doubt and bitterness + calista

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Une journée ordinaire venait de s’achever. Directement, après ta garde, tu avais filé à la salle de boxe, préférant te déchaîner avant de retourner dans l’animation quotidienne présente chez toi. Les joies de la colocation, vous allez dire. On pense qu’avec l’âge, chacun se calme et mène une petite vie tranquille. Âgés ou non, avec neuf individus, difficile de connaître la tranquillité. Honnêtement, si tu en avais les moyens, et pas des goûts de luxe, tu aurais pris un appartement toute seule. Tu avais donc demandé à intégrer cette maison remplie de profils différents.
« Salut, tout le monde. » La porte d’entrée se claque derrière-toi, annonçant d’elle-même ton entrée. Tu préfères saluer à distance, éviter les petites accolades embarrassantes à cause de leur si grande proximité. Un pied sur le talon de ta chaussure, puis sur l’autre, tu te déchausses et détends tes orteils libres de leurs mouvements. Des voix te parviennent du salon, et une seule attire ton attention. Elle n’appartient pas à l’un de tes colocataires. Elle possède un accent qui donne de la puissance dans ses mots. Celui-ci, tu le connais, un peu trop même, car toi-même, tu le possèdes. Il semble plus naturel au son de sa voix. Moins forcé que le tien. Tes sourcils se froncent, alors que tu récupères tes chaussures et marches discrètement vers la pièce commune. À qui appartient-elle ? Une femme, nul-doute, mais qui ? À pas de loup, tu remontes le couloir, curieuse de découvrir le visage de cette inconnue. Il y a longtemps, que tu n’as pas croisé un Grec dans le coin, s’il en est un. Ça t’avais rassuré jusqu’à présent. Arrivée à l’embrasure de la pièce, tu glisses doucement la tête, cherchant des formes inconnues.

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Ils ont été discrets. Calista ignore par quel miracle, mais ils y sont parvenus. Peut-être parce que jusqu’à ce qu’ils gagnent le salon – parfaitement habillés – il n’y avait aucun des colocataires de Tommy présents. Ses cheveux attachés de sorte à cacher le fouillis qu’ils sont devenus après leurs ébats, la jeune femme se laisse tomber sur le canapé en fouillant dans la poche de son jean pour attraper son portable. Aucun message. Aucun appel. Ce n’est pas plus mal. Au moins, rien ne l’oblige à rentrer directement à la maison alors que sa fille est en voyage scolaire à Washington. Elle a toute la soirée devant elle et se moque pas mal du fait de travailler demain. Sentant des doigts venir lui chatouiller les côtes, du coin de l’œil, Calista regarde son voisin et sourit en coin. « Je te conseille de t’arrêter Tommy Matthews, sinon je te casse les doigts. » Son sourire s’élargit. Elle ne lui fera aucun mal et il le sait. Seulement, elle essaye encore de se remettre de ses émotions et ne se sent pas prête pour un second round. Encore moins en sachant que ses colocataires risquent de se pointer les uns après les autres – et qu’il y a un risque que sa meilleure amie arrive avec son petit ami. Il lève les yeux au ciel, s’enfonce dans le canapé et regarde le match à la télévision au moment où la porte s’ouvre et se claque. Une voix s’élève. Une voix aux intonations très similaires aux siennes qui ne laisse aucun doute quant aux origines de la jeune femme à qui elle appartient. Tommy lui a pourtant dit qu’elle n’avait pas rencontré tous les colocataires vivant sous son toit … elle n’en reste pas moins étonnée d’avoir la sensation de connaître cette personne. Calista se redresse sur le canapé et tourne la tête vers l’entrée du salon, s’attendant avoir apparaître la jeune femme, elle fronce les sourcils en remarquant que ce n’est pas le cas. Et puis, au bout de quelques minutes, une chevelure brune apparaît et elle se penche pour mieux l’apercevoir. « Non … » Souffle-t-elle. En effet, elle le reconnaît ce visage bien que dans ses souvenirs il a quelque chose de plus enfantin et de plus rond. La dernière fois qu’elle a vu sa cousine remonte à des années contrairement à sa sœur. Plus aucune nouvelle de sa part ce qui ne l’a pas plus inquiété que ça. Tout le monde fait sa vie, Calista la première. « Salut Caly. » Sourcils froncés, son regard passe de son voisin à sa cousine. Caly ? Elle sait qu’il ne parle pas à elle malgré la similitude avec son surnom, mais, surtout, Calista est certaine que la jeune femme à quelques pas d’elle ne s’appelle pas comme ça. « Tu nous présentes ou je dois le faire ? » Au grognement qu’elle entend, elle suppose que c’est à elle de s’en occuper. Alors elle quitte le canapé et rejoint la brune. « Calista, enchantée. Amie de l’ours dans le canapé là. » Dit-elle en tendant sa main vers sa cousine.

