confusion about the person + SWALY

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Les bars, il y a en a des milliers à New-York, et pourtant, c’est dans celui-ci que tu as des habitudes. Il est non loin de chez-toi, le cadre est correct et le prix va avec. Il n’en faut pas plus pour séduire un client. À force d’y venir, tu y as pris tes petites habitudes, et viens même sans être accompagné. C’est juste histoire d’aller boire une bière en dehors de la colocation, se retrouver avec soit même. Ça peut faire alcoolique, mais tu penses que c’est seulement un moment de bien-être, pas besoin de palabrer sur la chose. Ici, nombreux sont les habitués qui viennent boire un verre en dépit d’une salle journée de boulot. La tienne aura été intéressante, toujours pleine de rebondissement et bourré d’adrénaline. C’est ce qui te plaît le plus dans ce que tu fais, les émotions que cela t’apporte. Assise dans ton coin, une bière à la main, tu es profite pour lire ton roman abîmé sur les coins. Même dans un endroit aussi bruyant que celui-ci, tu arrives à te plonger avec faciliter dans une lecture quasi-imperturbable. C’est si facile lorsque tu vis avec plus cinq personnes sous le même toit. Tu es là sous pour autant être là. Ton cerveau fait abstraction de tout ce qui t’entoure. Aucun bruit ne parvient à tes oreilles devenues hermétiques.

Elle n’a pas attiré son attention dès son arrivée dans le bar. Swan ne prétendra pas le contraire, persuadé que de toute façon ce genre de choses ne se produisent que dans les films. Il ne saurait même pas dire si elle est arrivée avant ou après lui. Par contre, à la seconde où il l’a vu la tête plongée dans un livre, elle l’a intrigué. Franchement, quel genre de personne vient dans un bar pour ouvrir un bouquin ? Il y a tant d’autres endroits plus adaptés : une bibliothèque, une librairie, une chambre, une salle de bain même, un parc, ect… Bref, la liste est longue et l’ukrainien n’a pas envie de tous les citer.  Il n’a pas que ça à faire, ayant déjà une bien meilleure idée en tête. Avalant la dernière gorgée de sa bière, il repose sa pinte sur la table qu’il partage avec quelques coéquipiers de lacrosse. Des coéquipiers qu’il quitte dans la foulée, décidé à aborder cette demoiselle qui s’avère d’ailleurs très charmante. L’aborderait-il si elle ne l’était pas ? Non mais il n’a pas peur de l’assumer, Swan. Il n’a pas peur de grand-chose de toute façon. Mains dans les poches de son pantalon noir troué, il s’approche de l’inconnue. Il s’arrête derrière elle un instant pour lire la page ouverte, tentant de trouver le nom du roman, en vain. En tout cas, il doit être vraiment passionnant parce que la brunette n’a pas remarqué sa présence. Ça le fait doucement sourire, Swan et c’est avec ce même sourire qu’il finit par prendre la parole. Tu sais que tu es la première personne que je vois lire dans un tel endroit ? L’étudiant est honnête. Ça lui est déjà arrivé d’engager la discussion sur un mensonge ou une phrase bateau, histoire d’attirer l’attention de la personne mais pour le coup, nul besoin de mentir. Jamais il n’a vu quelqu’un bouquiner dans un bar et ce n’est pas faute d’en fréquenter. Ça y est, elle l’a remarqué. Ses yeux, marrons, se posent sur lui.

