we're just strangers / aspen

La satisfaction d’avoir bouclé une affaire est certainement le sentiment qu’elle préfère. Ce n’est pas pour rien qu’elle fait ce boulot de toute façon, et elle aime tout particulièrement la façon dont elle participe aux enquêtes. Sans forcément être sur le terrain, mais elle assiste véritablement son équipe. Ils sont tous complémentaires de toute façon, et elle ne changerait sa place pour rien au monde. Sa dernière affaire en date a laissé trois frères et soeurs, tous en dessous de dix ans, orphelins. C’est justement celle-ci que son équipe et elle viennent de boucler. Si elle n’a pas été évidente à vivre, la résolution positive n’en a été que plus appréciable. Elle est particulièrement sensible quand il s’agit d’enfants, Eden, et ça n’a rien d’étonnant. Mais même si elle n’est plus censée s’en occuper, elle a décidé de continuer à suivre le dossier et de s’occuper personnellement de leur trouver un toit. Bien sûr, elle sait que ce ne sera pas évident, surtout qu’elle tient à ce qu’ils ne soient pas séparés, ce qui rend la tâche impossible. Mais elle ne compte pas lâcher l’affaire, tant pis si ça doit empiéter sur son ton libre. Ces petits n’avaient que leur mère, tuée entre les mains d’un tueur en série particulièrement coriace. Ca l’a beaucoup trop touchée pour qu’elle s’écarte sans se retourner. Elle a justement pris rendez-vous avec une assistante sociale son quartier pour qu’elle s’occupe de leur dossier. Elle n’est pas censée faire ça, mais elle a vu avec ses supérieurs et ils ont accepté de la laisser s’en occuper tout en lui précisant qu’elle n’avait plutôt pas intérêt à s’amuser à perdre son temps comme ça à nouveau à l’avenir. Les dossiers des enfants dans sons sac, elle entre dans l’agence d’aide à l’enfance de Brooklyn et se dirige immédiatement vers la secrétaire. « Bonjour, Eden Rojas. J’ai rendez-vous avec Madame Belmont, vous pouvez lui dire que je suis là ? » Son interlocutrice hoche la tête puis lui propose de s’asseoir mais elle en est incapable. Alors elle attend sagement debout. Enfin, aussi sagement que possible, parce qu’elle ne tient pas vraiment en place

Elle espère que son rendez-vous se passera bien. Il est très important pour elle, ça lui tient vraiment à coeur que ces enfants trouvent une fille et ne soient pas séparés. C’est pour ça qu’elle est un peu stressée en attendant l’assistante sociale qui doit s’occuper du dossier. Enfin… Si elle décide que c’est la bonne personne. Elle n’hésitera pas à se montrer exigeante, la vie de ces trois enfants n’est pas à prendre à la légère. Cette agence lui a été conseillée par l’une de ses collègues, alors elle imagine que c’est plutôt bon signe, mais elle ne préfère pas se faire de faux espoirs. Quand elle arrive, on la fait patienter un instant. Elle s’efforce de rester tranquille, mais elle n’arrive même pas à s’asseoir. Elle est à deux doigts de commencer à faire les cent pas quand elle constate que son rendez-vous arrive. Elle s’en rend compte parce le nom de l’assistance sociale qu’on lui a conseillé, c’était Aspen. Elle n’en avait pas fait le lien avant qu’elle ne reconnaisse la fameuse Aspen qu’elle connaissait apparement depuis le lycée. Celle-là même qui ne l’appréciait absolument pas. Eden ne peut s’empêcher de lever légèrement les yeux au ciel en la voyant. Elle n’est pas prête à se prendre des remarques tout le long du rendez-vous pendant la soirée. Elle espère au moins qu’elle saura rester professionnelle, elle, en tout cas, compte faire des efforts. « A moins que ce ne soit pas toi Aspen Belmont, j’ai bien peur que oui. » réplique-t-elle sans pouvoir s’empêcher son ton sarcastique. C’est plus fort qu’elle, elle n’arrive pas à jouer l’indifférence avec la blonde. Disons que c’est un moyen d’auto-défense préventif. Mais elle la suite quand même dans son bureau, et s’installe sur une chaise avant d’y avoir été invitée. Elle n’a pas de temps à perdre. « Par contre ferme pas la porte, je préfère. » Elle n’est qu’à moitié sérieuse, mais elle ne veut pas revivre ce qu’elles ont vécu la dernière fois. Elle attend ensuite que la blonde s’asseye à son tour, mais lui laisse à peine le temps de souffler qu’elle reprend la parole : « T’as eu le temps de jeter un oeil dossier ? » Oui, elle a consciente que ce n’est pas très poli, mais le temps presse. 

Les Aspen, ça ne court pas les rues en principe. Pourtant, Eden a cru bon d’espérer qu’il ne s’agisse pas de la seule Aspen qu’elle connaisse. A aucun moment elle ne s’est dit qu’elle pouvait avoir tort. C’était plus facile pour elle d’avancer avec cette affaire. De toute manière, elle lui tient trop à coeur pour faire demi-tour maintenant, elle espère juste que la blonde ne fera pas preuve de trop de mauvaise foi. Elle imagine que non, étant donné que les vies d’enfants qui n’ont absolument rien demandé sont en jeu… Mais elle lui en voulait pas mal la dernière fois, et qu’elle n’a fait aucun effort pour essayer de se rattraper… Elle verra bien. Bien sûr, elle ne fait pas de manière quand elle arrive dans le bureau et s’installe directement sans y avoir été invitée. Elle tient quand même à demander à ce que la porte reste ouverte. Probablement traumatisée par leur dernière rencontre… Mais elle veut surtout que quelqu’un puisse venir l’aider plus facilement si Aspen s’en prend à elle. Elle n’est à l’abri de rien, surtout à en juger par son attitude envers elle. Une fois de plus, elle ne se sent pas la bienvenue ici. Sans grande surprise, la blonde ferme la porte malgré sa requête. Elle n’essaye pas de lever les yeux au ciel et se contente de sourire. Elle va vite s’en remettre, et elle a autre chose en tête de toute façon. Elle n’a tellement pas de temps à perdre qu’elle rentre tout de suite dans le vif du sujet et lui demande si elle a eu le temps de jeter un oeil au dossier. « Les enfants Miller. Leur mère a été tuée par Jasper Willins, le tueur en série qui a été arrêté la semaine dernière. C’était partout aux infos. » Difficile de passer à côté d’une histoire pareille. La photo des trois orphelins a même été diffusée partout. Peut-être une bonne chose, ils ont sûrement dû émouvoir beaucoup de familles… « En fait, je veux juste savoir si tu peux faire quelque chose pour moi, ou si ça te semble trop difficile. J’ai pas vraiment de temps à perdre. »