Dix-huit jours. Il me restait dix-huit jours pour tutoyer du bout des doigts la perfection. Cette représentation que l'on doit donner est sensé nous transporter dans une autre dimension, une autre sphère. La sphère des gens qui se font arrêter dans la rue par des fans, en quête d'un autographe ou d'un selfie. Cette même sphère qui consume notre anonymat pour nous lâcher dans le grand bain de la célébrité. J'ai essuyé tellement de sang, de larmes, de sueur, que je suis obligée d'être la plus irréprochable possible. Chaque mouvement, chaque demi-tour, chaque pas doit s'inscrire dans une chorégraphie exceptionnelle, pour donner au spectateur l'impression de vivre un instant bouleversant, à en pleurer d'émotion. C'est pour cela que je m'astreignais à des cours de gymnastique avec mon coach particulier. Cela faisait déjà plusieurs mois que nous travaillons ensemble, et le courant passe plutôt bien. Au départ, l'idée était de m'aider à gagner en souplesse. Mais petit à petit, Hailey s'est transformé en une véritable motivatrice, aussi impliquée, voire plus que moi, dans ce spectacle à venir.
Le cours d'aujourd'hui avait lieu juste après une répétition. Nous étions encore en phase de réglage, à écrire la douce histoire que nous allions raconter. Chaque membre de la trompe, tous bien conscients des enjeux de cette représentation, mettait du coeur à l'ouvrage. Vers 19h, la répétition se finit. Alors que je saluai mes partenaires un par un, l'un d'entre eux me demanda pourquoi je ne vais pas me changer. Je lui expliquai brièvement la suite de mon emploi du temps, ce qui le fit sourire. Je véhiculai cette image de petite fille parfaite, et ce malgré mes 28 printemps, qui veut tout contrôler, jusqu'au moindre petit détail. Mon corps était déjà chaud de plusieurs heures de répétition, alors pour éviter qu'il refroidisse en attendant Hailey, je m'étirais, calmement, respirant le plus profondément possible. C'était l'une des clés de la souplesse selon ma coach. Plus j'allais être relâchée et détendue, plus les séances seraient bénéfiques. Quelques minutes plus tard, elle arriva dans la salle, en tenue d'entrainement. Je m'approchai d'elle pour la saluer, mes joues frolaient les siennes pour lui faire la bise.
- Ah Hailey, te voilà ! Je sors de quatre heures de répétitions, je ne te promets pas d'être très productive ce soir... Alors, quel est le programme ?
Alors qu'elle m'expliquait le programme, je pris le temps de m'essuyer le visage avec une serviette, ainsi que de nouer correctement mes longs cheveux bruns. Il n'y avait rien de plus agaçant qu'une mèche qui vient vous chatouiller le nez alors que vous essayez de faire un grand écart parfait. Je réajustai également ma tenue. Il fallait être correctement habillée pour repartir sur une séance de 90 min de gymnastique. Je sortis mon t-shirt de mon pantalon pour le tendre au maximum sur mon buste, qu'il soit le plus lisse possible, puis ce fut à mon legging de se faire remonter jusque sous le nombril. Mes chaussures furent à nouveau lacés, ce serait dommage de se faire une entorse maintenant.
- Je suis prête, c'est quand tu veux coach.
