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Avant de fondre en larmes, il faut que je quitte cette table et me trouve un endroit tranquille où je parviendrai à me calmer. Je déteste avoir cette impression de n’être qu’une petite chose incapable de se défendre. Malheureusement, avec les évènements de ces dernières semaines, ma carapace s’est grandement fissurée. J’aurais aimé pouvoir laisser couler ce sous-entendu sur moi, prouver au père de Tommy que ses réflexions ne m’atteignent pas, c’est manqué. Une fois seule dans la salle de bain, je tente de ravaler les larmes que je sens monter et ne fais attention à mon petit ami que lorsque je le vois apparaître dans le miroir. Ses bras déjà autour de moi, je laisse ma tête tomber en arrière contre son épaule. « J’suis désolé, j’aurai pas du t’amener ici » Dans le miroir, je lui fais un petit sourire, loin d’atteindre mes yeux mais qui tente de le rassurer. Pourtant, je ne me contente pas de ça et me tourne pour lui faire face. Gommant les quelques centimètres qui me séparent de ses lèvres, je les embrasse doucement. « C’est ton père, c’est normal que tu ais eu envie que je vienne. » Dis-je en passant ma main sur sa joue. « Tu me pardonneras mais, par contre, c’est un gros con. » Je soupire et passe mes bras autour de son cou. « Il ne m’acceptera jamais, je m’y suis fait, en revanche j’aime pas qu’il m’utilise pour te faire du mal. Tu mérites bien mieux que ça. » Ce que je passerai ma vie à lui répéter pour qu’il y croit. « Si on doit rentrer, j’aimerais seulement que tu me laisses deux petites minutes, j’aurais quelque chose à lui dire. » Le fond de ma pensée, ce qu’il a besoin d’entendre même si ça entrera par une oreille pour sortir directement par l’autre.

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@Tommy Matthews & @Tessa Goldstein

A peine ais-je le temps de la rejoindre que je referme les bras autour d’elle. C’était clairement une mauvaise idée de l’emmener ici. J’avais simplement espérer que mon paternel soit heureux pour nous deux, l’accepte enfin comme celle que j’aime vraiment, celle qui finira par devenir mienne à jamais. Parce que c’est décidé. Dans quelques semaines, elle portera cette bague au doigt, une promesse d’une prochaine union. J’avais encore mis de l’espoir sur mon père, mais faut croire qu’il ne le mérite toujours pas. Je suis désolé de l’avoir amener ici, mais aussi désolé pour moi d’avoir un père aussi imbu de sa personne. Petit sourire dans le miroir, elle se tourne pourtant vers moi pour déposer ses lèvres sur les miennes. « C’est ton père, c’est normal que tu ais eu envie que je vienne…Tu me pardonneras mais, par contre, c’est un gros con » J’hausse les sourcils, haussant les épaule, en guise de compassion. Ça, je le sais depuis des années. « Il ne m’acceptera jamais, je m’y suis fait, en revanche j’aime pas qu’il m’utilise pour te faire du mal. Tu mérites bien mieux que ça. » Je ne sais pas ce que je mérite. En famille, j’ai toujours été l’enfant rejeté par ses parents. J’ai certes été élevé par deux personnes formidables, mais ça ne m’a jamais enlevé le sentiment d’abandon que j’éprouvais. « Il reste égal à lui-même. Tu sais que son avis ne changera jamais quoi que ce soit sur mes sentiments pour toi, hein ? » Je demande, inquiet. Parce que je ne veux pas qu’elle croit qu’il peut peser un poids dans notre couple. D’une quelconque manière, à vrai dire. « Si on doit rentrer, j’aimerais seulement que tu me laisses deux petites minutes, j’aurais quelque chose à lui dire » Mes mains glissent dans ses cheveux, caresse ses épaules : « Tu peux lui dire tout ce que tu lui veux. S’il veut continuer à avoir un fils, il devra forcément t’accepter, bébé. » Je dépose un léger baiser sur ses lèvres avant d’ajouter : « Et après, je t’enlèverai cette petite robe dans la voiture »

