good morning | victoire

La nuit a été mémorable, un petit concert dans un bar, une belle engueulade, des crises de fous rire, une belle soirée de plus. Je me réveil ce matin après avoir dormi tard, il est peut-être dix heures et demi. Je m’étire et baille avant de me lever et d’aller dans la salle de bain. Une bonne douche ne me fera que du bien. Je reste un moment sous la douche et m’apprête à sortir quand je me rends compte que j’ai oublié de prendre mes vêtements avec avec. Je ne vais pas remettre ceux d’hier, ils sentent la cigarette et l’alcool. Je les mets à la machine et sort de la salle de bain avec une serviette accroché autour de ma taille avant de me diriger vers ma chambre. Loar dors surement encore, ou pas d’ailleurs. J’ai bien envie d’aller le faire chier mais je vais m’abstenir surtout dans cette tenue ou non tenue. J’allais retourner dans ma chambre, mais j’ai eu envie de manger quelque chose et je me dirige vers la cuisine oubliant presque que je n’ai qu’une serviette autour de la taille. Je me prends un bol et prépare mon petit déjeuner et j’entends du bruit avant de me tourner et de voir Victoire la troisième coloc arriver. Je lui fais un beau sourire et j’allais prendre un verre dans le meuble quand je sens la serviette tomber. Et merde. Je me pince la lèvre, il n’y a plus que le plan de travail qui me cache un peu mais sinon je suis carrément à poil et je reste là comme si rien n’était bizarre, pas dérangé du tout par la nudité, mais j’imagine que ce n’est pas le cas de Victoire qui dois surement être la plus gênée de nous deux.

« Hey salut. »

Je fais comme si de rien était, après tout je n’ai pas à avoir honte, je suis plutôt bien foutu et je n’ai qu’à me baisser pour retrouver un peu de dignité et remettre cette serviette autour de moi.

Je mange mes céréales comme si de rien était. La nudité ne m’a jamais dérangé, pas plus que le ridicule. Je suis sûr qu’elle a dû en voir d’autre de tout manière, enfin de situation je veux dire. Elle porte un petit short et un débardeur que je trouve vraiment sexy sur elle, je ne manque pas de la regarder, puisque je la voie aussi me regarder, après tout pourquoi je me priverai et puis j’avoue que j’ai déjà regardé ses fesses quelques fois. Elle est très jolie, beaucoup trop d’ailleurs et bien trop gentille également. Je lève de nouveau les yeux vers elle quand elle me dit « elle va attraper froid ». Je souris et je me marre.

« Ne t’en fais pas, elle aime bien prendre l’air de temps en temps. C’est plus un concours de circonstance. Je pensais être seul. »

Je renchéri un peu, parce que je suis comme ça, franc et naturel. Il n’y a rien que mieux que le naturel. Je ne peux pas m’empêcher de dire ce que je pense.

« Tu devrais essayer. »

Je continue de lui faire un grand sourire, évidement que j’aimerai qu’elle essaie, mais je ne suis pas pervers à ce point, peut-être juste un tout petit peu. Je me baisse et repose la serviette sur ma taille, histoire que ça soit tout de même un peu moins bizarre.

« Je t’assure que je ne suis pas un exhibitionniste. Si ça peut te rassurer. »

Je ne sais pas pourquoi je lui dis, mais autant qu’elle ne s’effraie pas pour si peu. Je ne risque pas d’être à poil sans arrêt. C’est vrai qu’on ne se connaît pas depuis longtemps alors autant qu’elle sache que je ne suis pas une espèce de dingue qui aime se mettre nu quand ça lui chante. Je suis quand même un peu civilisé, juste un peu.

Je lui fais un sourire et je hausse un sourcil à sa remarque. Je la regarde, je la dévisage même et je m’en rends compte pourtant je ne détourne pas les yeux pour autant, elle est belle et j’imagine qu’elle le sait. Je continue de manger mes céréales comme si je n’avais rien avalé depuis plusieurs jours, ça serait plutôt plusieurs heures en fait, mais je meurs de faim, sans doute parce que j’ai un peu bu hier, juste une bièrre, j’évite de trop boire, je n’aime pas tellement ça, ça me rappelle trop mon père qui buvait sans arrêt. Il est mort d’un cancer du pancréas, de ça ou d’une overdose d’ailleurs, ça n’a jamais été très clair de toute manière, mais je ne serais pas surpris que ça soit l’un ou l’autre ou les deux. Je lui réplique :

« C’est plutôt toi qui devrais avoir peur de tomber amoureuse de moi. »

Il parait que je suis un dur à cuire et que ce n’est pas si facile d’être avec moi, demandez donc à Loar, mais dans ce cas précis c’est lui qui était encore plus complexe que moi. On a préféré rester amis. Je la taquine, mais au fond je me demande ce que ça donnerai. Il paraît que je ne suis pas vraiment stable, même si je le suis un peu plus que Loar. Je reste un musicien et j’adore faire la fête et m’amuser je ne sais pas si elle a les mêmes envies, je ne la connais pas assez bien pour le savoir.

