come a little closer and let me do those things to you (anton)

Malgré ce qu’elle avait pensé, venir à cette soirée c’était pas du tout une bonne idée. Elle s’était dit qu’elle pouvait pas louper ce genre de fête, elle avait pas tous les jours l’occasion de passer un moment dans ce genre d’endroit, beaucoup trop au-dessus de ses moyens. Bah faut croire que de toute façon c’était pas fait pour elle. Un anniversaire c’est censé être festif, on est censé s’y amuser, là c’est juste trop guindé et elle y prend aucun plaisir. Elle se rappelle maintenant pourquoi elle les voit pas souvent ces amis-là. Puis y a trop de monde, c’est presque si les gens se marchent pas dessus. Et elle connait quasiment personne, forcément, c’est pas le genre qui fréquentent les mêmes endroits qu’elle. En plus de ça elle a même pas pu boire pour s’ennuyer un peu moins. En voyant le prix de son premier verre, elle a pris tout le temps qu’elle pouvait pour le siroter. Pour couronner le tout, ses escarpins neufs sont en train de lui tuer les pieds. Bref, rien qui va. Alors quand elle se retrouve enfin seule quelques minutes, elle perd pas un instant pour s’enfuir en douce. Elle quitte le bar, se dirige vers l’ascenseur, appuie sur le bouton pour l’appeler et s’y engouffre quelques secondes plus tard. Même dans ce petit espace exigu elle se sent pas à sa place. Il est encore plus apprêté qu’elle. Elle regarde le portes se refermer, puis se rouvrir après avoir été bloquée par un bras. Elle imagine même pas la tête qu’elle doit être en train de faire quand elle découvre Anton qui entre à son tour dans l’ascenseur. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Il est surement la dernière personne qu’elle se serait attendue à voir ici.

Déambulant entre les personnes présentes à cette fête, je me demande pour la énième fois de la soirée pourquoi je suis là. Ah, mais oui, que suis-je bête. J’ai eu la désagréable idée de promettre à mon pote que je viendrais et je ne trahis pas mes promesses. Alors je suis là, comme un con, à essayer de me faufiler dans la foule pour me prendre un verre. Rien ne vaut une fête sans alcool après tout… Du moins, ça, c’était jusqu’à ce que je vois le prix du verre. Ils sont sérieux ? Ok, ce n’est pas l’argent qui me manque, mais quand même. Ils pourraient penser aux personnes moins friqué… Ouais, enfin, quand je repense au quartier dans lequel je me trouve, je me dis qu’il n’y a personne de réellement dans le besoin ici. C'est fou, je fréquente ce genre de personnes depuis mon enfance, mais rien y fait. Je ne me sens pas de ce monde-là. Je ne m’y sentirais jamais bien, c’est comme ça. Je soupire, vide mon verre d’une traite et prends la direction de la porte d’entrée dans le but de me tirer. L’excuse est toute trouvée : je bosse demain -chose véridique-. A priori, je ne suis pas la seule personne à partir tôt, puisque quand j’arrive dans le couloir, je vois les portes de l’ascenseur se refermer. Rapidement, je rejoins ce dernier et bloque les portes avec mon pied, n’ayant pas l’intention d’attendre que la personne descende tous les étages. Et bon dieu, qu’est-ce que j’ai pu avoir raison. Naleya. C’est elle qui est dans l’ascenseur. J'entre et elle ma questionne, surprise de me voir. « J’étais à une fête. Et toi ? » Simple question par politesse. Sa tenue explique tout et je ne me gêne pas pour la mater de haut en bas, mordillant ma lèvre inférieure. « T’es magnifique. »

