Randall reposa sa casquette camouflée sur la tête. Il se gratta la barbe en songeant à ce qu'il allait faire en cette après-midi ensoleillée d'automne où les feuilles rousses tombent sur le bitume. Il sortait à l'instant du cinéma et il lui restait encore un peu de temps avant que le soleil ne se couche. Il ferma sa doudoune et mit son petit sac kaki simplement, rempli par un livre, sur le dos. Après quelques secondes d'hésitations entre aller flâner pour faire quelques courses et rafraîchir sa garde-robe, il avait en effet perdu l'habitude d'être aussi souvent en civil, ou bien aller dans un café pour siroter quelque chose en bouquinant, il avait enfin décidé. Il ferait les deux. Ainsi, il partit à l'aventure. Aventure était le bon mot tant il était mal à l'aise dans ces rues bondées de gens pressés. Mais il avait commencé à s'y faire, il ne passait plus des minutes et des minutes à réfléchir où il placerait ses hommes pour progresser en évitant les embuscades. C'était pas un PTSD, juste une habitude. Au risque de paraître ramolli, ça faisait du bien de ne plus penser à la guerre, ni même à la violence. Ainsi le capitaine fouina dans plusieurs magasins et claqua pas mal de blé en vêtements. A sa décharge, il avait un très bon salaire d'officier et aucune personne à charge donc il pouvait se faire plaisir. La grande nouveauté pour lui fut de mettre un peu à jour son style, s'il resta un peu conforme au style vestimentaire du militaire américain détendu : chemise de bûcheron/t-shirt, jean, bottines, il piqua aussi un peu dans la mode londonienne et parisienne. Il prit même pour la première fois un smoking et quelques chemises chics noire, anthracite, bleues foncées. Tous les sacs plastiques furent fourrés dans son sac, il se sentait stupidement dévirilisé avec tous ces trucs en main.
Un peu éreinté, il décida, pour l'heure du goûter, de partir dans un café calme histoire de se prendre un café, un thé ou un cacao, il n'avait pas encore décidé. D'après son portable, qu'il rangea dans la poche de sa doudoune, un café branché se trouvait à quelques pâtés de maisons. Opter pour un café à hipster était un choix osé pour un homme comme lui, les gens qu'on y trouve viennent d'un autre monde que le sien, comme à peu près tout le monde en fait, mais eux encore plus. Ils se baladent à bicyclette, piquent dans la petite bibliothèque libre-service des livres de Steinbeck, Faulkner, Deleuzze pour les plus poussés. Il allait probablement y trouver des étudiants en histoire de l'art avec leurs tenues dépareillées streetwear-chic des 90's. 10 à leur table, petite clope à la bouche, bière artisanale en main faite dans une brasserie tenue par de jeunes passionnées ; ils prendraient des photos avec des filtres qui donneraient un rendu polaroïd, montreraient leur fameuse chemise cartonnée remplie de croquis et débattraient de l'arte povera, de l'art minimaliste, du structuralisme dans l'art, de cinéma d'auteur avant d'embrayer sur une vidéo politique d'un média web type Vice ou Buzz Feed avant de se lancer dans une longue discussion sur l'avenir du Parti Démocrate après les midterms. Il risquait de s'y faire prendre de haut mais on allait bien voir. Cependant, alors qu'il allait pénétrer dans le café quelqu'un sur le trottoir le bouscula. Au moment où il allait râler, la personne détala en courant, Randall comprit en fouillant ses poches que quelque chose avait disparu et se lança à toute vitesse à sa poursuite. Hé ! Toi ! Reviens tout de suite !
Invité
Invité
Invité a posté ce message Mer 28 Nov 2018 - 22:16#
La vie de Kara était d’une routine sans nom, elle se baladait dans les quartiers les plus touristiques et les plus bondés de New York à la recherche de portefeuilles ou de portables qui traineraient. Elle n’aurait jamais cru que cette vie de pickpocket deviendrait sa routine, mais c’était bel et bien le cas. Elle se rappelait quand elle n’était encore qu’une adolescente avec des rêves pleins la tête, dont celui de devenir une avocate et de déjouer le sort en faisant quelque chose de sa vie. A ce moment là elle trainait dans les bars avec une fausse pièce d’identité et se prenait à rêver qu’elle était déjà étudiante en droit. C’était au moment où elle croyait encore que tout était possible, maintenant elle avait changé d’avis et se disait que les gens comme elles naissaient dans ce monde avec aucune chance de futur. Elle était comme déçue par la vie. Warner avait réussi à réveiller une étincelle en elle, lui donnant envie de faire autre chose mais une chose était sûre c’est qu’il fallait qu’elle revoit ses rêves à la baisse si elle voulait que ça arrive.
Kara était à Williamsburg, un quartier assez riche où quelques touristes traînaient et les rues commerçantes étaient bondées. Elle se baladait dans la rue à la recherche d’une “victime” et de quelque chose sur laquelle elle pourrait mettre la main. C’est à ce moment là qu’elle vit un homme devant un café. Il portait de nombreux sacs venant sans doute de faire du shopping et elle aperçut son portable dépasser de la poche de sa doudoune. C’était une occasion en or, aussi le bouscula-t-elle l’air de rien et récupéra son portable. Elle attendit un petit peu marchant normalement, lui laissant le temps de rentrer dans le café puis elle se mit à courir afin de mettre le plus de distance entre l’homme et elle. Malheureusement, elle avait du mal calculer son coup puisqu’elle entendit une voix qui devait être celle de l’homme dans son dos l’intimant de s’arrêter. Bien sur elle ne l’écouta pas et redoubla d’effort pour essayer de le distancer. Voyant qu’elle se faisait rattraper, Kara tourna dans une rue au hasard et comme par hasard elle se retrouva dans un cul de sac. Elle avait l’impression d’être dans un mauvais film policier mais non c’était bien vrai. Se retrouvant prise au piège elle se retourna alors vers l’homme qui la poursuivait et pris un air désolé “Je m’excuse je devais appeler quelqu’un et j’ai vu votre portable qui dépassait. Je n’aurais pas du le faire” bien sur c’était un mensonge mais ça passait mieux que la vérité, avant un peu de chance l’homme aurait pitié d’elle.
