I'm only human after all (Victoria)

« Pépito, arrête de me lécher la figure s’il te plaît. » Râlait le jeune homme qui repoussait gentiment son chien. Le jeune Husky était jeune, il y avait encore beaucoup à faire pour son éducation. L’animal débordait d’amour, ce qui, il fallait l’avouer faisait un grand bien à notre presque trentenaire. Sa vie prenait un tournant inattendu depuis qu’il savait que l’enfant de Meghan était le sien. Dans son esprit se déroulait une vraie bataille, entre regrets et colère, Adrian n’était pas prêt à être père. Il s’était toujours refusé de s’engager dans quoique ce soit. Malheureusement, il suffisait d’une erreur pour que la donne évolue et commettre l’irréparable. Le jeune homme ne pouvait qu’assister impuissant à la naissance de son enfant non désiré. Pourtant, en le voyant, dans les bras de son amie, il n’avait pu résister à la petite bouille de sa fille. Ses petites mains, ses petits pieds, tout avait été là pour amadouer le cœur du pilote. Sa liberté désormais disparue, il savait que l’arrivée de cette créature chamboulerait sa vie et celle de son amie qui elle aussi n’avait probablement rien demandé. Néanmoins, tout ceci restait encore compliqué car elle avait un homme dans sa vie, Léo. Le couple méritait de fonder une famille, ils méritaient de voir grandir cette petite. Qu’allait advenir Adrian dans tout ça ? Même le concerné l’ignorait. Qu’importait, il ne pouvait plus contenir la nouvelle. Sa rencontre avec Meghan l’avait conforté dans l’idée que ce bébé était le sien. Désormais que le test ADN avait parlé, le brun se devait de l’annoncer à sa sœur. Victoria tombera des nues, c’était une évidence, tout comme Amelia. Personne n’aurait pu anticiper qu’un type tel que lui deviendrait père. Il y avait cela de quelques mois, le principal concerné aurait éclaté de rire en imaginant une seule seconde être papa. Pourtant, tout était différent aujourd’hui.
Assis dans la salle d’attente, il relevait la tête lorsque la secrétaire de sa sœur lui annonçait qu’elle était enfin libre. Car oui, il s’était rendu directement sur le lieu de travail de la jeune femme afin de lui annoncer. La nouvelle encore fraiche dans son esprit, la nervosité maltraitait ses tripes alors qu’il réfléchissait aux mots à employer. Désormais dans son bureau, il faisait face à la journaliste dont le sourire ne pouvait que lui faire le plus grand bien. « Salut grande sœur. Tu vas bien ? » Disait-il en s’approchant, venant l’embrasser sur la joue. Son palpitant s’emballait alors que les minutes s’écoulaient, le moment de vérité n’allait pas tarder. « Je suis venu te voir car je devais te parler d’un truc assez…important. » Yeux un peu fuyants, doigts qui s’entremêlaient, Adrian était au summum du malaise, et pour cause, il craignait que sa sœur ne tombe sous le choc de la nouvelle. Prenant une grande inspiration, il attendait, tel un damné attendrait d’être envoyé aux enfers. S’il pouvait retourner en arrière, il le ferait, sans hésiter. Mais rien ne pouvait racheter sa faute.

