trois petits-tours et puis s'en vont (tessomel)

La maison se vide d’une place de plus, et pas n’importe la quelle. Voilà des années qu’elle vit ici, et y a pris ses habitudes. Régulièrement, quand elle rentrait du travail, elle revenait avec une boite à pizza entre les mains. Celle-ci avait été soigneusement préparé, évitant de contaminer une partie avec des olives. C’était le deal. Votre forte relation en surprenait plus d’un. Et vous vous demandiez constamment qui était celui qui avait dit que l’amitié homme-femme n’existait pas. Aujourd’hui, quelques cartons parcellent le salon. Attendant sagement d’être transférés vers une nouvelle destination. Accoudé au bar, Martin dévorant sa deuxième part de gâteau au chocolat, tu regardes désespérément les dernières affaires de Tessa. T’aurai voulu repousser davantage son départ, quitte à mettre des battons dans les roues de ton meilleur-ami. « Du calme Martin, il ne va pas s’envoler le gâteau. » Du chocolat plein la bouche, les doigts marrons, l’enfant te regarde, bouche pleine, perplexe par ce que tu viens de lui dire. Destiné à fêter le départ de Tessa, le gâteau à malheureusement diminué au passage, sous l'oeil d'un enfant malheureux comme la pierre.

Les mains sur mes hanches, je tourne sur moi-même pour vérifier que je n’oublie rien. Ça ne sera pas perdu pourtant. Je sais que je pourrais revenir ici quand je le souhaite mais je suis perfectionniste c’est tout. Ma chambre me semble tellement vide maintenant que mes affaires sont dans des cartons, en bas à attendre sagement d’être chargés dans la voiture de Tommy. Il ne reste que mon énorme peluche gagnée par les garçons au Luna Park. Bon sang … dire que je vais emménager avec mon petit ami. Si je ne lui ai pas laissé beaucoup de choix, j’ai encore du mal à réaliser. Mes bras de nouveau le long de mon corps, j’attrape ma peluche et sors pour la dernière fois de ma chambre puis prends l’escalier sans rien voir. « Chaud devant ! » Je crie au cas où Leo ou Martin aurait eu la bonne idée de monter sauf qu’une fois en bas – et libérée de ma peluche – c’est dans la cuisine que je les trouvé, Martin plein de chocolat autour de la bouche. « Bah dis-moi c’est que t’avais faim petit monstre ! » Je ris en détournant le regard vers son frère. « Tu vas pas pleurer hein ? Je pars pas loin et pour toujours tu sais. » Je le taquine parce que même si je pars, notre relation en restera inchangée.

Deuxièmes aller-retours effectués, je remonte dans ma voiture, et reprends la direction de chez Tessa et Leonel. J’ai beau me dire qu’on est en train de passer un nouveau cap, que c’est mieux pour nous deux, pour elle surtout, je flippe totalement de ce que ça pourrait donner. Je sais que je veux passer le restant de ma vie avec elle, mais le réaliser, alors qu’on n’a même pas officialiser…ça a le don de me faire flipper. Je soupire chassant ses idées mauvaises et finit par me garer devant leur petite maison. Lorsque je rentre, la porte ouverte, je le sais parce que je suis partie il y’a moins de vingt minutes, je les entends dans la cuisine. Alors je me glisse, habillé d’un simple bermuda et d’un t-shirt. « Il ne reste que ces quelques cartons ! » Mon regard s’attarde sur la grande Peluche qui trône : « ….et la peluche » Ça va jamais rentrer dans un simple aller. Bon sang. J’ai vraiment une voiture trop petite. Je m’approche d’eux glissant un bras autour de la taille de Tessa, un baiser rapide sur sa tempe, je m’écarte pour m’approcher de Martin : « Tu m’en donnes, je meurs de faim ? » « Non ! » Il secoue la tête avant de croquer dedans à pleine bouche ! « QUOI ?! Même à tonton Tommy ?! » Je lève la tête vers Tessa qui me regarde amoureusement, alors que Leonel la regarde tristement. « Fais pas cette tête, Leo. C’est pas un enterrement non plus »

