gold and diamond. (miléis)

Il n’est pas loin de 8 heures lorsque les pleurs de Neva me réveillent. Comme d’habitude, je me lève et me dirige dans la cuisine pour aller préparer son biberon du matin. Par la suite, je pars la récupérer dans son berceau, la prenant dans mes bras pour la bercer, lui change sa couche avant de retourner dans ma chambre avec elle. Allongée dans le lit, la tête posée sur mon torse et la tétine du biberon en bouche, ma fille boit son lait tranquillement pendant que je navigue sur mon portable, vérifiant si je n’ai pas eu de demande récente pour mon boulot. A priori, rien ne s’est ajouté aux rendez-vous déjà arrangés et tant mieux. Moins j'en ai et mieux c'est. "Papa, fini." Dit Neva avec sa petite voix endormie, me tendant son biberon que je récupère rapidement, sachant pertinemment qu’elle va le lâcher la seconde d’après et le faire tomber au sol. Je dépose l’objet sur ma table de chevet, ne bougeant pas du lit pour que la petite puisse se rendormir, ce qu’elle fait après quelques minutes. Attendant qu’elle roupille parfaitement, je me lève ensuite pour prendre une douche rapide et préparer son sac à langer. Aujourd’hui, on est de sortie et il faut que je sois bien préparé à toutes éventualités. On est à l’abri de rien avec un bébé, je peux vous l’assurer.
Il est environ 11 heures quand on quitte notre appartement. Ma fille confortablement blottie contre mon torse dans le porte-bébé et le sac à langer sur l’épaule, je me dirige tout droit vers les transports en commun en direction du quartier de Brooklyn. Arrivant au restaurant après de longues minutes de trajet, une serveuse me conduit à la table réservée à mon nom, et je dépose Neva sur la chaise bébé, prenant ensuite place à ses côtés. On n’a pas le temps d’attendre trop longtemps avant que Miles fasse son apparition. "Ma puce, regarde qui est là." Je lui indique la porte qu’il vient de franchir et les yeux de ma fille s’illuminent en découvrant de qui il s’agit. "Pa’ain !" Babille-t-elle avec excitation, commençant à s’agiter dans sa chaise sous mon regard amusé. Ouais, elle l’aime beaucoup son parrain, il n’y a pas de doute là-dessus. Une chose plutôt compréhensible lorsqu’on sait qu’elle passe énormément de temps avec lui. Ce dernier s’approchant de la table, je ne peux m’empêcher de lâcher avec amusement : "Je crois que tu lui as manqué."

@Miles Gasparini

Tout en enfilant ses chaussettes d’une main, Miles observe encore une fois la photo que Lana a postée sur Instagram ce matin. Ou cet après-midi pour elle. Elle, avec un chiot adorable qu’elle vient d’adopter. Elle l’a appelé Œdipe, ce qui n’a rien d’étonnant quand on connait son intérêt pour la philosophie. Ce qui est plus étonnant, c’est qu’elle ait adopté un animal. Plus le temps passe, et plus Miles a l’impression que sa petite amie se construit réellement sa vie en France. Et lui, sa vie est ici, à New York. A un océan d’écart. Loin l’un de l’autre. Il y aurait sans doute une conversation à avoir à ce sujet, mais Miles repousse cette pensée. De toute façon, il a autre chose à faire aujourd’hui. D’abord aller récupérer son vélo chez le réparateur, une dépense inattendue qui lui donne l’impression de jeter de l’argent par les fenêtres. Mais il n’avait pas eu vraiment le choix, étant donné l’état du vélo après qu’il se soit fait emboutir par une voiture et pour pouvoir reprendre son travail légitime. Livrer et non plus servir des tables. Ensuite, il doit rejoindre Mathéis et Neva pour un brunch, chose qui le rend encore plus impatient. Sauf qu’il n’est pas en avance, et doit donc accélérer le mouvement s’il ne veut pas être trop en retard. Récupérer son vélo se fait facilement – enfin un peu moins pour son porte-monnaie malheureusement. Seul problème : il semble qu’après presque deux mois sans faire de vélo – et donc de sport – il n’est plus vraiment en forme. La reprise risque d’être difficile, même s’il est heureux de quitter le service au restaurant. Enfin pour l’instant, il se concentre sur la route qui monte pas mal, pour aller jusqu’au restaurant choisi par son meilleur ami. Autant dire qu’il a l’impression de gravir une colline. Et quand il est enfin en haut, c’est comme s’il avait remporté un marathon. Sauf qu’il faisait la course tout seul et que, vu l’heure, il a plutôt perdu. Il attache son précieux vélo devant le restaurant, en réfléchissant à comment le mettre pour éviter qu’une voiture ne le percute à nouveau, et entre enfin dans le bâtiment. Il ne lui faut que quelques secondes pour repérer la table où sont assis Mathéis et sa fille, et leur fait signe en s’approchant. La petite fille est toute excitée, ses jambes se balançant dans la chaise-haute. « En même temps, c’est normal, parce qu’elle m’a manqué aussi. Hein ma princesse ? » Et Miles ne perd pas de temps pour attaquer Neva de bisous sur ses joues, son front, sa tête. Elle rit, avant de finir par se débattre quand ça devient trop. Alors il s’écarte et s’assoit sur sa chaise. « Je te préviens tout de suite : je meurs de faim. J’ai bien l’intention de me lâcher sur les pancakes. » Et quand Miles a faim, il faut le prendre au pied de la lettre. « Comment tu vas, toi ? »