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Tellement plongée dans ta lecture, t’es incapable de te rendre compte qu’une personne t’observe, zyeutant ton livre par-dessus ton épaule. Tes yeux surfent sur les lignes de mots, valsant de droit à gauche. C’est uniquement lorsque l’étranger se met à t’adresser la parole, que tes yeux quitte la page de ton livre. « Tu sais que tu es la première personne que je vois lire dans un tel endroit ? » La tête tournée vers lui, sourcils surélevés, ton visage est inquisiteur. Tu te demandes qui a eu le culot de te déranger. Ce qui n’est en rien étonnant lorsque l’on vient dans un bar. En revanche, lui s’étonne de voir une personne lire dans un bar. Encore un gars qui pense que ce lieu est uniquement fait pour boire et se mettre une bonne mine. Tu ne prends pas la peine de refermer le roman, persuadée que cette conversation ne va pas durer éternellement. « Il y a une première à tout. » Tu n’es pas vraiment d’humeur à faire des rencontres, t’aimerais juste que l’on te foute la paix. Ton sarcasme est nettement perceptible. Il serait stupide s’il ne comprenait pas son signal d’alerte. Un dernier regard avant de reposer tes yeux sur cette page de livre. Mais un soupçon de doute te vient à l’esprit. Un petit instant de panique survient. Tu doutes, tu penses à de multiples choses. À nouveau de détourne le regard, et l’observe en fronçant les sourcils. Tu crois l’avoir déjà vu. Pire que ça, tu en es persuadé. Mais tu n’arrives pas à resituer la personne. « On ne se serait pas déjà vu ? » Toi qui voulais à tout prix t’en débarrasser allais devoir finalement faire avec. Tu es incapable de le laisser filer sans être persuadée de ce que tu avances. « Ton visage m’est familier. » Il faudrait que tu en saches plus sur lui. Peut-être qu’un prénom te permettrait de remettre tes idées à leur place.

Zyeutant le livre bien entamé par l’inconnue, Swan essaye tant bien que mal de deviner quel est le titre du roman en question. Ainsi, ça lui offrirait un moyen idéal pour engager la discussion mais hélas, il ne parvient pas à ses fins. Alors, encouragé par sa confiance et par le fait qu’il ait déjà fait ça un bon nombre de fois – aborder une charmante demoiselle dans un bar – il se jette à l’eau et avec honnêteté qui plus est. Il est sérieux lorsqu’il prétend n’avoir jamais vu quelqu’un lire dans un lieu de fête. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a fini par attirer son attention, par se démarquer des autres. Ce n’est pas une simple belle brunette dans un bar. Non, c’est une belle brunette qui lit dans un bar. Tout de suite, ça la rend plus intéressante, moins banale et c’est ce qu’il aime, Swan. Il aime l’originalité. Il aime être surpris et elle, elle l’a surpris sans même lui adresser la parole. Alors, évidemment, l’ukrainien lui a porté de l’intérêt. Il y a une première à tout. Malheureusement pour lui, ça n’a pas l’air d’être réciproque. L’inconnue a l’air bien plus décidée à reprendre sa lecture au plus vite plutôt qu’à véritablement engager cette conversation. Swan l’avoue, il est quelque peu déçu par sa réaction. En règle générale, les gens sont ouverts dans les lieux festifs comme celui-là, ouverts aux nouvelles rencontres sauf ceux qui viennent dans l’unique but de se mettre mal mais elle n’a pas l’air d’en faire partie.
Swan, ce n’est pas un forceur. Lorsqu’il sent qu’il y a une possibilité, il insiste tout en restant respectueux mais avec cette fille, il comprend bien vite que ça ne sert à rien d’essayer davantage. Elle est bien décidée à rester seule dans son coin et ce n’est pas Swan qui insistera bêtement. Alors, il fait demi-tour sans un mot de plus. Enfin, c’est ce qu’il s’apprêtait à faire mais étonnement, elle reprend la parole. On ne se serait pas déjà vu ? Ton visage m’est familier. Machinalement, Swan fronce les sourcils. Il réfléchit un instant avant de répondre. Non, je vois pas. A son tour de se montrer désintéressé. Bonne soirée, amuses-toi bien, qu'il ajoute en tournant les talons. Il ne veut pas perdre davantage son temps, il en a déjà perdu assez.

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Soudainement, tu regrettes ta façon d’agir. Cette manière que tu as de renvoyer balade tout le monde d’un revers de la main. Tu sens que tu l’as complètement braqué, et qui ne réagirait pas de cette manière. Seul un abrutit complet voudrait continuer à parler à une folle dans ton genre. Tu n’agis pas tout le temps de cette manière. Non, seulement lorsque l’on vient te perturber dans tes profondes pensées. Comme en cet instant précis. T’essayes de rattraper le coup en lui disant que son visage t’es familier. Tu en es certaine. Visage jeune, traits bien marqués, grand. Il pourrait passer pour monsieur tout le monde, mais il y a ce petit quelque chose qui fait que … rah tu n’arrives pas à savoir quoi. Ça te perturbe et ça cogite sans fin. « Non attends … » Tu tends la main en sa direction. C’est assez théâtral. Tu veux gagner du temps, le garder à tes côtés, dans ton champ de vision. Tu sens que tu vas remettre tout en ordre, que tu vas t’en souvenir. Il faut seulement que tu remettes tout en ordre. « Swan, c’est bien ça ? » Tu ne t’en souviens pas vraiment. Tu n’as pas totalement écouté quand il s’est présenté à toi. Tu t’en fichais pour tout dire. Ce n’est que maintenant que tu t’intéresses à lui. Tu vas t’excuser comme tu sais si bien le reconnaître. Ça ne sera pas sincère, mais il ne le sera pas. Quelle est l’importance ? « Excuse-moi, j’étais ailleurs tout à l’heure. » T’aurais préféré continuer à lire. Au lieu de ça, tu vas faire la conversation. « Cette place est libre, si tu es intéressée. » Un large sourire s’affiche sur ton visage bronzé. T’espères que ton charme naturel va l’inciter à s’asseoir devant toi. Tu attends avant de te présenter. Tu te dis qu’il pourrait citer ton nom sans le savoir. Le faire par erreur, ce qui montrerait que tu le connais véritablement.

Non attends … Elle est étrange cette fille. A peine quelques mots échangés que Swan a déjà du mal à la suivre. Il y a une poignée de secondes, elle lui faisait comprendre vouloir rester seule, chose que l’ukrainien comptait respecter et finalement, elle le retient. Swan, c’est bien ça ? Les mains dans les poches de son jean, l’étudiant la regarde tout en fronçant les sourcils. Mh, ouais c’est ça, qu’il répond sur un ton hésitant. Il n’est pas fou et bien trop jeune pour perdre la mémoire. Voilà pourquoi il peut affirmer qu’il ne s’est pas présenté. Elle ne lui en a pas vraiment donné l’opportunité, encore moins l’envie. Alors, comment saurait-elle comment il s’appelle ? Ce n’est pas comme si il avait un prénom courant facile à deviner. Décidemment, cette brunette l’intrigue. Excuse-moi, j’étais ailleurs tout à l’heure. A l’entente des excuses présentées par la demoiselle, Swan se contente de hocher la tête. Cette place est libre, si tu es intéressée. Un grand sourire s’installe sur le visage de son interlocutrice. L’ukrainien a l’impression de se trouver devant une toute autre personne qu’il y a quelques minutes. C’est perturbant. Cependant, il est du genre à éviter les regrets alors bien que méfiant, il prend finalement place sur la chaise située en face de la celle où est installée la brune. Il la regarde un instant, se demandant si elle compte enchainer mais étant donné qu’elle ne le fait pas, il s’en charge. D’une main qu’il sort de sa poche, il montre le livre situé devant elle. Tu lis quoi ? Comme il n’a pas réussi à le deviner en lisant par-dessus son épaule, le mieux reste encore de lui demander.

