all the little things — jiloy

Nous voilà à arpenter chaque rayon, l’un après l’autre, presque inefficacement. Leroy et moi. Envoyés dans la supérette du quartier pour notre mission de la semaine. Seulement, c’était censé être moi et moi seule pour acheter tout ce dont on a besoin à la maison. C’est mon tour, mais manque de bol pour le métis, il était là. Et je n’ai pas pu résister à l’envie de lui demander de m’accompagner. Il ne m’a suffit que d’un argument sur sa force et son aide plus que nécessaire pour porter les courses. Oublions le fait que je n’ai jamais eu de problème à tout transporter les fois dernières mais, n’est-ce pas qu’un détail ? C’est pour ça qu’il est avec moi, Leroy. Le truc, c’est que l’on fait que parler au lieu de se concentrer sur la liste, au point d’être capables de faire dix fois le tour du magasin sans nous en rendre compte. Encore heureux que je n’ai pas oublié la liste soigneusement remplie par tous les colocataires. Inutile de préciser qu’il ne faut donc rien oublier, ou alors je risque d’en entendre parler des heures et des heures. Tu sais, on peut dire que c’est un secret. Je vais avoir fait d’immenses courses, portées par mes bras tous maigres jusqu’à l’appart. Ils vont être impressionnés. J’acquiesce, détaillant d’un air distrait les étagères. Beaucoup trop de choix la plupart du temps, voilà pourquoi c’est un moment agaçant. Leroy le rend plus agréable, je ne peux pas nier. Tu te rends compte qu’Anton ose mettre ses capotes sur la liste. que je fais remarquer, passant du coq à l’âne d’un naturel inégalable. Je ricane en attrapant deux boites de conserves. Je les dépose dans les sacs, qui se remplissent de plus en plus. Ceux que Leroy porte.   Il faut vraiment que tu donnes des règles de vie à ton meilleur ami. Il est le mien aussi, sans doute le métis me le rappellera. Mais dans cette situation, j’aime faire semblant que non. Je souris, puis désigne les sacs. T’es toujours assez musclé pour porter tout seul ? dis-je sur cet air tellement taquin. Et de ma main, j’appuie sur son bras, au niveau de son biceps. Oh, je ferais mieux de me taire si je ne veux pas me retrouver vraiment seule. Je ne peux pas cacher le fait que le garçon m’est d’une grande aide, si bien que je m’imagine mal avoir déjà fait mon tour de courses auparavant. J’avais dû acheter deux fois moins de tout ce qu’on pourra ramener aujourd’hui. L’orgie, le festin en vue.

@leroy jones

Les courses, voilà une des tâches auxquelles il est bien difficile d’échapper. Il faut dire que tout le monde aime avoir un frigo et des placards remplis. Alors pour ça, il n’y a pas trente-six mille façons : il faut faire un tour au supermarché voire à l’épicerie. Aujourd’hui, c’est bien dans un supermarché que se trouve Leroy, ce qui prouve qu’il n’est pas là pour faire des petites courses. Non, la liste remplie par les différents habitants de la maison est longue, aussi longue que son bras ! C’est certainement la raison principale pour laquelle il a eu pitié de Jillian et a donc accepté de l’accompagner. En effet, ce n’était pas son tour mais Leroy est serviable, surtout lorsqu’il s’agit de son plus proche entourage. Le truc, c’est qu’il n’a pas l’impression de beaucoup avancer lorsqu’ils approchent le rayon des converses pour la deuxième fois. Si lui est efficace, n’aimant pas spécialement perdre son temps dans un supermarché, Jillian, fidèle à elle-même, parle. Elle peut s’avérer bavarde la demoiselle et Leroy, il ne peut pas vraiment s’empêcher de lui répondre. Alors, les sacs qu’il porte sont encore bien vides par rapport à la liste. Tu sais, on peut dire que c’est un secret. Je vais avoir fait d’immenses courses, portées par mes bras tous maigres jusqu’à l’appart. Ils vont être impressionnés. Leroy affiche un sourire amusé. Ce n’est pas une mauvaise idée, ils pourraient tous me demander de les accompagner après. Et clairement, Leroy, il a beau être serviable, il ne l’est pas assez pour faire les courses toutes les semaines. Tu te rends compte qu’Anton ose mettre ses capotes sur la liste. Ça, Leroy n’a pas de mal à le croire. Ce n’est pas la première fois qu’il achète des préservatifs pour son meilleur ami mais il doit être honnête, ça l’a aidé lui aussi les fois où Olivia était là et où il était à court. Il faut vraiment que tu donnes des règles de vie à ton meilleur ami. Alors là, il aura tout entendu ! D’une, je te rappelle au passage que c’est également le tien et de deux, c’est utile de savoir que lui en a toujours. Leroy termine sa phrase avec un sourire qui veut tout dire. Il avoue en avoir emprunté à Anton. Quoi ? C’est Jillian, il ne lui cache rien à cette brunette. T’es toujours assez musclé pour porter tout seul ? Et voilà qu’elle tâte son biceps comme si ce n’était pas visible à l’œil nu. Il s’entraîne, Leroy, assez régulièrement même. Au pire, si je faiblis, tes « bras tout maigres » prendront le relais. Il reprend volontairement ses mots, un air amusé sur le visage. Bon, c’est quoi la suite ? Il se penche vers Jillian pour regarder la liste qu’elle tient à la main. Des gâteaux. Mh, c’est pas ton écriture, ça ? qu’il demande, taquin, connaissant déjà la réponse. Faire les courses à deux, c’est réellement plus amusant.

Non, tu es mon ange gardien des courses. Que le mien. Leroy est à la fois amusé et attendri par cette remarque qui n’a pourtant rien de bien sérieux. Jillian joue un petit rôle ici : celui de la meilleure amie possessive et au fond, il aime y croire Leroy parce qu’accompagner les cinq autres personnes de leur colocation en courses est loin d’être une idée qui lui fait plaisir. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont établi un système de roulement : peu de monde aime parcourir les allées d’un supermarché mais tout le monde aime manger alors de temps à autre, il faut bien s’y coller. Du coup, si on me demande, j’enverrai la personne vers toi et tu lui diras exactement la même chose. Il sourit, Leroy, taquin à nouveau mais quand ne l’est-il pas en présence de la belle brunette ? Uniquement quand le sérieux est de rigueur. Le sérieux, il n’est toujours pas présent lorsque les capotes d’Anton sont amenées dans la conversation par Jillian. Leroy ne cache pas le fait qu’il en ait emprunté au tatoué. Sauf que moi, je m’en fiche de ses capotes. C’est pas comme si il m’avait déjà dépanné. Leroy hoche des épaules. Il n’est pas censé savoir ce détail. Le métis parle de beaucoup de choses avec sa meilleure amie mais leurs vies sexuelles respectives restent assez mystérieuses. Bien sûr, il sait lorsque Jill fréquente quelqu’un - de sérieux ou non - mais ça ne lui viendrait pas à l’esprit de se montrer curieux à ce sujet. Lui-même aborde rarement ses conquêtes, une marque de respect selon lui donc il n’irait pas pousser la brunette à faire quelque chose qui n’est pas dans ses propres habitudes. Parce que les femmes doivent toujours passer derrière les hommes, c’est bien connu. Leroy ne peut s’empêcher de rire à la remarque de sa meilleure amie. Elle peut s’avérer drôle – et légèrement féministe sur les bords. C’est noté. Sur le chemin du retour, je te ferais le grand plaisir de te transmettre les sacs. Il lui adresse un grand sourire, exagéré bien sûr. En attendant, ils ne se remplissent pas des masses ces sacs alors Leroy tente de les ramener à la réalité. Il veut en finir avec cette corvée. A-t-il déjà mentionné qu’il n’aime pas faire les courses ? Le truc, c’est qu’une nouvelle fois, il ne résiste pas à l’envie de taquiner Jillian. Je mange uniquement des fruits et des bonnes choses. Ce serait mal me connaître. Oh mais bien sûr, veuillez m’excuser de cette offense. Le métis répond du tac au tac, comme si il n’avait pas su se contrôler et c’est certainement un peu le cas. En attendant, ils se retrouvent bien dans le rayon des gâteaux et là, Leroy sait que les sacs vont être un peu moins vides. Il vit avec des crevards, l’a-t-il déjà précisé ? D’ailleurs, connaissant les habitudes et préférences de ses différents colocataires, il ne tarde pas à mettre quelques produits dans leurs sacs. Pendant ce temps-là, Jill, elle est en pleine observation des gâteaux proposés. Ça le fait doucement sourire, Leroy alors il reste là à la regarder pendant qu’elle fait son – ou ses – choix.

