(flashback, SWALY) le destin croise nos regards

Prêts à pouvoir regarder le film, vous échangiez sur l’évènement survenu plus tôt dans la journée. Rencontre hasardeuse dont tu ne reviendrais pas là-dessus, contente qu’il est pris en considération ton interpellation sur ta disponibilité du soir. Le jeune homme n’avait pas perdu de temps, te proposant ce date orignal, te changeant des soirées bars ou restaurants. S’il t’avait proposé une sortie au cinéma, probablement, même certainement que tu aurais refusé, proposant autre chose à la place. Mais le contexte est différent. « Hm je comprends, ça ne vous aura pas trop fatigué alors. » Luis dis-tu dans l’espoir que la soirée ne s’achève pas trop tôt, sous la fatigue d’une journée bien chargée. Comme la dernière, tu voudrais qu’elle dure et dure, sans voir les minutes s’écouler. Mais chaque soirée est différente. Comme le fait que tu apprécies de le revoir, qu’il te rappelle qui tu es véritablement. Sans chercher à savoir tout de toi. Sa discrétion voilà ce que tu retiens énormément de lui. Puis tu lui proposes de partager la couverture, honteuse de l’avoir pour toi toute seule. Gentiment, il la refuse, te la laissant plus longtemps rien que pour toi. « Ça ne te dérange pas ? » Dis-tu amusée, tout en le regardant se rapprocher de toi, doucement, à pas de loup. Tout est douceur, et lenteur. Étonnant pour une femme qui ne souhaite pas s’encombrer des hommes, d’aller à l’essentiel, et juste ne pas se prendre la tête. A l’inverse, avec Swan vous y allez mollo, sans précipiter les choses, sans arrière-pensée. Tu farfouilles dans ton sac et en sors non pas un paquet mais une boîte de différents bonbons. Toi qui as les papilles gustatives très développées, qui frissonnes à tout ce qui est relevé en goût ou piquant, mange essentiellement ces bébés gélifiés et parsemés de sucres qui piquent en bouche. En les mâchant, tu grimaces toujours, plissant ton petit nez, les yeux fermés. Swan vient te taquiner, te demandant de parler de tes goûts, tout en excluant les bières. Taquinerie. Tu ne peux t’empêcher de lui donner un léger coup d’épaule avec un petit sourire en coin. « Ça. Surtout les langues de chats. » La boite ouverte, tu te sers et lui proposes l’un de ces bonbons qui te décoche en un rien de temps une petite grimace. On pourrait croire que c’est une torture, que ton estomac va se soulever tant le goût est insupportable. « Bon, c’est moins goûteux que la bière, mais ça va. » Rajoutes-tu. « Et toi ? Tu dois forcément avoir quelque chose d’intéressant dans ton sac, vu sa grosseur. »

Parler de son entraînement du jour, au final, ça paraissait assez inévitable. D’une, à cause de la blessure paraissant assez grave de son coéquipier et de deux, parce que sans ça, ils ne se seraient certainement pas retrouvés ici ce soir. De toute façon, cette discussion ne peut que tourner court comme Swan lui annonce, ils sont bien vite cessés de s’entrainer après son départ. Il n’y a donc pas grand-chose à raconter et dans le cas contraire, l’ukrainien n’est pas certain que cela intéressait la demoiselle. Hm je comprends, ça ne vous aura pas trop fatigué alors. L’étudiant la regarde d’un air malicieux, pensant avoir compris où elle souhaitait en venir. Non, il ne partira pas de sitôt sauf si bien sûr, il finit par s’ennuyer mais avec Calypso, il est plutôt confiant que ça ne sera pas le cas. Cette brunette a le don de le divertir. Elle sait retenir son attention. La preuve, voilà de nombreuses semaines qu’ils se connaissent et malgré l’absence totale de sexe, il cherche toujours à la revoir. Heureusement qu’il n’est pas du genre à se poser des questions sinon il se demanderait déjà ce que ça peut bien signifier.
