pizza and gossip (wyatt)

En face de sa porte d'entrée, Alison entrait les clefs dans la serrure pour la déverrouiller. Comme toutes les fin d'après-midi, la blonde rentrait chez elle après une journée de travail au magasin de disques. Sa journée s'était, comme toujours, bien passée. Malgré la modestie de son travail, la blonde se complaisait totalement dans cet établissement. Elle avait la possibilité de travailler avec la musique sans arrêt, une de ses passions, et elle rencontrait toutes sortes de personnes qu'elle n'aurait pas l'opportunité de rencontrer si elle n'avait pas un travail qui nécessitait un contact avec le client. Elle ne gagnait pas des dizaines de milliers, bien loin de là, mais elle s'en moquait. Tant qu'elle faisait quelque chose qui lui plaisait, c'était ce qui l'importait. La blonde était donc rentrée chez elle. Peu importe à quel point on peut aimer son travail, rentrer chez soi après une journée de boulot est toujours une satisfaction, même pour Alison. D'autant plus qu'elle avait une autre raison d'être contente de rentrer dans son appartement : ce soir-là, son meilleur ami, Wyatt, venait lui rendre visite. Il était autant son meilleur ami qu'Asteria l'était. Tous les trois formaient un trio d'enfer, et bien qu'ils aimaient savourer ces moments tous ensemble, parfois ils se voyaient séparément. Le programme de ce soir-là : manger, regarder la télé sans la regarder, et se raconter les derniers ragots. Alison appréciait tout particulièrement la dernière occupation, commère et bavarde qu'elle était. Elle préférait même écouter les potins des autres plutôt que de raconter les siens, tout simplement parce qu'elle était déjà au courant des siens et qu'elle voulait tout savoir sur les autres. Vraiment incorrigible. En attendant la venue de son brun favori, la blonde fit un brin de ménage sans trop se fouler non plus ... Wyatt avait l'habitude de venir chez elle et il avait déjà vu son appartement dans de pires états. Et puis, il la connaissait par cœur, il savait bien qu'elle avait des travers bordéliques et maladroits, ainsi que plein d'autres défauts qui faisait tout son caractère. C'est finalement aux alentours de sept heures et demi que sonna l'interphone de l'appartement d'Alison. La blonde prit le téléphone et lâcha un simple « Je t'ouvre. » avant d'appuyer sur le bouton pour que la porte d'entrée de l'immeuble se déverrouille. Elle ouvrit ensuite la porte de son appartement qui se trouvait au premier. Le visage de Wyatt fit rapidement son apparition, et c'est en le voyant que la blonde esquissa un large sourire. « Salut toi. » Elle le salua en le prenant dans ses bras. Elle le laissa ensuite entrer et ferma la porte derrière lui. « Bon j'ai pris les devants, j'ai déjà commandé les pizzas. Mais j'ai teeeeellement faim. » La blonde souriait toujours,  ravie de passer du temps avec Wyatt, comme ils le faisaient depuis leur enfance. « Comment ça va ? »

Regard fixé sur l’écran de son ordinateur, doigts au-dessus des touches, il reste ainsi quelques secondes. Juste le temps de trouver le mot qui lui échappait jusqu’alors. Dernier rapport de la journée à boucler, une affaire bien moins affreuse que celles qu’il a pu traiter ces dernières semaines, mais qui demande malgré tout un rapport rendu dans les plus brefs délais. C’est la partie que le brun apprécie le moins, l’administratif, mais comme tout le monde il s’y plie. S’il pourrait s’y prendre à la dernière minute comme bon nombre de ses collègues, lui part toujours du principe que plus vite il en fini et plus vite il sera libéré. Dernière phrase terminée, rapport envoyé à l’impression, Wyatt s’étire et en profite pour regarder l’heure sur son portable. Une bonne heure avant de rejoindre l’appartement d’Alison, ce qui lui donne bien assez de temps pour faire un crochet par chez lui histoire de se changer. Enfoncé dans son fauteuil, il balaye la pièce du regard, remarque enfin qu’il est le dernier – si on oublie le sergent dans son bureau. Un soupire et le voilà qui rassemble ses affaires avant d’aller déposer le dossier sur le bureau de son supérieur. « Hm … j’admets que ça me manquera d’avoir au moins une personne capable de me rendre son rapport en avance. » Lance l’homme en attrapant la chemise en carton qui a glissé jusqu’à lui. « Vous trouverez bien quelqu’un de maniaque là-dessus. » Le flic réplique avant de le saluer et de quitter le bureau. Tout n’est pas encore officiel ni même prêt, mais lui sait que Wyatt est sur le point de quitter l’unité des renseignements pour aller diriger la sienne rattachée au FBI. Ça sera une toute autre aventure et l’Américain mentirait s’il disait ne pas être impatient. Détour par chez lui fait, il gagne le nord de Williamsburg et atterrit rapidement au pied de l’immeuble dans lequel vit sa meilleure amie. En moins de cinq minutes, il atteint le bon appartement et est accueilli comme il se doit par la blonde. « Salut. » Ses lèvres se posent rapidement sur la joue d’Alison et il entre, déjà impatient de se poser et de pouvoir discuter. Oui, une vraie fille, mais c’est le genre de moment que Wyatt apprécie et qui l’aide à décompresser. « T’as bien fait, j’étais à deux doigts d’en prendre sur le chemin. » Débarrassé de sa veste qu’il accroche après l’avoir gardé au bras, il va tranquillement s’installer dans le salon, fait comme chez lui à son habitude. « Si tu savais ! Je suis partagé entre un ça peut aller et un c’est la merde … tu veux que je commence par quoi ? » Les yeux levés au ciel, il soupire. Beaucoup trop de choses se sont accumulées dernièrement. « Et toi, comment tu vas ? »

La blonde était ravie d'accueillir Wyatt ce soir-là, comme à chaque fois qu'il venait chez elle d'ailleurs. C'était une personne avec qui elle pouvait être elle-même sans réfléchir à ses actes à deux fois - pas qu'elle le faisait non plus tout le temps avec les autres - et avec qui elle pouvait tout dire. Elle pouvait discuter de ses propres sujets tabous, tel que celui qui concernait Jordan, sujet qu'elle s'interdisait d'évoquer avec la plupart des personnes qu'elle côtoyait : d'abord, pour ne pas paraître faible, et ensuite, pour leur montrer qu'elle avait définitivement tourné la page, ce que, de toute évidence, elle n'avait pas fait. Et seuls Terry, Wyatt et Rosie, sa demi-sœur, étaient au courant. Et c'était très bien comme ça. « Je vois qu'on est tous les deux des morfales. » dit-elle en ricanant, après que Wyatt lui ait dit qu'il avait pensé lui aussi à prendre des pizzas sur le trajet. Heureusement qu'il ne l'avait pas fait d'ailleurs, car, se connaissant, Alison sait qu'elle aurait eu les yeux plus gros que le ventre et qu'elle aurait attaqué ces pizzas en plus de la sienne. « Ben dis donc, tu as l'air d'avoir passé une super semaine. » souligna la blonde lorsque son meilleur ami avoua que ce n'était pas la super forme. Bien évidemment, Alison voulait tout savoir, c'est donc tout naturellement qu'elle enchaîna. « Commence par le plus merdique, comme ça les autres emmerdes te paraîtront moins déprimantes. » La blonde se posa sur son canapé, le regard fixé sur le brun, dans l'attente qu'il lui raconte ce qui le tracassait. Problèmes de cœur ? Problèmes au travail ? Ça pouvait être plein de choses. Dans tous les cas, Ali était prête à écouter et à aider son ami dans les limites du possible. « Moi ça va écoute. Je t'avoue qu'il n'y a rien de plus que la routine qui anime mes journées. » Oui enfin, sa routine se résumait à aller bosser et à sortir un soir sur deux dans les bars avec des amis, et enfin rentrer chez elle avec un homme qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam pour passer un peu de bon temps. « C'est peut-être ça le problème. Je crois que j'ai besoin d'autre chose. » dit-elle en rigolant doucement, en pensant à toutes les choses qu'elle n'avait pas, mais surtout à la seule chose qu'elle convoitait réellement.

