Tonight we are young ▬ Isis

C’est fou, mais j’ai l’impression que la route est interminable. Pourtant, ce n’est pas comme si c’était la première fois que je viens ici, j’ai l’habitude maintenant. Mais bon, j’sais pas, ce chauffeur à l’air vraiment à l’ouest. Il prend des rues et fait des détours inutile. C’est quoi l’idée ? Il veut me gratter un peu plus d’argent. J’avoue que je dis rien, parce que je n’ai pas envie de commencer cette soirée en étant de mauvaise humeur, mais je n’en pense pas moins. Si je n’avais rien de prévu juste après, je pense que j’aurais poussé une petite gueulante. En plus de ça, Isis qui se fout de moi avec son sms, alors que j’y suis pour rien… Mais bon, c’est une habitude entre nous, je le prends bien entendu avec le sourire.

En tout cas, ça va me faire du bien de passer une soirée avec elle, j’ai vraiment envie de m’amuser ce soir. Comme si j’étais un gamin. Puis ça risque de me changer de ne pas être à la boîte pour une fois. Au moins je n’ai pas du tout besoin de penser au travail ce soir. Uniquement fête et plaisir ! Et enfin, je commence à reconnaître les rues que ce bon à rien prend, je vais donc bientôt arriver à destination. Le pire, c’est que je n’aime pas être en retard, c’est pas du tout mon genre. Puis elle va se faire un malin plaisir de me le rappeler, je l’entends déjà se moquer de moi. De toute façon, elle peut se le permettre, c’est comme ça entre nous. Pas de filtre, aucun faux-semblant. C’est l’une des choses que j’aime le plus dans notre relation.

Finalement, le taxi s’arrête, je suis enfin arrivé à destination. Je mets ma main à l’intérieur de ma veste en cuir pour prendre ces quelques billets histoire de payer la course. Et pour le coup, celui-ci, je ne vais pas lui laisser de pourboire. Il ne le mérite vraiment pas. Je sors du taxi et pose le pied sur le trottoir, puis prend la direction de l’immeuble ou Isis habite. Et comme prévue, elle m’attend à l’intérieur du hall. Devant la porte vitrée, je lui fais un signe de la main et lui envoie un sourire, en attendant qu’elle ouvre la porte.

Ce moment ou elle ouvre la porte et vient se mettre contre moi en glissant ses bras autour de mon torse, je ne peux m’empêcher de faire la même chose. J’en profite pour lui déposer un bisou sur le haut de sa tête, comme signe d’affection mais également une manière de lui dire bonsoir. Posé contre moi, je peux sentir ce léger tremblement provenant de son corps. Et la phrase qui suit vient confirmer cette sensation, le froid de dehors venait de la surprendre provoquant ce frisson. “Ne t’en fais pas pour ça, tu sais que j’suis assez doué dans ce domaine hein ! Après quelques cocktails, tu ne sentira même plus le froid” et je commence à rire pour ce que je viens de dire. C’est vrai qu’ensemble, on a l’habitude de sortir et elle sait très bien que je suis toujours partant pour aller m’amuser sans compter les heures, mais surtout sans compter les verres.

Et vient cette petite attaque qu’elle envoie, ce qui fait apparaître un large sourire sur mon visage. Je l’attendais celle-ci, vraiment, je le sentais venir depuis notre échange par sms quand j’étais encore dans le taxi. “J’ai surtout envie de dire que l’âne, c’était le mec qui conduisait le taxi ! J’comprends même pas comment quelqu’un qui est sensé t’amener d’un point A à un point B peut se perdre aussi facilement. Mais bon…” Puis pour l'embêter un peu, je lui renvoie une petite pique, histoire de. “Et toi aussi, tu n’as qu’à pas habiter de l’autre côté de la ville ! T’as de la chance que j’sois un mec bien et que je me déplace pour toi.” Je continue de rire, car elle le sait très bien au fond que je dis ça pour plaisanter. Je pourrais même traverser tout le pays s’il le fallait juste pour passer un bon moment avec elle.

“On y va ? Si tu restes trop longtemps dehors, tu risques de te transformer en glaçon.” Et du coup, j’en profite pour descendre les marches en lui tenant la main histoire de l’aider. La galanterie, comme toujours, même si j’avoue que ce n’est pas du tout mon fort. Je glisse mon bras juste derrière sa nuque et le fait passer au niveau de son épaule, histoire de la garder à côté de moi. Je sais qu’elle à froid donc c’est le moins que je peux faire. Puis ça me fait plaisir de l’avoir avec moi ce soir. Je commence alors à avancer avec elle, direction notre point de chute pour la soirée. “Alors, dis-moi, quoi de neuf ? Ça fait quelques jours qu’on ne s’est pas vus.”