Elle se retrouve à Manhattan, dans un lieu hyper chic, lieu où elle ne vient donc habituellement jamais, elle quitte la soirée avant tout le monde et y a une seule personne qui fait la même chose qu’elle. Et cette seule personne qui se retrouve dans le même ascenseur, c’est un de ses colocs. Et Anton, forcément. Y a des fois où elle se demande vraiment comment le hasard réussit à être aussi surprenant. « J’étais à une fête. Et toi ? » Des fêtes dans cette immeuble, à cet étage, il y en a surement pas plusieurs, alors c’est pas difficile de comprendre qu’ils se trouvaient au même endroit. « A la même, il faut croire. » Ça continue de l’étonner, mais lui, comme d’habitude, il semble plutôt concentré sur son corps, qu’il détaille sans discrétion. « T’es magnifique. » Avec le temps qu’elle a mis à se préparer, elle espère bien l’être. A son tour ses yeux le scrutent. Il est beau, elle ne peut que le reconnaître. Elle a rarement l’occasion de le voir aussi classe, ça lui va bien. Beaucoup trop bien. « T’es pas mal non plus. » Elle se rend compte que c’est la première fois qu’elle se retrouve vraiment seule avec lui depuis le body painting. Depuis qu’ils se sont embrassés. Et ça la met légèrement mal à l’aise. « Tu rentres à la maison ? » Malgré cette gêne qu’elle ressent, elle se sentirait quand même bien mieux de rentrer avec lui que toute seule. Mais peut-être qu’il a l’intention d’aller finir sa soirée ailleurs. Du coin de l’œil elle regarde les numéros des étages défiler, puis se stopper soudainement avant qu’ils n’aient atteint leur destination, dans un léger soubresaut de l’ascenseur. Par réflexe elle appuie une nouvelle fois sur le bouton du rez-de-chaussée, mais rien ne se passe, mis à part la lumière qui s’éteint une seconde avant de se rallumer. Tournant la tête vers Anton elle plante les yeux dans les siens, le regard interrogateur. Ce qui est idiot, il ne peut pas en savoir plus qu’elle, mais elle ne sait pas quoi faire d’autre.

Je suis un mec chanceux. C’est la première chose que je me dis en découvrant qu’il s’agit de Naleya dans l’ascenseur. Enfin non, la seconde chose. La première a plutôt été "bordel, qu’est-ce qu’elle est canon !". L’étonnement se lit sur son visage et je comprends pourquoi quand elle m’annonce qu’elle était à la même fête. Je fronce légèrement les sourcils et demande, sceptique : « Tu connais Will ? » Après tout, il y a de grandes chances pour qu’elle y soit venue après une invitation de William, ce qui serait assez ironique. Ou sinon, elle a suivi une bande d’amis, c’est probable aussi et là, ça serait une pure coïncidence. Dans tous les cas, vu comme elle galère avec ses jobs pour payer son loyer, j’ai dû mal à croire qu’elle puisse connaître des gens de ce monde de bourge. En même temps, ne connaissant rien de ma vie personnelle, elle doit se demander ça sur mon sujet aussi la demoiselle. Son compliment me fait sourire, puis elle me questionne et j’hoche positivement la tête avant de lâcher : « Je te ramène ? Je suis venu en voiture. » Parce que j’avais l’intention de ramener une proie potentielle chez elle en fait. À la base, je ne m’attendais pas à me retrouver avec la femme qui me fait le plus d’effet en ce moment et j’en suis bien ravi. Du moins, je suis joyeux jusqu’à ce que l’ascenseur se stoppe dans sa descente. Naleya appuie une nouvelle fois sur le bouton de l’étage souhaité, mais rien ne se passe, hormis les lumières qui s’amusent à se prendre pour des guirlandes de Noël. Et ça me fait légèrement paniqué. Les yeux interrogateurs de la demoiselle se posent sur moi et j’hausse les épaules. « Me regarde pas comme ça, j’ai rien fait. » Ce n’est pas parce que je veux la baiser que j’irai jusqu’à provoquer un arrêt de l’ascenseur. Même en le voulant, je ne pourrais pas le faire de toute façon. Chopant mon portable dans ma poche, il ne me faut pas longtemps pour capter que je n’ai aucun réseau. Super. « Tu crois que si on crie, ils vont nous entendre ? » Chose peu probable tant la musique résonne fortement dans l’immeuble. On l’entend encore dans l’ascenseur, pour tout dire. « Au pire, y a quelqu’un qui va bien vouloir descendre, non ? » Ouais, je tente de me rassurer comme je peux. Les ascenseurs et moi, on n’a jamais été très copains.