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« Il reste égal à lui-même. » Ça ne me plait pas. Je n’aime pas l’entendre admettre une chose pareille. Je n’ai pas eu d’exemple parental avant des années mais je sais néanmoins qu’être un père ce n’est pas ça. Il mérite tellement mieux que cet homme qui ne sait pas voir ce qu’il a sous les yeux depuis toujours. « Tu sais que son avis ne changera jamais quoi que ce soit sur mes sentiments pour toi, hein ? » Mes lèvres s’étirent en un sourire amusé. Je le suis de le voir s’inquiéter encore sur mes doutes alors que depuis plusieurs mois son amour m’a prouvé que je ne serais jamais plus seule. « T’as raison de me le demander, je me posais des questions. » Je réponds pour le taquiner. « Tu as eu pas mal d’occasions de fuir et t’es encore là. L’avis de ton père ne me fait pas peur. » Je lui assure en allant me caler contre lui. Désormais, il me faut plus pour avoir peur de le voir partir et même si ça doit arriver, je m’accrocherai désespérément à lui. « Tu peux lui dire tout ce que tu lui veux. S’il veut continuer à avoir un fils, il devra forcément t’accepter, bébé. Et après, je t’enlèverai cette petite robe dans la voiture » J’ai un petit rire à l’entente de ces dernières paroles. « Pourquoi je suis persuadée que tu attends ça avec impatience depuis le début ? » Je n’attends pas forcément de réponse de sa part. A peine une minute de plus à rester tous les deux et nous regagnons le salon où le regard furieux de Lukas Matthews se pose automatiquement sur moi. « Avant qu’on parte … » Débutai-je. « Vous avez un fils parfait mais trop de merde dans les yeux pour le voir. Il a peut-être son caractère mais avec un père pareil il faut ce qu’il faut pour se protéger. Mais il est aimant, loyal et altruiste. Tout ce que vous ne serez jamais. Je m’estime plus qu’heureuse de le connaître et de savoir que je peux compter sur lui tous les jours. C’est un bon père, même excellent, qui veille sur son fils, sur son bonheur et son bien-être, ce que vous êtes supposé faire. Peut-être que vous le réaliserez un jour et j’ose espérer qu’il ne sera pas trop tard mais en attendant … » Je m’éloigne de Tommy pour me rapprocher de son père, mon regard rivé au sien. « Je paye pas de mine comme ça, je le sais, mais osez encore le traiter comme une merde, m’utiliser pour le blesser ou même le rabaisser et c’est à moi qui vous aurez à faire. Je vous interdis de douter de ce que je pourrais faire pour protéger la personne que j’aime le plus au monde … A vrai dire vous n’aurez qu’à demander à Lisa ce que j’ai fais la dernière fois qu’elle a essayé de s’interposer entre nous. Je suis prête à lui donner deux fois plus d’amour pour compenser celui que vous n’êtes pas capable de lui offrir et ça passe par vous tenir tête aussi longtemps qu’il le faudra. » Je laisse le silence s’abattre sur nous et ainsi lui faire comprendre que je suis sérieuse. Je me moque de dépasser les bornes, il n’est pas question qu’il continu de blesser son fils ainsi.