Invité
Invité
Invité a posté ce message Dim 21 Juil 2019 - 13:27#
la souplesse c'est la vie
▼▲▼
Semaine plutôt chargée comme à mon habitude. Je déteste lorsque je ne suis pas occupée, ça me force à trop penser et je refuse de le faire. Il y a beaucoup trop de choses qui arrive en ce moment pour que je me laisse aller dans mes pensées, dans ma tête alors je préfère m'occuper, voir des gens, profiter de l'été et de la chaleur incroyable qui pèse sur New-York pour aller à la plage, dans une piscine ou quoique ce soit d'autre lorsque j'en ai l'occasion bien évidemment. Je passe beaucoup de soirées au bar ces temps-ci, acceptant presque tous les quarts de travail qu'on me propose puisque j'essaie de pouvoir m'acheter un autre véhicule avant le début des classes. Je suis pratiquement certaine que celui-là va me lâcher et la dernière chose que j'ai envie, c'est bien d'arriver en retard à ma première journée de boulot à l'Université parce que ma voiture me lâche en pleine route. Je sais que ce n'est pas gagné, j'ai un appartement à payer et une tonne d'autres choses avant de me rendre à l'achat d'une voiture, c'est pour cette raison que j'accepte aussi tous les cours possibles que je peux donner à la salle de gym. Je n'ai pas beaucoup de temps libre pour moi. Je crois que c'est un peu pour cette raison que je me rapproche bien souvent des personnes à qui je donne des cours. Au fil du temps, elles deviennent mes amies et ça me change les idées d'être à la salle de gym de toute façon, bien que ça me rappelle aussi constamment que j'ai manqué l'occasion de vivre mon rêve en abandonnant la gymnastique à cause d'un homme. Je secoue la tête ne voulant pas penser à Alexander. Il fait partie de mon passé et j'aimerais bien qu'il y reste. Je souffle un coup avant d'entrer dans la salle et de découvrir Sarina qui est déjà en train de s'échauffer. Un peu en retard, je m'empresse de la rejoindre, un sourire accroché sur mes lèvres. « Désolé, je suis en retard, mais je vois que t'as déjà commencé alors c'est bien. » Sarina, je n'ai jamais eu de problème en ce qui concerne sa motivation. Après tout, c'est elle qui est venue vers moi pour améliorer sa souplesse et depuis que je travaille avec elle, je peux dire qu'elle a fait beaucoup de progrès. C'est certain que c'est toujours facile de travailler avec une danseuse aussi, je dois l'admettre. « Ah Hailey, te voilà ! Je sors de quatre heures de répétitions, je ne te promets pas d'être très productive ce soir... Alors, quel est le programme ? » Une fois devant Sarina, je dépose mon sac de gym, déjà vêtue pour débuter rapidement. Je sais qu'elle doit être épuisée suite à ses entraînements, mais je suis ici pour l'aider avec sa souplesse, il n'est donc pas question de repos. « T'inquiète je suis pas un tyran non plus. On va faire des exercices sur la barre comme la dernière fois et on reviendra au tapis ensuite pour faire de nouveaux étirements qui vont t'aider. » Ça fait un moment que je bosse avec Sarina, elle a fait énormément de progrès niveau souplesse, mais je veux continuer dans cette direction comme elle a son spectacle à venir. La laissant se préparer, je vais m'installe près de la barre et regarde mon téléphone quelques secondes avant de mettre un peu de musique. « Je suis prête, c'est quand tu veux coach. » Un sourire se dessine sur mes lèvres en l'entendant m'appeler coach. Je me prépare et une fois qu'elle est près de moi, je monte sur le barre et lui montre exactement ce que je veux qu'elle fasse en l'exécutant moi-même. « Évidemment, je n'ai pas besoin de te dire de le faire plus lentement que moi. Il ne faudrait surtout pas que tu te blesses. »
J'aimais ce côté prévenant qu'avait Hailey. Et en même temps, elle arrivait à faire sortir le meilleur de moi-même. Evidemment, quand je la vois manoeuvrer sur la barre, je me dis que sa gestuelle atteint un tel niveau de perfection qu'il serait indécent qu'elle ait la même exigence avec moi. Mais au lieu de se montrer froide et implacable, elle préfère prendre le parti de la douceur et de la patience. Et tout porte à croire que cela fonctionne, car jour après jour, je sens que mon corps évolue. Certains gestes viennent plus naturellement. Je découvre même des muscles et des mouvements dont je ne soupçonnais pas l'existence.