Privilégiée. Il ne lui dit pas mais Jillian le sera toujours avec lui. C’est sa meilleure amie après tout, celle qu’il a choisi pour tout partager, des moments les plus insignifiants de la vie quotidienne aux tournants de la vie. Il l’a choisi ou elle s’est imposée d’elle-même ? Au fond, ça ne change pas grand-chose. C’est Jillian, sa meilleure amie et donc forcément, une des personnes qu’il privilégiera toujours. Olivia lui a reproché et il n’a pas menti, Leroy ni à la belle blonde ni aux autres, le reproche était fondé. Non. Tu ne pourrais quand même pas me faire ça. La laisser porter tous les sacs sur tout le trajet du retour ? Non, il ne pourrait pas. Il peut lui faire croire mais bien évidemment qu’il ne la laisserait pas galérer. Ce n’est pas un méchant, Leroy. Il est connu pour ses bonnes manières et sa galanterie. Sa mère l’a bien élevé. Je pourrais mais je ne le ferais pas, qu’il finit par admettre à haute voix en regardant sa meilleure amie. Pas de quoi paniquer.
Le rayon gâteaux… autant dire qu’étant donné les personnes avec qui ils vivent, celui-ci est immanquable. Si la paire de meilleurs amis rentrent des courses sans les petits plaisirs sucrés de chacun, c’est le drame. Alors, ils s’y attardent ou plutôt, Jillian. Celle-ci ne prend pas le choix de ses gâteaux à la légère et ça amuse Leroy qui reste planté là, à la regarder, un sourire accroché aux lèvres. Finalement, elle fait ses choix et remplit un peu plus les sacs. Tu auras le droit de manger mes gâteaux si tu veux. Ça le fait sourire, Leroy, encore une fois. T’es adorable toi, vraiment, qu’il lui répond, en faisant trop mais n’en pensant pas moins. Tu veux un truc ? Il s’arrête dans son élan alors qu’il était déjà prêt à passer au rayon suivant. Non, merci. J’ai tes gâteaux. Et il lui sourit, encore et encore. En vérité, il a déjà tout ce dont il a besoin avec les choix de chacun, pas besoin d’en rajouter surtout qu’au final, il n’est pas très gâteaux le métis. Les voilà qui arrivent dans les produits d’hygiène. Leroy cherche son gel douche, le trouve, le met dans les sacs puis son regard se pose sur des bandes de cire épilatoire. L’idée est trop tentante, il en prend une et la tend à Jillian. Tiens, ça ne serait pas de refus. Aussitôt, il se retient de rire tel le gros gamin qu’il peut être.

