Max a toujours été…vrai avec moi. A me dire ce qu’elle pensait sans retenir, à faire ce dont elle avait envie quand elle en avait envie, à entamer des petits jeux, des câlins, des discussions importantes. Elle était vivante et sincère. Elle était belle et rayonnante. Tout ce qu’elle n’est pas ce soir. Non, j’ai juste le droit à une certaine retenue pesante qui rend le silence gênant. C’est dur de se dire que je suis la raison de ce changement, de me dire que quelque part, j’ai brisé son rayon de soleil. « Désolé, s’il y a encore l’odeur de mon parfum dessus… » Je la regarde une seconde. L’a-t-elle porté quand je suis parti ? Par besoin de sentir mon odeur ou la connexion qu’on avait ? Par besoin de pleurer sur ce qu’elle avait perdu ? Mon dieu. J’acquiesce sans un mot, la gorge nouée de cet aveu qu’elle n’avait sans doute pas prévu. Et maintenant qu’elle me l’a avoué, mon odorat s’active pour me confirmer qu’effectivement, je porte son doux parfum qui m’avait tant manqué.« Tu veux mettre tes autres vêtements à sécher ? Ils sont dans la salle de bain ? » « Non t’embête pas, ils sont sur le bas de la porte. Je le ferai chez moi. » Je ne veux pas plus déranger que ce que je fais déjà. Son regard est si insistant que je ne sais plus où me mettre. C’est comme si elle m’appelait à redevenir l’homme qui la faisait craquer : souriant, joueur, entrepreneur. Je sais qu’il est là quelque part, mais je ne prendrai pas l’initiative de quoi que ce soit, encore moins dans cette maison qui a tant souffert. « Warren, arrête de te blâmer pour quelque chose que tu ne peux pas contrôler. Ça paraît peut-être impossible à croire, mais moi aussi il y a des jours où j’ai aucune idée de ce que je fais. Ça n’enlève pas le fait qu’Izzie t’aime et que t’es un bon père. » J’encaisse ses paroles, même si je sais que je ne suis pas parfait. Loin de l’être à vrai dire. Mais Izzie me prends comme tel, et c’est ce qui me fait tenir certains jours. Mon regard se perds sur elle, ses yeux illuminés par la lampe, ses cheveux un peu en bataille, ses lèvres qui appellent à être embrasser. Je suis loin d’être passé à autre chose, merde. « Je suis désolé… » Je répète, mais avec un autre sens derrière. « Pour tout. » Pour l’avoir trompée, briser son rêve d’une famille unie et aimante, lui avoir fait perdre son espoir d’amour sincère, de l’avoir détruite. Désolé d’avoir été celui sur qui elle était tombée amoureuse. Parce que si elle était tombée sur quelqu’un d’autre, elle serait certainement comblée : une maman aimante et une femme épanouie.
