou alors qu’il la tient par la taille pour l’aider à marcher et aller rejoindre le poste médical. Les autres s’affairent eux à remorquer la voiture qui est dans un assez sale état. Sur le circuit, la voiture de sécurité est lancée pour ralentir la course et pouvoir enlever les débris sur la route, mais tout ça elle ne peut plus s’en préoccuper puisqu’une fois qu’elle en est sortie, plusieurs autres personnes viennent autour d’elle pour l’aider, lui demander comment elle va, lui poser des questions. Et rapidement elle se retrouve au poste médical en train de recevoir les premiers examens. On lui explique alors qu’elle va être emmenée à l’hôpital pour des radios et pour déterminer si elle doit être opérée ou non et qu’elle n’a plus qu’à attendre quelques minutes. Minutes pendant lesquelles son meilleur ami la rejoint, et lorsqu’elle voit la tête qu'il a c’est comme si elle sentait son cœur se briser. « Flynn… » Elle l’imagine parfaitement en train de devenir fou derrière cette porte, parce que c’est comme ça qu’elle aurait réagi si les rôles avaient été inversés. Et pourtant elle n’a presque rien, alors elle espère juste vraiment que les membres de son équipe lui ont bien fait comprendre et qu’il n’est pas resté dans le doute. Finalement c’est ça qui l’angoisse le plus, de ne pas savoir comment ça s’est passé de son côté, tout ce qu’il a pu s’imaginer pour rien puisqu’elle va bien. Par réflexe elle se lève de la table d’examen dès qu’il entre pour aller le prendre dans ses bras, sans penser à son genou, et elle grimace en grognant quand elle pose le pied à terre. C’est qu’elle peut être vraiment conne parfois, mais l’envie d’être contre lui a été plus rapide que son cerveau.

Je ne peux que regarder le triste spectacle qui s'offre à mes yeux, incapable de quitter Noa une seule seconde du regard, apeuré à l’idée de ne plus la voir ensuite. Les secours arrivent et la récupèrent pour l’amener ailleurs. Dans un endroit inconnu, mais le staff me promet de m'amener à elle dès que possible. J’acquiesce, n'ayant pas le choix si je veux la voir, et je patiente jusqu’à ce que l’un des gars du staff revienne. Il s’excuse en chemin de ne pouvoir m’en dire plus, lui-même n’étant pas encore au courant de son état global. Le médecin était avec elle lorsqu’il est revenu, qu'il me dit, sauf que je ne l’écoute pas. Je suis comme un automate, marchant la tête complètement ailleurs. J’ai l’estomac encore retourné par tout ça. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à un accident sur une course, ni à un de ceux de la belle brune, mais là, c’était sûrement le plus gros d’entre tous. Alors ouais, je suis ailleurs, ne réalisant pas qu’on est désormais devant la tente où se trouve la belle. C'est l'aboiement d'un chien qui me fait sursauter, me sortant du mutisme dans lequel j'étais plongé, et mon regard trouve l’animal bruyant. Qui donc ramène son chien ici ? Une réponse que je n’aurai sûrement jamais, dont je m’en fous royalement, et qui est mise au second plan quand le mec écarte les pans de la tente. Je capte le regard de Noa à la seconde même où j'entre, ressentant du soulagement en la voyant en vie. Je ne sais pas ce qu’elle a totalement, mais elle avait du mal à poser sa jambe dans mes souvenirs. De ce que je vois actuellement, son genou semble touché. Elle a dû prendre un gros coup et, à en juger par sa grimace lorsqu’elle descend de la table, je pense voir juste. Ça ne l’arrête pourtant pas, elle commence à boitiller dans ma direction, et je soupire. « T’es vraiment une idiote. » Pour ne pas avoir fait attention sur la piste, en premier lieu, et pour tenter de marcher, maintenant. Ouais, elle n’a pas été un génie aujourd’hui. Je la rejoins avant qu’elle ne puisse lâcher la table qui lui sert de soutien, et la soulève délicatement pour la déposer sur la table. Me plaçant entre ses cuisses, en évitant de toucher son genou, je la détaille du regard. Je ne m’autorise pas à la toucher, préférant faire un check-up visuel de son état de santé. Ne sachant pas où elle est blessée, la toucher serait prendre le risque de lui provoquer plus de douleurs. Impossible. Minutieusement, je n’oublie aucune zone de peau découverte. Je suis bien trop anxieux pour en zapper de toute façon, ayant bien trop à cœur d’être certains qu’elle va bien. Et, quand je pense avoir terminé, je plante mes yeux dans ceux de Noa, soufflant enfin pour la première fois. J’étais en apnée, obnubilé par ce besoin de vérifier que sa vie n’est plus en danger. Rien qu’y repenser me fait remonter les larmes aux yeux. Je suis le total opposé du mec qui pleure, je ne le fais tout simplement jamais, mais je n’ai rien pu faire contre aujourd'hui. Mon cœur a souffert, il a pris cher. « J’ai tellement eu peur... Plus jamais. » Et s’il le faut, je l’enfermerai dans le grenier de ma demeure. Tout est envisageable, du moment qu’elle reste saine et sauve.

