Need a good talk ft. Melech

need a good talk

milho + melech

and the walls kept tumbling down, in the city that we love. grey clouds roll over the hills, bringing darkness from above. but if you close your eyes, does it almost feel like nothing changed at all? and if you close your eyes, does it almost feel like you've been here before?

La fête qui bat son plein et des raisons de la faire toute trouvées alors qu'il s'agit de trouver des fonds pour les personnes brésiliennes directement menacées, le groupe queer qui a toujours trouvé des moyens de lier l'utile à l'agréable et par conséquent de se trouver une raison de continuer d'exister à travers les années, alors qu'on peut encore juger que sur le campus même le plus gros a été fait - toujours des risques de voir tous ses efforts retomber, surtout avec les politiques présidentielles actuelles, mais un chemin qui ne sera pas pour autant effacé, les nouvelles générations qui auront appris des précédentes et sauront vers qui se tourner. Ce sont les soirées les plus festives qui ont toujours fait le renom d'une communauté qui les a à New York quasiment inventés, eux les héritiers d'un Stonewall qu'ils n'auront jamais connu, nés et biberonnés aux Pride dès que l'intérêt fut soulevé.

Melech qui a enfin trouver l'occasion de se retrouver, le maquillage pastel qui arbore les paupières et les pommettes à défaut de pouvoir se porter en dehors des murs protecteurs de la salle associative, lui qui attire déjà suffisamment les regards et pire rien que pour son paraître brut sans jamais l'avoir vraiment cherché ; le corps jugé non-conforme et l'attitude des autres, sourcils arqués, qui lui donnerait envie de disparaître sous terre en attendant que la foule passe, et les stéréotypes de genre assimilés plus par survie que par réelle envie, et dans sa main un verre vidé depuis déjà trente minutes au moins, le goût immonde qui lui a tué l'envie d'en prendre un autre, tant pis pour la cagnotte qu'il finira bien par remplir autrement. La foule créé un brouhaha qu'il n'essaye même plus vraiment de comprendre, quelques petites rencontres avant de vaquer à de nouvelles occupations pour chacun des interlocuteurs, lui qui a bien envie de ne plus trop tarder, puis celle qu'il n'attendait plus.

C'est Milho en face, ou plutôt l'ombre de lui-même sans le compagnon qui a souvent suivi à ses côtés, les traits plus gris et plus tirés aussi, sûrement, mais qui a fait l'effort de venir comme s'il y avait quelque chose à prétendre, ce que le plus jeune comprend. Le norvégien qui a souvent été silencieux sur les maux qui ont pu le troubler, mais qui ne sont pour autant pas bien difficiles à discerner, comme si le vent le poussait proche d'un gouffre dont on ne connaîtrait pas la fin - Melech qui dans sa candeur est encore sincèrement loin de l'imaginer. « Milho? », le châtain qui tente en réponse, avant de le relancer à nouveau. « Ca fait très longtemps maintenant, qu'est-ce que tu deviens? », et sa propre question qui le gifle de sa banalité insupportable ; Melech qui peut s'en douter sans réellement se mettre à sa place, pour ne jamais avoir connu de tels troubles, et lui qui se promet intérieurement qu'il n'aurait jamais le courage d'affronter l'amnésie de celui qui occupe constamment ses pensées sans laisser son esprit se faire dévorer. Le corps bien plus frêle qui s'approche doucement, comme on apprivoiserait un chat sauvage, le doigt qui indique une table dans le fond, plus libre, estimant que la réponse aux questions posées pourrait nécessiter plus d'intimité. « Il y a des nouvelles, par rapport à Ulrik?», et le ton doux comme un nuage à tel point qu'on en devine plus certaines syllabes qu'on les entend, le signe de la timidité de l'orateur qui se rêve plus qu'il ne devient encore, tant que la situation ne demande pas des éclats de voix.

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Il y a quelque chose de naturel, puis d'atrocement différent, dans son regard, dans leurs intéractions. Comme s'il avait manqué une oeuvre d'art sur un mur et qu'il ne restait plus que la peinture ; impossible de penser qu'elle n'ait pas fait partie du décor, et ce vide comme un gouffre qui attirerait l'attention comme le ferait un trou noir. Et le trou noir d'Ulrik qui reste toujours aussi compliqué à gérer, Melech qui aimerait bien lui dire d'y croire, de s'accrocher, mais qui ne dit rien sur ces propos que Milho a déjà du entendre mille fois, par pudeur de ne pas faire mine que ce soit facile. Rien qui ne doit l'être, vu la situation de crise. Les deux jeunes adultes qui ont fini par prendre place dans le lieu précédemment pointé du doigt, et la musique dansante qui se fait moins tonitruante, l'ambiance plus propice au recueillement, et aux confidences. « Ma tante est médecin, si c'est juste toi, elle a dit que c'est parce que ça avait simplement touché cette partie du cerveau, et que les neurones mettaient du temps à se réparer, mais qu'ils le faisaient. Il faut le temps qu'ils érigent de nouveaux chemins seulement, mais ce n'est pas complètement perdu. » Le ton qui se veut rassurant, mais Melech qui voudrait surtout y croire lui aussi, le croyant qui avait plus tendance à penser en une force supérieure qui avait pu vouloir le tester à le faire naître dans un corps qu'il n'aura jamais pu connaître pour en légitimer les violences quand elles étaient devenues trop importantes, mais sa pseudo-thérapie qui aura un effet moindre sur le reste du monde.

La triste façade qui ne cache plus rien de son désarroi d'être séparée du tableau qu'elle aura fièrement soutenu pendant des années, celle dont on ne peut que se douter qu'il y a quelque chose qui ne va pas ; qu'il y avait quelque chose et que cette chose n'est plus là. « Ça avait un sens, Milho. Ça en avait vraiment. Et il y a un sens à tout ça aussi, il faut juste le trouver. Il va te redécouvrir, forcément, il va réaliser que c'est toi. Il va avoir la chance de tomber à nouveau amoureux de toi, aussi. Ulrik t'aimait, et il t'aimera, toi tu n'as pas changé, et lui non plus! Je suis sûr qu'il arrivera à se souvenir en temps voulu. » Milho qu'il n'a jamais identifié comme faisant partie des plus patients, mais le plus jeune des deux qui a bien envie d'essayer quand même, qui y croît encore, qui se dit que si l'espoir meurt alors autant tout retirer. « Est-ce que tu as réussi à trouver des personnes qui sont passées par là, qui pourraient te donner une idée sur ce que tu peux attendre de la suite? Genre un groupe de parole ou quelque chose du genre? » L'optimisme nuage du Hirschel qui ne se rend pas compte que parfois c'est vain, que ça ne sert à rien de chercher le bonheur à tout prix, que les autres ont parfois aussi envie de se reposer. Les yeux qui se plantent dans le regard bleu acier de son interlocuteur, l'envie de devenir un peu ancre comme l'aîné a pu l'être dans le trouble des années qui ont précédé la présente - parce qu'il ne faut surtout pas se permettre de lâcher, d'abandonner.