hey stranger (asher)

Je plaisantais sur mon intérêt et plus particulièrement sur mon inquiétude sur le papier toilette qu'Aspen avait désormais. Il semblait que j'étais même assez convaincant ou du moins assez pour la faire rire ce qui n'était pas désagréable. « Je ne vais pas dire que je n'en dormais plus la nuit mais je commençais à avoir des angoisses ouais ! » plaisantais-je sans une once de sérieux. Heureusement pour moi, j'étais tombé sur une jeune femme amusante qui ne se prenait pas tellement au sérieux. Je souriais en coin en l'écoutant tout en approuvant de la tête à ce qu'elle disait. Malgré ça, je sentais d'ors et déjà qu'Aspen n'était pas le genre de personne à baisser les bras rapidement et encore moins à baisser les bras.

Je riais en l'entendant avant de laisser quelques secondes de suspens afin d'attiser un peu sa curiosité. « Pas vraiment non... Je crois que les internes ça ne les intéressent pas trop, elles sont plutôt folles des titulaires même s'ils enchainent 26 conquêtes en même temps ! » Certains étaient sérieux mais je devais bien avouer que pour la plupart de mes collègues, l'hôpital était un terrain de jeu à la Dallas. Enfin, ce n'était pas la mer à boire surtout lorsque on savait que la plupart des infirmières avaient elles aussi, une double vie. Aspen me confiait ensuite qu'elle vivait à New-York depuis 10 ans, on pouvait donc dire qu'elle était une vraie New-Yorkaise. Courir après le métro, manger au lance pierre, acheter un café en allant travailler, passer par Grand Central... Toutes ces actions rythmaient nos vies de citadins. « Depuis toujours, je suis né et j'ai grandi ici... Je ne connais rien d'autre. » J'avais fait quelques voyages mais jamais je ne m'étais imaginé vivre ailleurs et surtout pas sur la côte Ouest. « Tu vis en coloc' c'est ça ? » Il me semblait qu'elle m'avait parlé de sa colocataire mais je n'en étais plus sur.

Le papier toilette allait sûrement rester un sujet de plaisanterie entre nous, du moins, si il s’avérait que l’on se revoit après ce verre partagé. Pour le moment, je n’en doutais pas tellement puisque l’un comme l’autre étions plutôt satisfait de cette rencontre. Bien sur, le sujet changeait rapidement et nous parlions ensuite de ce que l’on faisait dans la vie. C’était un peu la base quand on rencontrait quelqu’un d’ailleurs même si Aspen pouvait être député ou serveuse, ça n’allait pas changer mon regard sur elle. Je n’étais pas vraiment intéressée par le statut social des gens même si ma curiosité me poussait, comme la plupart du monde, à le connaître. « Eh oui, d’ailleurs pour ça, Grey’s Anatomy est assez réaliste ! » Il fallait dire que sur 48h de garde, il pouvait s’en passer des choses. Sans compter sur le fait que comme dans d’autres professions, nous passions 80 % de notre temps au travail. « Ils ne la pratiquent plus beaucoup, ils délèguent aux internes comme moi. » plaisantais-je sans toutefois mentir réellement. Je me souvenais encore de ce jour ou l’urgentiste de garde m’avait envoyé opérer un patient en urgence vital parce qu’il n’avait pas terminé sa petite affaire avec une infirmière… C’était digne d’un film et pourtant, je l’avais vécu. « Bien sur, rien que pour ça, pour quoi d’autre franchement ? » riais-je de plus belle à sa plaisanterie. Peut-être était ce l’uniforme blouse blanche ou juste le fantasme du médecin, mais statistiquement, les médecins avaient réellement la cote avec les femmes.

Je souriais lorsque elle me parlait de Philadelphie. Je ne connaissais pas cette ville et je réalisais au fur et à mesure de la conversation que je ne connaissais pas énormément de villes situées dans mon propre pays. « Je comprends totalement, je vis aussi en coloc et même si ce n’est pas tous les jours faciles, je préfère ça à vivre seul. » De plus, vivre à plusieurs voulait dire vivre dans un espace plus grand. « Ça dépend du genre de coloc que tu as, les miens se fichent pas mal qu’il y ait du monde ou pas quand ils ont envie de faire quelque chose ou de ramener quelqu’un. » plaisantais-je en repensant à notre cher canapé qui en avait vu des vertes et des pas mures.

Si j'avais passé la moitié de mon adolescence enfermé dans ma chambre, on pouvait dire que le côté Hermite était totalement derrière moi. Je n'étais jamais autant sortie tout en faisant des rencontres que ces dernières semaines. Je devais avouer que ça ne me déplaisait pas et que je commençais à prendre gout à la vie nocturne. « Nooon je te jure qu'on a les meilleurs médecins du pays ! » répondis-je amusé alors que je pouvais comprendre la réaction d'Aspen, après tout, mes dires ne vendaient pas vraiment du rêve mais c'était aussi la réalité du terrain. « On est bien d'accord. La passion du métier, sauver des vies, s'occuper des gens dans le besoin... C'est pas important ! » plaisantais-je toujours ironiquement. J'étais probablement l'un des seuls internes à ne pas avoir coucher avec une infirmière dans un placard des urgences quand on y pensait. Soit, j'allais devoir y remédier rapidement soit je devais continuer dans ma lancée et quelque chose me disait de choisir la deuxième option.

