Je me suis demandée ce qui m'a pris à la minute où j'ai vu mon reflet dans le miroir accroché à la porte de ma chambre. L'image de cette fille aux yeux bleus intenses, aux cheveux bruns attachés je la connais. Celle qui porte une robe hors de prix offerte par sa meilleure amie, beaucoup moins. Sans vouloir dire que je ne suis pas féminine, là je me sens nue. Fendue sur les côtés, je sais que cette robe d'un rouge pétant en dévoile énormément concernant mais longues jambes. Rien de trop mais tout de même. Perchée sur mes talons, j'ai le cœur qui bat si vite que je ne peux pas m'empêcher de jouer avec le bout de mes cheveux qui pend sur mon épaule. Cette soirée j'ai accepté de m'y rendre uniquement lorsque mon professeur de communication m'a répété pour la millième fois que ça me permettrait de me faire des contacts pour la suite de ma carrière. J'ai cédé et ai demandé à Kiara de m'aider à trouver une robe. C'est le genre de soirée où les riches se bousculent, signent des chèques non pas pour l'association mais pour paraître bien tout en riant à des plaisanteries douteuses. Des soirées auxquelles je ne suis clairement pas habituée. Pochette sous le bras, je dois me faire violence pour ne pas sortir mon portable et demander à ce qu'on vienne me sauver parmi mes contacts. « Essaye de sourire, Tessa. Tu n'es pas à un enterrement. » Étonnement, je préférerai mais je force un sourire et attrape une coupe de champagne lorsqu'un serveur passe à côté de nous. « Fonds toi parmi les gens, je vais voir si je trouve une personne intéressante. » J'acquiesce et le regarde disparaître. Alors, verre à la main, je commence à me balader parmi le gratin de New York, terminant dans un groupe sans avoir la moindre idée de qui ils sont et de quoi ils parlent. Mais je souris, je souris à en avoir mal à la mâchoire en me répétant mentalement que ce monde ne sera jamais le mien.
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« T’es bien chic ce soir ! » Je n’arrive pas à empêcher mes lèvres de s’étirer dans un sourire au coin. Venant de Cassie, c’est un compliment. Ses yeux détaillent mon costume de haut en bas, comme pour valider sa coupe. A sa tête qui acquiesce par automatisme, je sais que c’est exactement le genre de costume qu’elle m’aurait trouvé si je le lui avais demandé. « Tu files ou ? » demande Wyatt assis à côté, décrochant enfin du film qu’ils étaient en train de regarder dans le salon. « Une soirée mondaine, avec le gratin sportif » Il roule des yeux et se reconcentre sur l’écran comme blasé que ce genre de soirée existe vraiment. Cassie, elle, sourit et me souhaite une bonne soirée avant que je ne passe la porte du garage. Dodge allumé, je file vers Manhattan, où la soirée se déroule dans un penthouse à la vue sublime. Je porte un costard noir assez simple, une chemise blanche et un petit nœud papillon noir qui vient compléter le tout. En soit, il n’est pas extraordinaire, mais avec carrure, il met de suite en valeur mes muscles. Au prix que je l’ai payé, j’espère bien que je sois assez chic pour cette soirée. Clé remise au voiturier, je m’engouffre dans l’immense hall du bâtiment en suivant les hôtesses qui m’amène au bon étage. Si d’ordinaire je trouve toujours une nana pour m’accompagner, ce soir ce n’est pas le cas. Sans doute parce que je sais que Tessa y sera et qu’au fond de moi, j’ai espoir de rentrer avec elle ce soir. Lorsque j’avance dans ce grand espace, la soirée bat son plein. J’attrape une coupe de champagne à la volée en venant saluer certaines personnes. Des entraîneurs d’autres équipes, des joueurs célèbres, des retraités, des médecins sportifs, des commentateurs, d’autres célébrités. C’est un monde auquel j’ai vite pris goût ; sans doute parce que depuis tout petit, mon père m’a fait côtoyé des célébrités. « J’ai entendu dire que vous avez beaucoup recruté, pour les Giants. Ça promet alors ? » J’acquiesce en souriant. J’allais répliquer que nos nouvelles recrues avaient besoin d’entraînement mais qu’on serait prêt pour la prochaine compétition, mais le coach s’en chargea à ma place, me laissant parcourir la foule du regard. C’est là que je l’ai vu. Sa robe rouge flamboyante illumine la pièce en un seul coup d’œil. Elle est presque de dos, mais je reconnaitrais la courbure de son corps à des kilomètres. Ses cheveux lâchés m’empêche de voir son visage et ses yeux océans, mais ça ne m’empêche pas une seconde d’avoir le souffle coupé. Et comme moi, je suis persuadé que d’autres mecs lorgnent sur sa beauté naturelle. Une main masculine se glisse dans son dos, à hauteur convenable, mais ce simple geste me fait détourner les yeux. Je bois ma coupe de champagne, mâchoire crispée. J’en oublie la conversation qui s’anime autour de moi, tout ce que à quoi je pense c’est au fait qu’elle est sans doute venue accompagnée. J’ai été devancé, comme un con. Je rage, mais ça ne m’empêche pas d’enfouir la main dans ma poche pour en sortir mon téléphone. Quelques rapides secondes, le message est envoyé : T’es beaucoup trop sexy pour ce type. Qui était-il ?! Je n’en savais rien, et à vrai dire, j’en avais rien à foutre. Mes plans venaient de s’envoler en l’air en une fraction de seconde.