Lui souriant, je m'approche d'elle afin de reproduire son exercice. Je respire profondément, me laissant quelques secondes de concentration. Comme Hailey l'a si bien souligné, ma vie se joue dans quelques semaines. La moindre petite blessure pourrait tout compromettre. Et, inconsciemment, je sentais la pression monter et me paralyser petit à petit. Mes bras se mirent à trembler. Ma gorge préférait se nouer. Mon esprit m'envoya une image de la représentation, où devant des centaines de personnes, je chute, provoquant un soupir général. L'image me hante à tel point que je ne sais même plus si ce sont toujours des secondes de concentration, ou des minutes. Je m'efforce de reprendre mes esprits le plus vite possible, car, mine de rien, j'ai encore beaucoup de travail pour aujourd'hui, et il fallait capitaliser sur la moindre petite minute écoulée me séparant du grand spectacle. Après être redevenue plus calme, je m'exécute. Comme sur les cours précédents, le premier essai est celui de la décomposition. J'analyse et exécute toutes les phases du mouvement demandé. Puis, lorsque cela est fait, je recommence de façon plus vive. Sauf qu'aujourd'hui, et malgré la bienveillance de ma coach, je n'arrive pas à exécuter correctement la manoeuvre.
- Je suis désolée Hailey, je n'y arrive pas.
Je ne sais pas si c'est le stress, la fatigue, ou un autre facteur indépendant de ma volonté qui me mettait dans cet état, mais sur cet instant présent, j'avais juste envie de baisser les bras, me mettre en boule sous ma couette et attendre que les jours passent. Etait-ce moi qui me mettait trop de pression ? Probablement. Depuis que je suis au courant pour cette représentation, je ne l'ai dit à personne. Vraiment personne. Je préfère éviter toute source de distraction de peur que cela vienne perturber ma préparation. Peut-être est-ce la mauvaise stratégie, va savoir. Je m'assieds au pied de la barre, en tailleur, ma tête posée dans le creux de mes mains. Je me sentais déboussolée, comme incapable de me situer dans l'espace. Je sentis une larme traverser ma joue et venir mourir sur mon pantalon. J'étais en train d'exploser, toute cette situation me pesait jusqu'à m'en rendre malade.
- Pardon, tu dois me prendre pour une idiote à pleurer comme ça. Mais j'en peux plus, ce stress, cette pression, c'est énorme. Je n'arrive plus du tout à gérer ça, et je dois me produire dans deux semaines...
Puis je repartis dans un sanglot, pensant que finalement, je ne suis pas faite pour ce métier. J'allais pouvoir rentrer en Israël, devenir une bonne petite épouse pour un homme riche, et regretter toute ma vie d'être si faible.
Invité
Invité
Invité a posté ce message Ven 26 Juil 2019 - 14:04#
la souplesse c'est la vie
▼▲▼
Je n'ai jamais été une personne autoritaire ou méchante surtout lorsque je donne des cours. J'ai eu des coachs lorsque je faisais moi-même de la gymnastique qui utilisait cette méthode pour travailler et cela ne fonctionnait jamais réellement pour moi. C'est pour ça que lorsque j'ai décidé de prendre ce boulot qui m'a été offert au gymnase où je me suis longtemps moi-même entraîné, je me suis toujours dit que je ne ferais jamais ce que j'ai détesté que les coach me fassent subir. Bon, je sais que mon niveau était aussi beaucoup plus haut et sérieux que les personnes qui débutent tout juste, mais je sais que l'autorité ne fonctionne pas très souvent chez les gens. Surtout pour les personnes qui ne font que débuter. Sarina heureusement, elle a un bon niveau en danse ce qui se rapproche tout de même de la gymnastique et elle met aussi énormément d'effort pour réussir, pour comprendre chaque chose que je lui montre. C'est très agréable de travailler avec elle et je crois que c'est aussi pour cette raison que je suis autant investie dans cette représentation qui approche à très grand pas pour elle. Je sais exactement ce qu'elle ressent puisque ce stress et tout ce qui vient avec, je l'ai connu bien souvent avant d'abandonner complètement mon rêve lorsque j'étais encore beaucoup trop jeune pour le faire. C'est un peu pour cette raison que je tente de l'aider du mieux que je peux. Pour qu'elle arrive à réussir en danse mieux que je n'ai réussi en gymnastique alors que j'aurais pu me rendre très loin. Exécutant quelques mouvements à la barre, je m'éloigne et la regarde faire. Je vois bien qu'elle est stressée, qu'elle tente de se concentrer du mieux