Je me surprends à sourire quand je la vois passer derrière après que j’ai remis la serviette autour de moi. Elle n’a pas l’air d’être trop dérangée et j’avoue que ça me plaît assez. Je souris de nouveau à sa remarque. Je ne vois pas pourquoi je me cacherai.

« Quoi tu vu la voir ? Tu sais au fond c’est juste un pénis, rien de bien exceptionnel, je n’ai jamais compris pourquoi on en fait tout un plat. Vous ce sont les seins, nous c’est le pénis. »

Je hausse les épaules, cette discussion devient vraiment bizarre, de si bon matin parler de seins et de pénis … et je suis sobre. Je fini mon bol et me lève, j’attache la serviette pour ne pas être embêté et je range le bol dans le lave vaiselle avant de répondre à sa question :

« Oui, c’était cool. La salle était presque pleine, il y a eu pas mal d’allé et venue, tu devrais venir un soir. Ce soir on rejoue là-bas. Tu peux avoir une place aux premières loges. »

C’est clairement une invitation et j’espère qu’elle l’acceptera.

Elle ne répond rien à ma remarque et ça m’intrigue, un peu beaucoup d’ailleurs. Pourquoi tout à coup s’arrêt-t-elle ? A quoi pense-t-elle en ce moment précis ? J’aimerai le savoir, j’aimerai connaître ses pensées. Je hausse les épaules à sa réponse, on parle de sexe de si bon matin, c’est un peu étrange, mais pas tant que ça. Je n’ai jamais eu vraiment de tabou à ce sujet-là, celui là d’ailleurs ou un autre. Je suis toujours très cash et je n’ai pas peur de parler des choses qui fâchent. Je suis très libre après tout, la vie est courte alors pourquoi se prendre la tête pour des conneries ?

« C’est quelque chose de naturel pourtant on nous fait croire que c’est honteux et qu’on doit le cacher, certains vivent très bien leur libertinage et je trouve qu’ils ont raisons. On se prive de beaucoup de chose parce qu’il faut rentrer dans les normes. Ce ne devrait pas être comme ça. »

Non ça ne devrait pas, mais c’est un autre sujet encore plus délicat que le sexe, la normalité, le conformisme, tout ce que je hais. Je me pose contre le plan de travail et croise les bras en la regardant. Elle n’a pas l’air hyper emballé par l’idée de venir nous voir en concert et je suis un peu surpris. J’avais pensé que ça aurait été le contraire. Qu’elle aurait pu trouver ça cool et dire oui tout de suite, mais c’est un pourquoi pas que je récolte. Je me mords la lèvre sans m’en rendre compte avant de lui dire :

« Tu pourrais être surprise tu sais et c’est une très bonne raison de sortir. »

Je lui fais un clin d’œil, avec un peu d’assistance elle finira par accepter. Nouveau sourire quand elle me demande ce que signifie en première loge. Je hausse les épaules pour moi c’est évident mais visiblement par pour tout le monde :

« En devant de scène, enfin de scène … ça reste dans un bar, mais c’est sympa de pouvoir être devant pour admirer les musiciens et les chanteurs et qui sait tu aura peut-être même droit à un verre gratuit. Tu sera mon invitée spéciale. »

Je lui fais un clin d’œil et un sourire charmeur. Il paraît que je sais comment parler aux demoiselles. Il paraît.

Elle marque un point, c’est bien ce qui me dérange l’attachement … c’est bien pour ça que j’évite de m’attacher, parce que ça me pose un gros souci de conscience.

« Non, mais c’est plus simple de ne pas s’attacher au moins tu ne souffre pas quand tout se termine et c’est souvent comme ça que ça fonctionne, tu t’attache à quelqu’un qui t’abandonne ensuite, ça ne sert pas à grand-chose. »

Mon ton est un peu amer et étrangement je ne pense pas à un homme ou une femme, je pense à mon père. Je m’étais attaché à lui, je m’étais attaché à l’homme qui l’était. J’avais besoin d’un père. Il est mort. Fin de l’histoire. Je ne sais pas comment je suis sensé être avec mes conquêtes, féminines ou masculines, parce que oui je suis bi, alors généralement je préfère ne pas m’attacher. J’essaie de la convaincre de venir ce soir au bar, elle pourrait être surprise de l’ambiance qui règne là-bas. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me demande si elle pouvait amener quelqu’un mais pourquoi pas après tout. Plus on est de fous plus on rit. Je me vexe un peu quand elle me dit qu’elle vient surtout pour la boisson gratuite. Elle ne vient même pas pour moi c’est presque décevant. Je lui réponds :

« Ouai bien sur amène qui tu veux. »

Je m’en fiche bien qu’elle ne sera pas toute seule, du moins c’est ce que je fais croire. Je suis un peu frustré et je crois que ça se sent malgré moi. Je fini par passer à coté d’elle avant de dire :

« Je vais aller me mettre un truc sur le dos. »

Je ne sais pas pourquoi ça m’énerve autant qu’elle vienne de me dire que ce n’est que pour la boisson qu’elle vient, je sais au fond que ce n’est sans doute pas vrai vu son sourire, mais ça m’agace quand même.