Une journée, rien de plus normale avait débuté. Victoria avait d'abord emmené Paige à l'école, elle savait qu'elle ne la reverrait pas pendant les deux prochaines semaines, c'était au tour de Romeo de la garder. Cela ne l'empêchait pas de téléphoner régulièrement à sa fille et de recevoir des nouvelles de la part de son ex-mari. Même si elle avait mis du temps à s'y faire, une fois le divorce digéré, ils avaient réussi à aller de l'avant et à faire au mieux pour Paige et ce n'était pas prêt de changer. Elle savait que c'était l'occasion de prendre du temps pour elle, voir ses amis et sa famille. Cela faisait d'ailleurs un moment qu'elle n'avait pas revu Adrian et elle se dit qu'il serait temps de lui envoyer un message le soir même. Victoria avait ensuite filé aux bureaux qui abritaient les locaux du magazine Vogue. Elle enchaina plusieurs réunions, le prochain numéro devant être bouclé incessamment sous peu, des derniers articles et pages étaient à revoir. Il fallait toujours plus satisfaire la hiérarchie et derrière les lecteurs, le plus important. Victoria avait le nez dans la rédaction d'un article sur la dernière Fashion Week en date à Rome. Elle était concentrée dans sa rédaction quand son assistante vint la prévenir que son frère était là. Elle ne percuta pas immédiatement, bien trop concentrée sur son travail avant que l'information ne soit correctement analysée par son cerveau. Son premier réflexe fut de s'inquiéter, ce n'était pas dans les habitudes de son frère de débarquer ainsi, quoiqu'elle n'était jamais contre une visite improvisée de sa part. Quand il entra dans son bureau, elle se leva de son fauteuil et vint le prendre dans ses bras, un grand sourire aux lèvres. « Salut grande sœur. Tu vas bien ? » Elle ne tarda pas à afficher un air inquiet, elle avait peur qu'il ne soit ici à cause d'une mauvaise nouvelle, ce n'était pas dans ses habitudes de passer sans prévenir et pour qu'il vienne jusqu'à son bureau. "Salut. Ça va et toi? Qu'est-ce que tu fais ici? Tout va bien?" Victoria avait bien entendu tendance à trop le couver mais là c'était différent pour le coup elle sentait que quelque chose le tracassait. "Assis-toi." Elle lui désigna une chaise du regard avant d'amener son fauteuil à ses côtés. « Je suis venu te voir car je devais te parler d’un truc assez…important. » Elle fronça les sourcils, Adrian n'était pas là par hasard et elle savait que quelque chose ne tournait décidément pas rond. "Tu me fais peur Adrian.. Qu'est-ce qui se passe?" Elle ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer le pire, qu'est-ce qui avait bien pu se passer, c'était leurs parents, sa carrière, elle avait une imagination bien trop débordante. Elle sentait qu'il n'était clairement pas à l'aise et sans doute que l'endroit n'aidait pas. "Tu veux qu'on déjeune ensemble? Y a un restaurant sympa à deux pas d'ici." Ajouta-t-elle avec un sourire encourageant, peut-être que l'endroit serait plus propice, elle avait le sentiment qu'il avait le coeur lourd.

@Adrian Hastings

Dans la salle d’attente, sa jambe s’était mise à trembler, preuve de sa nervosité grandissante, tandis que dans sa tête, il s’imaginait tous les scénarios possibles. Dans tous les cas, Victoria l’engueulera bien comme il fallait pour avoir fait preuve d’imprudence. Il suffisait d’une seule relation non protégée pour que tout s’envenime. Meghan et lui n’étaient rien de plus que des amis, cette nuit d’ivresse n’était pas censée changer cela. Malheureusement, la vie n’était pas aussi simple que ça. Il survenait toujours des hasards, des événements qui vous dépassaient. Adrian père, ça sonnait terriblement faux. En dépit de sa très bonne relation avec Paige, il ne s’était jamais imaginé devenir papa aussi vite et de manière aussi inattendue. La situation s’apparentait à un vrai sac de nœuds dont il était le fautif. A l’image de la vie amoureuse de sa sœur, la sienne n’avait rien de comparable. Tout était fait à l’envers, cet enfant n’arrivait pas dans un foyer aimant, mais dans une famille décomposée. En dépit de sa volonté de l’assumer, le chemin risquait d’être long pour trouver une once de stabilité. Nul besoin de dire que le compagnon de Meghan avait dû fuir en apprenant que cet enfant n’était pas le sien. Plus que jamais, Adrian avait la désagréable sensation de détruire un couple, involontairement. La nouvelle digérée et dite de vive voix, il ne pouvait plus contenir le secret, surtout pas auprès de sa sœur qui méritait de savoir la vérité. Son emploi du temps était tout aussi serré que le sien, rares étaient leurs entrevues dernièrement. Peut-être que sur un coup de chance, il parviendrait à prendre un peu de son temps. Le cadet de la famille avait le cœur lourd tandis que la secrétaire le guidait dans le bureau de sa grande sœur. Une fois encore, il crut défaillir en cherchant les bons mots à employer. C’était le calme avant la tempête. A mesure que les minutes s’écoulaient son palpitant s’emballait tandis qu’il n’entendait presque plus les mots de sa tendre sœur. En cet instant, il souhaitait pouvoir se cacher, creuser une tombe à son nom et s’y mettre tout seul. Rien ne pouvait racheter sa lâcheté. Mais le pire restait à venir, l’annoncer aux parents sera une autre paire de manches. Il s’asseyait sur la chaise, se triturant les doigts presque jusqu’au sang, tandis que ses opales fuyaient celles de la journaliste. « Non, je…on peut aller manger après ? Je dois te parler. » Comment devait-il s’y prendre ? Sa gorge nouée l’empêchait de parler tandis qu’il inspira fortement, fermant un instant les yeux, face à l’inquiétude de sa sœur, c’était insoutenable. « Tu es tata. Je suis père. » Lâcha-t-il finalement, la bombe tombée allait très rapidement faire son effet. « Rien n’a été prémédité, j’ai couché avec une amie. Elle est tombée enceinte, jusque-là, ma paternité n’était pas certaine, car elle avait un compagnon donc il y avait une chance sur deux. » La mine confite, la tête au bord de l’implosion, il glissa sa tête entre ses mains. « En faisant le test ADN, elle a découvert que c’était le mien, enfin, ma fille. » Une once de fierté se lisait dans son regard malgré la complexité de la situation. Mine de rien, avouer cela lui faisait un bien fou. Il se sentait plus léger, la conscience moins chargée. « Elle s’appelle Adélaïde et je…je vais l’assumer. J'aurais vraiment préféré que tout ça soit dans d'autres circonstances, j'aurais aimé que ce soit moins compliqué. » A présent, le brun pouvait respirer convenablement, quitter l’apnée dans laquelle il était depuis son arrivée dans les locaux de Vogue.

