pool night (romeo)

Romeo n’imagine pas James vivre dans la rue, bébé avec lui ou pas. Et d’ailleurs, il ne le lui souhaite pas, ni à personne d’autre. Ça doit être terrible de vivre ainsi. Même si, pour le coup, c’est sans doute plus simple de le faire en ville qu’à la campagne, parce qu’on peut au moins y trouver un peu d’abri et il y a plus de personnes à qui demander de l’argent. Enfin non pas que Romeo en sache quelque chose, et il en est bien loin. « Je t’aurais bien proposé, mais mon canapé ne fait pas canapé-lit. » En soi, il a des chambres libres mais, comme tout ça reste fictif, il peut bien prétendre qu’il n’accueillerait pas James en cas de besoin. Et ce, même si c’était sa faute s’il était ruiné, à force de vouloir le battre au billard. En tout cas, la partie commence plutôt en faveur de James, puisque Romeo n’entre aucune bille en cassant le jeu. Même s’il a le droit à un joli compliment sur ses fesses, qu’il est allé chercher. « Je ne le savais pas non. Mais ça explique que tu perdes tout le temps, tu dois être déconcentré. » Il le taquine, alors qu’il est le premier à faire tomber une bille. Mais rien n’est encore joué. Et en effet, James le lui prouve en ratant son deuxième coup. C’est donc au tour de Romeo, qui a déjà repéré ce qu’il pouvait faire pour reprendre l’avantage. « Tu risques de le regretter alors. » Il prend sa queue de billard et se positionne, pour donner un coup juste de la puissance désirée. Et le résultat est là. Une bille tombe, et deux autres sont maintenant bien placées pour la suite. « Voilà, c’est comme ça qu’on fait. Si jamais tu comptes encore t’améliorer, prends-en de la graine. » Il tape sur l’épaule de son ami alors qu’il vient se placer pour la suite. Il frappe à nouveau, et la bille atteint encore son objectif. Le jeu est bien placé pour lui, il compte bien en profiter. Tout de même, il fait une pause pour boire une gorgée. « Ça va bien ta boutique au fait ? Plus de problème de fournisseur ? »

« Je pourrais toujours accueillir ta fille. A la limite. » Il hausse légèrement les épaules, comme si ça lui demandait déjà un effort d’accepter ça. Même si tout cela reste de la théorie, qui ne se produira sans doute jamais, Romeo préfère prétendre qu’il ne serait pas généreux avec son ami et sa fille. Certes, il faudrait quelques ajustements – ou même beaucoup – mais s’il le fallait, il les ferait. Même s’il aurait plutôt pensé que, s’il devait y avoir un nouveau bébé chez lui, ça serait le sien et celui d’Erin. Seulement, tout ce fantasme semble compromis. Mais en parlant de fantasme, il ne se gêne pas pour montrer ses fesses à James, qui prétend que ce sont elles qui le déconcentrent et le font perdre au billard. « Compétition déloyale ou pas, je ne vais quand même pas cacher mon meilleur atout physique. » Aucune vantardise là-dedans, bien entendu. Romeo a beau penser qu’il a un arrière-train pas trop mal, il n’ira pas jusqu’à dire qu’il est parfait. Et puis il a d’autres qualités. Comme celle d’être très bon au billard, ce qui lui permet de se vanter réellement cette fois. Alors qu’il se place pour frapper une nouvelle fois, il interroge James sur sa boutique. Autant discuter pendant qu’ils jouent, ça ne devrait pas le faire perdre pour autant. « Ça alors, qui l’eut cru ? » Il rit un peu, avant de taper la boule, qui fait à nouveau tomber une autre boule dans un trou. Décidemment, il est en forme. « Mais tant mieux si ça fonctionne. Tu dois commencer à avoir quelques habitués, non ? » Lui-même n’étant pas spécialement amateur de thé, il n’y est allé qu’une seule fois, mais il ne pense pas que James lui en veuille pour ça. « Non… ça va en ce moment. Il y a beaucoup de travail mais ça m’arrange un peu. Il n’y a que les semaines où j’ai Paige que je lève un peu le pied. Enfin juste un peu. » A nouveau, il se positionne pour frapper dans la boule, mais cette fois-ci, aucune ne tombe. « Ah ! A toi, champion. »

« T’es plus résistant, Letha mourrait plus vite. » Il faut être réaliste, James a plus de ressources physiques que sa fille d’un an. Malgré l’aspect très théorique de leur conversation – voire même impossible – James continue de s’offusquer des réponses de Romeo. Alors forcément, il continue. Entre les deux amis, une amitié faite de taquineries s’est développée au fil du temps. Une amitié dans laquelle aucun des deux ne risque de se vexer. Et Romeo ne risque pas de se vexer pour les compliments que fait James à son postérieur. Tout comme il ne risque pas de les prendre au sérieux. « Pourquoi ? Tu es d’humeur jalouse ? » Romeo continue de jouer, avant d’interroger James sur les dernières informations. A propos de sa boutique principalement. Romeo se reconnait là-dedans. Pas dans le thé, dont il ne raffole pas, mais dans l’implication de son ami dans son métier. « Je te crois sur parole sur ce coup. » A vrai dire, il n’y pas de temps particulier qui lui donne envie de thé. Il en boit si on lui en propose, mais il a toujours préféré le café. « C’est le premier signe que tu as réussi. Quand les gens reviennent spécialement pour ce que tu leur proposes. » En tout cas, il a toujours vu ça comme ça dans les restaurants. Mais étant au contact des clients tout le temps, James doit voir encore plus d’habitués que Romeo. Alors qu’il parle de son quotidien, Romeo doit être déconcentré, parce qu’il échoue à faire tomber une boule, et la main passe à James. En même temps, s’il avait tout mis à la suite, il n’y aurait pas eu de réel enjeu. Enfin il ne sait pas s’il en serait réellement capable. James se saisit aussitôt de l’occasion, en rentrant une boule. « Je te trouve bien présomptueux ce soir. » Il reprend son verre, tout en observant James se positionner. « Je lève le pied, quand elle est là. Donc quand elle est à l’école, je passe mon temps au restaurant. J’arrive à ne faire qu’un service du soir, même si je dois me rattraper la semaine suivante du coup. » Il a beau être chef cuisinier, il n’est pas propriétaire des lieux et n’a donc pas la possibilité de choisir entièrement ses horaires. Et même s’il le pouvait, il ne lèverait pas le pied. Travailler lui occupe l’esprit. « Ce qui n’est pas plus mal… ça peut paraître très vide certains soirs à l’appartement. » Il boit une nouvelle gorgée, comme pour mieux faire passer la pilule. Quand Paige est là, il peut plus facilement oublier que sa femme ne l’est pas. Ou tout du moins, il est trop occupé pour y penser. En revanche, quand il est seul, surtout le soir, dans son grand appartement, le temps parait long. « On pourrait porter un toast à nos femmes, tu ne crois pas ? » Il lève son verre vers James, comme s’il était sérieux.