Alison comme Asteria, elles sont avec ses sœurs et sa mère, les femmes qui comptent le plus dans sa vie. Oh il aurait pu en rajouter une si leur relation n’avait pas tournée au vinaigre ces derniers jours. Toujours est-il qu’il a fini par avoir une confiance aveugle en sa meilleure amie et que même s’il a plus l’habitude de la voir avec Asteria – trio infernal qu’ils sont – il est toujours heureux de passer du temps avec elle. Sans parler du fait qu’il a l’impression de ne pas l’avoir vu depuis une éternité et qu’il était temps de remédier à ça. « C’est pour ça que tu m’aimes autant et que je t’aime autant. » Dit-il, large sourire aux lèvres. Parce qu’ils laissent bien trop souvent leur estomac parler à leur place. Enfin, Wyatt exagère. Heureusement, il n’y a pas que pour ça qu’il adore Alison. Il y a aussi le fait qu’il peut se confier à elle sans craindre d’être jugé. Un fait qui va dans les deux sens. Il sera toujours là pour elle, toujours présent si elle en a besoin. Il abandonnerait tout pour ses meilleurs amis. Tous les deux installés sur le canapé, il soupire. Oui, une superbe semaine. Un mois tout aussi merdique. « Disons que point de vue boulot c’est plutôt cool, le reste c’est pas vraiment ça. » En fait son travail c’est même plus que cool. Il lui tarde sa nouvelle aventure, autant qu’un gamin serait impatient d’ouvrir ses cadeaux de Noël. Et puis il rit à ce qu’elle ajoute ensuite. « Je suis même pas sûr que ça soit possible. » Lui pessimiste ? Juste un peu pour le coup. Pas vraiment décidé à se lancer tout de suite, il l’écoute plus attentivement alors qu’elle confie vivre une petite routine qui, apparemment, n’est plus suffisante. « Mademoiselle Millstone s’ennuierait-elle de sa vie de vendeuse ? Tu sais que si tu veux un peu d’action je serais toujours là pour tenter de te l’apporter ? » Tout d’abord taquin, il devient plus sérieux à mesure qu’il parle. Si elle a besoin qu’il vienne animer sa vie, qu’il tente de lui changer sa routine, il peut toujours essayer de le faire. « Mais mes emmerdes avant que tu râles. » Wyatt prend quelques secondes pour tenter de trouver de quelle façon commencer puis il juge que rentrer directement dans le vif du sujet est mieux. « J’ai tenté une relation avec Cassie. Disons qu’on a un peu dérapé et qu’on a voulu voir ce que ça pouvait donner. » Volontairement, il laisse un blanc. De cette manière Alison a le temps de se rappeler que Cassie est la meilleure amie de Mazikeen – sa sœur – et aussi d’avoir envie d’en savoir plus. « Sauf qu’il faut croire que je suis moins important à ses yeux que ma propre sœur. » Wyatt, il veut paraître moins touché qu’il ne l’est vraiment. Sauf que ça ne fonctionne pas. Pas alors qu’il serre ses poings et fuit le regard de sa meilleure amie. « Bon j’avoue que j’ai un peu paniqué quand elle a cru être enceinte, mais elle sait que j’aurais été là c’est simplement le côté ‘ta sœur qui est ma meilleure amie ne va pas être d’accord avec notre relation et vu que je veux pas la perdre je préfère arrêter là’ qui passe pas trop. » Il humecte ses lèvres, refuse toujours de regarder Alison. C’est bien résumé il imagine, surtout la partie bébé qui n’existe pas finalement et à laquelle il préfère ne pas trop penser. Surtout que c’était sa première imprudence depuis des années et qu’il a failli encore le payer cher. « Toujours persuadée que parler du pire en premier est le mieux ? » Un rire nerveux glisse entre ses lèvres alors qu’il regarde brièvement la blonde, presque par peur de sa réaction face à tous ces aveux.

