pool night (romeo)

« Mais c’est quoi ce truc ? » Demande-t-il, avant de grimacer et de recracher ce qu’il venait de mettre dans sa bouche dans une serviette. Clairement, il ne s’attendait pas à ça en prenant une cuillère de risotto, alors qu’il adore ça d’habitude. Mais il s’avère que ce nouveau cuisinier qui vient de les rejoindre n’est pas très doué pour les risottos. « Même un ours n’en voudrait pas. Il n’y a rien qui va. » Comme il doit partir, il donne rapidement pour consigne à son sous-chef d’arranger ça, ou de tout recommencer si ce n’est pas possible. Habituellement, il aurait sans doute fait des heures supplémentaires pour s’en occuper lui-même, surtout la semaine où il n’a pas Paige. Mais là, il a des projets pour ce soir, et ça lui fera le plus grand bien. Il quitte donc le travail peu de temps après, et monte dans un taxi. Il n’aura pas le temps de rentrer chez lui s’il ne veut pas trop faire attendre son ami, mais peu importe. Il prend juste le temps de consulter ses sms, pour voir qu’il en a un de Victoria. Enfin de Paige plus précisément, qui lui envoie un dessin fait depuis sa tablette. Il gribouille à son tour quelques lignes, représentant un hamburger et un lama, puis envoie le tout en réponse. Une tradition bien installée entre le père et sa fille. Il sourit avant de ranger son téléphone quand le taxi s’arrête devant sa destination. Romeo lui laisse un pourboire, et fait les quelques pas qui le séparent de l’entrée du bar. Il ne lui faut pas longtemps pour repérer James, déjà un verre à la main. A peine est-il arrivé à sa hauteur que son ami se plaint que ce ne soit que lui. Romeo lève les yeux au ciel, tout en souriant tout de même. « Mince, et moi qui t’avais amené des fleurs… » Il cache une main derrière son dos, et pour la remplir, il trouve une carte dans sa poche arrière de pantalon. Il n’a aucune idée de ce dont il s’agit, mais finit par la dévoiler à James, comme un cadeau. « Mais comme t’es pas content, tu n’auras qu’une carte de fidélité… Il manque deux tampons avant le cookie gratuit, t’as de la chance. » C’est un vrai beau cadeau, il la regretterait presque déjà sa carte. Mais il joue le jeu et la pose sur la table, avant de s’assoir face à James. « Plutôt bonne oui. Même si j’ai l’impression d’être entouré d’incompétents parfois, ce qui peut être très fatigant. Donc tu as de la chance d’être beau garçon, sinon je serais rentré m’écrouler sur mon sofa. » Mais à choisir, jouer au billard avec un ami et un peu d’alcool, c’est un meilleur programme. Il fait d’ailleurs signe au serveur, pour commander un bon verre de vin.

A peine est-il arrivé au bar où il retrouve James que Romeo a déjà le sourire. Il faut dire qu’ils racontent n’importe quoi et s’en amusent, un peu comme s’ils étaient deux adolescents. Même si leur amitié est plutôt récente, ils ont parfois ce travers, et Romeo l’apprécie beaucoup. Avoir des amis proches lui parait toujours étrange, lui qui n’en a jamais eu en grandissant. Mais c’est peut-être pour cela qu’il fait d’autant plus d’effort pour les conserver. Les voir régulièrement, être une oreille attentive et essayer d’être toujours là pour eux. Des choses qu’il fait sans vraiment y réfléchir la plupart du temps. « Ça ne m’étonne pas. » Avec un tel cadeau, difficile de rivaliser. Surtout que la carte va effectivement manquer à Romeo, mais il en commencera une nouvelle bien assez vite. « Je ne te savais pas aussi difficile en cookies. » Il n’en ont sans doute jamais mangé ensemble. En général, ils se voient dans un bar, comme celui-ci, pour s’adonner au billard. Pas de cookies sur la carte donc, mais plutôt quelques gâteaux apéritifs si jamais ils ont faim. En tout cas, James semble flatté que Romeo vienne pour lui, lui offrant même un joli battement de cils. A se demander comment son ami peut être célibataire. Enfin Romeo sait que c’est plus compliqué que ça. Et ils ne sont pas là pour parler des choses difficiles, mais plus pour passer un bon moment qui leur permettra de mettre ça de côté, pour un temps au moins. « Tu t’es bien amélioré pour la confiance en toi, je dis bravo. » Il applaudit même un peu, de façon un peu ironique. « Mais je ne pense pas que tu te sois assez amélioré en billard pour que l’élève dépasse le maître ce soir. » Après tout, c’est Romeo qui lui a appris la plupart des coups qu’il connait, alors il a encore du mal à le battre. « Enfin d’abord, il me faut à boire. Et je vois que tu as pris de l’avance là-dessus. » Il quitte alors la table, pour aller commander un verre au comptoir, et revenir avec celui-ci. « Tu as la permission de quelle heure ce soir alors ? »