Ça ne te dérange pas ? D’un geste de tête négatif, il lui indique que non. Il n’a aucune raison de lui piquer un bout de couverture pour l’instant, à l’aise avec la température actuelle. Par contre, il ne se gène pas pour se rapprocher d’elle malgré tout. Bien que distant la grosse majorité du temps, avec Calypso, il commence à se montrer de plus en plus tactile. Cependant, il n’en fait pas trop non plus, ne souhaitant pas étouffer la brunette. Puis, ce n’est pas dans ses habitudes. Curieux d’en savoir plus sur elle, il l’interroge sur ses goûts en matière de confiseries puisqu’apparemment, c’est exclusivement de ça qu’ils vont se nourrir ce soir. Ça. Surtout les langues de chats. Elle aime donc le piquant, au sens propre du terme. Lui, il choisit une petite bouteille coca cola. Alors qu’il la voit grimacer à cause de son bonbon, une envie soudaine le prend et ne cherchant même pas à la contenir, Swan lui vole un baiser. C’est soudain et alors qu’il se recule déjà, il lui décroche un sourire amusé avant de manger son bonbon presque comme si de rien n’était. Bon, c’est moins goûteux que la bière, mais ça va. Il ne retient pas un léger rire. Elle aime la bière, il l’aura compris. Et toi ? Tu dois forcément avoir quelque chose d’intéressant dans ton sac, vu sa grosseur. En effet, lui non plus n’a pas fait les choses à moitié. C’est ça quand il se retrouve au rayon confiseries, il a du mal à se raisonner. L’ukrainien se redresse et fouille dans son sac, cherchant quoi proposer à Calypso en premier. Des reese’s, qu’il dit en lui proposant un paquet de deux. C’est un incontournable et pourtant, il n’en avait jamais goûté avant de mettre les pieds aux Etat-Unis. Puis il sort un paquet de popcorns sucrés. Parce que quoiqu'on en dise, un film sans popcorn, c'est tout de suite plus triste. Amusé de sa propre remarque, il sourit.

Un bonbon dans la bouche, tu te mets à grimacer, fermant les yeux en réflexe. Et il n’en faut pas plus pour Swan qui vient te voler un baiser. Simple et rapide. Le genre de baiser que l’on échange quand l’on est enfant, celui que l’on fait timidement à son amoureuse de la cour de récréation. Surprise de ce geste, tu ouvres les yeux et le regardes, lui qui est fier de son action de maître. Amusé de son attitude, tu roules des yeux, et pose très fortement qu’il est chanceux. S’il n’y avait pas cette attirance, ce petit jeu de séduction, alors monsieur se serait fait recevoir. Tu aurais pris tes clics et tes clacs et serait parti sans lui laisser une chance de s’excuser. Tu ne veux pas qu’un homme décide pour toi, qu’il pense que tout est accessible avec toi. Mais avec Swan, c’est complètement différent. Tu ne doutes pas que son intention fût bonne, loin de celle que tu rencontres régulièrement avec les hommes, bien plus intéressés par ton corps que par ce qu’il y a à l’intérieur. Coucher avec eux ne te dérange pas, mais tu n’aimes pas l’idée que l’on pense que t’es uniquement un jouet sexuel. Swan vient à présent te montrer son petit pêché, celui qu’il cache bien au fond de son sac. Il te tend un paquet de Reese’s. Il y a longtemps que tu n’en as pas mangé. « Oh ça fait une décennie que j’en ai pas mangé. » Enfant, c’était ton goûté fétiche. Tu les trempais dans un verre de lait froid, et les savourais sans t’en lacer. Mais en prononçant cette phrase, tu ne fais pas le rapprochement. En Grèce, il est impossible d’en trouver. Toi qui es sensé avoir vécu en là-bas jusqu’à il y a trois ans. « Ah t’es de la team sucré. » Lances-tu à Swan qui sort un paquet de pop-corn au sucre. A nouveau tu farfouilles ton sac et en sors également un paquet. Mais à l’inverse, le tien est salé. « On ne va pas s’entendre là-dessus. » Tu souffles amusée, et viens ouvrir le paquet de Reese’s que le jeune homme t’a donné il y a peu. De mémoire, tu essayes de te rappeler de ce goût exquis. Enfant, tu gardais le paquet rien que pour toi. Trop avare pour donner un gâteau à quelqu’un d’autre. Tu portes le gâteau en bouche, et c’est une dizaine de souvenirs qui te reviennent à l’esprit. Bouche terminée, « J’avais oublié à quel point c’était bon. » Une annonce vient vous sortir de votre conversation, déclarant que le film va commencer. Tu pousses loin devant ton sac et tout ce qui est posé devant toi, afin de libérer la place, afin de t’installer confortablement. « Excuse-moi, tu permets. » Et tu n’attends pas son autorisation, tu mets à plat ventre, allongée, les mains sous le menton, soulevant ta tête.