Une partie de moi a longtemps souhaité qu'il revienne vers moi après notre séparation, qu'il me demande de lui laisser une seconde chance, mais il ne l'a jamais fait. Il ne s'est pas battu pour moi, pour nous. J'ignore si je l'aurais pardonné, s'il avait tenté quoique ce soit. Je crois que j'aurais pu répondre uniquement à cette question si tout cela m'était véritablement arrivé en fait. Pourtant, Warren est parti le soir où il m'a annoncé son erreur. Je me rappelle l'avoir embrassé tendrement lorsqu'il est arrivé à la maison cette soirée-là. Totalement amoureuse et insconsciente qu'à peine un mois avant notre mariage, il m'annoncerait m'avoir trompé. C'est le dernier baiser que je lui ai donné, la dernière fois que nos lèvres se sont touchées. Et là, je ne sais plus comment agir avec lui. Trois ans sans le croiser - ou presque - et voilà qu'il est de retour dans cette maison qui a été bien longtemps la nôtre. Avant même la naissance d'Izzie à vrai dire. Je me rappelle de chaque endroit où il m'a embrassé, chaque endroit où il m'a pris dans ses bras, où il m'a enlevé mes vêtements... Si mon parfum ne lui rappelle aucun souvenir, le sien et tout ce qui se trouve dans cette maison me rappelle sa présence et c'est un peu ce que je recherchais en portant son chandail qu'il aimait tant que je porte sans rien en-dessous. « Non t'embête pas, ils sont sur le bas de la porte. Je le ferai chez moi. », « Tu sais que ça ne me dérange pas.. puis de toute façon, j'ai pas envie que tu partes tout de suite. » À cause de la pluie ou simplement de sa présence? Je ne sais pas. Et pourquoi est-ce que je ressens le besoin d'absolument tout lui dire? Sans doute parce que j'ai toujours été honnête avec lui. « Je suis désolé… Pour tout. » Ça par contre, ça me va droit au coeur et je respire profondément pour ne pas qu'une seule larme coule. Non, je ne peux pas pleurer. « Warren... » Mes yeux rencontrent les siens, j'ai l'impression de partir à la dérive au même moment où ma main se pose sur la sienne. « Je sais que t'es désolé... je le suis aussi de ne pas avoir été à la hauteur... » Oui parce qu'une grosse partie de moi pense encore que c'est de ma faute s'il est allé voir ailleurs.
« Tu sais que ça ne me dérange pas, puis de toute façon, j’ai pas envie que tu partes tout de suite. » Si mon cœur est déjà bien trop serré de ma présence ici, il l’est encore plus face à la sincérité de Max. Trois ans, sans la voir. Trois ans qu’on tourne et qu’on s’arrange et s’évite pour récupérer Izzie sans qu’on se croise. Trois ans que je m’inflige ça parce que c’est tout ce que je mérite. Trois ans que j’aurai peut-être dû me battre pour elle, pour notre bonheur et notre couple. Mais je ne vaux rien. Je ne mérite pas son pardon ni une seconde chance. « T’as pas besoin de t’occuper de mes vêtements pour que je reste Max » L’orage dehors le fait pour nous deux – maintenant bien au chaud, j’ai clairement pas envie d’affronter encore ce torrent démentiel. Mais cela dit, même sang orage, il suffit qu’elle le demande pour que je cède. Je préfère simplement m’excuser d’être aussi nul. D’avoir tout ruiner. De lui avoir fait du mal. Et je sais qu’à son regard, ces paroles que j’aurai dû lui dire plus tôt l’atteignent en plein cœur. « Warren…Je sais que t’es désolé…Je le suis aussi de ne pas avoir été à la hauteur… » Mes yeux capte son regard, puis sa main qui se dépose sur la mienne. Comment peut-elle penser ne pas avoir été à la haute ? Elle a été parfaite, en tout point. C’est moi qui a déconné. Moi qui n’a pas pu être fort pour nous deux. Je pose ma tasse sur la table basse, avant de me retourner plus vers elle et saisir sa main à deux mains : « Ce n’était pas toi, Max. T’es parfaite, Max, et tu mérites le meilleur. » Mes yeux dans les siens renforcent ma sincérité. Je refuse qu’elle pense ça d’elle. Elle a été mon rayon de soleil pendant une période de ma vie, alors que je n’aurai du simplement sombrer dans mes ténèbres. Finalement, je baisse la tête, envahi par cette culpabilité : « Y’a des choses que tu ne sais pas chez moi. J’ai tenté de les combattre, mais j’ai pas été assez fort. » Doucement, mes mains relâchent la sienne, abattu une nouvelle fois par cet aveu : je ne serai jamais assez fort pour reprendre le rythme de ma vie.