Wyatt comme Alison étaient tous deux des amoureux de la nourriture. Certes, beaucoup d'autres choses les rapprochaient et faisaient d'eux des meilleurs amis, mais l'appel du ventre était ce qu'ils partageaient le mieux. Pour preuve : chacun avait eu l'idée de prendre des pizzas pour leur soirée ensemble, beaucoup trop affamés pour ne pas penser au repas qu'ils partageraient. « On n'est pas liés par le sang, mais liés par la bouffe. » dit la blonde suite à la remarque de Wyatt qui disait que c'était pour cette même raison qu'ils s'aimaient. Alison aimait Wyatt, ça c'était sûr et certain, c'est pourquoi lorsque ce dernier lui avoua qu'il n'était pas au top de sa forme, elle lui demanda davantage de détails. D'abord parce qu'elle voulait connaître la raison, mais aussi car elle se disait que - peut-être - elle aurait l'occasion de l'aider, si cela était possible, bien évidemment. Le brun commença à s'expliquer sous l'oeil attentif d'Alison qui voyait que, de toute évidence, il avait passé de meilleurs jours. « Tout est possible avec Wyatt Farrell. » Elle dit cela en réaction à sa remarque en levant les yeux et en haussant les épaules tout en employant un ton humoristique, bien qu'elle pensait ce qu'elle disait. Il semblait assez pessimiste et elle voulait dédramatiser la situation pour ne pas qu'il se morfonde une fois les explications données. « C'est pas forcément mon travail le problème. » dit-elle avec un sourire, pensant fortement à Jordan qui lui manquait cruellement mais vers qui elle ne pouvait absolument pas se tourner. Elle ne développa pas davantage, désireuse d'en savoir plus sur les raisons de l'état du moral de Wyatt. Elle écoutait attentivement lui parler de Cassie, la meilleure amie de sa sœur avec qui il semblait avoir tenté un début de relation. De toute évidence, ça n'avait pas été concluant. « Comment ça ? Elle ne veut pas être avec toi parce qu'elle est la meilleure amie de ta sœur ? » C'est ce qu'Alison avait compris, mais elle voulait en être sûre. Drôle de réaction, si c'était vraiment le cas, mais la blonde ne connaissait pas tous les éléments de cette relation pour pouvoir la juger à l'heure actuelle. Les yeux d'Ali grossirent au mot "enceinte" mais compris vite que ce n'était pas le cas. « Terry est déjà enceinte, tu vas pas lui voler la vedette. » Elle rigolait bien sûr, toujours dans l'optique de dédramatiser la situation. « T'es sûr qu'il n'y a que ça qui la bloque ? Parce que vous êtes des adultes maintenant, cette histoire de choisir entre toi et Mazikeen c'est un peu tiré par les cheveux selon moi. » Après Alison ne connaissait pas tellement Cassie, alors elle essayait de ne pas juger sans en savoir plus. Mais ça lui était compliqué d'être objective quand il s'agissait de son Wyatt aussi. Elle voyait d'ailleurs que ce dernier la fuyait du regard, alors elle posa sa main sur la sienne, comme pour lui montrer qu'elle serait toujours là pour lui et toujours de son côté quoiqu'il fasse. « C'est une erreur. » Elle parlait de cette grossesse qui finalement n'avait pas eu lieu. « Mais une erreur qui ne s'est pas produite. Et de toutes façons, tout le monde en fait des erreurs. Tu ne seras pas le premier, ni le dernier. Alors ne te démoralise pas pour ça. »