Ça ne lui vient même pas à l’esprit, la possibilité qu’il ait pu faire une connerie en l’embrassant comme ça, sans prévenir mais avec Swan, ce n’est pas étonnant. L’ukrainien a tendance à suivre ses envies, aussi égoïste que celui puisse être. Il faut dire que niveau prise de têtes, c’est le dernier. Il déteste trop réfléchir, se poser mille et une questions. Quand il a envie de faire quelque chose, il le fait, c’est tout – dans la mesure du possible bien sûr – et pour le coup, il avait envie de l’embrasser alors, il l’a embrassé. Elle ne peut pas lui en vouloir. C’est un homme avec des besoins et des envies et lorsqu’une belle femme comme elle lui plait, il a bien du mal à se contenir. Il ne peut tout simplement pas se contenter des quelques baisers échangés au bar la dernière fois et au fond, si elle continue de vouloir le revoir, c’est que l’envie est partagée, non ? En tout cas, ce baiser inattendu n’entraine aucune mauvaise réaction de la part de la brunette. Au contraire, elle sourit et bien évidemment, Swan prend ça pour un bon signe.
Swan en vient à partager ses reese’s, confiserie dont il raffole depuis son arrivée aux Etats-Unis. Visiblement, ça met la demoiselle en joie. Oh ça fait une décennie que j’en ai pas mangé. Son enthousiasme lui arrache un sourire. Une décennie que t’en as pas mangé ? Je dirais que ça fait une décennie que je fais que ça ! qu’il répond, sourire amusé aux lèvres. Il fait le compte en silence et hoche légèrement de la tête. C’est bien ça, un peu plus même maintenant, que le temps passe ! Dire qu’il n’était qu’un gosse quand il est arrivé à New-York. Ah t’es de la team sucré. On ne va pas s’entendre là-dessus. L’étudiant la regarde sortir un paquet de popcorn et comprend vite qu’elle les préfère salé. Il hausse les épaules ce qui lui donne automatiquement un air nonchalant. Tu pouvais pas être parfaite, hein, qu’il lui répond, un air malicieux sur le visage. Swan, il aime tester les filles avec qui il flirte afin de voir si elles ont du répondant mais à vrai dire, avec Calypso, il n’a pas grande inquiétude à ce sujet.
La brunette finit par gouter un premier reese’s et sa réflexion amuse l’ukrainien qui ne résiste pas à s’ouvrir un paquet. Une fois la première bouchée avalée, il dit. Je sais pas comment t’as fait pour te passer de ces petites merveilles pendant dix ans. Je veux dire, comment t’as fait sérieusement ? Tout son visage marque l’amusement que lui procure de la situation. Evidemment, il la taquine mais il trouve la statistique étonnante quand même. On trouve des reese’s partout dans ce pays ! Ils sont interrompus par une annonce : le film va commencer. Excuse-moi, tu permets. Il la regarde s’installer sans bouger d’un pouce, jugeant sa position suffisamment confortable. Maintenant, il espère juste que le film soit bon.

