« Nice to meet you. I need your help. » ft. Freya Goldstein

Quand elle répond à son patron qu’elle sera là une heure plus tôt que prévu avec plaisir, elle s’étonne qu’il n’entende pas son sarcasme. De toute façon, ce bouffon ne lui laisse pas vraiment le choix, alors elle va devoir y aller et modifier ce qu’elle avait prévu pour aujourd’hui. Pas grand-chose en soi, mais une heure, ça peut facilement tout changer. Enfin pour l’instant, elle n’a pas de raison de changer son programme, et s’occupe de préparer le petit-déjeuner pour elle et Zach, avant de l’emmener à l’école. Ensuite, elle aurait bien aimé s’occuper du ménage, peut-être même faire une lessive, mais tout ça l’épuise d’avance, surtout avec sa journée de travail qui s’est rallongée. Elle prend une douche rapide avant d’aller réveiller le petit garçon quand il est temps, et s’occupe de tout jusqu’à le déposer à l’école, où il part en courant pour jouer avec ses copains. Freya sourit, l’observe quelques minutes, avant de tourner les talons et de rentrer chez elle. A peine rentrée, c’est la flemme qui l’emporte, et elle préfère prendre son ordinateur pour taper sa frustration plutôt que s’occuper de ranger. Elle tape les mots comme ils viennent, sans savoir si elle les publiera. Digne d’un stand-up, elle sait que certains lecteurs se reconnaîtraient dans ses paroles. Mais elle ne veut pas non plus que ça soit trop direct, au cas où quelqu’un pourrait la reconnaître. Elle enregistre son texte sans savoir qu’en faire, et décide de regarder les nouveaux commentaires. Un, assez grivois, sur un article qui parlait de sexe, la fait sourire jaune. Dans ces moments, elle est heureuse de ne jamais avoir écrit son nom sur son blog. Pas de risque que ça devienne étrange, même si ce n’était pas l’objectif premier de son anonymat. De toute façon, ce blog n’est pas fait pour se faire connaître, mais simplement pour lui faire du bien. De quoi mettre un peu à profit l’érudition qu’elle aurait dû obtenir si elle avait fini ses études. Mais ça n’avait pas été le cas, et sa vie est loin de celle qu’elle s’était imaginée. Mais ça pourrait aussi être bien pire. Finalement, elle ferme l’ordinateur et ramasse le linge par terre pour mettre une lessive en marche. Ce faisant, elle observe son appartement. Oui, ça pourrait être pire. Mais ça pourrait aussi être mieux. Surtout qu’il est humide depuis quelques temps, elle l’a surtout remarqué cet hiver. Son propriétaire a promis des travaux pour l’été prochain mais en attendant, elle ne peut pas faire grand-chose, sinon enfiler un pull supplémentaire et trouver des remèdes pas chers à l’humidité. Une plante bien placée pour en absorber une partie. Quelques serviettes, qu’elle met d’ailleurs dans la machine à laver. Alors qu’elle appuie pour lancer le programme de l’appareil, elle est surprise par la sonnette. Elle n’attend personne pourtant, mais se redresse une fois la machine lancée et se dirige vers l’entrée. Elle regarde rapidement par l’œilleton, au cas où. Elle ne reconnaît pas la personne derrière la porte, mais celle-ci ne semble pas malintentionnée. Elle ouvre alors, tout de même un peu dubitative. « Bonjour. » Elle sourit doucement, sans lâcher le pan de la porte pour l’instant. « Vous avez besoin de quelque chose ? »

Elle ne s’attendait pas à être dérangée ce matin, mais plutôt à être seule et tranquille pendant quelques heures, le temps de faire tout ce qu’elle a à faire, si elle trouve un peu de motivation. A croire que même si elle avait le courage avant sa journée de travail, elle n’aura pas l’occasion de faire beaucoup de choses. Elle ouvre la porte, se demandant qui est cette femme qu’elle ne connait pas et ce qu’elle veut. Elle ne semble pas très à l’aise, et met quelques secondes avant de prendre la parole et de s’expliquer. Une voisine donc. Freya n’est pas surprise de ne pas la connaître. A une époque, elle faisait en sorte de connaître tous ceux qui habitaient à côté de chez elle. Maintenant, elle n’en a plus le temps, et les mouvements sont fréquents. Elle est tout de même heureuse de pouvoir rencontrer une voisine, même si visiblement, ce n’est pas seulement une visite de courtoisie. Elle n’est donc pas la seule à avoir des problèmes d’humidité et elle ignore si ça doit la rassurer ou l’inquiéter. Freya sait qu’elle ne vit pas dans un coin prioritaire pour les aménagements et autres créations de la mairie, mais elle estime qu’avoir un logement salubre est la moindre des choses. Encore qu’il y a sans doute bien pire qu’elle. Peut-être est-ce pire chez sa voisine, et que c’est pour cela qu’elle s’inquiète de ne pas avoir de réponse de sa propriétaire. « Vous avez bien fait de venir, j’ai le même problème. Certains murs sont humides, mes factures de chauffage ont beaucoup augmenté cet hiver. » Ce qu’elle ne peut pas forcément se permettre, alors elle avait dû réduire d’autres dépenses. « Mon propriétaire a prévu des travaux pour cet été. Il me dit qu’il ne peut pas avant, même si j’insiste. J’ai peur que si j’insiste encore, il en ait marre. » Ce qui n’est quand même pas normal. Mais dans ce genre de logements, les propriétaires comptent sans doute sur les problèmes financiers des locataires pour se permettre des choses incorrectes. « Vous voulez entrer ? Je peux vous donner son numéro, peut-être qu’il connaît votre propriétaire aussi. » Elle ne sait pas si ça aiderait, mais elle ne voit pas trop comment elle peut aider sa voisine autrement. Refermant la porte derrière elle, elle se passe une main dans les cheveux. « Je m’appelle Freya au fait, et vous ? » Elle aurait peut-être dû commencer par ça.