Partout où mon regard se pose je vois des rappels de ce que ma vie ne sera jamais. Des personnalités riches et connues qui font rêver bien de gens, moi comprise si je dois être honnête. Même si je parviens à percer dans mon métier une fois diplômée et malgré l’argent que je pourrais accumuler, ma place ne sera jamais ici. Je le sens si profondément en moi que l’envie de fuir au plus vite me noue l’estomac. Pourtant, je garde la tête haute et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas laisser apparaître la moindre émotion négative. Surtout pas de peur, il ne faudrait pas que ces requins la sentent. Faux sourire sur les lèvres, champagne dans la main, je me mêle comme on m’a dit de le faire jusqu’à ce que Luther – a.k.a mon professeur – revienne vers moi avec ce qui me semble être un pilote de formule 1. Les courses de voitures, ce n’est pas mon fort, mais j’en sais assez pour reconnaître l’étoile montante qu’est Conrad Tate. « Ah Tessa, je te présente Conrad Tate. Conrad, voici Tessa Goldstein, ma meilleure étudiante. » Je sens la main de Luther dans mon dos, pas trop basse pour que ça soit déplacé, mais assez pour y deviner un geste possessif qui me met mal à l’aise. Ma main dans celle de Conrad, je sens qu’il me dévore du regard. Sa main ne relâche pas la mienne tout de suite et je dois me faire violence pour ne pas finir mon champagne trop vite. Main relâchée, celle de Luther reste dans mon dos tandis que la conversation démarre. Conversation de laquelle je sors en entendant mon portable vibrer. Message de la part de Tommy ce qui, aussitôt, provoque une vague d’électricité dans tout mon corps. Il est là, j’aurais dû m’en douter. Je balaye l’endroit du regard et le trouve. Un frisson remonte le long de mon échine. Ce costume lui va tellement bien que je suis étonnée qu’aucune femme ne se soit jetée à son bras. Qui ? Luther ? Il m’aide à me faire des contacts, pas à finir dans son lit. Je tape sans m’empêcher de sourire. Sexy hein ? Tu as vu la magnifique vue sur ma jambe ou tu apprécies simplement celle sur mes fesses ? Pas sûre que le lancer là-dessus soit malin. Connaissant Tommy, il va me faire rougir en un temps record et au milieu de ces personnes je ne vais plus savoir ou me mettre. C’est simplement trop tentant.