qu'elle peux et qu'elle tente même de reproduire exactement ce que je viens de faire, mais elle n'y arrive pas et se décourage aussi un peu trop rapidement à mon avis. « Je suis désolée Hailey, je n'y arrive pas. » Gardant mon sourire, je m'approche d'elle, tentant d'être la personne la plus positive au monde, je ne veux surtout pas la décourager, ce n'est vraiment pas ce dont elle a besoin présentement. « Sarina, ne te décourage pas, c'est normal de ne pas y arriver les premières fois, continue de la faire plus lentement. » Je ne veux pas la forcer à continuer si elle ne se sens pas capable de le faire, mais je sais qu'elle peut y arriver. Elle a tendance à baisser les bras très rapidement ces derniers temps par peur de tomber et se blesser, mais surtout par baisse d'énergie. Restant debout devant elle en patientant qu'elle s'exécute à nouveau, je vois ce regard rempli d'inquiétude, de fatigue, de nervosité incroyable et surtout cette larme qui coule finalement sur son visage. « Pardon, tu dois me prendre pour une idiote à pleurer comme ça. Mais j'en peux plus, ce stress, cette pression, c'est énorme. Je n'arrive plus du tout à gérer ça, et je dois me produire dans deux semaines... » Je souffle un coup, me sentant presque coupable. C'est à me demander si c'est moi qui la fait pleurer ainsi. Je ne voulais pas lui mettre trop de pression, mais visiblement la pousser à continuer alors qu'elle ne se sens pas capable de le faire, c'était peut-être la goutte de trop. « Ne t'excuse jamais de pleurer.. surtout pas avec moi. C'est normal d'être nerveuse, d'avoir l'impression de trop en faire, mais ça va aller.. on peux arrêter là si tu es épuisée. Je ne veux surtout pas te pousser à en faire trop. »
Toujours en position foetale, l'une de mes deux oreilles parvint à écouter difficilement les paroles de réconfort de ma coach. Non mais que sa tentative de me consoler ne m'atteignait pas, mais plutôt que j'étais conditionnée pour ne pas être réceptive. Etre seule avec mes sanglots, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Plus d'une fois j'ai vécu cette situation, pour tout un tas de raisons différentes. La plupart du temps, il est vrai, à cause des hommes. D'autres fois, comme aujourd'hui, à cause de mon travail. Et à chaque fois, la "crise" peut durer jusqu'à plusieurs heures. Inconsciemment, je savais que celle là ne devait pas durer, car d'une, je suis en train de payer Hailey à me regarder pleurer, et de deux, il faut vraiment que j'arrive à me surpasser, à affronter mes peurs et mes angoisses, pour repartir de l'avant le plus rapidement possible.
Sans dire un mot, je partis vers les vestiaires, pour me calmer. Les larmes coulaient toujours le long de mes joues pour ensuite venir mourir sur le sol. A cette heure-ci, tout est vide, et il règne un silence que seuls mes sanglots parvenaient à briser. Une fois à l'intérieur, je m'assieds sur l'un des bancs qui encadraient le tour de la pièce, juste sous mes affaires. Je pris ma bouteille d'eau pour un boire une gorgée, et me renverser le reste sur la tête. C'était une façon pour moi de me remettre les idées en place. Mais à en croire la rougeur de mes yeux, ce n'était pas suffisant. Alors, je passais vres la pièce des douches. Je retirais mon haut, puis mon pantalon. En sous-vêtements, j'appuie sur le bouton pour allumer l'eau, et me rafraichir. Elle est encore froide, très froide, mais c'est exactement ce qu'il me fallait. La fraicheur sur ma peau m'obligeait à contrôler ma respiration, et une trentaine de secondes plus tard, alors que j'étais trempée et de plus en plus frigorifiée, je retournai à ma place, ou m'attendait ma serviette. Je sentai la crise terminée, et je m'efforçais de parler à mon subconscient pour me reconcentrer. Après avoir enfilé une nouvelle tenue toute propre, sous-vêtements compris, je repartis en direction de la salle, le regard concentré et plein de détermination.
- C'est bon Hailey, ça va mieux. Je vais la manger toute crue cette barre !
Ni une, ni deux, je repartis sur la barre, refaisant toujours le même mouvement. Mais la détermination fit la différence, et l'exercice donnée fut réussi, non sans une maitrise totale, certes, mais c'était tout de suite beaucoup mieux. Pour prouver que ce n'était pas un hasard, je le fis une seconde fois. Encore réussi. Les yeux pleins de fierté, je me tournai vers Hailey pour lui faire un grand sourire.