« Tu connais Will ? » Il pose la question en fronçant les sourcils, l’air sceptique. Elle fronce les sourcils à son tour. « Ouais. C’est pas parce que je suis pas de ce milieu que je peux pas avoir des amis qui le sont. » Son ton est un peu brut, sans qu’elle ait pu le contrôler, c’est spontané. Mais elle est pas tout à fait sûre de comprendre ce qu’il insinue, et ce qu’elle imagine lui plait pas beaucoup. Elle est pas assez bien pour côtoyer des gens comme eux, alors il se demande ce qu’elle fout là, c’est comme ça qu’elle est censé le prendre ? Mais elle se radoucit rapidement, parce que tant qu’il est là, elle a pas tellement envie de rentrer toute seule. « Je te ramène ? Je suis venu en voiture. » Elle est soulagée qu’il lui propose. « Je veux bien, merci. » Le truc, c’est qu’il faudrait qu’ils sortent de l’ascenseur pour ça, mais il ne semble pas décidé à repartir tout de suite. « Me regarde pas comme ça, j’ai rien fait. » Elle sait. Enfin à moins qu’il soit magicien, mais elle en doute. Il sort son portable et le range presque aussitôt. Elle suppose que c’est le signe que ça ne capte pas ici. Sans grand espoir, elle limite pour vérifier elle aussi sur son téléphone, mais rien non plus. « Tu crois que si on crie, ils vont nous entendre ? » A son avis ? Aucune chance, malheureusement. « Au pire, y a quelqu’un qui va bien vouloir descendre, non ? » Son regard se pose à nouveau sur Anton, elle sent une légère vulnérabilité dans sa voix. « Ça va ? » Ça lui fait bizarre de le voir comme ça, elle est plutôt habituée à tout le contraire avec lui. Mais elle aime bien ça, découvrir une nouvelle facette de sa personnalité. « Tu veux que je te tienne la main, pour pas que tu fasses pipi dans ton pantalon ? » Elle rit doucement tout en lui tendant la main, avant de se rendre compte qu’elle doit avoir l’air de se moquer de lui. Ce n’est pas ce qu’elle voulait, en aucun cas elle ne juge les angoisses de chacun, elle voulait juste détendre un peu l’atmosphère. Peut-être un peu maladroitement. « J’imagine que ça va juste durer quelques secondes. Quelques minutes, tout au plus. » Elle l’espère vraiment en tout cas. Ça lui fait pas spécialement peur d’être coincée dans un ascenseur, ça la stresse pas, mais par contre elle serait agacée de devoir rester là à attendre longtemps sans rien faire.

« Calme toi Rambo, tu déformes mes propos. » Dis-je dans un premier temps pour qu’elle arrête de s’exciter. J’aime bien quand elle le fait, mais pas dans cette situation. Et puis, je n’ai rien dit de mal, je suis juste étonné. Elle n’a tellement pas la tête à connaître cette vie-là. Ce n’est pas insultant pour elle, bien au contraire. Elle a bien plus de mérite que tous ces gosses de riche. Ils ont beau être mes potes, je n’apprécie pas vraiment leur mode de vie. « Juste… » Que je commence par dire, me taisant quelques secondes, avant de me raviser. « Non, rien, c’est pas important. » Je n’ai rien à dire, ça ne me concerne pas après tout. Je détourne la conversation en lui proposant de la raccompagner à la maison, chose qu’elle accepte et je me réjouis d’avance de passer encore un peu de temps en sa compagnie. Enfin, c’était sans compter sur l’ascenseur qui fait son capricieux et se bloque en pleine descente. C’est une blague, hein ? Il va reprendre sa course normalement, comme s’il ne s’était rien passé, oui ? Non ? Ok, la bouffée de chaleur qui me prend d’un coup n’est pas des plus normales. Clairement, je rêve de passer du temps seul avec elle dès que possible, mais là, je donnerais tout pour que ce foutu ascenseur redémarre. Alors je tente de me persuader à voix haute que ça ira, que ça se finira bien vite, mais Naleya ne semble pas de cet avis. Je sais qu’elle a raison, mais je ne peux m’empêcher de râler parce que je ne peux faire que ça pour me détendre actuellement. Et elle, elle voit que ça ne va pas, puisqu’elle me questionne. J’aurai trouvé ça adorable, si seulement elle n’avait pas continué sur une taquinerie. Elle en rit, mais moi, ça me fait tout sauf rire. Je m’appuie contre l’une des parois, fermant les yeux quelques minutes, respirant un bon coup. Puis je pose le regard sur la jeune femme. « Ouais ça va, tu peux la garder ta main, j’ai pas besoin de toi. » Je réponds d’un ton neutre, ni trop froid, ni trop chaleureux. Je masque mes sentiments comme je n’ai pas su le faire au moment où cette boite s’est stoppée. Mais la vérité est que je me sens mal, je sais qu’il faudrait un rien à cet instant précis pour me faire paniquer. Sauf que je ne peux pas le faire, je ne veux pas être dans un tel état de faiblesse devant quelqu’un et encore moins devant Naleya. Je la vois se foutre de ma gueule pendant des décennies si je lâche prise et je ne peux pas lui faire un tel cadeau.