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Depuis le coin du mur, tu surveilles -pas très discrètement- les mouvements et brouhaha provenant du salon. Tu avais déjà reconnu la voix de l’un de tes voisins, Tommy. Pas compliqué de reconnaître sa voix qui t’insupporte tant. En revanche, il t’est extrêmement compliqué de savoir à qui appartient cette voix féminine aux mêmes courbures que les tiennes. Et tout vient se basculer. Un vide cérébral s’empare de toi, ralenti ton rythme cardiaque. Ton sang se glace, alors que ton visage se décompose. Discrètement, tu essayes de faire demi-tour. De sortir de la maison, en priant pour que personne ne t’ai entendu. « Salut Caly ! » Tu pinces la moindre parcelle de ton visage, te demandes comment tu vas bien pouvoir faire pour te sortir de cette immense merde. Elle va te reconnaître, comme toi-même tu l’as reconnu, c’est inévitable. A l’instant où elle va te voir, elle va se demander pourquoi il t’a appelé ainsi. Tu pries pour qu’elle ne fasse pas une bourde. Doucement, tu reviens sur tes pas, et passe l’embrasure. « Salut. » Dis-tu doucement, en évitant soigneusement le regard de ta cousine. Ça fait des années que vous ne vous êtes pas vu et pourtant le visage de Calista reste inchangé. Le temps n’a pas eu d’emprise sur elle. Comment tu as pu passer à côté de ça. Elle est à New-York, chez toi. Et vu comme elle est très proche de ton voisin, tu paries que ce n’est pas la première fois qu’elle vient ici. Ça doit faire un moment qu’elle connaît le sportif. Mais pourquoi tu n’es pas rendue compte qu’elle était là ?
Elle joue le jeu, fait celle qui ne te connais pas. Tu ne comprends pas ce qu’elle fait. Tu pensais qu’elle allait tout dévoiler au grand jour, et pourtant. Tu fronces légèrement les sourcils. Elle vient vers toi, se ‘’présente’’ et tend une main. « Euh … » Difficile de parler. Tes mots restent coincés au fond de ta gorge. « Enchantée. » Tu prends la main de ta cousine dans la tienne, et la regardes au plus profond de ses yeux. Comme si tu pensais pouvoir trouver une réponse. Tu n’es pas à l’aise, t’as l’impression de flirter avec le diable. Te surveille-t-elle en discrétion depuis tout ce temps ? Tu ne sais plus quoi faire, quoi penser. Tout s’embrouille à vive allure. Tu penses que tout est foutu. Game Over ! On t’a pris la main dans le sac, et bientôt, on va s’occuper de ton cas. Tout ça n’aura servi à rien. « Je vais vous laisser entre vous. J’ai des choses à faire … dans ma chambre. » Tu vas surtout préparer ton sac et te barrer en vitesse. « Ouais, plein de choses. À plus. »

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Évidemment qu’elle veut savoir pourquoi sa cousine ne se fait pas appeler par son nom de naissance. Calista est naturellement curieuse, un plus dans son métier. Seulement, elle est aussi assez maligne pour comprendre que si elle a fait ça ce n’est pas sans raison. Pendant un bref instant, la jeune femme s’en veut de ne pas avoir pris plus souvent de ses nouvelles, peut-être qu’elle aurait eu une réponse à sa question ? Comment savoir ? Sa famille est grande et une partie de celle-ci est loin d’être fréquentable. Calista, elle prend de leurs nouvelles lorsqu’elle y pense, lorsqu’elle a le temps aussi. Quant aux autres, elle les garde éloignés, principalement pour protéger sa fille. Malheureusement, il faut croire que ça veut dire ne pas comprendre le changement d’identité de la brune qui, clairement, voudrait être à des années lumières de l’endroit où elle se trouve actuellement. Elle la sent bien sa gêne lorsqu’elles se serrent la main. Des questions, elle en a des tas maintenant mais n’ose pas les poser, pas alors que le colocataire de Calypso se trouve juste derrière et ne semble pas avoir remarqué que la situation est devenue quelque peu … étrange. Et avant d’avoir l’occasion d’en savoir plus, elle s’éclipse, prétexte avoir des choses à faire puis disparaît. Calista, elle reste debout comme une idiote, sourcils