- T'as vu ? J'ai réussi ! Et deux fois en plus !
Je descendis de la barre, et, dans un élan d'affection, je pris ma coach dans les bras.
- Merci pour les mots de réconfort tout à l'heure, ça m'a beaucoup aidé. Et merci de m'aider aussi bien que tu le fais.
J'ai longtemps fait de la compétition, j'ai passé seize ans de ma vie à me dédier corps et âme à un sport qui était tout pour moi. J'étais certaine que sans la gymnastique, je ne pouvais rien accomplir d'autre. Mon destin était de me rendre aux Olympiques, de gagner une médaille et ensuite de retourner chez moi pour continuer à m'entraîner pour les prochains. Je voulais être la meilleure et à vrai dire, à l'époque c'était moi qui me retrouvait toujours en haut de la liste. Je gagnais toutes mes compétitions, il était hors de question que je gagne la deuxième place, toujours déterminée à être la meilleure dans ce que je faisais. C'est encore le cas maintenant, sauf que la gymnastique, j'ai dû lui dire adieu lorsque j'ai tout quitté pour un homme qui ne me méritait pas du tout. Un homme qui m'a tout fait perdre et qui a détruit mon rêve à jamais. Je sais donc probablement plus que n'importe qui ce que Sarina ressens. Je sais tout ce stress qu'elle vit constamment et la pression qu'elle se mets elle-même sur les épaules et quelque part, ça me rappelle tout ce que moi j'endurais à l'époque. Ma coach était beaucoup moins sympathique que je le suis en ce moment, mais il faut dire que j'étais à un niveau pré-olympique. Je sais tout ce que Sarina ressens, je comprends cette rage qu'elle a à l'intérieur lorsqu'elle ne réussis pas à faire ce que je lui montre. Lorsqu'elle quitte le gymnase pour rejoindre les vestiaires, je la laisse donc partir puisque je sais qu'elle a besoin d'être seule. Je souhaite seulement qu'elle a tout de même entendu ce que je lui ai dit puisque mon but était de l'aider à se sentir mieux. J'espère aussi qu'elle me fait suffisamment confiance pour savoir que je dis la vérité. Elle peut y arriver, elle est seulement exténuée par ses entraînements et sa concentration n'est pas à la bonne place en ce moment. Pendant ce temps, je fais quelques prouesses sur la barre en entendant qu'elle revienne, souhaitant évidemment qu'elle ne quitte pas le gymnase sans venir me voir. Et alors que je me retrouve au sol, je la vois revenir, bien déterminée à réussir cette fois, ce qui me fait évidemment sourire. Elle a sans doute des trucs pour se calmer, j'en avais moi aussi à l'époque puisqu'il était hors de question que je pleure devant ma coach, elle me le reprochait sans cesse après. « C'est bon Hailey, ça va mieux. Je vais la manger toute crue cette barre ! » M'éloignant pour mieux la voir s'exécuter, mes yeux restent bien concentrés sur Sarina. Je sais qu'elle peux y arriver et avec toute cette détermination qu'elle a dans le regard, il y aura certainement une différence. Elle réussi une première fois, puis une seconde fois pour me prouver qu'elle est capable de le faire. Et en se retournant vers moi, elle sourit tout autant que moi alors que je l'applaudis doucement. « T'as vu ? J'ai réussi ! Et deux fois en plus ! », « Je savais que tu pouvais y arriver. Ne doute jamais de toi Sarina, c'est normal d'être épuisée, mais avec un peu de détermination, tu pourras toujours y arriver. » Je souris et je n'ai même pas le temps de faire quoique ce soit qu'elle me prends dans ses bras me serrant contre elle. « Merci pour les mots de réconfort tout à l'heure, ça m'a beaucoup