something you're not telling me / wyatt

Ca fait plusieurs jours qu’elle cogite. Comme d’habitude, ça a un rapport avec son travail. En même temps, comme son travail, c’est sa deuxième raison d’être, ça n’est pas vraiment étonnant. Mais elle s’y sent mieux en ce moment. Plus appréciée et épanouie, elle commence vraiment à se sentir à l’aise dans l’unité. Le fait qu’elle est commencé à prendre une enquête sous couverture, plus ou moins importante, y est pour beaucoup. Mais elle a remarqué quelque chose ces derniers temps, et elle se pose beaucoup de questions. Elle n’est pas stupide, elle a bien quelque idées sur ce qu’il se passe, mais elle n’en a encore parlé à personne. Parce qu’elle n’est pas passée au poste depuis plusieurs jours, et qu’elle vient tout juste de revenir ce ses vacances.
Quand elle arrive au poste, elle salue ses collègues et va se servir une tasse de café. Son rituel à chaque fois qu’elle passe par ici, un rituel plutôt ordinaire et commun, mais elle en a besoin si elle veut être en mesure d’affronter ses collègues et ses journées. Elle est seule pendant un long moment dans la salle de pause, seul Emil est venu se servir un café pendant qu’elle s’y trouvait. De la baie vitrée qui donne sur l’espace où se trouvent les bureaux, elle voit Wyatt arriver. Wyatt, son très cher coéquipier, ou la personne qu’elle attendait justement. Elle attend un peu qu’il se soit installé et qu’il ait bien dit bonjour à tout le monde avant de se lever et de finir son café à la hâte. Elle pose sa tasse dans l’évier, tasse qu’elle lavera plus tard bien entendu, mais elle ne veut pas risquer de perdre sa fenêtre de temps déjà réduite. A tout moment, il peut partir ou se retrouver à parler à quelqu’un d’autre. « Wyatt ! » l’interpelle alors qu’elle est encore à quelques pas de son bureau. Elle reçoit quelques regards de la part d’autres collègues qui lui en veulent sans doute d’avoir parlé aussi fort. Quand elle arrive à sa hauteur, elle se penche vers lui, pour murmurer : « T’as cinq minutes ? Faut que je te parle d’un truc. » Elle espère qu’il ne va pas s’alarmer, en soit ce n’est pas quelque chose de grave, mais elle le sait suffisamment bien placé pour avoir des informations à lui donner.

Encore quelques jours à faire le même parcours. Encore quelques jours avant de devoir officiellement débarrasser son bureau pour en rejoindre un autre ailleurs. Ça le fait sourire, Wyatt. Qui ne réagirait pas ainsi en sachant qu’il va être promu ? Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi le fait d’avoir enfin rassembler assez de preuves pour faire tomber un flic véreux qui – malheureusement pour lui – n’avait pas le gouverneur de New York dans sa poche. Wyatt, il est sur le point de devenir le plus jeune sergent de sa génération mais également un futur agent du FBI. Tant de changements qui s’opèrent dans sa vie et qu’il accepte avec grand plaisir. Tout ça, ça lui permet d’aller de l’avant et d’oublier les points négatifs de sa vie. Mais pour le moment, il continu sa petite routine, reste un lieutenant de police qui a du travail à faire, des journées à passer au poste ou en ville. Clairement de meilleure humeur ces derniers jours, même la fatigue n’arrive pas à la chasser alors qu’il salue quelques collègues une fois arrivé au commissariat. Gobelet de café chaud dans la main, il se réveille doucement, gagne les bureaux des renseignements et continu de saluer ses collègues. Du moins jusqu’à ce que la voix de sa partenaire attire l’attention de tout le monde. A peine a-t-il eu le temps de poser son café et de mettre sa veste sur le dossier de sa chaise, que la brune apparaît et fonce droit sur lui. « Thea. » Dit-il tandis que la Grecque arrive à sa hauteur alors que lui a pris place sur son fauteuil dans lequel il s’enfonce, bras croisés contre son torse. « Je devrais pouvoir me libérer de la tonne de boulot que j’ai pour toi. » Taquin, il sourit doucement. Pour le moment, il n’a rien à faire. Du genre à rendre ses rapports aussi rapidement que possible, il n’en a aucun à terminer. A vrai dire, il ne sait même pas pourquoi il arrivé si tôt au poste. « Ici ou tu préfères être tranquille ? » Il imagine qu’elle préfèrera un endroit plus tranquille, après tout elle lui aurait directement parlé de son ‘truc’ dans le cas contraire. Mais il peut se tromper.