Il y a peu de personne à qui Wyatt se confie. Avoir un problème de confiance comme le sien, ça n’aide pas beaucoup et si le brun tente depuis des années de le corriger, il n’y arrive jamais complètement. Alison, elle fait partie des personnes à qui il parle en toute liberté, comme il le ferait avec Asteria et Naleya. Ces trois femmes, il sait qu’elles n’iront jamais le juger, qu’elles se contenteront de le soutenir voire de le secouer si ça s’avère nécessaire. Mais le jugement, jamais. C’est ce qui lui permet de s’ouvrir aussi facilement alors même que ça ne lui ressemble pas. Rares sont les fois où il exprime vraiment ce qu’il ressent, plus rares sont celles où il dit aimer une personne. Toute de suite, ça donne de la valeur à ce qu’il vient de dire à la blonde. « C’est peut-être plus mal qu’on ne soit pas liés par le sang, je voudrais pas que t’ais à me supporter comme frère. » Ça n’a jamais été simple pour ses deux sœurs – ni même pour Cassie qu’il a longtemps considérée comme telle. Trop protecteur, parfois même trop intrusif, le flic s’est calmé avec le temps mais leur adolescence n’aura pas été simple et il est certain qu’Alison aurait été incapable de le supporter s’ils avaient été de la même famille. Être amis c’est différent ne serait-ce parce qu’ils se voient moins souvent. C’est également ce qui lui donne plus de courage de se confier, gardant en tête qu’il doit s’inquiéter aussi de ce que la jeune femme lui dit. « Hm … c’est ce que je retiens le plus en tout cas. Enfin, l’excuse sort dès qu’il y a un moment de panique, à un moment donné je suis forcé de me demander si elle veut vraiment d’une relation entre nous. » Explique-t-il en haussant les épaules. De toute manière il n’a jamais compris cette histoire de pacte, du moins pas qu’elles continuent de le suivre maintenant qu’elles sont adultes. « Il se peut aussi que lorsqu’elle m’a annoncé pour le bébé et qu’on s’est engueulé je lui ai posé un ultimatum … je ne pensais pas qu’elle préfèrerait prendre la porte. » Est-ce qu’il a pensé, c’est surtout ça la question ? Dans des moments comme ceux-là, Wyatt a tendance à agir avant de réfléchir, c’est le problème. Puis un sourire, certes timide, apparaît sur ses lèvres à la réplique de sa meilleure amie. « Je ne voudrais surtout par lui voler la vedette, sans compter que gérer deux gosses on est pas prêts. » Dit comme ça, on dirait qu’il parle d’eux deux comme les parents, mais c’est qu’il pense à la promesse qu’il a fait leur meilleure amie, celle d’être toujours là en cas de besoin. Y compris si c’est pour s’occuper du bébé afin qu’Asteria puisse se reposer. « J’ai pas vraiment eu l’occasion d’en savoir plus et tu me connais, je suis bien trop fier pour retourner vers elle maintenant qu’elle a fait son choix. » C’est con de sa part, mais Wyatt accepte de l’être. Sa main serre celle d’Alison. « Je sais bien, j’ai juste besoin de … digérer. » Ce qui met bien trop de temps selon lui. « Mais toi, c’est quoi cette histoire comme quoi ce n’est pas le travail le problème ? Qu’est-ce qui te tracasse ? » Maintenant qu’elle l’a écouté – et parce qu’il n’aime pas parler trop de lui – à elle de se confier si elle en ressent le besoin.