C’est plaisant de parler de vos goûts, d’échanger sur des sujets peu sérieux, d’apprendre à se découvrir, encore davantage. Jamais tu ne t’es autant intéressée à un homme. Normalement, vous n’apprenez pas à vous connaître. Vous vous contentez de vous voir quand vous en ressentez le besoin, le désire de coucher l’un avec l’autre. Mais avec Swan, vous ne vous forcez pas. Tout se fait naturellement, sans que vous prévoyiez quoi que ce soit. Et c’est plaisant de pouvoir prendre du bon temps, sans se prendre la tête et voir où ça mène. Tu acquises de la tête quand Swan s’étonne du fait que tu n’en ais pas mangé depuis toutes ces années. « Je vois que j’ai à faire à un véritable fan alors. » Sa réponse t’amuse. Vous continuez à échanger sur vos goûts. Rencontrez pour la première fois une divergence d’avis. Sur du pop-corn. « Désolée de te décevoir. » Avec un sourire, tu réponds à sa malice. Te fichant complètement d’être imparfaite. Au contraire, t’es satisfaite de cette réponse. Qui peut être parfait ? Nos défauts font de nous des hommes, rendent les choses plus savoureuses. C’est comme ça que l’on se sent vivant. « J’espère que ça ne te dérange pas plus que ça. » Tu fais mine d’être désolée pour lui, d’avoir brisé ses possibles espoirs. Car s’il savait tout de toi, il verrait que t’es complètement imparfaite. Que ta vie a rencontré de nombreux obstacles. Résultat, t’es une fracassée de la vie, et tu tentes de surpasser tout ça. D’aller de l’avant sans que ton passé ne te rattrape. Mais tu te gardes de lui dévoiler tous les détails de ta vie. Vous en êtes pas à ce stade, et franchement y a pas grand intérêt à tout déballer. Sauf à plomber l’ambiance. « Je suis plus du genre à manger des céréales dans un bol de lait froid. » Tu n’es pas la plus gourmande. Tu te lasses facilement de tout ce que tu peux manger. Seuls les plats asiatiques restent tes plats préférés. Ceux que tu peux manger quotidiennement sans en éprouver de la lassitude. « Par contre, toi t’as l’air le genre de personne qui serait prête à tuer pour avoir droit à ta dose. » Tu te mets à rire, mais c’est un peu l’image que cela donne. Alors que le film débute, tu t’allonges à plat ventre, et fouille dans ton sac ton boîtier à lunette. Ton français est extrêmement mauvais, et de là, les sous-titres sont trop petits pour tes yeux. Lunettes en main, tu les enfiles sur le nez et en profite pour ouvrir deux bières. Dont une que tu tends à Swan. « Ça ne te dérange pas les films en vo ? » Toi qui n’es pas un fan des films, tu ne regardes qu’en version originale, trouvant qu’il est plus facile de juger la qualité du film.

Swan qui débat de confiseries avec une femme, c’est suffisant inhabituel pour être souligné. Habituellement, il ne débat pas parce qu’il ne parle pas. Il rencontre une fille dans un bar, comprend assez rapidement qu’elle souhaite la même chose que lui et donc passe donc à l’essentiel. Il a peut-être tort mais pour l’ukrainien, faire la conversation, c’est perdre du temps. En plus, il n’est pas le mec le plus bavard du monde et il n’aime pas se forcer. Pourtant, avec la brunette, il discute et naturellement, en plus de ça. C’est différent, il en a conscience mais pas désagréable. Désolée de te décevoir. J’espère que ça ne te dérange pas plus que ça. Satisfait de la répartie de Calypso, il n’en montre cependant aucun signe et continue à jouer le jeu. C’est difficile à comprendre mais bon… je pense que je peux faire avec. A nouveau il hausse les épaules, geste devenu si naturel qu’il ne s’en rend même plus compte.
Je suis plus du genre à manger des céréales dans un bol de lait froid. Swan ne sait pas trop d’où vient cet aveu mais il prend. Après tout, ce n’est pas comme si leur conversation devait véritablement avoir un sens. Il s’en moque lui de pourquoi elle lui dit ça et pourquoi maintenant. Il se contente de prendre ce qu’elle veut bien lui donner. Par contre, toi t’as l’air le genre de personne qui serait prête à tuer pour avoir droit à ta dose. L’étudiant la regarde rire et un sourire lui étire les lèvres. Il aime son rire. Tout dépend de la personne, qu’il finit par dire, si naturellement que ça pourrait presque en être effrayant.