Tessa, les bras chargés, descend les escaliers tandis que tu restes à côté de Martin qui dévore à pleine bouche le gâteau d’adieu. Tommy revient au même moment, regrettant presque que ta meilleure-amie embarque avec elle l’immense peluche. « Je crois que je vais devoir vous accompagner avec ma voiture. » Dis-tu en grimaçant. « Mais tu peux aussi laisser des affaires ici. C’est peut-être plus simple. » Tu secoues la tête, confirmant tes dires. Car oui, ça te fait chier qu’elle s’en aille. Des années que vous vivez ensemble, et voilà que tu ne vas plus pouvoir la narguer au réveil. Couper l’eau chaude pour l’entendre hurler sous la douche. Tes deux meilleurs-amis laissent alors une petite remarque à Martin qui dévore son gâteau, s’en mettant partout sur lui. T’as même pas la force de la taquiner. T’as l’impression d’assister à un enterrement. Bon c’est en faire des caisses, mais t’es triste. Assez pour que tes amis viennent se moquer de toi. « Je suis un homme, je pleure pas. » Dis-tu en prenant une part de gâteau, imitant malgré toi ton frère. « Je regrette seulement mes pizzas sans olive. »

« Il ne reste que ces quelques cartons ! … et la peluche » Je laisse un franc rire m’échapper face à sa tête dépitée lorsqu’il réalise que Baloo est encore là et qu’il va falloir encore une fois se la trimballer dans la Dodge. « C’est sûr que quand elle prend pas toute la place dans ta chambre tu l’oublies facilement. » Sauf que maintenant elle va y aller à moins que monsieur décide d’aller l’enfermer dans une autre pièce pour sauver de la place. « Je crois que je vais devoir vous accompagner avec ma voiture. Mais tu peux aussi laisser des affaires ici. C’est peut-être plus simple. » J’approuve d’un mouvement de la tête pour ce qui est de prendre sa voiture – on va clairement en avoir besoin – et souris largement en entendant la suite. « Ou je peux te piquer des affaires ce qui te donnera une excuse pour venir m’embêter là-bas même si généralement t’as pas besoin d’invitation pour être un chieur. » Mon sourire s’élargit parce que je le taquine. Ça va me manquer si je dois être franche. Les taquineries et le fait de chercher la meilleure façon de rendre l’autre fou. Avec Leo on assiste à la conversation entre Tommy et Martin sans dire quoi que ce soit. Je suis trop occupée à réfléchir à ce que j’ai pu oublier, ma main passée dans le dos de mon petit ami que le caresse distraitement. « Fais pas cette tête, Leo. C’est pas un enterrement non plus », « Je suis un homme, je pleure pas. Je regrette seulement mes pizzas sans olive. » Je regarde les deux frères avec qui j’ai tant aimé vivre manger leur part de gâteau, attendrie par la scène. « Eh les hommes ont le droit de pleurer, arrêtez de donner des idées macho à Martin tous les deux ! » Je donne un petit coup dans l’épaule de Leo avant de rajouter : « Tu sais que je peux toujours négocier pour les pizzas sans olive, c’est pas parce que je déménage que j’oublie tes préférences ou que tu existes, banane. »