Elle est encore un peu retournée par ce qu’elle vient de vivre, des accidents aussi gros elle n’en vit pas tous les jours, loin de là, elle n’en avait même jamais vécu en fait. Elle ne connaissait encore que les petits accrochages sans grande importance, mais cette fois elle a pu ressentir la peur de connaitre le même sort que son père. Impossible de ne pas penser à lui dans un moment pareil. Pourtant elle n’a pas tant de mal qu’elle l’aurait pensé à s’en remettre et elle le vit mieux qu’elle pouvait l’imaginer, jouant même tranquillement à un jeu sur son téléphone d’une main, ne pouvant pas vraiment bouger l’autre, le temps qu’on vienne la chercher pour l’emmener à l’hôpital. Est-ce qu’il manque quelque chose dans son cerveau ? Ce serait bien possible, mais pour elle c’est juste qu’elle a pris conscience très jeune des risques qu’elle encourt et qu’elle fait avec. Elle est interrompue dans sa partie par son meilleur ami qui la rejoint, et son réflexe est de descendre de la table d’examen pour aller se blottir dans ses bras. C’est sans compter sur sa blessure au genou qui la fait grimacer et boiter, mais Flynn coupe la poire en deux et fait l’autre moitié du chemin pour la rejoindre avant qu’elle ne parvienne à lui, la soulevant ensuite pour la remettre assise sur la table et ne manquant pas de la traiter d’idiote au passage. Une moue boudeuse apparaît sur le visage de Noa, agacée par cette remarque. Elle n’ajoute cependant rien, ce n’est pas le moment d’en rajouter une couche, et un silence s’installe. « Flynn ? » C’est comme s’il était perdu ailleurs, qu’il ne l’écoutait pas, son regard scrutant l’intégralité de son corps. « Flynn ! » Elle parle un peu plus fort pour attirer son attention et c’est au même moment qu’il semble finir son inspection, levant les yeux vers les siens. Ça lui serre le cœur de le voir dans cet état, si inquiet, et elle lève sa main valide pour la poser sur sa joue et caresser doucement sa peau, son regard ne quittant pas le sien une seconde. « Hey, tout va bien, j’ai presque rien. Simplement une entorse au genou et au poignet, j’aurais tout aussi bien pu me faire ça en tombant dans l’escalier. » Elle cherche surtout à le rassurer, mais ce n’est pas faux, même sans être pilote ça pourrait arriver. Même si c’est vrai, les risques sont un peu augmentés dans son cas, mais elle préfère se concentrer sur le fait qu’elle va bien, c’est le principal. Sa main quitte sa joue pour aller enserrer sa taille et elle l’attire à elle, posant la tête contre son torse. Un médecin entre quelques secondes plus tard, mais juste le temps de lui annoncer qu’ils reviennent la chercher dans cinq minutes pour l’emmener, et il repart. Noa s’écarte de Flynn et replonge les yeux dans les siens. « Tu vas quand même pas botter le cul à une handicapée hein ? » Faisant référence à ce qu’il lui avait dit, si elle ne finissait pas première, elle essaie de détendre un peu l’atmosphère.