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« T’as raison de me le demander, je me posais des questions » Je boude presque instantanément, sous cette taquinerie qu’elle m’offre. « Tu as eu pas mal d’occasions de fuir et t’es encore là. L’avis de ton père ne me fait pas peur. » Sa tête rencontre mon torse, obligeant mes bras à l’envelopper totalement. Je pose un baiser sur son crâne tendrement. « Je ne compte aller nulle part » Pas sans elle du moins. C’est devenu mon monde, ma maison. Qu’importe qu’on soit à New York, à Los Angeles, à l’autre bout du monde, je me rends compte que je ne me sens chez moi que lorsqu’elle est près de moi. « Pourquoi je suis persuadée que tu attends ça avec impatience depuis le début ? » Je ris avec elle en haussant les épaules : « J’ai constamment envie de toi, bébé. » Le temps n’a pas altéré notre attirance, à vrai dire il l’a même renforcé. J’ai autant envie d’elle, voir plus, que depuis cette première fois chez moi. C’est pour ça que je ne pourrais plus jamais aller voir quelqu’un d’autre : parce qu’elle est l’unique exception à tout. Baiser rapide sur son front, nous voilà de retour dans le salon où mon père nous dévisage en colère. Je suis déjà lassé avant même qu’il ne parle, mais c’est Tessa qui le devance « Avant qu’on parte…Vous avez un fils parfait mais trop de merde dans les yeux pour le voir […] » A mesure que ses flots se déversent, je sens mon corps entier se contracter. Mes poings serrés, je les cache dans les poches de mon pantalon pour masquer à quel point ses paroles me bouleversent. Des paroles que mon père aurait du entendre de ma part depuis bien des années, mais que je n’ai jamais osé prononcer. Des paroles qui risqueront de changer à jamais ma relation avec mon paternel, mais ça me fait du bien de l’entendre les dire. Parce que je me rends compte à quel point Tessa m’a cerné, à quel point ma douleur et mes problèmes sont devenus aussi clair pour elle. « Je suis prête à lui donner deux fois plus d’amour pour compenser celui que vous n’êtes pas capable de lui offrir et ça passe par vous tenir tête aussi longtemps qu’il le faudra » Je ravale cette boule au ventre alors que mon père, je le sais tente de se contenir. J’aurai tendance à dire qu’il va vite nous foutre à la porte mais il me surprend en ajoutant : « Quand il en aura marre de vous, il finira par revenir vers moi » Il en est si persuadé que ça me donne envie de vomir. C’est à mon tour d’avancer, de sortir ma main de la poche pour venir saisir celle de Tessa et d’entrelacer nos doigts. « Visiblement, tu n’as toujours rien compris. Viens Tessa on s’en va. » Je ne peux rien ajouter de plus, et terrassé par ce malaise et ce soulagement à la fois, je nous avance vers l’ascenseur qui arrive vite. Mon père tente une dernière mise en garde lorsqu’on rentre dans la boite de fer : « Tu verras, Tommy, tu reviendras » J’attends que les portes d’ascenseur se resserre pour me retourner violemment vers Tessa, saisir ses jambes, la soulever de terre et la bloquer contre la paroi. Mes lèvres s’écrasent vivement sur les siennes. J’ai horriblement besoin de faire retomber toute cette pression et cette douleur que ses paroles ont éveillé en moi.

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Je ne compte aller nulle part. J’ai constamment envie de toi, bébé. Ces paroles tournent en boucle dans ma tête lorsque nous retrouvons le salon et le père de Tommy. Son amour et sa franchise sont assez pour me donner le courage de dire ce que j’ai à dire et de tenir tête à une personne qui ne le mérite pas. Est-ce que je dépasse les bornes ? Sans doute un peu mais je sais que Tommy ne le fera pas. Il tient à son père malgré tout, ce qui est normal, alors que de mon côté je ne supporte pas de le voir aussi tendu et malheureux lorsqu’il est en sa présence. Si je dois être la bête noir de monsieur Matthews senior, je l’accepte. « Quand il en aura marre de vous, il finira par revenir vers moi » Autrefois ces propos m’auraient fait peur. Ils m’auraient fait du mal, mais ce n’est plus le cas désormais. Trop souvent j’ai donné des occasions à Tommy de me fuir, de ne plus avoir à me supporter, il m’a soutenu aussi souvent que je l’ai fait avec lui. Ce n’est qu’une preuve supplémentaire du fait que son père le connaît mal. Toutefois, je n’ai pas le temps de répliquer. Je sens la main de Tommy glisser dans la mienne et entrelacer nos doigts tandis qu’il lance à son paternel : « Visiblement, tu n’as toujours rien compris. Viens Tessa on s’en va. » Je ne dis rien, le suis en silence et entends la voix de son père avant que les portes de l’ascenseur ne s’ouvrent : « Tu verras, Tommy, tu reviendras » Il me faut pas mal de contrôle pour ne pas lui présenter un doigt d’honneur, je parviens néanmoins à me retenir. Soulagée de voir les portes se fermer et de sentir l’ascenseur entamer sa descente, je n’ai pas le temps de dire ouf que je suis assaillie par les lèvres et les mains de Tommy. Soulevée du sol, plaquée contre la paroi, j’accueille sa langue dans ma bouche et perds mon souffle. Malgré son empressement, loin de la douceur, je ne le repousse pas. Je sais qu’il a besoin de ça, besoin d’évacuer un peu de pression après ce dîner horrible. J’accepterai n’importe quoi du moment que je m’assure qu’il va mieux ensuite. Je pourrais presque appuyer sur le bouton pour arrêter l’ascenseur et le laisser profiter de moi si ma peur d’être coincée dans cette boite en fer ne me faisait pas autant paniquer. « Tommy, attends … » Je parviens à souffler entre deux baisers, assez pour qu’il s’arrête. « Pas ici. » Je ne le repousse toujours pas de peur de le vexer mais je ne peux pas. Ce n’est pas la caméra qui nous surveille, c’est l’ascenseur. Je ne peux pas en faire abstraction malgré ses baisers et ses caresses. Ma phobie est toujours plus forte.