Alison appréciait ces moments avec Wyatt. Posés sur le canapé, ils se racontaient les histoires qui animaient leur vie, quelles soient compliquées ou non. C'était ce que faisaient des meilleurs amis après tout, et bien que Wyatt ne semblait pas au top de sa forme, la blonde était prête à l'écouter et à la conseiller comme elle le ferait avec Terry, avec qui ils formaient un trio depuis de nombreuses années aujourd'hui. « Tu dis ça, mais je ne suis pas sûre que tu puisses me supporter comme soeur non plus. » Elle rigolait à leurs remarques. Ils étaient de très bons amis, mais Alison aussi avait ses côtés chiants. Ah ça oui, elle était chiante, elle pouvait être insupportable, bruyante, gênante ... Une vraie emmerdeuse qui l'assumait totalement. Elle avait un sacré caractère et bien que Wyatt arrivait à s'y faire en tant qu'ami, elle se doutait qu'il aurait besoin de souffler si jamais il avait à l'endurer à longueur de journée. Mais la vie avaient bien fait les choses : ils n'était pas de la même famille, mais étaient des amis qui partageaient tout ... sans pour autant rester ensemble vingt quatre heures sur vingt quatre. « Elle a peut-être tout simplement peur de se lancer. » remarqua Alison en rapport à sa relation avec Cassie. Si elle ressortait toujours l'excuse de Mazikeen, c'était peut-être parce qu'elle avait peur dans se lancer dans quelque chose qui avait la possibilité de la faire souffrir. Ali pouvait comprendre une telle réaction si c'était réellement le cas, car c'était ce qu'il s'était passé avec Jordan qu'elle avait laissé filé après des années d'amour ensemble. « Je comprends que tu veuilles des réponses aussi. Mais oui, peut-être qu'elle a réagi sous la pression et qu'elle a préféré choisir la facilité plutôt que de se battre pour votre relation. » Alison essayait d'analyser la situation pour aider son brun favori, bien qu'elle ne puisse pas y faire grand chose. Seuls Cassie et Wyatt pouvaient arranger leurs histoires. « Mais ce n'est pas dit qu'elle ne va pas s'en mordre les doigts. » ajouta-t-elle dans l'optique de le rassurer. Elle ne voulait pas qu'il baisse les bras, surtout s'il était réellement attaché à elle. Il suffisait de se battre, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. « Je ne suis pas forcément la bonne personne pour te faire la leçon, même loin de là. » commença-t-elle avant d'échapper un rire. « Mais je pense que tu devrais ravaler cette fierté. Si tu m'en parles aujourd'hui c'est que tu tiens à elle, forcément. Et je ne voudrais pas que tu te rendes compte trop tard de certaines choses, et que elle, de son côté, ait tourné la page. » Elle ne voulait pas être dure, mais seulement exposer son point de vue. Après tout, elle était là pour ça. La conversation tourna ensuite, Wyatt demanda à Alison ce qui la tracassait, et comme c'était son meilleur ami, elle lui dirait la vérité. Avec quelqu'un d'autre, elle aurait probablement évité le sujet et parlé d'autre chose pour noyer le poisson. « Ça va. C'est juste ... Jordan. » Trois ans après sa rupture avec l'homme, elle ne parvenait pas à l'oublier. « Je peux m'amuser avec tous les hommes de New York que je rencontre, la seule personne à laquelle je pense, c'est lui. » Jordan avait été le compagnon d'Alison pendant quelques années, et il était aussi l'oncle de Cassie alors Wyatt savait très bien de qui elle parlait.

« Tu dis ça, mais je ne suis pas sûre que tu puisses me supporter comme sœur non plus. » Il ne retient pas le rire amusé qui franchi ses lèvres en entendant une telle affirmation. Aucun doute, ces deux-là auraient tout bonnement été incapables de se supporter comme frère et sœurs. Ils auraient fini par s’entre-tuer au bout de quelques années. Non, amis ça suffit amplement et Wyatt est très content de la compter parmi ses meilleurs amis. Il sait qu’il peut lui faire confiance et lui parler, ce dont il a grandement besoin en ce moment. Il aurait aussi pu le faire en présence de Terry, mais il considère que la jeune femme a sans doute bien assez à faire avec sa grossesse. Même s’il finira par le lui dire bien assez tôt. Parce qu’elle aussi doit être mise au courant. Il aurait préféré rester sur la légèreté de leur conversation précédente plutôt que de parler de sa relation – si on peut l’appeler comme ça – avec Cassie. Sauf qu’il le doit et que ça lui fait du bien. Vraiment beaucoup de bien. « Peut-être mais dans ce cas elle peut aussi me le dire, tu ne penses pas ? J’aurais accepté qu’on prenne le temps qu’il faut pour elle. J’ai même pas pu le lui proposer. » Elle attendait sans doute qu’il