« Calme toi Rambo, tu déformes mes propos. » Le regard qu’elle lui lance est légèrement mauvais. Elle déforme rien du tout, c’est lui qui insinue des choses peu claires pour elle avec l’air qu’il prend. Il n’a qu’à s’exprimer mieux que ça s’il veut qu’elle comprenne. Elle lui fait pas ce genre de réflexions elle, et pourtant ça pourrait l’étonner aussi qu’il traine avec ces gens-là. Avec tous ces tatouages, il a pas tellement le style bcbg. « Juste… Non, rien, c’est pas important. » Elle soupire tout en levant les yeux. Ça l’agace qu’il n’aille pas jusqu’au bout et ne lui dise pas le fond de sa pensée. Elle aurait aimé savoir ce qu’il voulait dire, mais visiblement elle devra faire sans. Elle n’insiste pas, elle n’a pas envie de s’agacer encore plus et de finir encore une fois énervée contre lui. Surtout pas s’il est d’accord pour rentrer avec elle. Ce qu’il est. Mais ce qu’il ne vont apparemment pas faire tout de suite. L’ascenseur s’arrête et vu la réaction d’Anton, Naleya comprend qu’il n’a pas l’air à l’aise du tout. Elle voudrait le rassurer mais elle fait l’erreur de parler trop vite, sans se rendre compte que sa question pourrait être mal prise. Mais c’est ce qui se passe, lui ça ne le fait pas rire du tout. Elle se mord l’intérieur de la lèvre en s’insultant mentalement et en le regardant s’appuyer sur une paroi, les yeux fermés un moment. « Ouais ça va, tu peux la garder ta main, j’ai pas besoin de toi. » Il n’essaie pas d’être méchant, ni même gentil, il dit ça de façon banale. Mais elle n’est pas idiote, et c’est trop tard, elle a déjà remarqué qu’il n’est pas aussi calme qu’il essaie de le faire croire. Elle s’approche, se place face à lui, et ses yeux se posent sur une de ses mains. Elle hésite un instant mais finit par l’attraper. Il y a quelques jours elle faisait glisser les siennes sur son torse, alors elle peut bien prendre sa main, ce n’est pas grand-chose comme contact. Ses yeux se relèvent et elle essaie de capter les siens, attendant qu’il la regarde pour parler. « Excuse-moi. » Elle est sincèrement désolée. Elle a pas réfléchi et elle s’attendait pas à ce que sa taquinerie passe aussi mal. Pas avec lui, qui n’a pas l’air de prendre grand-chose au sérieux habituellement. Mais c’est pas son genre de se foutre des autres. Encore moins après avoir fait partie de ceux dont on se moquait à l’école. « C’était pas pour me moquer. Y a rien d’honteux à se sentir mal dans un ascenseur bloqué tu sais ? » Il lui aurait dit qu’il a peur des coccinelles, elle aurait trouvé ça plus drôle, mais pas là. C’est même plutôt normal de ne pas aimer être coincé dans un tout petit espace vide. « Ça va ? » Elle lui demande encore, de la façon la plus sérieuse qui soit cette fois.

Quand l’ascenseur se bloque, je commence à paniquer. Je n’aime pas ça, vraiment pas, cette situation me ramenant des années en arrière, lorsque je n’étais encore qu’un gamin. Sauf qu’à l’époque, j’étais resté bloquer seul pendant toute une journée. Là, il y a Naleya à mes côtés. Malheureusement pour moi, la première chose qu’elle fait, c’est se foutre de ma gueule. Je me braque, forcément, reprenant un ton neutre pour faire celui qui s’en fiche, celui qui va très bien. Je suis doué pour ça habituellement, il faut croire que là, ce n’est pas vraiment le cas puisque la demoiselle s’approche de moi. L'instant d'après, c’est sa main que je sens dans la mienne et mon regard cherche d’emblée le sien, intrigué par ce qu’elle vient de faire. Elle s’excuse, dans ses yeux, j’y lis sa sincérité et ça me fait me sentir con d’avoir aussi mal réagit. Certes, je n’aurai jamais pu me douter qu’elle ne disait pas ça méchamment, mais je n’aurai pas dû avoir cette réaction. J’hoche la tête au fil de ses questionnements, lâchant un rapide « Je sais. » lorsqu’elle me dit ne pas avoir voulu se moquer. Bon, en vérité, je ne le savais pas, mais étrangement, je la crois. « Ça va… J’aime juste pas trop ça, les ascenseurs qui se bloquent. » Et si ce n’était pas encore suffisant pour me faire paniquer, voilà que les lumières clignotent à nouveau et s’éteignent, pour ne plus s’allumer cette fois. Par automatisme, ma main libre vient se placer sur sa hanche, comme si le besoin de la sentir un peu plus devenait vital à cet instant précis. C’est sûrement le cas, la nécessité d’être rassuré par la présence de quelqu’un devient viscérale. Je sais qu’elle est là, face à moi, mais j’ai besoin de la toucher pour en être vraiment certains. À un autre moment, j’aurai trouvé ça carrément excitant et ça me détend au moins un peu d’y penser. « J’ai souvent souhaité me retrouver bloquer dans une pièce avec toi, mais maintenant que c’est le cas, je regrette ce souhait. C’est con, non ? » Que je demande dans un demi-sourire qu’elle ne peut pas voir. Ouais, je tente les plaisanteries -même si ça n’en est pas vraiment une- sans trop y aller à fond. Je fais tout sauf le fier à cet instant précis et ça doit se sentir par la pression que j’exerce sur sa main et sur sa hanche. Il me faut d’ailleurs quelques secondes pour réaliser que j’appuie sûrement un peu trop fort et desserrer la pression de partout. « Désolé. » Je murmure, une petite moue venant se pointer sur mes lèvres.

