Work hard, grab lunch - Wyatt

Un soupire répond à Damian. Par moment il se demande pour quelles raisons certaines personnes se sont lancées dans les forces de l’ordre si, au final, elles ne font que se tourner les pouces. C’est quelque chose que le flic n’a jamais saisi. Si le travail était fait sérieusement peut-être qu’il y aurait moins de crime en ville. N’a-t-il pas le droit de rêver un peu ? « Ouais et pour que ça change faudrait aussi que certains services arrêtent de penser avant tout à la reconnaissance. » Wyatt lève les yeux au ciel, exaspéré, avant de mordre dans son sandwich et de savourer les différentes saveurs de ce dernier. Son estomac le remercie également de le remplir autrement qu’avec du café ou des barres Mars. « T’inquiète pas, les détails vraiment privés vont le rester. » Et il ne peut pas s’empêcher de sourire, autant amusé par la réplique de son meilleur ami que par le fait qu’il y en a un paquet de détails privés. « Tu devrais peut-être essayer de multiplier tes années par deux. Cassie et moi … on a jamais vraiment réussi à se supporter, même gamins. » Une véritable misère pour leur famille qui ne comprenaient pas les raisons pour lesquelles ces deux-là ne s’entendaient pas. Et tout bien réfléchi, Wyatt ne les connaît pas lui-même. Probablement une attirance qu’ils refusaient d’admettre au point d’en être particulièrement frustrés. « Je ne sais pas. » Admet-il en haussant les épaules. Jambes tendues et croisées devant lui, il regarde les quelques passants qui se promènent dans le parc. « Voir ce que ça va donner peut-être … Même si, apparemment, ma sœur est un gros problème pour Cassie. Donc non, on en a pas vraiment parlé. C’est un peu la merde si je dois être franc. Faut croire que je l’attire. » Après tout, trop de simplicité ça n’aurait pas été drôle n’est-ce pas ? Wyatt ne demande que ça, surtout après les trois années difficiles qu’il a passé à Chicago. Il faut croire qu’il en demande de trop.

Le travail n’est pas forcément parfait mais ils l’aiment quand même et le font aussi bien que possible. Parvenir à s’entendre avec les autres services n’est pas toujours facile, mais Wyatt a appris à prendre son mal en patience. Il garde pour lui ce qu’il pense réellement à moins d’être poussé à bout. Dans ces moments-là, il explose mais le reste du temps il reste tout de même capable de garder sa bouche fermée. Tout ce qu’il espère c’est qu’il y arrivera aussi avec cette affaire en commun. Ce qui, pour l’instant, lui importe moins que la confidence qu’il fait à son meilleur ami. « Faut croire. Enfin peut-être que certaines choses ne méritent pas de changer. » C’est pessimiste de sa part, il l’admet volontiers, mais c’est tout aussi vrai. Néanmoins, il espère que concernant sa relation avec Cassie il se trompe. Parce que, finalement, peut-être que ça l’intéresse plus que ce qu’il veut bien dire. « Je ne sais pas. J’ai été un sale con avec elle pendant longtemps. T’as pas idée du nombre de gars que j’ai effrayé et c’est sans doute ça le truc. » Il continue de parler en regardant les passants, laisse libre court à ses pensées qu’il confie également à Damian. « J’étais peut-être simplement jaloux et incapable de l’accepter. Mais c’est à réfléchir, j’ai pas non plus envie de foutre la merde entre elles. » Son regard se posant à nouveau sur son voisin, il termine son repas par la même occasion. Papier mis en boule, il vise la poubelle en face et marque. L’avantage d’avoir joué pendant toutes ses années de lycée dans l’équipe de basket. « Allons-y ! » Après tout, ils n’ont pas des heures et des heures pour leur pause, autant qu’ils retournent au poste mais qu’ils le fassent tranquillement, en continuant de discuter. « Sans parler de ma sœur, tu sais qu’il faut que tu penses à poser tes yeux ailleurs que sur des microscopes ? » Ne peut-il s’empêcher de lancer alors qu’ils avancent vers la sortie du parc, son petit sourire malicieux reprenant place au coin de ses lèvres comme si ses pensées vis-à-vis de sa relation avec Cassie n’avaient pas été abordées.

Discuter avec Damian, ça a toujours été simple en plus de permettre à Wyatt de se libérer un peu. Parce qu’il n’y a pas grand monde à qui il se confie aussi facilement, pas alors qu’il préfère largement garder ce qu’il ressent pour lui. Ça évite qu’on trouve une faiblesse à retourner contre lui tôt ou tard. Avec son meilleur ami c’est différent, bien sûr. Il lui fait confiance et ils se connaissent depuis trop longtemps pour qu’il reste muet comme une tombe avec lui. « On t’a déjà dit que t’étais bien trop curieux, Rivera ? » Amusé de voir Damian se pencher pour l’écouter développer un peu plus, Wyatt lui s’enfonce contre le dossier du banc en bois. « Ouais, j’ai eu un épisode où je trouvais assez malin de faire peur aux gars qui étaient intéressés. Bon il a duré très longtemps cet épisode, mais on est vraiment cons à cette époque, je n’avais pas envie d’entendre Maze me dire que Cassie s’était fait briser le cœur. » Sauf que ça c’était l’excuse qu’il donnait à l’époque. Là, il commence à douter de la sincérité de cette dernière. Il y avait peut-être eu plus dès le début mais il avait été trop aveugle et trop fier pour l’admettre. « Je suis un pro pour attendre que ça passe plutôt que de me donner un peu trop, ça je peux faire. » C’est aussi son problème. Il est probable que se battre un peu plus plutôt que disparaître est ce qu’on attend réellement de lui. Il ne sait pas faire cela dit et puisqu’on ne le pousse pas trop à se bouger, le brun ne voit pas pourquoi il devrait le faire. Désormais debout, marchant à nouveau près de Damian, tous deux rebroussent chemin pour retourner au poste. « Hm je sais pas … ce n’est pas eux qui vont réchauffer ton lit par exemple ? » Ce qui est plutôt ironique en sachant que Wyatt n’a pas eu la moindre relation pendant trois ans à Chicago, trop focalisé sur son affaire pour ça – sans compter qu’il n’avait pas envie d’avoir quelqu’un à utiliser contre lui. « Oh mais bien sûr que je m’en fais pour toi, autant que tu le fais avec moi. » Ils ne sont pas meilleurs amis pour rien. Ils sont là pour se soutenir mais aussi pour s’inquiéter lorsque c’est nécessaire. « On est des solitaires, ça va finir par avoir raison de nous. » Une main posée sur l’épaule de Damian, Wyatt secoue la tête. C’est triste mais c’est la vérité. S’ils continuent à ne voir que par leur travail ils finiront vieux et seuls. Aigris aussi, peut-être n’est-ce pas vraiment une bonne chose ?

HJ: