Durant deux années, j’ai du subir cette conversation, qu’elle soit avec mes parents, comme avec mes deux soeurs. On est toujours venu me forcer à me justifier sur mon silence, sur cette façon que j’ai eu de gérer tout ce qui a pu arriver à ma femme, à mon couple et à notre avenir qui s’est retrouvé entre parenthèse. Sujet à risque chez les Castelli, plus d’une fois le ton est monté à cause de l’entêtement de ma famille à vouloir à tout prix des réponses de ma part, que je n’étais pas en mesure de leur donner et que je ne suis toujours pas en mesure de les fournir aujourd’hui. En deux années, je n’ai jamais évoquer une seule fois ma femme devant quelqu’un, pour bien des raisons, jusqu’à ce soir et cette discussion avec Alexys. Je me surprend moi-même, parce que j’ai mis bien du temps à construire cette carapace et ce mur dans ma vie, mais également parce qu’après la soirée que l’on a passé à l’agence, elle est la dernière personne avec qui je devrais en parler. Un retour de conscience m’a empêcher de commettre l’irréparable et de compromettre définitivement mon couple avec Sera, de tirer un trait sur notre amour après toutes ses années. Sans ce moment, j’ai conscience qu’on ne se serait pas arrêter à de simples baisers, des baisers bien enflammés, faut le reconnaître.
C’est mon bonheur qui compte le plus, c’est bien ce qu’est en train de me dire mon assistante, mais dans le fond, quel bonheur ? J’ai passé deux années à vivre avec une culpabilité incroyable, un poid sur les épaules qui me semblait insurmontable. Avec ma famille qui ne comprenait pas mon choix et mes décisions, la justice qui a décidé de me donner tort et de me prononcer innocent de cet accident. C’est vrai, j’ai eu mon travail, mes projets que j’ai concrétisé et qui m’ont permis de sortir la tête de l’eau, mais dans le fond, lorsque je rentrais dans le loft que je partage avec ma femme, durant deux ans, il a été vide de toute présence.
Est-ce bien raisonnable ? Je n’en sais rien, mon regard est plongé sur l’écran de mon portable, dans l’attente d’une réponse ou un moyen pour détourner mes yeux de mon assistante, après ce que je viens de lui dire. Je devrais rompre le contact, celui de nos mains, mais je n’en suis pas capable, prouvant une fois encore, qu’en toute logique, ce n’est pas avec elle que j’aurais dû en parler. «
Tu sais très bien Lexie. » Dis-je dans l’espoir de ne pas avoir à développer ma réponse, de pouvoir me contenter de ce que je viens de lui dire. C’est peine perdu, il faut le reconnaître et je le comprend en croisant son regard du mien. «
Ca faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien et apaisé, que lors de cette soirée .. »
Celle qu’on a passé ensemble. «
Pendant que tout le monde a critiqué mes décisions, tu ne l’as pas fait, tu m’as permise de m’échapper de ce qu’est devenue ma vie ces dernières années. » Prononçais-je en étant aucunement sûr que je devrais continuer cette conversation. «
J’étais bien et j’en avais envie .. » Mauvais chemin Matteo ! Mauvais chemin ! Il est temps de me reprendre, de faire demi-tour, de ne pas continuer sur cette lancée, reconnaître à demi-mot à mon assistante que j’avais envie de coucher avec elle, ce n’est pas une bonne idée. «
but, je suis marié. » Que ce soit pour Alexys, comme pour ma femme et notre couple, je n’ai pas le droit de faire ça, au-delà de certaines apparences que j’ai pu avoir à l’université, je n’ai jamais été un homme infidèle.
nightgaunt