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J’ai beau tenté revenir à la conversation actuelle que les hommes autour de moi ont entrepris depuis quelques minutes, je n’arrive pas à m’y remettre. Ce genre de soirée sont un bon moyen de se faire des relations, et des contrats par extension. Tout le monde recherche une nouvelle égérie sportif, des sponsors, des nouveaux agents, voir même recruter certains sportifs. Si je n’échangerai ma place chez les Giants pour rien au monde, c’est généralement dans ce genre de soirée que mes plus belles opportunités se sont créées. Il faut être à 200% de vous-même pour impressionner, vous vendre et vous soumettre à une exigence hors norme. Hélas, même si j’ai conscience de l’importance de cette soirée, même si je tente de revenir dans le Game, mon regard ne cesse de retrouver à Tessa et ses courbes parfaites. Je la regarde être interpelée par son téléphone qui vibre et à l’instant même où elle voit mon nom s’afficher sur son téléphone, son regard me cherche. J’aime particulièrement l’espionner sans qu’elle ne s’en rende compte, mais lorsqu’elle finit par me trouver, notre regard échangé est aussitôt électrique. Elle éveille en moi beaucoup trop de chose, cette nana. Même lorsqu’elle est visiblement avec un autre homme. Son regard quitte le mien, et s’attarde sur son téléphone. Je perds de vue son joli visage, mais j’ai une étrange sensation qu’elle est en train de sourire en écrivant sa réponse. « Tommy ? » Je détourne le regard vers mon coach, qui semble me présenter un nouvel arrivant dans la conversation. « Je crois que tu te souviens du Dr Garfield » J’acquiesce en saisissant la main qu’il me tend : « Oui, nous nous sommes croisé il y a deux ans, il me semble. » « C’est exact ! » Garfield était un grand chirurgien qui semblait voyagé partout dans le monde pour préserver la santé des sportifs à haut niveau. « Comment va votre genou ? » Je sens mon téléphone vibrer ; les messages de Tessa me perturbe une seconde mais je cligne des yeux rapidement pour revenir à la réalité. « Il est capricieux » avouais-je avec un léger sourire triste. « Passez me voir dans la semaine, je pense pouvoir vous aider » « Vraiment ? Mon chirurgien m’avait dit que c’était inopérable. » « Je relève tous les défis, Mr Matthews » Voilà un homme qui me plait, alors forcément j’acquiesce et me contente de confirmer ma présence la semaine prochaine dans son cabinet. Si y’a bien moyen de soigner mon genoux, je suis preneur. N’étant plus le sujet de la conversation, je tire de nouveau mon téléphone et sourit en lisant les messages de ma brune préférée. A sa proximité, je pense qu’il souhaitera forcément te mettre dans son lit, ce soir. Je relève la tête, une seconde, tentant de croiser son regard, mais elle semble être en pleine conversation avec Conrad Tate. Une bonne chose, visiblement. Les deux. Cette robe est une invitation pour n’importe quel homme, Tessa. Si tu me dis qu’elle possède aussi un puissant décolleté, je ne résisterai pas à l’envie de te plaquer contre un mur.De là où je suis, je n’ai pas vu grand-chose du devant la robe, mais quelque chose me dit que cette robe, aussi classe soit-elle, est une provocation à l’état pur. Le pire dans tout ça, c’est que Tessa ne s’en rends même pas compte. Comme d’habitude.
J’écoute la conversation d’une oreille sans pour autant y être attentive. Il est question de courses de voitures et puisque c’est loin d’être ce que j’apprécie, j’ai tendance à chercher une autre façon de m’occuper. C’est idiot sans doute, je ne suis pas supposée être agent uniquement dans le monde du football, je pourrais très bien l’être dans l’univers de Conrad, seulement j’ai déjà mon gros client pour le moment et son univers me plait plus que tout le reste. Le seul problème étant que ce n’est pas officiel et que mon nom n’a jamais été dévoilé. Les réponses de Tommy mettant un certain temps à venir, je n’ai pas d’autres choix que de me remettre dans la discussion en arborant ce sourire totalement faux qui semble si réel. Je suis devenue très douée à ce jeu. « En tout cas, c’était un plaisir de faire votre connaissance mademoiselle Goldstein. » Conrad prend à nouveau ma main et dépose un baiser dessus. Mon sourire est d’autant plus forcé. Cet homme est connu pour être un play-boy avec une conquête différente à chaque fois qu’il apparaît en public. Dans son regard je sais qu’il rêve de m’ajouter à son tableau de chasse et ça n’arrivera pas. Jamais. Heureusement pour moi, il disparaît à l’instant où mon portable se met à vibrer. Tommy Matthews, cet homme est mon professeur. Peu importe ce que sa queue veut pour lui, il ne l’aura pas et ne tentera rien. Je lui réponds malgré le fait que la main de Luther provoque une brûlure désagréable dans mon dos. « Conrad est … intéressant. » Dis-je en me dégageant discrètement. « Il est intéressé aussi, mais pas pour les bonnes raisons. Continuons. » Luther m’entraîne parmi les personnes présentes, à la recherche des bons contacts à me trouver pour mon futur métier. Moi je me remets à pianoter sur mon téléphone. Tu ne peux pas me parler de me plaquer contre un mur avec toutes ces personnes autour de nous, c’est pas juste. Malgré ça, ses mots ont provoqué une vague de désir jusque dans mon entrejambe. Il se peut qu’elle ait ce décolleté … et je porte un très joli soutien-gorge pour remonter ma poitrine si tu tiens à le savoir, très discret. Du moins on en voit que la dentelle aussi rouge que la robe, ce qui se fond parfaitement avec le tout.