le fasse de lui-même sauf que ça serait demander à Wyatt une chose dont il n’a pas l’habitude. S’ouvrir comme ça, être plus expansif, ça n’est pas dans sa nature. Petit à petit, il y arrive, mais si on lui demande de le faire d’un coup, le brun se braque. Il pensait que Cassie le connaissait assez pour savoir ça. Encore une fois, il s’est trompé. Le reste, il l’écoute attentivement, même si elle précise qu’elle n’est peut-être pas la mieux placée pour le conseiller là-dessus. « C’est toujours plus simple de conseiller les autres que soi-même. » Il dit dans un petit sourire. Mais il se fiche éperdument qu’elle soit mal placée, il écoute ses conseils avec attention et y trouve forcément une part de vérité. Sa fierté, il doit tenter de la mettre de côté même si ça ne va pas être facile. Wyatt a tellement l’habitude de l’utiliser comme une protection que s’en détacher est difficile. « Je ne sais pas si je suis capable de faire ça assez vite. Et si jamais elle a tourné la page c’est que ce n’était pas fait pour avoir lieu. » C’est sans doute un peu fataliste comme façon de voir les choses. Seulement, s’ils n’arrivent pas à affronter les choses pour ensuite revenir l’un vers l’autre, le brun ne voit pas ce qui pourrait le conforter dans l’idée qu’ils sont faits pour être ensemble – si le concept d’âmes sœurs est bien réel. Mettant ses problèmes de côté, il s’intéresse plus à ce qui tracasse Alison qui ne tarde pas à lui parler de Jordan. Jordan qui n’est autre que l’oncle de Cassie et qui l’a vu évoluer toutes ces années ou presque. « Vous vous êtes revus récemment ? » Il la questionne, pour tenter d’en savoir plus, de comprendre pour quelles raisons elle pense autant à lui dernièrement.

Wyatt et Alison rattrapaient leur retard sur la vie de l'autre. Certes, leur retard n'était pas énorme, car ils avaient l'occasion de se voir souvent et de se raconter leurs histoires par la même occasion. Mais c'était toujours agréable pour la blonde de partager des moments avec lui, d'écouter ce qu'il avait à dire et de lui raconter ce qui la tracassait également. Le sujet de la conversation était à présent centré sur Cassie, l'amie de Wyatt qui était de toute évidence plus pour le brun. Ils avaient des différents, et il semblait tout particulièrement emmerdé par la situation. Alison essayait de le conseiller comme elle le pouvait, mais au final, il était le seul à pouvoir remédier à son problème. Enfin, lui, et Cassie, bien évidemment. « Si, c'est vrai. Elle aurait pu te le dire. » La blonde haussa les épaules. Parfois, les gens ne réagissait pas avec la meilleure des façons dans le feu de l'action. Alison était la première à le savoir. « Mais peut-être qu'elle a une aussi grande fierté que la tienne et qu'elle n'a pas osé revenir vers toi. » Elle esquissa un sourire. Wyatt avait une fierté, ils le savaient tous les deux, ce n'était donc pas une découverte pour le brun qu'Alison lui dise cela. Le blonde essaya d'ailleurs de faire réaliser à son meilleur ami qu'il était peut-être temps de ravaler cette fierté, au moins pour cette fois, car elle ne voulait pas qu'il passe à côté de Cassie par bêtise. La réponse de ce dernier était un peu pessimiste mais pourtant bien vraie. Si au final Cassie tournait la page aussi vite, cela voulait dire que cette histoire ne lui tenait pas tant à cœur. Certes, et pourtant, rien n'était aussi simple. « Ou peut-être qu'elle va vite tourner la page pour éviter de souffrir. » Alison n'en savait rien, mais elle voulait que son ami connaisse toutes les éventualités. Après tout, c'était avant tout pour lui qu'elle lui disait ça, car elle ne voulait pas le voir souffrir lui. « Mais je sais que tu vas faire le bon choix, quel qu'il soit. Ça va s'arranger. » Elle n'en savait rien non plus, mais elle tentait de le rassurer et de lui donner du courage pour prendre une décision, n'importe laquelle tant qu'elle lui convenait. Finalement la conversation se concentra sur Alison, elle qui était aussi  bloquée dans son problème le plus majeur : Jordan. « Oui, dans un bar. » La blonde se remémorait la soirée, bien qu'elle avait été quelque peu alcoolisée. « J'ai mis terme à notre relation mais je fais tout pour lui bousiller ses plans "drague" à chaque fois que je le croise avec une femme. Et ... j'espère toujours qu'il tienne encore à moi alors que je n'ai aucune intention de retourner avec lui. Je suis une sorcière. » C'était un peu le résumé de la soirée. Elle était totalement égoïste de rester aussi proche de lui, mais elle n'y pouvait rien. L'homme était la seule personne qu'elle avait aimée.  