Victoria n'avait pas pour habitude de voir débarquer son cadet à l'improviste, c'était déjà arrivé mais cela se faisait rare. Tous deux étaient plutôt très occupés ces temps-ci et il fallait dire qu'elle commençait à le regretter. Elle avait l'impression d'avoir raté quelque chose d'important, comme un instinct de grande soeur qu'elle avait fini par développer avec les années. Ce n'était pas compliqué pour elle de lire entre les lignes et dans le comportement de son frère. Il avait quelque chose à lui dire et ça ne sentait pas bon. Elle imaginait déjà le pire même si elle était loin de se douter de la révélation qu'il allait lui faire. Elle avait bien senti que lors du dernier repas chez leurs parents le weekend dernier, que quelque chose n'allait pas mais elle n'avait pas trouvé le moyen de lui en parler. Sa brève tentative avait été interrompue par Paige et depuis elle avait oublié d'en retoucher deux mots à son frère. Elle s'en voulait même si elle savait que lui tirer les vers du nez était impossible, il devait avoir décidé d'en parler. Elle attendait patiemment qu'il parle même si son coeur s'emballait déjà et que son cerveau imaginait déjà les pires scénarios possibles. « Tu es tata. Je suis père. » Pardon? Victoria ne trouva rien à dire, écarquillant les yeux à l'entente de la nouvelle. Comment ça elle était tata? Et comment ça il était père? Depuis quand? Et qui? Elle avait raté une étape. Elle se mit à rire nerveusement. C'était une blague, ça ne pouvait en être autrement sauf qu'elle perdit rapidement son sourire quand son frère reprit. « Rien n’a été prémédité, j’ai couché avec une amie. Elle est tombée enceinte, jusque-là, ma paternité n’était pas certaine, car elle avait un compagnon donc il y avait une chance sur deux. En faisant le test ADN, elle a découvert que c’était le mien, enfin, ma fille. Elle s’appelle Adélaïde et je…je vais l’assumer. J'aurais vraiment préféré que tout ça soit dans d'autres circonstances, j'aurais aimé que ce soit moins compliqué. » Le silence régnait depuis déjà de longues minutes, Victoria contrairement à son habitude resta stoïque, aucun mots ne sut franchir la barrière de ses lèvres. Elle ne s'était pas préparée à entendre ça. Elle était partagée entre la colère envers son frère de s'être retrouvé dans un pétrin pareil et de lui en toucher deux mots seulement maintenant et le fait qu'elle n'est rien vu venir et qu'elle n'ait pas su être là pour lui. Elle fuyait délibérément le regard de son frère parce qu'elle ne savait quoi lui dire, il fallait déjà qu'elle se fasse à l'idée qu'il était père et ça ce n'était pas rien. Elle ne sait combien de temps après, elle finit lâcher. "Depuis quand tu le sais? Non mais merde Adrian, j'aurais pu être là pour toi si tu m'en avais parlé avant.." Elle soupira puis finit par se lever et elle s'approcha de la fenêtre avant de nouveau faire face à son frère. "Adrian Hastings père.. Alors là, j'y crois pas.. Non mais sérieux à quoi tu pensais.." Elle finit par se reprendre, cela ne servait à rien de lui faire la morale maintenant, ce qui était fait était fait. "C'est qui cette fille? Elle a quelqu'un en plus.. Je savais pas que tu étais branché ménage à trois.." Elle se pinça l'arrête du nez, ce n'était pas le moment de laisser sortir les vieilles rancoeurs qui renverraient à son histoire avec Romeo car Adrian était quelqu'un de bien et ce qu'elle faisait là tout de suite maintenant, n'aidait pas. Elle finit par soupirer puis revint s'asseoir aux côtés de son frère. "Excuse-moi.. C'est juste que je m'y attendais pas.. Elle est née quand?" Elle espérait qu'un jour son frère devienne père mais dans d'autres circonstances mais bon à présent elle voulait en savoir plus sur celle qui serait désormais sa nièce.