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La réponse de Tessa ne tarde pas à arriver. Elle me dit que c’est son professeur, mais comme la plupart des hommes qui la regardent ce soir, ils veulent être bien plus. Moi y compris. Pourtant, il y’en a des jolies femmes ce soir ; toutes plus belles que les autres. Si elle n’avait pas été là, j’aurais probablement fini avec l’une d’entre elles. Mais d’une manière puissante, j’étais attiré par Tessa. Comme un drogué en manque de sa dose. Le pire dans tout ça, c’était l’étrange sensation de jalousie qui me subjugué lorsque son soi-disant Professeur était trop près d’elle. Alors, le laisse pas être aussi tactile. Ma réponse est sans doute trop froide et trop autoritaire, mais, ça ne me plait guère. J’ai toujours dit ce que je pensais au moment où je le pensais, Tessa sait à quel point je peux être dur et sévère lorsque quelque chose me tracasse. Clairement, ce Luther de mes deux commencent à me les briser sec. Mais officiellement, je n’ai rien à redire. Tessa n’est qu’une connaissance, une amie de longue date. Très peu savent qu’elle est mon agent depuis 2 ans maintenant. C’est d’ailleurs un sujet sensible sur ma tête, que les tabloïds et toutes les agences sportives souhaiteraient connaître. Certains disent que je m’occupe moi-même de mes contrats, d’autres pensent que je fais partie d’une sorte d’agence d’Elite qui recruterait que les meilleurs. Mais à vrai dire, lorsque l’idée avait émergée de mon cerveau pour l’aider, je n’avais pas hésité. C’était donnant-donnant pour nous deux, et je referai ce choix sans cesse. La vie est injuste. Encore plus lorsque tu me parles de ton soutien-gorge et de ta poitrine. Merde, Tessa ! Arrête de me chercher, j’arrive déjà plus à me tenir. J’avais quitté mon petit groupe, à la seconde où j’avais lu le mot soutien-gorge. Lorsque j’avais relevé la tête, elle n’était plus au même endroit. Alors, par instinct, je m’extirpai de la foule, avant de saisir une nouvelle coupe de champagne que je bu cul sec. Je bandais déjà. Pourquoi avais-je eu la bonne idée de commencer cette conversation ?! Je m’adosse au mur une seconde, l’une de mes mains dans la poche, l’autre sur mon téléphone avant de lui envoyer : T’es à moi ce soir. J’te baiserai même avec cette robe rouge. Bouton envoyé à peine cliqué qu’une silhouette s’invite à côté de moi. Une fille, que j’ai déjà croisée, il me semble. « On vous connais plus entreprenant, d’habitude. » C’est une journaliste qui avait tout fait pour me séduire à la dernière interview. Elle est canon, mais loin d’être mon style. En avais-je un d’ailleurs ? Je ne saurai dire. Je range mon téléphone une seconde dans la poche avant d’ajouter trop taquin : « Encore à la recherche d’un scandale, Julie ?! » « Ou d’un moment avec vous. » Au moins, c’est direct.
Il n’y a que ces messages qui me permettent de ne pas me sentir trop mal à l’aise. De cette façon, je n’ai pas à avoir l’impression de nager dans un autre monde. Ces simples échanges me permettent de sourire si naturellement que je me sens même rougir par moment. Au moins, je peux mettre ça sur le dos des deux coupes de champagne que j’ai déjà bu. En revanche, je souris bien moins lorsqu’un nouveau message arrive. Trop froid et trop direct pour que je parvienne à retenir mon froncement de sourcils. Une pique me traverse l’esprit, je me retiens de l’envoyer. A la place je décide de l’ignorer, de continuer à discuter avec de nouvelles personnes dont une femme d’une cinquantaine d’années. Son fils est joueur de baseball il me semble, Leonel a dû m’en parler quelques fois. Elle, c’est le genre de femme à utiliser l’argent de son mari pour tenter de faire les choses correctement, probablement laver le non de son époux infidèle. Nouvelle vibration. Sortant mon téléphone discrètement, je souris de nouveau. C’est toi qui a lancé les hostilités je te rappelle. Bois, ça m’aide beaucoup actuellement. J’ai trop chaud à chaque fois que nos conversations tournent autour de ce sujet. Particulièrement parce qu’il m’est trop facile d’imaginer ce qu’il pourrait me faire. Chose que je dois éviter de faire, je n’ai pas la moindre envie d’émettre le moindre gémissement en public. Qui cherche l’autre maintenant ? J’ai beaucoup trop chaud avec tes bêtises. Tête redressée, je le cherche du regard, le trouve à l’écart, une fille bien trop jolie très proche de lui. Mon sang ne fait qu’un tour. « Excusez-moi. » Dis-je en me frayant un chemin vers je ne sais où. J’ai besoin de prendre l’air mais ne connaissant absolument pas les lieux, j’arpente un couloir jusqu’à trouver la porte menant à une terrasse. Bouche-bée, je regarde la piscine puis la vue magnifique sur New York. Voilà un endroit que je ne pourrais jamais m’offrir. Tu me permettras de douter en voyant cette chaudasse te toucher, Tommy. Décidée à ne plus répondre à ses messages, je range mon smartphone dans ma pochette et préfère me calmer en regardant toutes les lumières de New York.