« C’est sûr que quand elle prend pas toute la place dans ta chambre tu l’oublies facilement » « Non mais elle finira dans la chambre de Tyler. Je la veux pas dans la mienne. » Je souris en secouant la tête. Hors de question d’avoir ça même si c’était un challenge pendant longtemps. Je ne fais qu’approuver lorsque Leonel propose de nous accompagner avec sa voiture. Clairement, j’en ai déjà marre des allers-retours, donc s’il pouvait nous éviter ça se serait pas mal. Mais à l’idée qu’il émet sur le fait qu’elle peut laisser des affaires ici, je sais que leo a du mal à se dire que cette partie de sa vie vient tout juste de se clôturer. Au fond, je le comprends mais pour une fois, j’ai besoin d’être un peu égoïste même si ça me fait paniquer. Tessa tente de le rassurer alors que je reporte mon attention sur Martin. « Je suis un homme, je pleure pas. Je regrette seulement mes pizzas sans olive » Etrangement, j’ai encore ce pincement pour Leonel qui se retrouve seul avec Martin. Ça va lui faire bizarre. Très bizarre. Alors qu’à contrario, ma villa a sans cesse des départs et des arrivées. « Eh, les hommes ont le droit de pleurer […] C’est pas parce que je déménage que j’oublie tes préférences ou que tu existes, banane » Je souris détachant mon attention de Martin pour revenir à son frère. « Non, la connaissant, elle va pas arrêter de te spammer de sms » J’attends déjà la frappe de Tessa sur mon épaule, mais elle est accro à son téléphone portable. Elle peut pas le nier.

Et ça commence déjà à discuter goût, à marchander sur une peluche un poil trop volumineuse. Ça va promettre cette cohabitation. Tu ne peux t’empêcher de sourire, amusé de les voir se disputer gentiment au sujet de la peluche. « Martin, tu devrais aller compter tes nounours. Tata pourrait t’en avoir embarqué une. » Offusqué, le visage toujours barbouillé de chocolat, l’enfant descend de la chaise de bar et court dans les escaliers, affolé à l’idée que Tessa ne vienne lui piquer l’un de ses doudous qu’il entasse dans sa chambre. « Moi un chieur ? » Tu mines d’être outré parce que ton amie vient de te dire. « Je vous manquerais trop si je ne venais pas à l’improviste. » Vous n’êtes pas vraiment habitué à ne pas vous donner de nouvelle pendant des jours. Constamment connectés sur vos smartphones … Mais les choses sont différentes lorsque les saisons de sport sont entamées. Entre courir après le taff et votre vie personnelle, il est parfois compliqué de joindre les deux bouts. Et depuis que Meghan est enceinte, il t’est encore plus difficile de partager ton temps. Martin soulagé d’avoir toutes ses peluches dans sa chambre redescend avec ugo le hippo, désormais non plus gris mais marron. « Ça va, il aime le chocolat Ugo ? » L’enfant que oui, et retourne avec son ami sur sa place mangeant à nouveau son gâteau. Epuisé, tu ne réponds rien et reportes ton attention sur tes amis. « Bon ok, j’avoue, ça nous arrive de pleurer quand on épluche un oignon. Mais heureusement, personne ne cuisine ici. » Tu mines d’être soulagé, pourtant une main sur ton front. Et heureux que madame veuille bien toujours négocier des pizzas sans olive, tu lui dresses un grand sourire. « Oh, ça ne m’étonne pas. C’est un peu agaçant. Je me sens harcelé, limite. Tom, faut vraiment tu fasses quelque chose. » C’est tellement facile de taquiner Tessa, et si en plus tu peux entrer dans le jeu de Tommy, tu ne vas pas te gêner une seule seconde.

« T’as même pas envie d’avoir cette énorme peluche que vous m’avez gagné dans ta chambre ? Ça va la vexer. » Dis-je en boudant un peu. Rien de bien sincère parce que très franchement ce panda géant peut vite rentre une pièce étouffante. Ça ne tiendrait qu’à moi, cette peluche resterait là pour le plus grand bonheur de Martin, mais je suis incapable de m’en séparer. Comme Leo a du mal à accepter le fait que je parte ce qui me fait sourire avec tendresse. Il faut admettre qu’à vivre ici pendant des années, on a eu de quoi se faire de bons comme de mauvais souvenirs et ça va être très étrange de ne plus aller l’emmerder quand bon me semble simplement en sortant de ma chambre. « Merci de me faire passer pour une voleuse. » Je plisse les yeux tandis que Martin file presque en panique vers sa chambre alors que je secoue la tête. « Oui parce que le déménagement ça va t’empêcher de venir n’importe quand peut-être ? » Je ricane un peu et tends la main pour serrer doucement son avant-bras. « Je te rappelle que je travaille aussi pour toi maintenant, on va se voir plus souvent que tu ne le penses. » Je lui assure tandis que Martin revient, sa peluche presqu’autant barbouillée de chocolat que lui ce qui me fait sourire. Mais la réplique qui suit me fait rire subitement. « L’écoute pas, Martin, t’auras toujours le droit de pleurer avec moi. » Et parce que je suis une enfant, je tire la langue en direction de mon meilleur ami. Jusqu’à ce que mon poing s’abatte contre l’épaule de Tommy. « Mais n’importe quoi ! » Outrée, je fronce les sourcils. « Vous y êtes autant collés que moi en plus ! » Non mais c’est l’hôpital qui se fout de la charité là. Mon regard tombe immédiatement sur Tommy. « Tu fais rien du tout, ça te plait bien trop mes messages et toi … » Dis-je en désignant Leonel. « … Attends-toi à ce que je te harcèle encore plus. »