@Adrian Hastings

Lorsqu’il débarquait à l’improviste, c’était rarement pour des sujets futiles, c’était souvent parce que sa vie se voyait chamboulée. La situation actuelle en était la preuve irréfutable, à la différence que cette fois-ci, il s’y était mis tout seul. S’il avait fait attention lors de ses ébats avec son amie, rien de tout cela ne serait arrivé, Adélaïde ne serait pas de ce monde. Finalement, il se rendait compte que la venue de sa fille n’était pas forcément une malédiction. En la voyant la première fois, il avait littéralement craqué pour le bébé. Ses yeux bleus, ses petites mains, elle était aussi parfaite que ses parents et surtout en bonne santé. Aussitôt, toutes ses idées noires sur la paternité s’étaient envolées. Peut-être ressentait-il une pression constante, celle d’être un bon père, présent et idéal. Être parent s’avérait être le métier le plus dur du monde, plus que jamais, il s’en rendait compte. Après des mois d’hésitation, Adrian voulait à présent l’assumer totalement, lui offrir sa présence, offrir aussi son aide à Meghan. Elever un enfant seule n’était souhaitable pour personne. Plus que jamais, le brun était lassé de faire preuve de lâcheté. La fuite durait depuis suffisamment longtemps. Aujourd’hui, venait le temps de la vérité. Y faire face en dépit de la difficulté, de la souffrance engendrée par sa stupidité. La réaction de sa sœur, il en était effrayé, apeuré. Celle-ci était la prunelle de ses yeux, il ne pouvait lui mentir davantage. Son cœur lourd se voyait libéré maintenant que la bombe était lâchée. Si elle pensait au départ entendre une mauvaise blague, la suite prouvait bien qu’il ne plaisantait pas du tout. Un long monologue s’en suivit où il tentait d’expliquer la situation complexe dans laquelle il s’était empêtré. Tout seul comme un grand. Le silence qui précéda cela était bien pire. Les opales du jeune homme tendaient de sonder celles de sa grande sœur. Que pensait-elle de ça ? Allait-elle exploser ? Lui rire au nez ? Le mettre plus bas que terre ? Après tout, ce serait légitime. Malheureusement, elle fuyait son regard, probablement loin d’être prête à entendre ça. Lui aussi n’aurait jamais pu songer devenir père des mois plus tôt. « Je le sais depuis quelques semaines seulement. Du moins sûrement grâce au test génétique. Avant, j’avais que des suspicions. » Le test ADN avait confirmé ses pires craintes, scellant à tout jamais son erreur. Ses doutes étaient alors devenus des certitudes. Il baissa ensuite le regard sous les remarques de la blonde, semblables à des coups de feu, des vérités blessantes, des remarques acerbes auxquelles il s’était préparé. Mais les vivre ainsi, malgré toute son anticipation psychologique, ça restait compliqué. Le visage fermé, l’homme soupirait, avant d’oser enfin regarder sa sœur. « Rassure-toi, j’étais loin de m’y attendre aussi. » Ce qui était fait était fait. Adélaïde était née, de son sang, de sa chair. « Elle est née il y a quelques mois mais j’ai fui comme un lâche. Je ne l’acceptais pas. » Il s’en voulait terriblement d’avoir réagi aussi égoïstement. Son manque de maturité avait été criant, preuve qu’il n’était pas prêt à devenir père. Heureusement, tout cela était derrière lui. Aujourd’hui, il acceptait sa condition, faisait face à la réalité. « Je suis vraiment qu’une merde. » Il soupirait encore, évoquant cette réaction stupide. Ses parents ne lui avaient pas appris à être aussi bête. Fuir la vérité aussi longtemps n’était pas viable, pour lui et sa fille. Adélaïde n’avait rien demandé et méritait de connaître son père. A présent, il n’avait plus le choix et devait prendre ses responsabilités.