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Là je ne peux m’empêcher d’émettre un petit rire. Elle a le don pour me renvoyer en pleine gueule mes hostilités. Son conseil, je le fais déjà. Je bois pour tenter de masquer mon excitation et mon agitation. Mais ça ne marche pas. Tout ce que j’ai envie de faire, c’est de la trouver, et de lui montrer à quel point cette robe lui va à ravir. Mais ce serait peu professionnel. Ce serait à l’encontre de nos principes, de cette promesse de rester professionnel lorsqu’on doit l’être. Me tenir à l’écart, c’est certainement une meilleure idée. N’ayant pas l’occasion encore de regarder ses messages, je sens néanmoins mon téléphone vibrer qui pique ma curiosité. Mais Julie est là, me regarde avec ces yeux de vipère, prête à me tomber dessus. Il y avait beaucoup de journalistes dans son style, qui savent pertinemment quel homme elle voulait dans son lit. Et si j’ai un trait de caractère similaire, lorsque je rencontre une nana pareille, j’ai tendance à faire le contraire absolu. C’est-à-dire la fuir. Mais je me dois de rester poli, sans pour autant l’envoyer valser. Sa main se pose sur mon bras musclé qu’elle tâte avec fermeté. J’humecte mes lèvres en soutenant son regard. Jouer ce personnage est assez aisé pour moi, je le joue depuis déjà tant d’années. Une manière de me protéger, rien d’autres. Alors, forcément, lorsqu’elle s’approche un peu plus, simplement pour me susurrer à l’oreille qu’elle voudrait que je la rejoigne à son hôtel après la soirée, mes lèvres s’étirent en un doux sourire.« Sur ce point, Julie, vous devriez apprendre à être patiente. » Je me recule, alors qu’elle tente de déchiffrer mon attitude. « Ne le prenez pas mal, mais j’ai d’autres plans ce soir. » Je le vois à son regard qui étincelle qu’elle n’est pas contente, mais que son instinct de journaliste reprend le dessus : « Une petite amie ? » Je hausse les épaules, d’une manière mystérieuse avant de faire quelques pas : « Je suis un loup solitaire, Julie. Pour une journaliste, vous devriez le savoir. » Je la quitte sans me retourner : Si on pourrait penser que j’utilise les femmes que pour un objet sexuel, dans le but de satisfaire mon plaisir, c’est faux. Je les respecte bien plus que je n’ose le dire. De ce fait, je n’aime absolument pas que je sois moi-même traité de cette manière-là. Préférant regarder les messages de Tessa, je fronce les sourcils à ses derniers mots. Visiblement, elle nous a vu. Mon cœur se serre à l’idée qu’elle puisse penser que j’aurai préféré être avec une autre plutôt qu’elle, alors instinctivement, je l’appelle. Aucune réponse. Je peste une seconde, en essayant une seconde fois alors que mon regard parcoure la salle à la recherche de sa robe rouge. Elle n’est plus là. T’es où ?