Bien, tu as mes gâteaux. A cette confirmation de la jolie brunette dont il n’a pas vraiment besoin pour profiter de ses petites sucreries, Leroy hoche la tête. Cela fait des années que la paire de meilleurs amis se prête à peu près tout et parfois – ou même souvent – ils se passent de l’autorisation de l’autre. Combien de fois Leroy a surpris Jillian avec  l’un de ses t-shirts sur le dos ou même sa fameuse veste en jean qu’elle doit sûrement porter plus que lui. Alors, qu’est-ce que quelques gâteaux à côté de ça ?
Les courses ont décidemment le don de l’ennuyer. Souvent lorsqu’il s’ennuie et que sa meilleure amie est dans les parages, c’est elle qui prend – toujours gentiment bien sûr. Ce n’est pas parce qu’ils sont dans un supermarché entourés d’inconnus que cette habitude doit changer. Oh non, d’ailleurs ça se saurait si le métis se souciait de ces regards extérieurs, principalement lorsqu’il est en compagnie de Jill. Etrangement, il a tendance à oublier tout le reste lorsqu’elle est dans la pièce ou plutôt à la faire passer avant tout le reste. Olivia ne s’est pas grattée pour lui faire savoir mais passons. T’en aurais pas plutôt besoin pour tes deux-trois poils qui poussent là ? Oh, il apprécie la répartie de la brunette à laquelle il ne peut s’empêcher de rire cependant il reprend un visage sérieux pour lui répondre. T’as bien raison, j’aime pas cette moustache de toute façon. L’unique raison pour laquelle il prétend une telle chose, c’est parce qu’il sait que Jillian aime lorsqu’il se laisse pousser la moustache. Lui, ça dépend surtout de ses humeurs. Il finit tout de même par reposer les bandes épilatoires à leur place. Bon, qu’est-ce que tu me prépares comme repas ce soir ? J’ai très faim. Alors celle-ci ne manque décidemment pas d’air ! Déjà qu’il l’accompagne en courses, maintenant il doit également lui faire à manger ? Je pensais thaïlandais, tu sais celui que j’ai enregistré dans ton téléphone. Le métis lui adresse un sourire en coin. Leroy n’est pas un grand cuisinier, il s’arrête à des plats simples alors si la demoiselle veut quelque chose de plus élaboré, il faudrait commander. Autrement, il se mettra en cuisine pour remplir son estomac creux.

Si Jillian a une petite tête et oublie probablement la moitié des choses qu’ils peuvent se dire, Leroy a une bonne mémoire. Du coup, il est capable de retenir la moindre petite chose que lui dit sa meilleure amie même si c’est insignifiant. Il s’en souvient et s’en sert pour la taquiner. Comme là. Il sait très bien qu’elle aime sa petite moustache, d’où le fait qu’il menace de la raser. La réaction de la brunette est immédiate, celle-ci secoue la tête de droite à gauche, exprimant son désaccord. Je l’aime bien, alors ne l’enlève pas. Il sourit, le métis, content que sa taquinerie ait eu l’effet escompté.
La cuisine. Ce n’est pas l’un des principaux talents de l’agent immobilier. Puis, il doit l’avouer : lorsqu’il rentre d’une longue journée de travail, il n’a pas envie de passer du temps derrière les fourneaux. Alors, c’est devenu un adepte des plats simples et rapides mais surtout, des livraisons à domicile. Jillian n’est pas bien mieux que lui à ce niveau-là, ils feraient bien de suivre des cours de cuisine mais là encore, faut-il avoir le temps. Tu pourrais au moins faire des efforts pour moi. Et même si tu ne réussis pas le plat, je pourrais faire semblant de trouver ça délicieux. A nouveau, les lèvres du métis s’étirent dans un sourire. Il s’apprête à répondre, à lui dire qu’il ne doute pas une seconde du fait qu’elle pourrait prétendre aimer quitte à se rendre malade même. Parce que Jillian, c’est aussi ça, une personne adorable qui n’aime pas vexer ses proches. Cependant, elle ne lui laisse pas la parole et poursuit. Tu vois, moi je suis prête à te cuisiner un truc si tu me le demandes mais on peut commander…. Leroy pourrait profiter de cette perche tendue mais en voyant Jill mettre des sachets de pâtes dans leurs sacs, une autre idée lui ait venu à l’esprit. On va cuisiner, ensemble et faire des pâtes bolo. Ça te va ? Justement, ils passent devant le rayon des sauces tomates. Il s’empare d’un pot – celui qu’ils ont l’habitude de prendre à la coloc – et le montre à la jolie brunette. Il n’attend plus que sa réponse pour mettre la sauce dans les sacs.