« C’était mon but. J’aime bien mettre la pression aux gens. Même quand je ne les connais pas. » Oui, Romeo aime être le meilleur, alors par définition, ça signifie qu’il doit battre les autres. Enfin il pense quand même qu’il lui faudra mieux qu’une carte de fidélité pas encore pleine pour gagner le prix du meilleur cadeau. Il y réfléchira plus pour l’anniversaire de James. Enfin il n’est même pas sûr de connaître la date. Il faut dire que, même s’ils sont devenus bons amis au fil des parties des billards, ils se voient rarement en dehors de ces moments. De l’alcool, des boules de billard et une conversation qui se fait facilement. Et presque toujours une victoire de Romeo, même si James s’améliore tout de même. Il faut dire qu’il partait de loin. « Bizarrement, je n’y crois pas trop. A moins que tu aies vendu ta fille depuis la dernière fois qu'on s'est vus. » Père célibataire d’une toute petite fille, James n’a pas de temps pour lui. Quand Paige avait cet âge-là, c’était aussi compliqué pour Romeo. Et encore, ils étaient deux pour ça. « J’espère au moins que t’en as tiré un bon prix, mignonne comme elle est. » Il lui donne un coup léger sur l’épaule, avant de décréter qu’il doit rattraper son retard en matière d’alcool. Deux gorgées de plus, c’est déjà trop. Il ne tarde pas à revenir avec un grand verre de vin. Un de ses préférés qui est servi ici. Il demande tout de même à James jusqu’à quelle heure il pourra rester. En général, il a toujours un impératif, voire même parfois une urgence. Enfin il vaut mieux que Romeo ne rentre pas trop tard non plus. Il travaille demain. « Ah donc t’as l’intention de rendre ta baby-sitter millionnaire, je vois. » C’est toujours comme ça avant qu’ils ne commencent effectivement à jouer. Un peu comme un échauffement. « A moins que tu n’espères m’avoir à l’usure. Il se pourrait que ça soit ta seule chance, c’est un bon plan. »

Peut-être qu’il est arrogant au sujet du billard et de son impossibilité de perdre. C’est même certain qu’il l’est, mais ça ne le dérange pas. Et il sait qu’il ne risque pas de vexer James. Après tout, son ami était vraiment nul au billard quand ils se sont rencontrés. Il essayait juste de taper dans le tas, sans forcément toujours y arriver. Depuis, il s’est amélioré mais il a encore du chemin à faire avant de le battre. Et de ça, Romeo est assez sûr pour assurer qu’ils auraient besoin d’y passer la soirée pour que James réussisse à gagner une partie. Ce qui lui coûterait cher en baby-sitter. « Ah ça… Si tu veux t’endetter à vie, c’est ton choix. » Il hausse les épaules, comme si c’était normal. Après tout, c’est quelque chose de très américain. « A l’usure ou en me faisant boire, c’est bien, tu as compris quelles étaient tes seules options. » Si on l’encourage, forcément qu’il devient encore plus arrogant. Même avec de l’alcool dans le sang, il n’est pas sûr d’être réellement désavantagé. Sinon il le serait à chaque fois que James et lui se réunissent. Enfin ils ne boivent jamais trop non plus. Jamais au point de voir deux boules au lieu d’une, ce qui compliquerait forcément les choses. Enfin pour l’instant, il n’a bu qu’une gorgée et il devrait pouvoir commencer sans faire d’erreur. « Tu as toujours peur de casser ? » Ce qui ne l’arrange pas tellement, il préfère ne pas commencer. Enfin il pose tout de même son verre sur la table voisine et prend la queue de billard, pour venir se positionner et viser le tas de billes. Elles partent dans tous les sens, mais aucune n’atterrit dans un trou, ce qui fait soupirer Romeo, alors qu’il reprend son verre pour le continuer. « Alors… prouve-moi que tu peux profiter de l’avantage. Tu vises laquelle ? » Lui, il sait déjà laquelle il pourrait faire tomber le plus facilement, mais il veut voir si James a appris de toutes leurs parties.

« C’est sûr que c’est la seule qui serait dérangée. » Il lève les yeux au ciel en souriant. Romeo connait assez James pour savoir qu’il fait attention à tout ça, surtout pour sa fille. Des deux, il est clairement le plus raisonnable, mais en même temps, Romeo n’a jamais eu besoin de faire attention à l’argent. Maintenant, il gagne le sien mais il en gagne bien assez pour ne pas avoir à être vigilent. « Avant l’hiver en plus, ça serait dommage. » Vraiment pas le bon moment pour commencer à vivre dans la rue. Non pas qu’il y ait de bon moment, mais il y en a des pires. Enfin c’est bien loin de leurs préoccupations pour la soirée, qui vont surtout consister à s’affronter au billard. James laisse Romeo casser, ce qui lui permet de lui envoyer une petite pique. Pique à laquelle son ami répond sans tarder. « Gentil ? Pourquoi faire ? » Il hausse les épaules avant de casser le jeu de billard. Il a le droit à un compliment, qui est sans doute ironique parce que, même s’il l’a fait avec style, aucune boule n’est rentrée et donc il ne prend pas l’avantage. « Je sais que tu en profites pour regarder mes fesses aussi, je ne voudrais pas te priver. » Et pour souligner ce qu’il dit, il remue un peu les fesses. Il cède ensuite sa place à James, qui ne tarde pas à taper dans la boule noire, qui en fait tomber une autre, déterminant ainsi la couleur avec laquelle il jouera. Romeo ne peut s’empêcher de grogner un peu, même si la partie est loin d’être jouée. « Comme tu as refusé de dire à l’avance, je n’ai pas de preuve que c’était celle que tu visais. » Enfin vu ses gestes, ça semblait évident, mais il s’amuse quand même à le souligner. « Continue du coup, qu’on voit si ta chance continue ce soir. » Romeo s’appuie contre la table de billard, reprenant une gorgée de bière, tout en observant ce que fait son ami et adversaire.