froncés. Mince, jamais elle n’aurait pensé que sa cousine puisse la fuir comme ça, sans la moindre explication. Est-ce qu’elle doit supposer que c’est plus grave que ça en a l’air ? « Excuse-moi … » Dit-elle à Tommy qui ne la retient pas. Elle file droit vers l’escalier qui mène aux chambres. Elle connaît bien la maison à force d’y venir encore et encore rendre visite au propriétaire. De cette manière, elle n’a pas trop de mal à trouver la chambre de la Grecque après avoir procédé par élimination. Devant ce qu’elle suppose être la bonne porte, elle donne deux petits coups, ouvre doucement et assez pour pouvoir passer sa tête. « Theo … Caly ? » Interpelle-t-elle sa cousine, se rattrapant de justesse. Elle pousse un peu plus la porte, entre dans la pièce sans attendre l’autorisation et referme derrière elle. « Je voulais pas te mettre mal à l’aise … j’ai été un peu prise de court. » Explique-t-elle quant au fait qu’elle lui a imposé cette petite scène de présentations dans le salon. En appuie contre la porte, elle regarde sa cousine avec toujours cette petite pointe d’incompréhension visible dans son regard. « Depuis quand tu as changé de nom ? » Demande-t-elle de but en blanc. Pourquoi tourner autour du pot puisque c’est ce qui l’intéresse le plus.

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Tu montes les escaliers quatre à quatre, souffle court, tu fermes ta porte rapidement, pensant avoir trouvé la planque idéale pour vider ton sac. « Et merde ! » Tu sens tes yeux se remplir de larmes, ta vision se trouble, et ta gorge se serre. Ça faisait plus de deux ans que tu vivais ici, et jamais tu ne l’avais croisé. Comment avais-tu pu passer à côté d’elle sans même t’en rendre compte ? Tu voulais tellement cette vie, tu désirais plus que tout cette liberté, et ça t’avais aveuglé. Tu n’avais pas vu ce qui était sous tes yeux. Elle était là juste devant tout, pendant tout ce temps. Qu’est-ce que tu as pu être conne de croire que tu pouvais venir ici et vivre une petite vie tranquille. Comme si une simple nouvelle identité pouvait tout changer. Tu as été naïve du début à la fin. D’un coup-de-poing dans la porte, tu te ressaisis et vas chercher un sac. Ce soir t’iras dormir ailleurs. Peut-être chez Anselm, tu lui demanderas une simple faveur, lui inventeras une excuse. Il ne te refuserait pas ça. Et deux petits coups à ta porte viennent t’arrêter dans tes affaires. La porte s’ouvre tout doucement. Très lentement. Tu es incapable de voir qui t’observer depuis la faible ouverture. Tu te décales et penches la tête. Et il ne t’est pas nécessaire de voir son visage. Tu sais exactement qui s’est. Personne d’autre ne t’appelle comme ça ici. Sauf Lexa. Une main se porte sur ta bouche. T’en reviens pas. Elle fait exprès, tu en es certaine. Lorsqu’elle entre dans la pièce et qu’elle referma la porte derrière toi, tu réfléchis à ce que Damian t’a appris. « Hm … d’accord. » Tu n’en crois pas un mot. Tu es sur ta réserve. Il vaut mieux s’attendre au pire, et avoir des surprises par la suite. Tu as déjà été trop imprudente jusque-là. Mais elle a ce regard, celui d’une personne en pleine confusion. Comme tu l’étais en la voyant. « Comme si tu n’étais pas au courant. » Jamais tu n’avais été froide avec elle. Vous vous entendez si bien par le passé. « C’est mon père qui t’envoie ? » Hormis lui, ça pourrait être votre oncle, mais tu doutes fortement qu’il vienne fourrer son grain de sel dans les histoires de ton père. « T’es à New-York depuis quand ? »