Si parler n’est pas dans ses habitudes, avouer que c’est libérateur ne devrait pas être trop difficile. Certainement pas ce soir en tout cas. Discuter avec Alison ça se fait si facilement que Wyatt sent le poids sur ses épaules diminuer à mesure qu’il se confie à elle. Et ça fait réellement du bien. En général, le brun a une préférence pour tout encaisser et prendre de la distance avec les choses. Il accumule et accumule sans rien dire n’aimant pas s’étaler sur ses problèmes. Un jour viendra où il explosera et ça ne sera pas beau à voir, mais pour l’instant il estime s’en sortir plutôt bien dans sa façon de gérer les choses. Ou pas du tout. Il n’y a qu’à voir l’état dans lequel il s’est mis après cette sorte de rupture avec Cassie. Il y avait un moment qu’il n’avait pas bu autant. La dernière fois n’étant autre que les semaines qui avaient suivi la mort de Thomas, son ancien partenaire. Alors peut-être que finalement, il ne gère pas si bien la situation. Quand Alison approuve ce qu’il dit, il agite la tête, plutôt ravi de la voir rejoindre son côté jusqu’à entendre la suite. Là, Wyatt grogne. Il grogne parce qu’il sait qu’elle a raison. Sa fierté est parfois trop importante, trop étouffante aussi. Il y a fort à parier que cette fois encore c’est elle qui le fait réagir comme il le fait. « Y a des fois je regrette presque que tu me connaisses aussi bien. » Il déclare, un léger sourire prenant place sur ses lèvres. Cela dit, la blonde a très probablement raison. Il n’y pense pas lui, au fait que Cassie a sans doute une fierté elle aussi et que c’est ce qui l’éloigne, qui la pousse à se protéger. Elle aurait raison, d’autant plus qu’elle le connaît depuis des années. Rien que pour ça elle a le droit d’être méfiante, parce qu’il a été un véritable connard pendant très longtemps. « Et après on s’étonne que je préfère les relations sans lendemain ! C’est quand même bien moins fatigant. » Seulement, ça n’a pas le même goût. Ça n’éveille pas les mêmes choses. Ça n’est pas aussi parfait, ça ne prend pas autant aux tripes. Même si les relations courtes sont bien moins prises de tête. « De toute manière, bonne ou mauvaise décision, tu sais que je te tiendrais au courant. » Si ça finit mal, elle le saura sans doute parce qu’il l’appellera totalement ivre pour l’aider à rentrer chez lui et pour pleurnicher comme une fillette. Ses histoires, il les met de côté pour se pencher un peu plus sur celles de sa meilleure amie. Lorsqu’Alison lui confirme avoir revu Jordan, il agite doucement la tête sans rien dire et la laisse continuer. « Tu ne penses pas qu’au fond, tout au fond de toi, tu n’aurais rien contre l’idée de retourner avec lui ? Parce que j’ai dû mal à te voir comme une sorcière, tu vois. » Sans parler du fait qu’elle a probablement toujours des sentiments pour lui mais qu’elle aussi a trop de fierté pour l’admettre. « Il a pris comment que tu casses son plan drague ? » Je lui demande, curieux de connaître la réaction de l’oncle de Cassie. « Ce n’est jamais facile de se remettre d’une relation qui a compté tu sais. Ça demande plus de temps pour certaines personnes que pour d’autres. »