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J’ai besoin d’évacuer ce surplus de d’anxiété qui me gagne. Voir Tessa tenir autant tête à mon père, et lui dire ce qu’elle pense de lui m’a bouleversé. Parce que j’aurai dû le faire depuis des années. J’aurai du m’exprimer et lui dire le fond de ma pensée depuis longtemps. Mais quelque part au fond de moi, j’ai toujours su que ça ne servirait à rien. Mon père ne changera jamais. Il a toujours été imbu de sa personne, arrêté sur ses idées et ne change généralement pas d’avis. Ce n’est clairement pas l’avis de Tessa qui changera la donne, je le sais. Alors pourquoi ça me retourne l’estomac de savoir qu’elle est de mon côté ? Qu’elle ose dire ce que je pense depuis si longtemps droit le regard de mon père ? Pourquoi ça me fait mal de voir que je suis encore incapable de m’émanciper de ce côté-ci ? Mal de voir qu’une partie de moi espérait encore ce soir qu’il comprenne et qu’il l’accepte ? Mal de voir que ce n’est toujours pas le cas.... ? J’ai besoin de sortir de ça de ma tête, et la diversion qui se trouve le plus proche de moi c’est Tessa. C’est peut-être mal de l’utiliser comme ça, mais j’en ai besoin. Besoin d’oublier le temps d’un instant quel père j’ai hérité, quel famille je n’ai pas. Je m’accroche à elle désespérément via mon baiser entreprenant. « Tommy…attends… » Ça me suffit pour m’arrêter net. Elle ne m’a jamais repoussé. Jamais. Même après une mauvaise dispute, avec de la fatigue ou des idées noirs plein la tête. Non, et je viens de prendre une simple douche froide en ses quelques mois. « Pas ici. » Je ne capte pas pourquoi, je ne capte pas l’endroit où nous sommes, ni pourquoi elle m’a repoussé. J’ai simplement l’impression de l’avoir forcer, et ça me suffit à la relâcher pour la déposer à terre. Je m’écarte d’elle instantanément, souffle en passant une main dans mes cheveux. « J’suis désolé…Je voulais pas te… » Ma voix s’éteins. Je pense à ce que j’ai appris, son passé et à sa situation. Je suis incapable de finir ma phrase en m’imaginant avoir pu lui forcer la main même le temps d’une seconde. Le gong de l’ascenseur me sauve presque la mise alors que je sors de l’ascenseur où l’ambiance étouffante me submerge. J’ai littéralement besoin de prendre l’air, mais c’est au sous-sol qu’on a atterrit. Alors, sans attendre Tessa, je m’avance vers la voiture, dans le but de sortir d’ici le plus vite possible.

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Je n’ai pas pour habitude de lui dire non. S’il m’avoue facilement avoir constamment envie de moi, je suis dans le même état et je le suis actuellement … Le seul souci étant l’endroit où nous nous trouvons. Un ascenseur s’apparente bien trop à une boîte de laquelle je ne pourrais pas me sortir si le pire arrive. Je ne suis jamais à l’aise dedans. Prendre le risque de le laisser avoir ce qu’il veut signifie rester là-dedans plus longtemps que nécessaire et ça … j’en suis incapable. Les mots ne sortent pas comme je le voudrais et déjà mes pieds retrouvent le sol. « J’suis désolé … Je voulais pas te … » Je vois et ressens son désarroi sans pour autant avoir le temps de dire quelque chose et de le rassurer. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent et Tommy est déjà dehors, me laissant comme une idiote dans cette fichue boîte, un peu surprise. Mais alors que l’ascenseur se referme, j’en sors à toute vitesse et fais claquer mes talons sur le sol du parking. « Ralentis … » Parvenant à le rattraper au moment où il ouvre la porte de la voiture, je la claque et me glisse entre elle et lui. « T’étais pas en train de me forcer. » Assurai-je le souffle court. « C’est l'ascenseur, je … je peux pas là-dedans. » Au moins il sait que ça ne fait pas partie de mes fantasmes, tout comme je sais qu’il n’y a pas que mon pseudo refus qui le met dans cet état. « Regarde-moi, Tom. » Chuchotai-je en posant une main sur sa joue. « Pardonne-moi si j’ai été trop loin avec ton père. J’avais besoin de lui dire ma façon de penser, j’aurais sans doute mieux fait de me taire. » Je fais un petite moue désolée tout en caressant sa joue dans l’espoir que ce contact parviendra à le détendre.

