let's team up. (riley)

Elle fixe son écran depuis quelques minutes, le regardant passer doucement en mode veille, sans bouger. Ce n’est d’ailleurs pas son écran, puisqu’il s’agit de l’ordinateur d’Eugenia qui a proposé de lui prêter lorsqu’elle n’est pas là afin que Riley puisse faire ses recherches correctement. Elle n’est encore certaine de rien mais elle a depuis quelques semaines l’envie d’avancer, refusant l’idée d’être coincée dans le même genre de boulots jusqu’à ce que ses dettes soient remboursées. Elle n’a jamais pu finir ses études et elle le regrette à présent, sachant très bien qu’il lui faudrait un diplôme ou deux pour parvenir à travailler dans quelque chose de plus intéressant pour elle. Mais il est hors de question qu’elle retourne dans le système universitaire américain classique, bien hors de ses moyens à présent. Elle cherche des alternatives en ligne, quelque chose de plus abordable avec un degré de reconnaissance similaires. Mais les heures passent et elle finit par se demander, découragée, si elle est trop naïve de croire à une solution parfaite. Des coups contre sa cloison la font sursauter, arrachant son regard de l’écran désormais éteint. Elle entend une voix étouffée, sans parvenir à vraiment déchiffrer des mots. Instinctivement, elle baisse le son déjà bas de sa musique, se demandant si son voisin le trouvait trop fort à son goût. Puis elle déchiffre enfin des mots. « … vraiment merdique, ça te dit qu’on aille trouver un café avec une meilleure connexion ? » Elle réalise alors que cette cloison, elle la partage avec Eugenia. Et celle-ci n’est pas là, et de toutes manières, la voix est clairement masculine. Elle colle son oreille au mur quand des coups résonnent cette fois-ci contre sa porte. Elle ferme le clapet de l’ordinateur pour couper la musique et se lève, tournant la poignée de la porte quelques secondes plus tard. De l’autre côté se trouve un homme qu’elle n’a jamais vu mais elle se doute à présent que c’est lui qui vient juste de cogner contre son mur. « Salut ! Je ne sais pas si tu m’as entendu, le mur est peut-être plus épais que je ne le pensais. » Il lui offre un sourire et elle le lui rend, essayant toujours de comprendre ce qui se passe. « Ah, oui, j’ai entendu quelque chose à propos d’un café mais j’ai pas vraiment compris, » répond-elle avec un rire, alors qu’elle note son accent clairement européen. Elle ne pense pas qu’il s’agisse du même que celui d’Eugenia, cependant, bien qu’elle ait du mal à vraiment l’identifier. Pour elle, ils sonnent tous anglais mais elle sait que sa voisine s’offenserait si elle le lui avouait. « Tu es la voisine qui squatte le wifi, c’est ça ? Moi je suis l’ami qui squatte le canapé. Lior, enchanté. Je ne sais pas s’il est de coutume de se serrer la main ici ? » Il lui tend la main et elle la serre, comprenant enfin ce qu’il avait cherché à lui dire à travers le mur. « Riley. Et t’inquiète pas, c’est complètement normal de se serrer la main quand tu rencontres quelqu’un ici, » ajoute-t-elle avec un sourire. « Je suis désolée pour le wifi. Mais du coup si je comprends bien, tu voulais qu’on aille trouver un café avec une bonne connexion ? » Elle se sent gênée mais elle n’a pas l’impression qu’il l’accuse de quoi que ce soit, plutôt qu’il l’invite à rencontrer plus de ses voisins, chose qu’elle n’a pas réellement faite en une année passée dans cet immeuble. « Laisse moi juste prends mes affaires, j’arrive. » Elle sait qu’elle aurait pu simplement proposer de lui laisser la connexion, vu qu’elle était à cours d’idée. Mais elle n’avait pas l’impression que ça aurait été très agréable de sa part de simplement refuser et de ne pas répondre à sa proposition, alors qu’il lui offrait gentiment d’améliorer leurs conditions. Et elle n’était pas prête d’abandonner ses recherches, alors elle pris l’ordinateur d’Eugenia qu’elle rangea dans sa pochette, le chargeur et une veste, avant de rejoindre Lior sur le palier pour fermer son studio à clefs. « Tu viens rendre visite à Eugenia c’est ça ? Tu restes longtemps ? » demande-t-elle finalement, décidée à ne pas laisser un silence gênant s'installer.