[Flashback] And one day, she came back - Leonel & Jordan

Une nouvelle année allait se dérouler. T’espérais quelle soit meilleure que celle passée, qu’aucune mauvaise surprise n’allait pointer le bout de son nez. Avec le restant de la bande, vous aviez décidé d’aller faire ça dans un bar, entre vous. C’était l’occasion de vous retrouver, et faire ça sans les prises de tête. Malgré tout, tu n’arrêtais pas de penser à Martin. Bien que sous-bonne garde, tu voulais t’assurer que tout aille bien à la maison. À cette période, il pleurait encore beaucoup, et acceptait difficilement tes absences. C’était la première fois que tu le laisses à un baby-sitter, et ça toute une nuit. Sorti discrètement, tu avais passé un coup de fil. C’était pour te rassurer, rien de plus. Assis sur la terrasse, emmitouflé, tu t’étais isolé le temps de quelques secondes. À peine le téléphone rangé dans l’une de te poches, qu’une voix t’avait interpellé. Il était difficile de reconnaître la voix de la personne tant il y avait un vacarme. La foule s’extasiait de passer le dernier jour de l’année 2018. Tu avais dû te tourner pour distinguer la personne. Elle était là, revenue comme par miracle. Jordan, celle qui a toujours su faire chambouler ton cœur en un rien de temps. Tout c’était arrêté net autour de toi. Le souffle coupé, non pas par son sublime minois, les secondes s’écoulaient dans un silence de plomb. Partagé entre l’envie de lui sauter dessus, de l’embrasser comme un fou, et de partir sans même lui adresse un mot. « Jordan … mais … » Une main au visage, tu t’empêchais d’exploser. Tu n’arrivais pas à t’en remettre. Tu restais assis. « Comment t’as fait pour me trouver ? » Voilà la seule chose qui te venait. C’était mieux ainsi. Tant que l’incompréhension primait, tu ne pouvais lui crier dessous pour tout le mal qu’elle a pu vous faire subir en fuyant comme une voleuse. « Ne me fais pas le coup de la surprise de fin d’année. »

T’avais juste envie d’éclater la tête de ton frère. Pourquoi il est toujours fourré sur les réseaux, et toi aussi ! Pourquoi tu avais mis cette géolocalisation. T’es con, tu te tires toi-même une balle dans le pied. Dans le genre je suis un mec discret, tu pouvais mieux faire. « Ah … oui, ça explique. » Malheureusement lorsqu’elle te dit que tu lui manquais, tu peines à la croire. Voilà que cela faisait près d’un an qu’elle était partie, ne donnant aucun signe de vie durant tout ce temps. Elle aurait pu t’envoyer des messages, ne pas faire la morte. Pourtant, elle avait agi comme tel. Ne donnant aucun signe de vie. Mais cela ne t’avait jamais surpris, juste brisé. Tu pensais que vous étiez au-dessus de tout ça. Visiblement tu avais tort. « Le jour de l’an ? » Tu penses qu’elle aurait pu trouver une autre date, un moment où tu serais tranquillement chez toi, et non pas en train de faire la fête avec tes potes. Mais surtout tu te demandes pourquoi elle n’était pas revenue quand tu avais besoin d’elle. Elle avait pris place en face de toi, et tu ne pouvais t’empêcher de souffler avec un rire agacé. « Parce que la mort de mes parents n’était pas le bon moment ? » Avais-tu lâché les sourcils froncés. T’avais envie de partir tant ce qu’elle venait de dire t’avait blessé et attristé. Comment pouvait-elle dire ça ? « Je crois qu’au contraire ça aurait été le bon moment ! » Et un silence s’était installé. Long et pensant. Tu n’arrivais pas à la regarder dans les yeux, à lever tes fesses de cette chaise pour retourner à l’intérieur. Perdu dans tes émotions, tu ne savais plus comment agir. Elle avait fini par rompre le silence, dévoilant qu’elle était revenue pour toi. Après un rapide regard vers elle, tes yeux s’étaient à nouveau posé sur la table. « J’comprends pas. »

Tu n’avais pas la force de t’énerver, ni même l’envie. Encore sous le choc, tu constatais pourtant à quel point elle était mal. Rare moment pour Jordan. Mais elle avait toujours été sincère avec toi. Alors pourquoi ne t’avait t-elle pas dit tout ça avant de partir ? Tu lui aurais donné de l’espace. Tu aurais pu comprendre. Je dis ça au passé, car aujourd’hui, comme hier, tu ne peux plus. « T’as mal pensé. » Avais-tu bredouilles entre tes dents. Elle avait eu faux, du début à la fin. « Mais t’es pas toute seule, MERDE. » Ça avait été plus fort que toi, il avait fallu que ce dernier mot soit plus fort que les autres. T’étais juste agacé que tout soit remis selon elle. Et toi dans l’histoire, tu comptais pour du pruneau ? Tu n’avais même pas pris en considération le fait qu’elle trouvait que c’était une bonne idée de revenir pour la nouvelle année. Tu étais bloqué sur la première phrase. Et lorsque tu t’offusques au sujet du décès de tes parents, Jordan s’emmêle, ne sachant plus comment se sortir de cette situation qu’elle n’avait pas désirée. « Mais Jordan, je m’en foutais de tes fleurs ! J’aurai eu besoin de toi, pas de pauvres plantes. T’étais pas la pauvre voisine du quartier. » Voilà plusieurs jours que tu n’avais pas parlés d’eux. Tu détestais en parler, évoquer tout ça. T’avais envie de renverser tout sur ton passage, tant que ça te mettait hors de toi. Ce n’était pas qu’un stupide accident.
« T’as mis près d’un an pour comprendre ça ? Un an ? » Toujours les yeux fixés sur la table, tu parlais de manière assez lâche. Tu ne comprenais pas la situation. Ne comprenais pas ton ex-fiancée. « Fais ce que tu veux. T’as pas besoin de ma permission pour le faire visiblement. »

Tu ne savais pas quoi lui dire de plus. Elle admettait complètement ses torts, chose qu’elle ne faisait pas habituellement. Tu avais envie de la croire, d’être de son côté. Mais il y avait tellement de rancœur en toi qu’il t’était tout simplement impossible de faire comme si rien ne c’était produit entre vous. Mais un semblant de guerre froide avait eu lieu, vous obligeant à avoir cette conversation en ce jour. Tu l’écoutais, et ne surenchérissais pas. Vous vous faisiez assez de mal comme ça. Il était inutile d’envenimer les choses et de vous pourrir d’avantage cette dernière soirée de l’année. Tu estimais que tu n’avais rien de plus à lui dire, et le lui avais très clairement fait comprendre. Tu lui en voulais de cette longue absente et n’étais pas prêt à passer à autre chose. Non ça, tu ne le pouvais. Tu ne revoyais plus les magnifiques moments passés ensemble. Tu ne repensais qu’à cet abandon si soudain et douloureux. Suite à ta phrase sanglante, tu l’avais laissé se lever. Tu l’avais blessé, tu le savais. Mais sur le moment, tu t’en contre-fichais. Tu ne voulais pas la rassurer, lui dire que tout allait bien se passer. Depuis, tu avais refait ta vie, rencontré des femmes et vécu des moments encore plus douloureux que son absence. Tu pensais avant tout à toi, à ce cœur meurtri qui balance encore par moments pour elle, cette blonde renversante. Tu l’avais regardé partir sans même réagir une seule seconde, puis étais retourné comme si rien n’était avec tes amis. Préférant passer sous silence vos retrouvailles.

FIN