« T'as pas besoin de t'occuper de mes vêtements pour que je reste Max », « T'es.. certain? Ils seront secs au moins. » Quelque part, je sais que je n'ai pas besoin d'excuses pour qu'il reste ici, mais je ne pensais pas qu'il aurait envie de rester. Pas après trois ans à s'éviter et à tout faire pour ne pas se croiser malgré notre fille. Je ne pensais surtout pas qu'après notre rencontre au supermarché, il aurait envie d'être ici, dans cette maison qui autrefois, signifiait absolument tout pour nous deux. Je me rappelle encore du nombre de maisons que nous avions visités avant de trouver celle-ci. Notre maison. La seule qui a été notre coup de coeur à tous les deux dès la première visite. Quartier tranquille, petite maison magnifique, simple, notre genre à tous les deux. C'est ici que tant de souvenirs se sont créés et j'espère rester encore bien longtemps pour en avoir d'autres avec Izzie même si l'idée que j'avais conçue dans ma tête de la petite famille parfaite n'est pas la même chose sans Warren dans l'équation. C'est incroyable à quel point, une petite partie de moi est incapable de concevoir qu'il a pu me faire une chose pareille alors que la plus grosse partie de moi a envie de le pardonner ou du moins, lui laisser une chance de se rattraper. Encore faudrait-il qu'il est envie de le faire. Mon coeur arrête presque de battre lorsqu'il serre ma main à l'aide des siennes et que son regard se plante dans le mien. « Ce n'était pas toi, Max. T’es parfaite, Max, et tu mérites le meilleur. » Je sais qu'il cherche à ce que je comprenne à quel point il est sincère dans ce qu'il me dit. Tellement que cette honnêteté me chavire complètement le coeur. Pourquoi suis-je aussi faible face à ses yeux, à ce regard absolument qui a réussi à me faire faire une tonne de choses par le passé? « Je comprends pas alors... parce que tu sais comme moi ce qu'était le meilleur pour moi. Mon bonheur. » Nous n'avons jamais eu cette conversation auparavant. Sans doute parce que j'avais peur de trop souffrir - et c'est exactement le cas. Je me bats pour retenir mes larmes et cette douleur trop présente. « Y’a des choses que tu ne sais pas chez moi. J’ai tenté de les combattre, mais j’ai pas été assez fort. » Toujours assise sur le canapé, je m'avance un peu plus. Je déteste le voir aussi mal. Il souffre et je ne peux même pas le rassurer comme je le faisais autrefois. Merde. C'est tellement difficile. « Qu'est-ce que.. tu ne m'as pas dit? T'as toujours été fort Warren et c'est encore le cas. T'es le héros d'Izzie, elle t'aime plus que tout au monde. » Cette fois-ci, je glisse mes doigts le long de son bras un moment et relève la tête vers lui.
Invité a posté ce message Mer 16 Oct 2019 - 21:36#
« T’es certain ? Ils seront secs au moins » J’acquiesce doucement de la tête, sans grande réponse. Elle aura beau insister, je ne souhaite pas l’emmerder avec mes vêtements mouillés. Même si c’est pour elle, une manière de me faire rester plus longtemps. Je ne vais pour le moment nulle part, vu la tonne de flotte qui tombe dehors. L’automne est bien là, en effet. Doucement la conversation glisse vers quelque chose que je n’aurai jamais pensé voir un jour. Une conversation qu’on aurait du avoir des années avant, mais qui n’a jamais eu lieu. Par fierté. Par orgueil. Par culpabilité. Par regret. « Je comprends pas alors….parce que tu sais comme moi ce qu’était le meilleur pour moi. Mon bonheur » Parce que je ne me vois toujours pas un bonheur pour quelqu’un. Je ne suis pas bénéfique. Quelque part, le mal aurait toujours triomphé. Et si je n’avais pas merdé, peut-être que le malheur aurait été bien pire. « Qu’est-ce que…tu ne m’as pas dis ? T’as toujours été fort Warren