Quand elle a quelque chose en tête, il est difficile de lui faire penser à autre chose. Il y a quelque chose qui la titille, Thea, en ce moment. Elle passe devant à chaque fois qu’elle va au boulot, c’est à dire à tous les jours. Elle a essayé de se dire que ce n’était rien, de penser à autre chose, mais c’est difficile tant la chose se rappelle à elle à chaque instant. Sa curiosité la démange beaucoup trop, il faut qu’elle en sache plus. Elle est déterminée à ce que ce soit aujourd’hui qu’elle ait ses réponses, et bien sûr, elle sait très bien à qui demander. Wyatt est un homme très bien placé, et elle sait que c’est lui qui pourra lui fournir les informations dont elle a besoin. Rien ne l’oblige à lui répondre et elle le sait, mais ça fait un moment qu’ils font équipe et ça commence à se passer de mieux en mieux. Elle pourra mettre tout ça en avant s’il se montre difficile. Quoi qu’il en soit, elle va aller lui demander. C’est plus simple que d’attendre que les réponses lui tombent tout cuit dans la bouche. Quand elle le voit arriver, elle n’attend pas pour se diriger vers lui et même l’interpeller pour être sûre de ne pas laisser passer sa chance. Quitte à se faire incendier du regard par plusieurs collègues, auxquels elle ne prête aucune attention. Elle lève les yeux au ciel à sa remarque, puis s’écarte, se redressant par la même occasion. « C’est terriblement généreux de ta part. Prendre le risque qu’un criminel de plus passe entre les mailles du filet juste pour moi, j’apprécie. » Elle secoue la tête, pas sérieuse elle non plus. « Pas ici. » Elle préfère être tranquille, même si en soit, elle ne sait pas exactement de quoi retourne ce qui la tracasse. S’il est au courant de quoi que ce soit, il préférera peut-être être un peu à l’écart. Elle le conduit alors dans une salle d’interrogatoire vide, puis referme la porte pour être sûre que personne ne les dérangera. « Bon tu dois être au courant, y’a des nouveaux bureaux qui sont en train d’être installés ici. T’as dû les voir ? » Elle l’interroge du regard en même temps, mais ne prend pas la peine d’attendre sa réponse pour reprendre la parole. « Je me suis dit que tu saurais ce qu’il se passe, parce que ça fait plusieurs jours que je passe devant et que j’y pense, et ça commence à me rendre folle. » Comme quoi, il en faut peu. Mais elle déteste être la dernière au courant.

Il a senti la curiosité de Thea à peine la porte des bureaux franchie. Son regard posé sur lui, Wyatt n’a même pas eu besoin de chercher où se trouvait la personne le regardant, il a su que c’était elle. Parce que depuis le temps il commence à la connaître et, surtout, elle est la seule capable de faire preuve d’autant de curiosité. Leurs collègues ne semblent pas se préoccuper plus que de ça de ce qui se passe pourtant dans leurs locaux. La plupart préfèrent se concentrer sur leur travail, pas concernés plus que ça et Wyatt comprend. S’il avait été à leur place, probablement qu’il aurait réagi ainsi … enfin mis de côté sa fâcheuse habitude à mettre son nez partout. Désormais installé à son bureau, il pose son regard sur la Grecque dont le sarcasme le fait d’autant plus sourire. « Que veux-tu, je sais l’être quand je le veux. » Il hausse les épaules, parfaitement innocent, alors que son rictus démontre tout l’inverse. D’un mouvement de la tête, il approuve l’idée d’aller ailleurs, suit docilement la brune jusque dans l’une des salles d’interrogatoire. Loin du regard des autres et loin des oreilles indiscrètes. Prenant place sur la table au centre de la pièce, il croise les bras contre son torse et l’écoute en tâchant d’être aussi sérieux que possible. « Ah bon ? » Le brun feint l’ignorance puis lève les mains en signe de reddition au regard assassin que Thea lui lance. « Je plaisante, Thea. C’est difficile de ne pas le remarquer à chaque fois qu’on vient ici. » Tout le poste de police est au courant que quelque chose se prépare mais rare sont les personnes à savoir de quoi il retourne exactement. Visiblement, elle aimerait faire partie du petit cercle au courant. C’est compréhensible, surtout pour un flic. « Ça se pourrait, mais pourquoi ça t’intéresse autant ? » Il la teste et se sait bien assez discret pour qu’elle ne remarque pas. Cela dit, il sait déjà comment tout ça va se terminer, mais autant s’assurer de sa détermination avant de tout lui dévoiler. Et puis ça l’amuse de la faire mariner. « Je sais que tu es curieuse, mais peut-être qu’il vaut mieux attendre une explication des supérieurs … » Insiste-t-elle en haussant une nouvelle fois les épaules. Il risque de l’agacer à paraître aussi peu intéressé par tout ça. C’est loin d’être le cas mais ça, elle n’est pas supposée le savoir.