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Oh, là de suite, je me déteste. Assez pour avoir été trop entreprenant. Je sais qu’elle aime quand je suis comme ça, mais après ce qu’elle a vécu ? A-t-elle vraiment envie de subir ça ? De devoir faire face à un autre animal pas plus différent que l’autre ? « Ralentis… » Je ne le fais pas, parce que j’ai pour optique de rejoindre la voiture en premier. J’ai besoin de vitesse, de me défouler une seconde. Mais quand j’ouvre la porte, elle la ferme en la claquant et se glisse entre nous deux. Mon regard tombe forcément dans le sien. « T’étais pas en train de me forcer. C’est l’ascenseur, je..Je peux pas là-dedans. » Putain, je suis idiot. J’allais la forcer ET la faire paniquer. Mais quel con ! J’expulse l’air en passant une main dans mes cheveux : « Arrêtes, j’étais clairement en train de… » « Regarde-moi Tom » Je m’exécute presque aussitôt en sentant sa main glisser sur ma joue. « Pardonne-moi si j’ai été trop loin avec ton père. J’avais besoin de lui dire ma façon de penser, j’aurai sans doute mieux fait de me taire. » Sa caresse n’apaise absolument pas ce surplus d’émotion, de contrariété que je suis en train d’accumuler. Mon père est un sujet tellement sensible, que juste en parler me met encore plus hors de moi. Je me recule d’elle à contrecœur, me forçant à faire les cents pas. « Je t’en veux pas, bébé… C’est juste que… » Mes mains s’attardent à nouveau sur mon crâne, le regard plissé sous la migraine qui commence à se pointer. J’ai des flashs qui me reviennent en mémoire, les mêmes moments où je me suis imaginé dire à mon père ce que je ressentais vis-à-vis du départ de maman, de son abandon à lui, de ses exigences, de ses préjugés, de sa méchanceté et de ses petites amies infernales. Bordel, à chaque fois je me défilais de peur de perdre le seul lien de parenté qu’il me restait. Il y’a encore Meredith, mais ce n’est pas pareil. Je veille sur elle comme elle a veillé sur moi, petit. Et je sais très bien que si elle venait à mourir demain, j’aurai l’impression de perdre une mère. Mais mon père…c’est mon père. Je pourrais sans doute jamais m’émanciper de lui. Parce que j’ai toujours cet espoir. C’te putain d’espoir de merde. « C’est juste que j’en ai marre d’avoir de l’espoir…pour rien. Quand je pense qu'il peut changer, qu'il peut comprendre ou simplement me soutenir, il fait tout l'inverse. »