Ne pas penser au pire. C’est ce que je me répète non-stop dans ma tête pendant tout le trajet qui m’amène à Noa, pourtant, à la première seconde où je la revois enfin, je cesse de me faire des illusions. Elle n’a pas l’air à l’article de la mort, mais elle n’est pas non plus dans le meilleur des états. Elle a beau faire genre qu’elle va bien, allant même jusqu’à se lever pour tenter de me rejoindre, il ne faut pas être intelligent pour comprendre que ce n’est pas entièrement le cas. Ses blessures la font souffrir et je n’aime vraiment pas ça. J’ai toujours eu du mal avec le fait qu’elle puisse avoir mal, c’était déjà le cas à l’époque où elle avait eue ses premières douleurs de règles, alors là encore plus. La traitant d’idiote pour vouloir venir me rejoindre, je finis par combler la distance restante et la soulève pour la remettre sur la table. Commence alors une inspection minutieuse, mon regard détaillant son corps à la recherche d’une quelconque blessure dissimulée et je fais abstraction de la jeune femme qui tente de me ramener à la réalité. Je suis plongé dans cette angoisse que son état soit plus grave que ce qu’elle laisse paraître. Mais après avoir vérifié, elle ne semble rien avoir de plus et je peux fixer ses yeux des miens, lui faisant part de ma frayeur. Elle me parle pour me rassurer et je ferme ensuite les yeux sous ses caresses sur ma joue. J’inspire un bon coup pour me détendre un peu, n’ouvrant plus les yeux. Je la sens ensuite entourer ma taille de son bras valide, sa tête se posant contre mon torse. Je la laisse faire, luttant pour ne pas la serrer contre moi, gardant mes bras le long de mon corps. Je suis désespéré, figé par la peur de lui faire mal involontairement et ce n’est que lorsque j’entends la voix du médecin que j’ouvre de nouveau les yeux, plongeant mon regard dans celui de Noa. Elle me questionne et je penche un peu la tête sur le côté, les sourcils légèrement froncés. Je sais ce qu’elle cherche à faire, mais je ne réponds pas de suite, déviant les yeux quelques secondes, songeur. Ma meilleure amie n’a pas totalement tort, ça aurait pu être pire et au lieu de broyer du noir, je ferais mieux de profiter qu’elle soit encore là. Vivante, avec moi, à chercher une petite taquinerie de ma part. Alors je cherche, me plongeant dans des réflexions sans queue ni tête et, d’un coup, c’est l’illumination. « Je viens d’y penser, mais… Heureusement que je t’ai prise en photo avant l’accident. Je pourrais toujours poster sur instagram des photos potables de toi en attendant ta guérison totale. » J’hausse les épaules tout en reposant les yeux sur elle, un sourire amusé au bord des lèvres, me moquant ouvertement d’elle et de son état actuel. Un moyen comme un autre pour lui prouver que son essai pour détendre l’atmosphère a plutôt bien fonctionné, même si j’ai toujours ce pincement au cœur à chaque seconde où mon regard se pose sur l’une de ses blessures. C’est ce qui me fait redevenir sérieux assez rapidement et ça se voit sûrement sur mon visage. Ouais, finalement, ça va être difficile de me faire réellement rire à nouveau là. « Chérie, t’es sûre que ça va ? » Je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter, encore et encore. Ça ne s’arrête jamais en fait, je me fais toujours du souci pour elle, même lorsqu’elle va très bien. Doucement, je me mords l’intérieur de la joue, finissant par lui demander ce qui me démange depuis que je l’ai retrouvé. « J’ai envie de te câliner, mais j’ai peur de t'apporter que des douleurs supplémentaires... Tu crois que je peux ? » Je l’observe avec une légère pointe d’impatience mêlée à de l'appréhension, souhaitant par-dessus tout qu’elle ne me le refuse pas. Qu’elle ne me réponde pas par un non.