et c’est encore le cas. T’es le héro d’Izzie, elle t’aime plus que tout au monde » Je secoue la tête en passant une main dans mes cheveux encore mouillés. La boule au ventre, la voilà ! Celle qui me met mal à l’aise, celle qui me rappelle sans cesse mes erreurs, mes démons. Celle qui me bouffe la vie et pourtant est ma meilleure amie. Difficile de croire que je suis accompagné de cette part aussi sombre en moi. Sa main glisse le long de mon bras, et comme à chaque fois j’ai envie de fuir, de me séparer de cette oppression. Quand ce sentiment de malaise arrive, j’ai besoin de recul et d’échappatoire. Mais sur ce canapé, je n’en ai aucun. Alors je m’écarte un peu d’elle, forçant à me lever sous son regard inquiet. Je m’approche vers la fenêtre pour observer la pénombre et les gouttes qui s’éclatent contre la vitre. Le silence s’installe, avant que je ne le brise, une buée se formant sous mon souffle chaud : « Je ne suis pas un héro, Max. » Mes mains s’enferment dans les poches, une vieille habitude qui reste, avant que je n’ajoute. « Je ne l’ai et ne le serait jamais. » Pas après avoir ôté deux vies sous ma responsabilité. Pas avoir voulu en faire de même avec la mienne. Pas après l’avoir trahie et blesser, elle.
Invité a posté ce message Sam 19 Oct 2019 - 16:13#
blowing like a storm
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Plus besoin de me trouver d’excuse pour qu’il reste avec moi. Je vois bien qu’il a probablement envie d’être ici aussi ou c’est simplement parce que la pluie est encore beaucoup trop forte pour qu’il quitte. Une part de moi aimerait qu’il passe la nuit ici pour être rassurée, mais j’ignore si c’est une bonne idée. Mon regard se pose sur lui et j’arrête d’insister de vouloir m’occuper de ses vêtements trempés. Il retournera avec les vêtements que je lui ai passé dans le pire des cas, je ne pense pas que ce soit si dramatique. Silencieuse, je tente de comprendre ce qu’il me dit, je tente d’avoir cette conversation avec lui que j’aurais dû avoir bien avant, mais par manque de courage, je ne l’ai jamais eu. Dans l’incompréhension totale, je me perds dans le regard de Warren comme je l’ai trop souvent fait par le passé. Cet homme, je l’ai aimé de tout mon être, et quelque part, je sais qu’une partie de moi ne fera jamais véritablement le deuil de notre relation. Comme si avec lui, ma vie amoureuse avait un sens et que ce n’est plus le cas maintenant. Pour le rassurer, ma main se pose instinctivement sur son bras et cette connexion, je la ressens encore. Un choc électrique qui passe dans tout mon corps et qui me trouble plus que cela ne devrait être le cas. Je m’approche plus de lui et c’est au même moment qu’il décide de se lever et d’aller près de la fenêtre. Cette proximité entre nous commençait à être un peu trop dangereuse et pourtant, avec ce qu’il fini par me dire, je n’ai pas envie d’être loin de lui. « Je ne suis pas un héro, Max. Je ne l’ai et ne le serait jamais. » Ça m’attriste de voir qu’il a une si basse estime de lui, surtout de comment la petite l’aime et l’admire. Elle ne le voit pas souvent, mais en parle tout le temps et chaque fois je me sens coupable de ne pas lui laisser Izzie aussi souvent qu’elle le voudrait. « Pourtant c’est vrai Warren… elle t’aime plus que tout au monde. Tu as toujours été un héros pour elle… et tu lui manques tout le temps. » J’ai presque l’impression de faire passer ses paroles-là par ma fille, mais en vérité, moi aussi je pense tout ce que je dis. Je me lève du canapé, fait quelques pas vers lui et sans trop y penser, pose ma main sur sa joue. « J’aime pas savoir que tu penses ça de toi, t’as toujours été extraordinaire, peu importe ce que tu ne me dis pas… »