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« Arrêtes, j’étais clairement en train de … » Il n’est pas question qu’il termine cette phrase. Je refuse qu’il pense ne serait-ce qu’une seconde qu’il allait me forcer à faire quoi que ce soit. Je lui aurais dit non si je ne l’avais pas voulu, je l’aurais repoussé et il sait que j’ai assez de caractère pour lui tenir tête lorsqu’il le faut. Non, il ne me forçait en rien, j’ai seulement dépassé les bornes au point de m’en vouloir. Je frissonne un peu dès qu’il s’éloigne, passant une main dans ses cheveux, tendu et désarçonné. « Je t’en veux pas, bébé … C’est juste que … » Mon regard le suit qui fait les cent pas, incapable de terminer ses phrases, trop sur les nerfs pour y parvenir. Tout ce que je peux faire c’est lui laisser le temps de trouver ses mots, d’exprimer le fond de sa pensée lorsqu’il s’en sentira capable. Nous ne partirons pas d’ici tant qu’il ne l’aura pas fait, quitte à ce que je coince la porte et vol ses clés. « C’est juste que j’en ai marre d’avoir de l’espoir … pour rien. Quand je pense qu'il peut changer, qu'il peut comprendre ou simplement me soutenir, il fait tout l'inverse. » Je voudrais lui dire que je comprends, ce n’est pas le cas. Je n’ai aucun exemple sur lequel me référer, à moins de considérer toutes les familles m’ayant rejeté comme des exemples. Ça ne m’arrête pas. Je laisse de côté ma promesse de coincer l’accès à sa voiture pour le rejoindre. « Il ne sait pas s’y prendre. » J’en reviens pas d’être en train de défendre ce con. Ma main attrape celle de Tommy et je penche la tête sur le côté. « Tout le monde n’est pas fait pour être parent. Ça ne l’excuse pas, du moins pas totalement. Mais c’est normal que tu cherches son approbation, tu le feras sans doute toute ta vie, et quelque part je suis persuadée qu’il t’aime, il ne sait pas comment l’exprimer. » J’imagine qu’être persuadé qu’il reviendra sans cesse vers lui c’est essayer de lui faire comprendre qu’il est son fils et qu’ils seront toujours une famille. « Tu as le droit d’être heureux sans lui, ça ne fera pas de toi un mauvais fils. »

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C’est nerveux. Cette manie d’être totalement en mouvement, dans le simple but de me dépenser. Quand je vais mal, quand quelque chose me pèse trop, je m’active, je me défoule. Principalement pour me vider la tête et pour oublier. Mais surtout pour faire redescendre cette tension qui s’accumule en moi. C’est aussi pour ça que le sport a toujours été une échappatoire et ma voie dès mon plus jeune âge. Parce qu’avec ces parents en carton que j’avais déjà, à l’époque, j’avais besoin de me dépenser. Le football a été mon meilleur ami pour ça. « Il ne sait pas s’y prendre » « Oh, il devrait depuis le temps » Je sais qu’elle veut bien faire pour minimiser le tout, mais mon père ne changera jamais. C’est qu’un petit connard qui ne s’occupe que de sa personne. La main de Tessa attrape la mienne et me force à ne plus bouger. « Tout le monde n’est pas fait pour être parent. Ça ne l’excuse pas, du moins pas totalement. Mais c’est normal que tu cherches son approbation, tu le feras sans doute toute ta vie, et quelque part, je suis persuadée qu’il t’aime, il ne sait pas comment l’exprimer. » C’est en partie ce que Meredith me faisait comprendre, mais j’ai toujours ce doute. Pourquoi n’avais-je pas des parents normaux ? Comme mes potes ? Pourquoi ils étaient toujours en vadrouille ? Pourquoi elle m’avait abandonné ? Pourquoi il préférait son boulot à notre famille ? Bien des années il a eu l’occasion d’exprimer son amour pour moi, et c’est à peine s’il venait à mes matchs de football quand j’étais gamin. Alors je n’y crois plus beaucoup à ce discours. « Il ne me l’exprimera jamais, Tessa. » Parfois, je me dis que c’est pareil que d’être orphelin. Une pensée totalement déplacée avec le passée de Tessa, je le sais…mais rien ne me fera changer l’avis que j’ai parfois eu l’impression de ne pas avoir de parents. « Tu as le droit d’être heureux sans lui, ça ne fera pas de toi un mauvais fils » « Je sais… » Au fond, c’est plus une déception de ne pas pouvoir partager le bonheur que Tessa puisse m’apporter dans ma vie à mon père. En parler à Meredith, c’est plaisant, jusqu’au lendemain où elle a déjà oublié notre conversation. Même si Tessa a eu une période très sombre, elle a réussi à retrouver dans les Goldstein une famille, et maintenant grâce à Davon et Michael son véritable père. Moi ? Je n’ai que Tyler – hérité avec une sorcière – et Tessa. Loin de la vraie famille que j’ai toujours aimée à voir. Mais je sais que ça va changer. Sans répondre, je m’approche d’elle et dépose ma tête dans son cou, alors que mes bras l’entourent. C’est elle, ma force, mon bonheur. Faut juste que je me fasse à l’idée que mon père ne fera jamais parti du tableau.

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