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Honnêtement, elle ne sait pas à quoi s’attendre. Elle ne sait même pas ce qu’elle veut apprendre. La raison pour laquelle elle a changé de nom, c’est certain, mais quoi d’autres ? Il y a-t-il autre chose à apprendre ? Qu’est-ce qu’elle en sait bon sang ? Pourquoi faut-il que sa famille paternelle semble être aussi … compliquée ? Et, surtout, pourquoi faut-il qu’elle se torture l’esprit comme elle est en train de le faire ? Sa cousine a décidé de changer de nom et prétendre qu’elle n’existe pas ? Très bien, elle devrait en faire autant. Sauf que ce n’est pas dans son caractère. Non seulement Calista est beaucoup trop curieuse pour son propre bien, mais en plus de ça elle tient à sa famille. Elle tient à cette cousine dont elle a été si proche par le passé. C’est aussi ça qui la pousse à grimper les escaliers et à abandonner le propriétaire des lieux. La Grecque a besoin de comprendre ce qui se passe et la seule manière d’y parvenir c’est en obtenant ses réponses de Theora … enfin Calypso. Et elle le sent. Elle sent à quel point la brune est distante, sur la défensive lorsqu’elle s’adresse à elle. Merde, elle ne comprend vraiment rien. Encore moins lorsqu’elle lui demande si c’est son père qui l’a envoyé. « Woh, une minute je comprends rien. » Dit-elle en levant les mains pour lui faire comprendre d’aller moins vite. « Je suis à New York depuis la mort de mon père. Ça fait seize ans qu’on est installés ici. » Bon d’accord, la communication n’a jamais été génial, surtout après la mort de son père. Hormis sa tante Agathe et sa grand-mère Ariane, sa branche de la famille n’a jamais vraiment pris de nouvelles. C’était trop difficile pour sa mère comme pour le reste de la fratrie. « Je devrais être au courant de quoi ? Ton père je ne lui ai pas parlé depuis … en fait je crois qu’hormis le dernier Noël en famille, je lui ai jamais spécialement reparlé. Il n’y a que Lexa avec qui je suis restée en contact. » Ce qui a été grande facilité par le fait qu’elle est l’une de ses étudiantes. Forcément, elle s’en veut d’autant plus d’avoir quasiment coupé les points, peut-être qu’elle parviendrait à comprendre quelque chose à … tout ça.

J A N V I E R, 2 0 1 9 –  Il y a des années que vous ne vous étiez pas retrouvées toutes les deux dans une même pièce. La dernière fois doit remonter à votre enfance, avant qu’elle ne quitte Santorin, et que vos venues soient moins fréquentes. Et malgré la technologie, et les réseaux sociaux, Calista et toi aviez cessé de vous contacter. Les difficultés rencontrées avec ton père y sont pour beaucoup. Tout ça t'a coupé du restant de la famille, créant en toi un sentiment d’inconfiance. De ce fait, à tes yeux, Calista est dans le même sac que votre oncle ou encore votre père. Pourtant, elle semble prise au dépourvu, nageant dans l’incompréhension la plus totale. T’hésites à la prendre au sérieux. Peut-être qu’elle se joue de toi. Tu fronces les sourcils, essayes de tout remettre en ordre dans ta tête. Tu n’étais qu’une gamine quand elle a quitté la Grèce. C’est exactement à ce moment que vous avez coupé le contact. Pourquoi on ne te l’avait jamais dit ? C’est confus pour toi. Tes parents ne t’ont jamais parlé de ça, jamais ils n’ont signalé que vous viviez sur le même continent, le même pays. « Je n’étais pas au courant. » Tu te grattes la tête, et pose ton sac sur le sol. Ton cœur reprend petit à petit son rythme habituel. Ton souffle est à nouveau régulier. Et même si elle te certifie qu’elle n’a plus aucun contact avec ta famille hormis Lexa, tu sens l’embrouilles. C’est l’histoire du repas de famille qui t’alerte. Et même si tu ne sais pas à quand tout ça remonte, tu sens l’embrouille. Elle peut bluffer. C’est dans vos gênes, tout le monde le sait. « Rien, laisse tomber. » A quoi bon en débattre, elle niera les faits. « Juste, je ne comprends pas pourquoi je te vois là maintenant. Pourquoi ça a demandé autant de temps. » Sa relation avec Tommy ne peut pas être si récente que ça. C’est tout simplement impossible. Alors pourquoi il a fallu deux ans avant que la voit ? « Ça ne peut pas être le fait du hasard, c’est trop gros. Et Lexa m’en aurait parlé. » Enfin, tu l’espères, car pourquoi elle te cacherait quelque chose d’aussi gros ? C'était l'idée de Lexa de venir ici. Elle n'aurait pas pris la peine d'exposer à un danger aussi gros, surtout après t'avoir sortie elle-même de l'hôpital.

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Pendant de longues minutes, Calista a l’impression de nager en plein délire ou dans le flou total. Peut-être même dans les deux si elle doit être honnête. Elle ne comprend rien, que ce soit la froideur dont fait preuve sa cousine à son égard ou encore le fait qu’elle l’accuse d’être là pour son père. Pourquoi son oncle l’aurait envoyé la voir ? Elle ne lui a pas parlé depuis des années et, selon les propos de sa mère, ce n’est pas un homme qu’elle doit côtoyer. Sa mère, elle a toujours su lire à travers les autres. Elle s’est méfiée de certains frères de son mari pendant des années et même une fois à New York elle a fait en sorte que ses enfants ne les croisent pas trop. Particulièrement Orion même si Calista n’a jamais compris pourquoi. En clair, son oncle elle ne sait pas spécialement ce qu’il devient et s’en moque un peu. Non, si elle est là, dans cette chambre, c’est bien parce qu’elle ne s’attendait pas à tomber sur sa cousine de cette façon. « Ma mère ne voulait pas qu’on reste à Santorin, c’était trop douloureux pour elle et pour nous. » Calista avait eu du mal à s’adapter mais ce départ avait été bénéfique. Ses cauchemars concernant l’accident n’avaient pas disparu mais au moins ils avaient diminué et elle n’avait pas sans arrêt un rappel de ce jour horrible. « Je ne suis pas toujours en ville. J’ai parfois besoin d’être à l’étranger, sur des sites de fouilles. Certaines fois ça me prend des mois … » Elle hausse les épaules. C’est tout ce qu’elle peut lui donner comme explication. Calista ne passe pas sa vie chez Tommy. Même s’ils sont proches depuis des années, il y a des périodes où ils se contentent de messages ou d’appels. « Lexa fait partie de mes étudiants depuis cette année, je ne pense pas qu’avant ça elle savait que j’étais ici. On ne peut pas dire qu’on soit du genre à beaucoup communiquer dans la famille, autrement j’aurais su pour toi. » Et elle n’aurait pas l’air aussi idiote. Elle n’aurait pas non plus à se justifier comme elle le fait. A quoi ça rime tout ça ? « Tu vas quelque part ? » Demande-t-elle alors qu’elle remarque enfin le sac sur le lit. Est-ce qu’elle est si malheureuse de la voir qu’elle va s’éclipser aussi vite que possible ?

J A N V I E R, 2 0 1 9 –  Tu es complètement perdue, tu ne sais pas vraiment quoi penser de toute cette situation. Ton cœur te supplie de lui faire confiance, de ne pas lui en vouloir pour quelque chose dont elle n’est pas responsable. Mais ta tête hurle, sonne l’alerte et te dit de faire attention, que ta famille est constituée de véritables acteurs. Tu en es la preuve vivante. Tout s’embrouille en toi, et des pensées variées viennent, s’entrent mêler, se bousculant seconde après seconde. Tout serait tellement plus simple si tu pouvais lui faire confiance. Ça serait une libération. Tu te mords la lèvre inférieure, si fort que tu sens le goût du sang se mélanger à ta salive. « Je comprends, je suis navrée de ce qui est arrivée à ton père. » Tu l’es véritablement. Sa mort a été un véritablement déchirement pour ta mère. Loin de Santorin, elle aurait voulu être auprès de lui lors de ses derniers jours. Comme si c’était prévisible. « D’accord … » Dis-tu d’une voix timide, tout en suçant le sang provenant d’une tes lèvres intérieures. Qu’est-ce que tu aimerais l’inviter à s’asseoir sur ton lit, de faire la causette avec elle, de rattraper le temps perdu. Mais lorsqu’elle se mit à parler de Lexa et du fait qu’elle l’avait en cours, tu ne comprenais pas pourquoi la rousse ne t’en avait pas parlé. Ce n’est pas comme si ce n’était rien. Calista fait partie de la famille, ce n’est pas une simple personne. « Je ne comprends pas. Pourquoi Lexa ne m’en a pas parlé ? Je veux dire, … elle me parle de tout -enfin, que tu crois- et elle n’évoque pas le fait qu’elle t'a dans l’un de ses enseignements ? » C’est étrange, surtout si l’on pense au fait que vous discutiez souvent de ses cours. « Disons, qu’on évite d’ébruiter ma présence. » Certes vous communiquez beaucoup entre vous, mais vous essayez de vous voir le moins possible. Ça évite les mauvaises surprises. Enfin, du moins, tu le pensais. « Je … j’en sais rien, peut-être. » Dis-tu en regardant le sac que tu as laissé à terre. T’hésites encore à aller te réfugier ailleurs. T’es trop confuse pour prendre une véritable décision. « Je suis confuse. Je n’arrive plus à réfléchir. » T’es complètement désespérée, perdue. Tu capitules. « J’ai envie de te faire confiance, mais il y a cette voix dans ma tête qui me dit le contraire. »

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Elle aussi, elle est navrée pour son père et elle a largement passé l’étape du remord ressenti d’être aussi égoïste lorsqu’elle pense ça. Son père n’aurait jamais dû mourir, pas de cette manière, pas alors qu’il était un navigateur avisé, militaire de surcroit. Il a toujours été sérieux et n’aurait jamais mis ses enfants en danger. L’explosion de son voilier, elle reste persuadée que ce n’était pas un accident mais puisqu’il s’agit d’un sujet tabou dans sa famille, elle n’a jamais osé en parler. Alors oui, elle est navrée pour son père et en partie toujours en colère. Malgré ça, elle accepte de se justifier auprès de sa cousine, expliquer la raison pour laquelle elles ne se sont jamais croisées. Il ne faut pas oublier que New York est une grande ville en plus de ça. « Ça, il faudra le demander à ta sœur, je ne peux pas répondre à sa place. » De toute manière, ce n’est pas à la Grecque de le faire. Ce serait déplacé de parler à la place de Lexa. C’est à elle d’aller lui poser la question, même si elle ne sait pas bien non plus pour quelles raisons elle n’a rien dit à sa sœur. Il y aurait-il autant de méfiance que ça au sein de leur famille ? « C’est ce que je comprends, oui. Je ne te demanderai pas pourquoi, si tu avais eu envie de me le dire, j’imagine que tu l’aurais fait. » Elle n’a pas pour habitude de forcer les gens à se confier. Elle-même déteste lorsqu’on l’oblige à s’épancher, ce n’est certainement pas pour forcer les autres à le faire. Sans compter qu’elle sent qu’il y a toujours cette peur qui émane de Calypso, éviter de l’attiser c’est ce qu’elle préfère faire. Peur et incompréhension dont elle lui fait part. Elle ne tient plus. Protectrice, mère poule, tout l’amour qu’elle porte à ses proches l’amène à briser la distance entre sa cousine et elle afin de la prendre dans ses bras. « T’es pas obligée de me faire confiance tout de suite. » Assure-t-elle sans la lâcher. « Je suis désolée si ma présence te fait paniquer, mais t’as toujours pu me faire confiance, c’est toujours le cas. » Du moins, elle ne pense pas avoir agi en contradiction avec ça. Enfin elle relâche sa cousine, considère avoir déjà un peu trop abusé et recule d’un pas. « Je ne dirais rien à Tommy, ou à qui que ce soit. Theora ne vit pas ici, mais Calypso si. »