La coloc' dans laquelle je me trouvais avait beau être atypique j'adorais les personnes qui s'y trouvaient. A vrai dire, si j'avais autant évolué sur certains sujets c'était grâce aux gars, c'était indéniable. « Je crois qu'entre mecs, on se soucie moins de ce genre de détails. » dis-je en grimaçant légèrement avant de sourire et de boire quelques gorgées de ma boisson. « Et tu n'as pas vu ma famille ! » riais-je avant d'hausser les épaules. « Non sérieusement, je n'ai pas à me plaindre... Je ne m'ennuie jamais. » Même si parfois je me plaignais, clairement. Cela dit, tout le monde avait des hauts et des bas et ce n'était pas parce qu'on devait affronter une phase de moins bien que l'on devait forcément tout remettre en cause.

Je souriais amusé avant d'hausser les épaules. Si j'avais tenté de me rattraper comme je le pouvais, je réalisais qu'il était trop tard, Aspen avait son avis sur la question. « En y réfléchissant, c'est sans doute pour ça qu'ils sont aussi doués ! » Le sexe procurait du plaisir, une adrénaline positive et donc du bonheur. En soi, leur talent venait peut être du bonheur procuré par leurs escapades dans les placards... Je tenais surement le sujet de ma thèse. « Quand je ne suis pas de garde ou que je ne bosse pas, j'ai du temps. Ce soir, c'était le timing parfait avant une reprise de garde de 72h. » Je ne me plaignais pas du rythme, après tout, je l'avais clairement choisi. C'était fatiguant mais lorsque je me couchais après autant d'heures aux Urgences, je me sentais utile et surtout totalement sur de moi, chose qui m'avait longtemps manqué.

Je souriais et approuvais de la tête. J'étais bien entouré, même si parfois je considérais ma coloc' comme une maison de fous. C'était bien différent de la maison ou j'avais grandi mais je ne regrettais pas d'avoir migrer là bas. D'une parce que cela mettait des distances avec mon père et de deux parce que les gars m'apportaient réellement du plus au quotidien. D'ailleurs, au vu de leur notoriété si je dévoilais les noms de mes amis, j'étais certain qu'ils ne seraient pas inconnus aux yeux de la jolie blonde. « J'ai l'impression que la famille c'est souvent compliquée... chez tout le monde. » Il y avait surement des familles ou tout se passait bien et ou tout le monde adorait se retrouver pour noël, même si je n'en avais jamais connu beaucoup. « Il m'ait tout arrivé avec ma famille mais l'ennuie, jamais... Ta famille vit sur New-York ? » demandais-je en souriant lorsque elle proposait de payer la deuxième tournée. Je n'étais pas contre, l'ambiance était sympa, les boissons étaient bonnes et Aspen était une découverte intéressante. J'avais donc tout gagné à venir.

J'avais l'impression que les rencontres spontanées et imprévues comme ça, c'était un peu mon truc en ce moment. J'avais rencontré Wini et désormais c'était Aspen. J'avais réellement de la chance que les messages perdus ne viennent pas d'un homme de 55 ans à la recherche d'une jolie blonde pour passer ses nuits. Clairement, l'effet aurait été moins cool. A vrai dire, je n'étais pas le mec le plus sociable du monde et j'avais un peu la sensation que la vie se jouait de moi en mettant ces deux femmes sur ma route. Cela dit, ce n'était pas plus mal puisque actuellement je passais une bonne soirée en compagnie d'Aspen. Je souriais avant d'hausser légèrement les épaules. Je n'avais jamais réfléchi aux contraintes de mon métier, je voulais sauver des vies, point final. « J'imagine que la pression m'aide à tenir le choc ou un truc comme ça. » Les nerfs aussi, ça c'était évident. D'ailleurs si je n'étais pas plus sanguin dans la vie contrairement à mon frère c'était surement grâce à mon travail qui me canalisait à 2000%. « Si on donnait une médaille à tout ceux qui ne dorment pas pendant 72h, on en donnerait à tous les étudiants de Columbia. » plaisantais-je avant de lui jeter un sourire complice. Bien sur, j'avais compris sa référence mais je préférais m'en amuser plutôt que de l'utiliser pour gonfler mon égo.

Parler de ma famille n'était pas bien difficile même si en soi, même si elle n'était pas la famille la plus simple du monde comme on pouvait le voir dans les sitcoms américaines. Parler de ma mère en revanche, relevait du simple défi pour mon interlocuteur puisque je restais totalement hermétique sur ce sujet encore délicat. « Et bien, je t'envoie ma petite sœur une semaine ou deux et promis, tu ne connaitras plus jamais l'ennui au contraire il te manquera. » plaisantais-je de nouveau en référence à la tempête que pouvait être Kate quand elle le voulait. Je souriais profitant de la petite serviette posé à mes côtés pour dessiner n'importe quoi dessus avec le petit pique à olive destiné à tout sauf à ça. « Je ne sors pas beaucoup mais quand je sors, je choisis bien mes endroits, contente que ça te plaise. » Je trinquais à nouveau contre son verre plein et buvais quelques gorgées de ma boisson. Rien à dire, tout était impec.