Le film commence. La brunette s’installe pour être à son aise et l’ukrainien ne résiste pas à l’envie d’ouvrir un second paquet de reese’s. Ces petites choses là ont le don de lui mettre l’eau à la bouche. Ça ne te dérange pas les films en vo ? Ses yeux quittent le grand écran pour se poser sur Calypso. Ses lunettes l’interpellent. Ça lui donne un air de première de la classe. Très sexy, il doit bien l’admettre. Ravalant le sourire qui lui vient aux lèvres, il s’approche d’elle pour pouvoir lui répondre sans avoir à trop hausser le ton. Non, je les regarde que comme ça. Il a toujours trouvé que les traductions ne rendaient pas justice aux films et à présent qu’il est habitué à tout regarder en anglais notamment, il ne se voit pas repasser aux films anglais traduits en ukrainien ou russe, autres langues qu’il sait parler. Ça fait un sacré bail que je n’ai plus vu un film en noir et blanc ! qu’il s’exclame à voix basse.

Tu ne peux t’empêcher de le regarder fixement pendant un long instant. Tu ne sais comment prendre le sens de sa phrase. Tu ne le connais pas encore très bien, mais tu ne le vois pas tuer quelqu’un pour un pauvre Reese’s. Il ne rit pas, ce qui t’oblige à lui rendre son paquet. « Je ne voudrais pas te froisser. » Tu pousses le paquet vers lui, optant l’humeur. Tu préfères prendre sa phrase de cette manière, et éviter de le voir comme un homme violent. Tu sais les reconnaître, et il n’en a pas l’allure. Quoi que selon les psychologues, les enfants et les femmes battues recherches un lien qui leur rappelle cette violence. Tu n’en crois pas un mot. Comme si on décide d’être une victime. Un véritable, pas une prétendue qui souhaite faire parler d’elle pour de mauvaises raisons. Pourtant, tu n’es pas du genre à vouloir militer contre ses escrocs. Toi tu restes tapi dans l’ombre. Comme de nombreuses victimes qui ne veulent dévoiler leur malheur. Car il t’appartient. Enfin, surtout, tu n’as aucun pouvoir. Lui, si.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » Demandes-tu quand tu constates qu’il ravale un sourire. Est-ce que tu aurais dit une bêtise ? Et Swan avoue qu’il ne regarde que des films en version originale. Au moins il sait les apprécier. Ce n’est pas tout le temps évident. Ça demande une certaine habitude. Mais à la fin, on a l’impression d’avoir véritablement vécu le film, et on oublie que c’était en une langue différente de la nôtre. « C’était quoi le dernier ? » Et pourtant, ce sont les meilleurs. Enfin, il faut dire que c’est principalement ceux-là que tu connais. Ne portant pas d’importance à ceux qui sortent actuellement. Et tu te décides de te relever, préférant t’allonger de manière à poser ta tête sur la cuisse de Swan. Un coussin humain. Cette position risque d’être inconfortable pour manger ou boire, mais tu te sens bien. Tu devrais uniquement faire attention à ne pas t’endormir. Le sommeil pouvant te gagner à tout moment. « Je ne vais pas te mentir, ça fait des années que je n’ai pas regardé un film. » Autant lui dire tout de suite, avant qu’il ne te pose quinze mille questions, et que tu ne sache trop quoi lui répondre.

Je ne voudrais pas te froisser. L’ukrainien fronce les sourcils, ne comprenant pas d’où lui vient une telle remarque. Pour quelle raison serait-il froissé ? Lui a-t-il fait comprendre d’une façon ou d’une façon qu’il l’était ? Il n’en a pas l’impression en tout cas. Il n’est pas le genre de gars à se vexer pour rien, pour ça il faudrait déjà commencer par se soucier de ce que peuvent penser ou dire les autres. Il en est loin. Il a bien envie de lui demander pourquoi soudainement elle pense ça mais d’un côté, il n’a pas envie de se prendre la tête surtout que le film a commencé. Alors, il se contente de lui redonner le paquet. Garde-le, j’en ai d’autres. Plein d’autres, une véritable réserve. Je suis pas froissé au passage, parfaitement lisse, qu’il ne peut s’empêcher d’ajouter, un sourire certainement bête sur le visage en passant une main sur son t-shirt lui aussi lisse, sans pli.