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Tu ne sais pas d’où tu sors son prénom. Tu le sais, c’est tout. C’est ce qui te permet de penser que tu le connais d’avant, de penser qu’il ne vient pas vers toi pour rien. Mais tu oublies que tu as une bonne mémoire auditive, que tu arrives à mémoriser tout ce que tu entends. Pour tout dire, ce n’est pas la première fois que tu le croises. Tu n’as pas vraiment fait attention. Il était avec des amis, et toi, tu quittais le bar. C’est à ce moment-là que tu as entendu son prénom. Mais ça tu es incapable de le re-situer. Comme une parano, tu te fais tout un tas de films, et imagines comme à ton habitude le pire. « Caly, je m'appelle Calypso. » Tu ne sais pas vraiment quoi lui dire de plus. Ce n’est pas tellement ton genre de faire ça. Habituellement, quand tu envoies balader, quelqu’un balade, tu ne viens pas lui courir après lui demander de venir s’installer. Ça ne rime à rien. Tu passes pour une timbrée. C’est exactement ce à quoi il doit penser. Il se dit que tu es complètement siphonné du ciboulot. « Une veuve de papier, de John Irving. » Irving est l’un de tes auteurs favoris. Tu as tous ses livres, et peux les relire à de multiples reprises. Celui-ci c’est la troisième fois que tu le lis. Les pages en sont abîmées, la reliure est pliée dans tous les sens. On sent un vécu particulier. « Tu connais ? » Beaucoup connaissent uniquement les films adaptés depuis ses livres, comme Le monde selon Garp. Tu ne l’as jamais vu, mais pas étonnant venant d’une femme qui n’apprécie pas les cinématographies. C’est ta façon de te rebeller. « T’es venu seul ce soir ? »

Si ça se trouve, il va finir par regretter de s’être finalement installé à sa table vu comment les choses ont débutées entre eux mais ce n’est pas une certitude. Ils peuvent aussi très bien passer un bon moment et c’est dans ce but-là qu’il a fini par accepter de prolonger la discussion. Puis, dans la vie, il vaut mieux regretter les choses qu’on a tentées que regretter de ne pas avoir tenté les choses. En tout cas, c’est le point de vue de Swan. Carpe Diem, YOLO, tout ça il en est partisant, l’ukrainien. Caly, je m'appelle Calypso. Swan hoche la tête. Je préfère Calypso. C’est original. Des Calypso, on en croise pas tous les jours alors il ne gâchera pas son joli prénom peu commun avec un surnom qui l’est. Moi, c’est Swan mais par je ne sais quel moyen, tu le sais déjà. Il lui lance un léger sourire. Il pourrait se montrer curieux, l’ukrainien, lui demander comment elle a pu savoir son prénom avant même qu’il ne se présente mais il n’a pas envie de la braquer, elle qui a déjà hésité à lui proposer la chaise d’en face. Au lieu de ça, il préfère l’interroger sur le bouquin qu’elle a amené avec elle. Ça lui semble être un sujet plus simple, moins risqué et il ne se trompe pas. Elle lui répond sans hésiter. Une veuve de papier, de John Irving. Tu connais ? Il ne compte pas mentir, Swan. Il n’a jamais entendu parler de cette œuvre ni de son auteur ou en tout cas, ça ne l’a pas marqué. Il se contente de secouer la tête de gauche à droite avant de demander. Je peux ? Il aimerait lire le résumé, ce qui lui donnerait une idée du livre mais soudainement, il a une meilleure idée. Enfin non, racontes-moi si ça te dérange pas. Tu me donneras peut-être envie de le lire. Si ça s’avérait être le cas, elle serait plutôt douée. Il ne lit pas des masses, Swan. T’es venu seul ce soir ? Machinalement, le regard de l’étudiant se dirige vers la table à laquelle il était installé quelques minutes plus tôt puis sur la demoiselle à nouveau. Je suis avec quelques coéquipiers et toi, t’es bien seule ? Je ne risque pas de voir débarquer un colosse jaloux ? Parce que soyons honnête, je ne ferais pas le poids. Il essaye de la mettre à l’aise, Swan et ça passe par cette petite blague qui il l’espère, fera son petit effet.

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Tu penses que le jeune homme connaît déjà ton identité, tu en es même persuadée et ça à quatre-vingt-dix-neuf pour-cent. Il doit se douter que tu lui mentes ouvertement, et que tu lui aies donné un faux non, celui auquel tu réponds depuis plus de deux ans. Alors lui donner ton prénom ne va rien changer, loin de là. Tu vas faire comme si rien n’était, comme si tu n’avais aucun doute. Il semble rentrer dans ton jeu, enfin, c’est ce que tu penses. Il dit ne pas savoir comment tu connais son prénom. Et pour être honnête, tu n’en sais rien. Tu comptes lui raconter un gros baratin, qui finalement provient de la vérité. « Je l’ai entendu tout à l’heure. » Dis-tu en soulevant les épaules. Tu ne sais pas quoi dire de plus. De toute manière, tu n’es pas très douée pour monter des bobards de toute pièce. Ça te tue de mentir, tu n’as jamais aimé ça. On se demande bien pourquoi. Ironie du sort, ça s’abat sur toi comme un château de cartes.
L’étranger ne connaît pas le roman que tu as sous les yeux actuellement. Mais tu n’es pas vraiment surprise. Très grand auteur, mais pas assez pour être renommé intentionnellement. T’es déçu que leur carrière ne soit pas aussi reconnue que celle des acteurs, des producteurs de films … Et pourtant, à tes yeux, ces hommes et ces femmes. « Oui, vas-y. » Tu l’autorises à prendre le livre, d’en lire la dernière page de couverture, lieu du résumé. Tu le lui tends, mais il revient sur sa demande préférant que tu lui fasses un résume. Tu détestes ça. T’as l’impression spoiler l’autre. D’en dire plus qu’il n’en faut, et de dire de la merde. « Euh, d’accord … Ruth Cole, une écrivaine, débarque à Amsterdam afin qu’enquêter sur la prostitution et écrire un livre sur ce sujet. Dans son enquête, elle se retrouve plongée dans les souvenirs de son enfance. Une mère perturbée depuis la mort de ses deux fils, et un père, lui aussi écrivain, qui ramène un jeune homme, secrétaire, chez lui pour séduire sa femme et sauver le restant de son mariage. » Tu penses en avoir dit assez, l’avoir un peu déroutée aussi. « Ce n’est pas très vendeur comme résumé, navrée. » Tu lui as juste confirmé que ce livre était très étrange. Puis tu regardes plus loin, et découvres la bande d’amis avec qui il est venu. « Non, il n’y a pas de risque. Ou alors, je ne suis pas du tout au courant. » Tu te mets à plaisanter, car tu doutes qu’Anselm débarque et vienne t’arracher du bar. Il t’enverrait un message, tout simplement, te demandant de venir le rejoindre chez lui ou chez toi.

Je l’ai entendu tout à l’heure. L’ukrainien hoche la tête, se contentant de cette réponse, du moins pour l’instant parce qu’il a l’impression qu’elle lui ment, qu’elle ne lui raconte pas toute la vérité. D’habitude, il n’aime pas ça, Swan. Il préfère le franc jeu et bien souvent quand il ne sent pas son interlocutrice sincère, il préfère de pas poursuivre la discussion et pourtant, aujourd’hui, il reste. Il ne saurait pas vraiment comment l’expliquer et en même temps, il fait partie de ceux qui n’ont pas besoin de poser des mots sur tout.
Swan l’écoute attentivement lorsqu’elle lui raconte le livre qu’elle lit actuellement. Il ne fait pas seulement semblant d’écouter. Il doit bien avouer que de tout son résumé, c’est surtout la dernière phrase qui retient son attention. Il s’apprête à lui répondre du tac au tac afin de la questionner à ce sujet mais elle le devance. Ce n’est pas très vendeur comme résumé, navrée. Il n’est pas vraiment d’accord. La preuve, il ne perd pas une seconde de plus avant de lui poser la question qui lui brûle les lèvres. En quoi engager un secrétaire pour séduire sa femme pourrait l’aider à sauver son mariage ? Swan doit avouer qu’il est dépassé. C’est peut-être trop subtil pour lui, trop littéraire. Il espère qu’elle l’éclairera à ce sujet. Non, il n’y a pas de risque. Ou alors, je ne suis pas du tout au courant. Un léger sourire s’affiche sur le visage de Swan, le maximum qu’il sache faire. Il se contente de hocher la tête, plutôt content d’apprendre qu’elle n’est pas accompagnée ce soir même s’il est loin de savoir où cette conversation assez étrange pourrait les mener. Comme il est du genre curieux, il va rester pour le découvrir.