aidé. Et merci de m'aider aussi bien que tu le fais. » Ça me fait toujours plaisir d'entendre que je fais la différence, que j'aide les gens à prendre un peu plus confiance en eux puisque c'est un aspect très important de la gymnastique. Je sais que Sarina veut seulement améliorer sa souplesse, mais elle me demande toujours de lui en apprendre plus et c'est comme ça que j'ai décidé de l'aider un peu plus pour sa compétition. Elle apprends vite, elle doit seulement se donner à fond dans ce qu'elle fait. « C'est rien, je suis là pour ça. Mais dis-le moi si je te pousse trop, je n'ai pas non plus envie de te décourager. »
C'est à cet instant que je compris à quel point Hailey était importante pour moi. Bien plus qu'une coach de gymnastique, elle avait toujours le mot juste, la phrase juste. Je venais de littéralement craquer devant elle, de m'effondrer comme je le fais rarement, et au lieu de m'achever, elle me laissa le temps de revenir, sans me brusquer, pour finalement m'encourager, encore et toujours. La justesse de ses mots d'avait d'égal que la taille de son coeur. Je me souviens que dans une conversation banale, elle m'avait raconté une petite partie de son passé. Cette partie où son destin a été brisé par un homme. Elle, qui était destiné à devenir une véritable championne, a du renoncer à toucher les étoiles. De fait, elle savait mieux que quiconque ce que je pouvais ressentir. Vivait-elle son rêve par procuration ? Fatalement, mon objectif devait-il son objectif ? Possible. Mais, à la limite, ce n'est pas bien grave. Depuis le début de notre collaboration, quelque chose se créé, se tisse entre nous. Il est vrai que ses notions en danse étaient limitées, mais finalement, ce qu'elle avait à m'apporter était bien plus essentiel. La confiance en soi.
Je fis un signe de tête pour lui faire comprendre que non, elle ne me poussait pas trop. Je n'étais pas non plus découragée. Tout ce que je voulais, c'est être prête comme jamais. En regardant furtivement l'heure affichée dans la salle, je vis que j'avais perdu pas mal de temps dans les vestiaires pour me calmer, et que ma barre d'énergie était dans le orange. Au sol, je commençais des exercices d'étirement des muscles, de façon très douce et très calme. Car là, me déchirer un muscle serait presque synonyme de carrière brisée. Et, vu mon état de fatigue, ce risque n'était pas à prendre à la légère. Pour rendre l'exercice un peu moins formel, je me mis à expliquer dans les grandes lignes la représentation que j'allais donner, ainsi que mon rôle, l'histoire que le spectacle raconte... Bref, c'était une fin de séance plutôt agréable. Alors que je racontais encore le spectacle, je fus attiré par le visage d'Hailey, souriant. Impossible de savoir pourquoi. C'était agréable de finir la journée de cette manière. Après dix bonnes minutes d'étirements, je me relevai, Hailey fit de même. Et puis, je ne sais pas pourquoi, probablement cette sensation de bien-être que je ressens grâce à elle, mais, lorsque nos deux corps se retrouvèrent face à face, je la pris dans mes bras, l'étreignant presque de toutes mes forces. Puis, en la relâchant, alors que ma tête reculait, mes lèvres furent attirées par sa joue, déposant au passage un délicat baiser. D'un coup consciente de mon geste déplacé, je me mis à rougir, me sentant terriblement mal à l'aise.
- Excuse moi, le calin et le baiser étaient peut-être de trop...
La tête basse, je prenais le chemin des vestiaires pour me changer.