Je me déteste pour ma réaction. Une adolescente, je me comporte comme ça et je n’aime pas ça. Ma jalousie a toujours été un problème, peu importe la personne. C’est ce qui a brisé ma relation la plus sérieuse et qui m’a en partie poussé à ne plus jamais vouloir tenter une nouvelle. De toute manière, je manque cruellement de temps pour m’investir dans une relation. Je n’en ai pas le courage non plus si je dois être honnête. Mais le voir avec cette femme belle et tellement sûre d’elle, ça m’a énervé. Je le suis encore alors que j’observe les lumières de la ville à travers la palissade qui protège la terrasse du penthouse. D’ici, on entend que le calme. Trop loin de la soirée pour entendre les rires et les discussions, trop haut pour entendre la circulation. Ça me fait un bien fou et je tente de me détendre comme je le peux. De longues vibrations me font comprendre qu’on essaye de m’appeler et puisque je sais très bien de qui il s’agit, je ne réponds pas. La tête penchée en arrière, paupières closes, je grogne contre moi-même et fouille mon pour récupérer mon téléphone. Deux appels manqués et un message. Loin du spectacle que tu étais en train de m’offrir. Je me retiens de lui dire que je me suis éloignée de lui et de sa poufiasse. Mon précédent message a déjà que trop fait sentir ma jalousie, je ne peux pas me permettre d’en dévoiler plus. Je soupire et envoie un second message : Sur l’espèce d’immense terrasse de cet immense penthouse où je ne suis clairement pas à ma place.
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Ça me rend fou. Pas ses paroles et sa manière de réagir. Parce que je sais que j’aurais sans doute agis milles fois pire si ça avait été le cas inverse. Mais, le fait qu’elle ose ne pas me répondre me rend complètement fou. J’avance, parmi la foule, dans l’espoir de la trouver. Mais plus je la cherche, plus j’ai peur qu’elle se soit enfuie. Ce serait typique d’elle. Lorsque mon téléphone finit par vibrer, je regarde aussitôt mon téléphone. Bien, elle semble énervée. Dis-moi où tu es. Je veux la rejoindre, je n’arrive plus à tenir alors lorsqu’elle finit par me répondre, je regarde autour de moi, et finit par m’éclipser dans les couloirs sans pour autant savoir où se trouve cette terrasse. Je passe devant une porte, avant de revenir en arrière, et de trouver un début de terrasse. Je m’y engouffre pour y trouver une porte légèrement ouverte. Lorsque je passe dehors, la fraîcheur me fait frissonner presque automatiquement. De dos, elle contemple les lumières de New York, tandis que le vent fait virevolter ses cheveux. Je m’approche sans forcément m’annoncer. A son hauteur, je glisse mes mains sur ses hanches avant de les nouer sur son ventre. J’ajoute alors qu’elle sursaute de cette étreinte : « T’es exactement à la bonne place….avec moi. » Je dépose un baiser sur son épaule dénudé ; elle doit avoir horriblement froid dans sa robe peu dénudée. Cela dit, ses yeux trahissent son énervement. Envers moi, ou envers elle-même. Je ne saurai dire…Elle tente de se retourner, mais mes bras refusent de la lâcher. Face à moi, dans mes bras, je ne la laisse pas commencer ce qu’elle a en tête : « Cette chaudasse ne m’a jamais intéressé. » Une de mes mains quitte son dos pour venir chasser des mèches rebelles qui s’invite sur son visage à cause du vent : « Je n’ai d’yeux que pour toi, ce soir…mais on s’est promis de rester professionnel quoi qu’il arrive. Je joue mon personnage, comme d’habitude »Je caresse sa joue avec un léger sourire. « J’ai une folle envie de t’embrasser, mais pas ici, pas maintenant… » Par peur d’être vu, que les emmerdes nous suivent jusqu’au bout, nous brise le lien qui nous unis. C’est trop risqué.
Je me suis demandée ce qui m'a pris à la minute où j'ai vu mon reflet dans le miroir accroché à la porte de ma chambre. L'image de cette fille aux yeux bleus intenses, aux cheveux bruns attachés je la connais. Celle qui porte une robe hors de prix offerte par sa meilleure amie, beaucoup moins. Sans vouloir dire que je ne suis pas féminine, là je me sens nue. Fendue sur les côtés, je sais que cette robe d'un rouge pétant en dévoile énormément concernant mais longues jambes. Rien de trop mais tout de même. Perchée sur mes talons, j'ai le cœur qui bat si vite que je ne peux pas m'empêcher de jouer avec le bout de mes cheveux qui pend sur mon épaule. Cette soirée j'ai accepté de m'y rendre uniquement lorsque mon professeur de communication m'a répété pour la millième fois que ça me permettrait de me faire des contacts pour la suite de ma carrière. J'ai cédé et ai demandé à Kiara de m'aider à trouver une robe. C'est le genre de soirée où les riches se bousculent, signent des chèques non pas pour l'association mais pour paraître bien tout en riant à des plaisanteries douteuses. Des soirées auxquelles je ne suis clairement pas habituée. Pochette sous le bras, je dois me faire violence pour ne pas sortir mon portable et demander à ce qu'on vienne me sauver parmi mes contacts. « 