« Pas dans ma chambre, non. » dis-je simplement en haussant les épaules. J’aime cette peluche, pour ce qu’elle signifie entre Tyler et moi, puis maintenant entre Tessa et moi. Elle prendra forcément une place particulière dans ma vie, mais je ne souhaite pas la voir dès mon réveil non. La seule chose que je pourrais voir jusqu’à la fin de ma vie c’est le doux visage de Tessa. Et ça va devenir enfin possible. Je ris en voyant Leo taquiner Tessa et Martin, qui lui file à l’étage pour vérifier si toutes ses peluches sont là. Je m’adosse au plan de travail alors que les deux meilleurs amis devant moi se taquinent. C’est vrai que ça va faire bizarre à Leo de ne plus avoir Tessa avec lui. Mais il finira par s’y habituer, et puis…ce n’est pas comme si elle déménageait à l’autre bout de la planète, heureusement. Mon rire franc se déclenche lorsque j’entends Leonel me dire que les sms de Tessa sont agaçant. Elle est trop souvent scotchée à son téléphone. « Une véritable a… AIE ! » Coupé dans ma lancée par le poids de ma copine sur mon épaule. « T’es la première à en demander des sms, t’abuses ! » Je ne rentre pas dans les détails, parce qu’il y a Martin, mais Leonel pourrait facilement comprendre de quel genre de sms je veux parler. Cela dit, voyant comment Tessa est offusquée, je ris encore plus en glissant ma main contre sa hanche pour l’approcher de moi. Mes lèvres se déposent sur sa tempe comme pour me faire pardonner.

Ce n’est pas parce qu’elle déménage que tu vas arrêter de la taquiner. Impossible comme qui dirait. « Pas à deux heures trente-sept, juste pour te réveiller. » Tu grimaces pour amplifier tes propos. Jamais tu ne te permettrais de pénétrer chez elle et Tommy par surprise au beau milieu de la nuit. T’aurai trop peur de tomber au beau milieu d’un moment quelque peu dérangeant que tu ne veux absolument pas voir. « Et tu vas vite regretter cette décision. » Tu joues avec tes sourcils, et mange un bout de gâteau, alors que la jeune femme souhaite rassurer Martin. L’enfant ne comprend pas vraiment de quoi vous parlez. Tout ce qui l’intéresse c’est d’avoir retrouvé sa peluche et de pouvoir à nouveau manger son gâteau sans qu’un des adultes présents dans la pièce ne vienne lui piquer un bout. Et avec Tommy vous vous acharnez sur Tessa. Alliés, vous l’enquiquinez sur le fait qu’elle ne puisse se passer de son téléphone. « Ah mais pas du tout. Je ne sais même pas où il est, preuve. » Elle frappe Tommy qui en rajoute une couche. Tu ries, et les laisses s’embrouiller gentiment entre eux. Ton meilleur-ami accentues légèrement sur le genre de message qu’elle peut envoyer. Et étrangement, tu n’as pas du tout envie de savoir. « Ok, ok, personne n’a pas envie de savoir ce qui se cache derrière ces messages. Vous voulez un morceau de gâteau ? » Martin réagit et te regarde d’un air offusqué.