Invité
Invité
Invité a posté ce message Jeu 22 Aoû 2019 - 14:51#
la souplesse c'est la vie
▼▲▼
La confiance en soi est quelque chose de très important dans le monde de la gymnastique. Bien souvent, les juges arrivent à le voir et nous donnent des points supplémentaires pour cette raison, mais c'est aussi quelque chose que je crois, devrait faire partie de notre vie de tous les jours et je sais que pour la plupart des personnes, ce n'est pas toujours acquis. J'essaie du mieux que je peux de prôner la confiance en soi lorsque je donne des cours puisque pour ma part, malgré tout ce que j'ai vécu et tous mes rêves qui m'ont été enlevé par cet homme qui a aussi détruit une petite partie de moi, j'arrive à rester forte plus pour les autres que pour moi je dois l'admettre. Je sais que je ne m'y connais pas du tout en danse, que je ne suis pas la plus qualifiée non plus pour aider Sarina en ce qui concerne ses chorégraphies, mais pour la souplesse, pour la confiance en elle et pour quelques autres points, je sais que je peux l'aider à s'améliorer sur plusieurs points et je compte bien le faire. Je n'enseigne pas pour rien, j'adore aider mes élèves, j'aime les voir progresser et réussir surtout. Et c'est un peu aussi pour cette raison que j'ai hâte de commencer mes cours en tant qu'assistante prof, hâte de pouvoir rencontrer de nouveaux élèves, de leur faire partager ma passion pour la musique en plus de continuer mes cours de gymnastique le weekend. Je sais que je vais avoir beaucoup moins de temps que j'en avais cet été, mais mes élèves vont comprendre, j'en suis certaine. Et j'aime être occupé, ça me change les idées. Je rejoins Sarina au sol pour m'étirer avec elle puisque j'en ai bien besoin moi aussi. Je suis contente de tout le progrès que nous avons fait, de tous les efforts qu'elle a mis depuis le début et surtout aujourd'hui. Je sais qu'elle était exténuée en arrivant ici et c'est donc normal de lui avoir laisser un peu de temps pour focuser sur elle-même et sur ce qui est important pour elle avant de revenir en force comme elle l'a fait. Une fois debout, elle me serre très fort dans ses bras avant de poser un baiser sur ma joue, ce qui, je l'avoue, me prends un peu par surprise. S'éloignant de moi, elle me regarde, presque honteuse d'avoir fait cela. Oui ça m'a prise par surprise, mais ce n'est pas grave, c'était seulement un élan de joie qui l'a poussé à faire cela. « Excuse moi, le calin et le baiser étaient peut-être de trop... » La regardant, tête baissée qui retourne vers les vestiaires, je la suis puisque je dois moi aussi passer me changer avant de sortir du gymnase. « Hey.. t'en fais pas, tu es contente d'avoir réussi, c'est le principal. » Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je suis maintenant à ses côtés. Entrant dans le vestiaire, je prends toutes mes choses dans mon casier et la regarde un bref instant. « Je file sous la douche, tu m'attends avant de partir? » Je demande parce que je dois tout fermer une fois le gymnase quitté.
Finalement, Hailey n'avait pas trouvé mon geste déplacé. Ce qui amenait à la question suivante : l'avait-elle alors apprécié ? Durant les nombreuses heures que nous avons passées ensemble, nous nous racontions beaucoup de choses, mais il est vrai que jamais je n'avais eu la certitude qu'elle était en couple, et, par extension, si elle était tentée par les hommes ou par les femmes. Peut-être même les deux. De mon vécu, il est vrai que je me qualifie comme une fille aimant les hommes, mais parfois, je ne sais pour quelle raison, je me sens attirée par d'autres femmes. Un processus souvent long et qui est la conséquence d'une amitié de plus en plus forte. Sans dire que nous étions amies avec ma professeur bien particulière, il est vrai que plus les cours passaient, plus nous nous rapprochions. Et puis il est impossible de ne pas l'aimer. Elle est à la fois calme, douce, patiente, et pas désagréable à regarder, je dois bien l'avouer.
Sur le chemin des vestiaires, je l'entends me rejoindre. C'est vrai que c'était un peu stupide de ma part de fuir par là, Hailey allait y aller aussi pour se changer. Dans la pièce, nous échangeons quasiment aucun mot, si ce n'est quand elle me dit qu'elle partait à la douche, et qu'elle voulait que je l'attende. Je ne savais pas trop quoi répondre, mais mon coeur répondit oui plus vite que ma tête voulant dire non. Ce qui est fou, c'est que l'on a beau être en plein été, les douches de ce vestiaire sont toujours aussi bouillantes. Je n'en prendrais pas une cette fois, pour la simple et bonne raison que je déteste montrer mon corps nu. Au fur et à mesure que les minutes défilaient, la buée envahissait le vestiaire. J'étais en train de me rhabiller en tenue civile, en même temps que je surfais sur le net. Puis soudain, une pulsion me prit. La buée rendait ma visibilité de plus en plus compliquée, tout comme celle d'Hailey. Je ne sais toujours pas pourquoi je me suis avancée jusqu'à l'entrée des douches collectives, suffisament pour pouvoir la regarder. Voir ces fines gouttelettes d'eau tomber sur son corps quasi parfait était un sacré spectacle. Je n'arrivais plus à me défaire de cette vision, puis je repris connaissance, me reculant au moment ou Hailey tourna la tête vers ma direction. Impossible de savoir si elle m'avait vu ou pas. Pour me calmer, je me mis à serrer mon poignet très fort, assez pour me faire ressentir une douleur assez vive. Il fallait que je passe à autre chose. Ce fut chose faite, et après avoir fini de me changer rapidement, je sortis du vestiaire, attendant qu'Hailey finisse à son tour. Une fois sortie, je lui demandai ce qu'elle comptait faire maintenant.