Qu’est-ce qu’il y a ? Oups, il se pourrait qu’elle ait remarqué le soudain intérêt avec lequel il a constaté qu’elle portait des lunettes et peut-être même le début de sourire qui pointait sur ses lèvres. Alors, loin de se débiner, l’étudiant joue la carte de l’honnêteté. Tes lunettes. J’aime bien. Simple et efficace. Tout lui quoi. Il n’a pas l’habitude de s’encombrer de mots inutiles. C’était quoi le dernier ? Le dernier film qu’il a vu en noir et blanc ? Swan y réfléchit et plus les secondes passent plus il réalise qu’il n’en a aucune idée. Elle vient de lui poser une colle. Honnêtement ? Je m’en souviens même plus ! Tu te souviens du tien ? Il la voit bouger, visiblement insatisfaite de sa position actuelle et c’est avec surprise qu’il la regarde poser sa tête sur sa cuisse. Non pas que ça lui déplaise, il ne s’y attendait tout simplement pas. Je ne vais pas te mentir, ça fait des années que je n’ai pas regardé un film. La révélation le surprend tellement qu’il n’a pas davantage de temps pour penser à sa tête sur sa cuisse, tout près de son intimité. Vraiment ? qu’il ne peut s'empêcher de répondre, les sourcils froncés, comme si il avait besoin d’une confirmation pour véritablement y croire.

Le paquet de gâteau revient dans tes mains, tandis que Swan se masse le torse pour montrer son t-shirt lisse comme tout. Il n’a pas tort, il ne présente pas un pli. L’étudiant semble savoir parfaitement comment détourner la conversation, tout en usant de son humour. Ce qui n’est pas pour te déplaire. Sourire amusé au bord des lèvres, tu restes silencieuse, incapable de déranger ce silence paisible. Les murmures se sont tus, et l’agitation a laissé place à des corps stoïques. Chacun se prélasse sur l’herbe, regard tourné en direction du grand écran. Seul Swan ne suit pas le mouvement. Ses prunelles s’attardent quelques instants sur toi, sourire en coin. Et tu le sens. Cela proviendrait de tes lunettes. Accessoire qui fait des miracles. Transforme le brouillard en quelque chose de visible. En plus de te rendre la vision, elles font leur petit effet auprès du jeune homme. Lèvres pincées, « Merci. » tu prends son compliment avec plaisir. Vous poursuivez à échanger des banalités. Vous informant sur les derniers films vus sans couleur. Il semble éprouver des difficultés à se remémorer. Cela ne l’a certainement pas marqué. Ou alors tout comme toi ça remonte à des années en arrière. Bien trop loin dans le passé pour qu’on puisse s’en souvenir. « Elephant Man, je crois bien. » Grimace au visage, tu n’es pas certaine de ta réponse. Tu parles d’un souvenir vieux de plus de dix ans. Comment en être certain ? Tu soulèves les épaules, avant de changer finalement de position. De venir poser ta tête sur la cuisse de Swan. Sans une demande, sans un mot. Tu le fais, point. S’il était en désaccord, il n’aurait pas manqué de te le dire. Mais ce petit baiser qu’il t’a volé il y a quelques minutes te fait penser qu’il ne sera pas contre. Au contraire. Tu lui avoues ne pas être le genre de personne qui regarde des films. Ça le surprend. Lui qui t’a rencontré dans un bar, pendu au-dessus d’un livre. Qu’est-ce qu’il y a de surprenant en soit ? « Hm. » Simple haussement de son. Tu t’empares d’un gâteau, en prends un morceau puis reprends. « Tu as devant toi l’une de ses rares Américaines qui a remplacé la télévision par une bibliothèque taille xxl. »