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Neema trouvait qu'il y avait du bon à déménager pendant l'été. Elle n'était pas pressée par le temps, elle n'avait pas vraiment d'obligation. Bien sûr, il y avait bien Halu qui voulait constamment aller faire un tour dehors, mais Neema était loin de s'en plaindre. Elle comprenait bien ce qui motivait sa petit boule de poil adorée. Elle avait parfois du mal à réaliser à quel point il avait grandi depuis que ses parents le lui avaient offert. D'un minuscule petit chiot, il était devenu un imposant chien, mais qui n'en restait pas moins terriblement attentionné et très appréciateur de câlins. Depuis qu'il avait atteint sa taille adulte, il était devenu relativement plus calme, mais lorsque Neema avait le malheur de prononcer la moindre syllabe du mot promenade, Halu devenait soudainement hors de contrôle, jusqu'à ce que sa jeune maîtresse accepte finalement de lui passer son harnais. Parfois, lorsque Neema allait le promener, elle comprenait aux regards qu'on pouvait lui lancer, que son chien était drôlement costaud comparé à elle, et la jeune femme en avait d'ailleurs souvent payé les frais - lorsque Halu décidait brusquement de faire un départ précipité notamment. Il lui arrivait très régulièrement de se retrouver les fesses contre terre, pendant qu'elle maudissait sans vraiment le faire le husky qui la regardait de ses yeux doux. Emménager en été, ça permettait aussi de se familiariser avec son nouvel environnement, ses nouveaux voisins. Neema n'était pas une solitaire. Elle avait de temps à autre quelques hésitations lorsqu'il était question d'engager la conversation avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, mais en règle générale, cela se faisait plutôt facilement pour elle. En résumé, Neema se sentait vraiment bien dans son nouveau chez-elle, et Halu approuvait lui aussi, alors elle était conquise.

Le reste de ses vacances se passaient donc sans encombres. Neema sortait régulièrement, et ce n'était pas toujours parce que Halu venait le lui quémander. Elle découvrait les environs, elle se familiarisait avec cette autre nouvelle vie qu'elle commençait. Parce que, bien sûr, en dehors de ça, elle n'avait certainement pas changé d'école ou encore moins de filière. C'est d'ailleurs en s'intéressant d'un peu plus près au trajet qu'elle devrait faire chaque jour pour rejoindre le Bronx, qu'elle finit par se rappeler, durant le mois d'août, que l'une de ses professeurs lui avait proposé de réaliser un petit exposé durant les vacances, sur une association de son choix. L'exposé n'était en rien censé être noté, il était simplement destiné à s'entraîner pour la rentrée. Neema se dit finalement que ça ne serait pas une mauvaise idée de se remettre un peu au travail, et elle fit quelques recherches pour savoir vers quelle association elle allait se diriger.

Rapidement, elle tomba sur une association juive destinée à accueillir les migrants. Neema s'aperçut rapidement que la plupart d'entre-eux venaient de Moyen-Orient, et, se sentant facilement touchée par le sujet, son choix se porta sans mal sur cette dernière, qui se situait non loin de Greenwich Village.

C'est ainsi que Neema se retrouva à Manhattan en plein d'août, un sac à dos avec tout ce qui lui semblait nécessaire posé sur ses épaules. Elle avançait d'un bon pas, guettant consciencieusement les alentours. Elle espérait qu'elle ne passerait pas devant l'établissement sans le louper. Elle se connaissait assez pour savoir que si elle passait devant sans le voir, elle ne serait pas prête de le trouver.
Balayant ses inquiétudes, l'édifice apparut brusquement sur sa droite, lui arrachant un petit sourire satisfait. Elle se dirigea impatiemment vers la porte et la poussa sans aucune hésitation.

A l'accueil, elle se renseigna sur les personnes qui s'occuper des dossiers du Moyen-Orient, et on lui indiqua un couloir sur sa gauche, en lui précisant de tourner à droite à la première intersection venue. Une fois chose faite, elle se retrouva face à un autre bureau, un peu plus grand, vers lequel elle s'avança. Il n'y avait personne pour le moment, mais Neema supposa sans mal que le responsable devait être occupé autre part. Elle patienta alors tranquillement, négligemment appuyée contre le bois du guichet. Elle n'eut pas à attendre longtemps.

Un jeune homme d'à peu près son âge apparut subitement et se dirigea vers l'endroit où elle se tenait. Comprenant que c'était la personne qu'elle recherchait, elle se redressa poliment, lui offrant un léger sourire. — Bonjour, dit-elle d'une voix douce, je suppose que vous êtes le responsable des dossiers du Moyen-Orient ? Je me présente, Neema Gardner, continua-t-elle sans vraiment attendre sa réponse, je suis étudiante en action humanitaire internationale. J'aurais aimé savoir si vous auriez un peu de temps pour répondre à quelques unes de mes questions ; je souhaiterais réaliser un petit exposé sur l'association, et notamment sur son rôle auprès des migrants du Moyen-Orient. Enfin, c'est seulement si vous n'y voyez aucun inconvénient. Lui offrant un nouveau sourire, elle attendit patiemment sa réponse, espérant le voir accepter.