- Bon, on peut y aller. Tu fais quoi, tu rentres chez toi directement ou tu veux qu'on aille boire un verre ou un café quelque part ?
Sarina, je la connais depuis un moment déjà. Au début, lorsqu'elle est venue vers moi pour l'aider, j'admets que je ne savais pas vraiment ce que je pourrais faire pour elle. N'étant pas une pro de la danse, je sais faire des routines puisqu'en gymnastique il faut en faire aussi pour plaire aux juges, mais je suis sans aucun doute bien moins douée qu'elle puisque Sarina elle fait ça depuis longtemps et c'est surtout son métier. Nous avons toutes les deux nos forces et je suis certaine que si je faisais encore de la gymnastique, je lui demanderais probablement son aide pour maîtriser un peu mieux mes mouvements de danse et pouvoir améliorer mes routines. À l'époque, j'étais la meilleure de ma catégorie et surtout toujours la première dans les compétitions, mais les choses ont changées depuis et comme j'ai perdu de nombreuses années sans me pratiquer à tous les jours, je sais qu'il serait impossible pour moi d'être au niveau des filles qui se qualifient pour les Olympiques. J'ai fais de mauvais choix à l'époque et j'en paie le prix maintenant. C'est un peu pour cette raison que j'aime coacher, j'aide des filles qui ont le même rêve que moi à l'époque à réaliser le leur et ça me fait du bien, ça me satisfait, surtout depuis que j'ai décidé de me concentrer sur la musicologie et mon futur rôle de professeure. Tout cela pour dire qu'avec le temps, Sarina et moi nous sommes devenues de bonnes amies et c'est sans doute pour cette raison que je la soutiens dans tout ce qu'elle fait et l'encourage à toujours aller plus loin même lorsqu'elle se décourage. Je crois que c'est le mieux à faire dans des situations comme ça. La rejoignant vers les vestiaires pour m'assurer qu'elle ne se sens pas encore mal par rapport à ce câlin et ce baiser sur ma joue, je lui fait un grand sourire avant de lui annoncer que je file sous la douche. Sans grande surprise, elle ne vient pas prendre la sienne. Elle ne le fait jamais alors je ne vois pas pourquoi aujourd'hui ce serait différent. Une fois arrivée aux douches communes, je retire tous mes vêtements et fait couler l'eau chaude sur mon corps ce qui fait automatiquement beaucoup de bien à mes muscles. Concentrée à me laver le plus rapidement possible, je me retourne uniquement lorsque je sens le regard de quelqu'un, Sarina se poser sur moi. Plutôt à l'aise avec mon corps, ça ne me dérange pas tellement qu'on me regarde, ce qui me rend un peu mal à l'aise c'est qu'elle semble hypnotisée par ce qu'elle voit. Une fois partie, je coupe l'eau et la rejoins, une serviette autour de mon corps puisque mes vêtements propres sont dans mon sac devant mon casier. Je reviens vers elle, un peu mal à l'aise, mais j'arrive à sourire tout de même. « Bon, on peut y aller. Tu fais quoi, tu rentres chez toi directement ou tu veux qu'on aille boire un verre ou un café quelque part ? » Voyant qu'elle ne compte pas reparler de ce qui s'est produit, je préfère ne rien ajouter pour ne pas la rendre plus mal à l'aise et sort mes vêtements de mon sac puis commence à me changer, de dos à elle. « Euh.. comme tu veux, je n'ai rien de prévu ce soir. »