J’aime vraiment quand on joue au jeu du chat et de la souris ensemble. Depuis tout ce temps qu’on se connaît, ça nous permet vraiment d’être ouvert l’un à l’autre. C’est vraiment quelque chose que j’apprécie dans notre relation. Même quand je vois cette petite moue qui vient se poser sur son visage, je sais que ce n'est pas méchant et que cela ne changera rien entre nous. Puis je vais être franc, avec elle, je ne m’ennuie jamais, ça, c’est le plus important. “Tu le sais bien que je suis meilleur que ça, mais je n’ai pas envie de commencer tout de suite, je viens juste d’arriver ! Après, tu vas vouloir me faire partir à coups de pied aux fesses.” Et je n’en ai pas du tout envie, sachant qu’on s’apprete à passer une très bonne soirée. Enfin, je l’espère.

“Non, loin d’être grave. J’dois dire que c’est plus ou moins pareil pour moi.” La routine, qu’est-ce que je déteste ça. En ce moment, j’ai juste l’impression de devoir faire la même chose tous les jours. Me lever super tard, aller gérer la boite, rester debout toute la nuit et partir dormir. Une sorte de cycle sans fin. Alors le fait de passer une soirée avec elle c’est comme une bouffée d’air frais. “Toi, avoir une vie calme ? J’ai presque envie de dire menteuse ! Ça ne te ressemble pas, Isis.” Je rigole juste après avoir dit ça, car je sais que d’habitude, elle est du genre à ne pas vraiment rester en place. “J’sais même pas si j’ai envie de répondre à cette question. Tu sais la boite, j’dois dire qu’avec ou sans moi, ça va fonctionner. Parfois ça me prend même la tête de devoir être là-bas chaque soir. J’aimerais bien un peu de nouveauté.”

Et vient cette question, celle qui fait mal. Je ne sais même pas quoi répondre. Les femmes. Comment dire qu’en ce moment, je fais un peu n’importe quoi. J’avoue qu’elle le sait, que je rencontre souvent des femmes différentes, que je suis du genre à m’amuser, mais pourtant, je commence presque à m’en lasser. “Pour être franc… J’en sais rien. En ce moment niveau femme, je me pose des questions. Tu sais au bout d’un moment, les petits plan drague que j’entretiens d’habitude, ça me prend un peu la tête. L’autre jour, j’ai envoyé un message à quelqu’un que j’ai rencontré à la boite, sauf que j’me suis trompé de personne. T’imagines la situation quand j’dois expliquer à l’une que ce message était pour une autre… ?” Ouais, c’est tout moi ça. J’fais même pas attention et voilà que je m’attire des problèmes sans le vouloir. “J’ai vraiment l’impression d’être bloqué dans quelque chose de plutôt malsain. J’imagine que de toute façon, ça ne tiens qu’à moi de changer tout ça.”

Puis en continuant d’avancer, on arrive finalement devant un bar, qui ce trouve pas très loin de chez elle. Je suis certain qu’elle va reconnaître l’endroit et que ça va lui rappeler des souvenirs. “Tu te souviens de la dernière fois que nous sommes venu ici ?” Ca remonte à tellement longtemps. C’est ici qu’on est venu ensemble pour la première fois faire une grosse soirée, quand on était plus jeune. Et on est ressorti dans un état que je ne préfère même pas décrire. Le genre de soirée qu’on oublie. “J’me suis dit que ça pouvais être marrant de revenir après tout ce temps.”

Avec les petits soucis que j’ai eu dans ma vie dernièrement, je dois dire que, passer un bon moment avec Isis, c’est vraiment ce dont j’avais besoin. Au moins, je sais qu’avec elle, je ne risque pas de me prendre la tête pour un rien. Je sais que je vais m’amuser, qu’on peut se dire n’importe quoi et c’est ce qui est vraiment plaisant. Elle arrive à me redonner le sourire sans rien faire de particulier, juste sa présence que je trouve apaisante.

“Je sais pas si j’ai vraiment besoin de conseil pour tout te dire. Mais je sais très bien que je peux compter sur toi. Pour être franc, je n’ai pas vraiment envie de t'embêter avec mes histoires idiotes de coucherie. En plus, ce n'est pas très glorifiant, je dois dire. J’passe pour un coureur de jupon après… Mais bon, je sais que tu as l’habitude avec moi.” Je rigole juste après avoir dit ça, mais je sais que dans le fond, ce n’est pas vraiment marrant. Au contraire, je dirais presque que ça me pèse sur la conscience. J’ai vraiment l’impression d’être incapable de construire une relation durable avec quelqu’un. Ce n’est pas que je n’en ai pas envie, mais plus que je n’y arrive pas. Peut-être parce que je n’ai pas trouvé la bonne personne. Il faut dire que ça me donne vraiment envie de me reprendre en main tout ça.

Mais ce n’est pas important tout ceci. Il faut se remettre dans le ton de la soirée. La fête. S’amuser. C’est le plus important. Nous ne sommes pas ici pour parler de nos malheurs. Quand elle me dit qu’elle s’en souvient que très peu, ça me fait sourire. J’avoue en avoir des meilleurs souvenirs qu’elle et il est vrai que cette soirée, c’était vraiment quelque chose. “Je pense que je m’en souviendrais toujours de ce moment. Quand on est sorti d’ici, je devais t’aider à marcher pour te ramener jusqu’à chez-toi.” Je la regarde en souriant et je rigole, histoire de la taquiner un peu, en collant mon épaule contre la sienne. “Ce soir c’est le deuxième round. J’espère qu’entre temps, tu t’es amélioré, histoire que tu puisses au moins marcher normalement en sortant.”

Une fois à l’intérieur, on s’approche du comptoir, puis sans attendre, c’est elle qui ouvre le bal en demandant au barman deux verres. Mais deux verres qui ne rigolent vraiment pas. Je l’invite à s’installer au niveau du bar puis je prends place juste à côté d’elle, le temps qu’il nous apporte nos verres. “Je vois que tu commences fort. Tu veux me tuer alors qu’on vient juste d’arriver, c’est ça ?” Surtout quand je vois les deux verres qu’il nous apporte. Le genre de verre que tu dois prendre d’une seule gorgée et qui t’attaque bien la gorge. Même si j’ai l’habitude de ce genre de truc, ça fait toujours quelque chose. J’attrape mon petit verre et je le lève vers elle, pour qu’on trinque avant de se lancer. “Bon bah, j’ai envie de dire à la tienne et à cette soirée de folie qui ne fait que commencer.”

(Désolé pour le temps de réponse, j'étais pas trop trop dispo ces derniers jours. )

Une chose est sûre, c’est que cette soirée s’annonce vraiment mouvementée. Ça change des soirées que j’ai pu passer récemment. Toujours la même chose dans cette boite. La, au moins, je suis avec une amie de très longue date, que j’apprécie énormément, dans un endroit bien plus calme. C’est agréable. Puis maintenant, comme elle l’a si bien dit, ne nous sommes plus comme quand nous étions plus jeunes, même s’il faut dire que nous avons pas du tout perdu notre sens de la fête et cette envie de sortir pour se mettre la tête à l’envers. “Ah ça par contre, j’vais pas dire le contraire. Maintenant, tu as de l’expérience, à force de boire.” Y’a même des fois ou j’ai du mal à la suivre, une véritable machine.

À l’intérieur, l’ambiance n’avait pas vraiment changé depuis la dernière fois que nous sommes venu ensemble, même si cela remonte à un bon nombre d’années. Toujours la même déco, quoi qu’un peu plus au goût du jour. Toujours le même proprio, qui a l’air d’avoir toujours les mêmes habitudes. C’est un bar qui n’est pas très grand, mais qui reste très agréable, au moins, c’est bien plus calme que le genre de soirée que je passe dans la boite. “Y’a de grande chance que je termine à quatre pattes, ça c’est sûr. J’espère que t’es prête à me ramener hein. Ton canapé, il est toujours aussi confortable ?” Je rigole en lui disant ça, car je pense qu’elle comprendra très bien que je ne vais pas être en état de rentrer à Manhattan après cette tournée de bar que l’on va faire.

Nos deux verres à la main, qui viennent se cogner l’un contre l’autre, et on le descend d’un seul coup. Quand je vois cette grimace sur son visage, ça me fait sourire. C’est vrai que ce truc qu’elle vient de commander, je ne sais pas ce que c’est, mais au moins, le barman n’a pas fait semblant quand elle a demandé une boisson vraiment forte. “J’pense que c’est une bonne idée ouais, parce que si on continue comme ça, c'est certain que dans une heure, on part dormir.”

Même si l’idée de cette soirée et de faire la fête, de s’amuser et surtout, de boire, ce n’est pas non plus la meilleure chose de se tuer alors qu’on vient juste d’arriver. Surtout avec ce genre d’alcool, qui doit monter très vite. Mais au moins, il faut dire que ça réveil et ça réchauffe. “J’ai pas un nombre particulier en tête, j’te cache pas. De toute façon, c’est pas les bar qui manquent le long de cette rue. On va dire qu’on s’arrêtera quand le premier de nous deux atteindra sa limite, ça te va ?”