Quel con. Il avait bon dos le militaire d'élite, l'officier des forces spéciales, si n'importe quel péquin était capable de lui tirer ses affaires en pleine rue sans qu'il ne puisse réagir. Sa respiration était celle du buffle en colère qui poussait tous les passants qui barraient son chemin et qui obstruaient la vue du voleur. Il n'avait pas vu le malfrat, n'avait pas pu l'identifier, il se contentait simplement de regarder au loin les mouvements de foule devant lui pour pouvoir se repérer. Ce n'était pas de cette manière qu'il avait prévu de profit de la Grosse Pomme mais enfin, au moins il était sûr de pas prendre le risque s'encrasser. Certains de ses collègues, autorisés à porter des armes comme Randall, auraient contrairement à lui, un Glock à la ceinture et auraient peut-être déjà fait feu, ou menacé de le faire. Le voleur tourna subitement et le capitaine emboîta le pas à toute vitesse. A sa grande surprise, la ruelle était un cul de sac, ça allait se régler en un contre un. Il remua ses phalanges, prêt à mettre en application ses entraînements au corps à corps. En s'approchant un peu, une fois au calme et la vue non-entravée par des quidams, il se rendit compte qu'il avait en face de lui une femme. Du moins c'est ce que la silhouette et les cheveux longs semblaient indiquer. La confirmation vint quand elle se retourna, visiblement inquiète de la tournure des événements. Le commando eut un petite rire en s'avançant, puis reprit sa consistance.
Bon ! Je pense qu'on peut légitimement conclure que ton coup est foiré. Il écouta les justifications, ou plutôt les mensonges de la voleuse, en regardant un peu autour pour s'assurer qu'il n'y ait pas de sortie de secours d'une part, et également qu'il ne s'agisse pas d'un traquenard. Après tout, il était tout à fait possible de suivre un mec, regarder un peu ses achats, ce qu'il transporta puis l'attirer dans un coupe-gorge et le dépouiller intégralement. Méfiant au départ, le plaidoyer l'énerva franchement. Chez lui, l'erreur devait s'assumer, peu importe la configuration. Les hommes qui cachaient de la bouffe pendant un stage commando, ils assumaient, ceux qui essayaient de gruger quelques centaines de mètres sur le parcours d'une marche de nuit, ils assumaient. La moue éternelle de l'officier à la fois blasé et énervé d'entendre encore des explications qui ne tiennent pas debout, se dessina sur son visage. Randall souffla, et prit le portable des mains de la jeune voleuse sans douceur. Il était parti pour être d'une humeur clémente, mais les petits mythos ça ne lui donnait qu'une envie : appeler les flics. Tais toi, tais toi, tu me gaves. J'aime vraiment pas être pris un débile. Tu aurais pris tes responsabilités, et m'aurais juste rendu mon portable en assumant me l'avoir volé, je t'aurais laissé tranquille. T'as peut-être tes raisons, je m'en fous. Mais là, te foutre ouvertement de moi... Non. On verra ça avec les flics, essaie pas de t'enfuir. Tu t'appelles comment ?
[/quote]
Invité
Invité
Invité a posté ce message Jeu 10 Jan 2019 - 22:13#
Kara avait piqué un portable dans la rue mais comme une imbécile elle avait cru être hors de vue et s’était mise à courir trop rapidement. Elle avait couru aussi vite que possible pour s’éloigner de lui mais son entraînement n’avait pas suffit. Maintenant elle était bloquée, elle avait eu la mauvaise idée de tourner dans un cul de sac. Elle qui connaissait la ville comme sa poche avait réussi à se retrouver bloqué dans une impasse ça la faisait rager. Elle faisait vraiment tout à l’envers aujourd’hui. N’ayant aucune autre issue possible, la jeune femme se retourna donc pour faire face à sa “victime”. C’était un homme, il semblait un peu plus âgé qu’elle mais elle n’en était pas sûre, la barbe avait le don de vieillir les gens. Une chose était sûre vu la vitesse à laquelle il l’avait rattrapé c’était qu’il devait être assez sportif et entraîné. Il essaya de la confronter et prise de cours Kara dû vite trouver un bobard pour essayer de se sortir de ce pétrin. Mais apparemment elle s’enfonçait plus qu’autre chose. Enfin c’est ce qu’elle déduit de la réaction de l’homme en question. Il lui arracha le portable qu’elle lui avait “emprunté” des mains puis déversa tout son venin sur elle. C’était de sa faute si elle se retrouvait dans cette situation elle le savait. Mais elle n’aimait pas pour autant se faire parler comme à une merde quelle que soit les raisons, elle s’était tellement fait gueuler dessus par des parents de famille d’accueil étant enfant qu’elle ne supportait plus que quiconque lui parle ainsi. “J’ai volé ton portable, ça te va” lui répondit-elle alors adoptant le même ton que lui. Elle ne croyait pas une seconde que le fait qu’elle lui ait menti avait changé quoi que ce soit. Il aurait appelé les flics dans tous les cas. Il voulait son prénom en plus, comme si elle allait lui faciliter les choses alors qu’il était en train de vouloir la dénoncer à la police, elle n’était pas si bête que ça. “Je reste ici mais tu peux toujours courir pour que je te dise comment je m’appelle” en quoi ça l’intéressait d’abord, il était pas de la police.