Evidemment que lorsqu’elle se rend compte qu’il a mal pris sa petite taquinerie et qu’elle vient de le vexer, elle s’approche tout de suite de lui pour s’excuser. Elle aime pas être méchante Naleya, c’est pas elle, enfin du moins pas lorsqu’elle ne l’a pas voulu, et elle ne le veut qu’avec les gens qu’elle n’aime pas. Ce qui l’étonne un peu plus d’elle-même, c’est le geste qu’elle fait, quand elle prend la main d’Anton. Vu son regard ça semble le surprendre lui aussi, mais il ne dit rien, se contentant d’acquiescer à ce qu’elle dit. « Je sais. Ça va… J’aime juste pas trop ça, les ascenseurs qui se bloquent. » Comme tout le monde surement. Mais elle voit bien que pour lui c’est plus que la gêne normale que ressentiraient la plupart des gens. Ça l’intrigue. Elle aimerait en savoir plus, connaitre plus de choses sur lui. « Mauvais souvenir ? » Mais elle a peu d’espoir que lui il veuille lui en dire plus sur lui. Elle s’attend juste à ce qu’il la refoule encore une fois, lui dise encore qu’il ne croit pas que ça pourrait l’intéresser. Mais même si c’est le cas tant pis, au moins elle aura demandé, elle aura essayé. Et à peine a-t-elle fini sa question que la lumière s’éteint. Pour de bon apparemment. Elle a un léger sursaut quand elle sent quelque chose contre sa hanche, avant de se rendre compte qu’il s’agit juste de l’autre main d’Anton. « J’ai souvent souhaité me retrouver bloquer dans une pièce avec toi, mais maintenant que c’est le cas, je regrette ce souhait. C’est con, non ? » Un rire s’échappe aussitôt de ses lèvres. Malgré la situation il n’en perd quand même pas son comportement habituel avec elle, tant mieux, ça a un petit côté rassurant ce genre de conversations familières. Mais elle ne répond rien, parce qu’elle est déconcentrée par la pression de plus en plus forte des mains d’Anton sur elle. Jusqu’à ce que ça s’arrête d’un coup. « Désolé. » Ses lèvres s’étirent en un léger sourire. « C’est rien. » En fait, elle aurait même presque envie de lui dire de continuer. Et elle a envie de se frapper elle-même d’avoir cette pensée. Alors elle reprend sur sa plaisanterie lancée un peu plus tôt pour relancer la conversation. « Et faut croire que ça doit être le karma qui essaie de te dire que c’était pas bien de vouloir ça, et de faire ce que tu fais avec moi. » Pendant un court instant elle se tait, avant d’ajouter, sans réfléchir, comme son cerveau semble aimer le faire quand elle est avec lui, et d’un ton un peu plus bas. « De m’embrasser sans prévenir. » En fait, elle doit aimer se torturer surement, y a pas de raison pour laquelle elle remettrait ce baiser sur le tapis sinon.

Sa main dans la mienne, elle me questionne, me demandant comment je me porte. La surprise de son geste étant passée, je lui réponds et elle cherche à en savoir un peu plus sur le sujet. Je reste silencieux l'espace d'un moment, ne sachant pas encore très bien quoi dire. Lui raconter tout ? Impossible. Alors je me contente de lâcher : « Quelque chose comme ça. » Sauf que ça m'intrigue. Je ne comprends pas pourquoi elle veut en savoir plus sur moi, surtout lorsqu'il s’agit de chose dont je ne parle à personne. « Pourquoi tu veux savoir ? Tu pourrais juste t'en contenter et te foutre de moi. » Et ça serait le mieux pour tout le monde, notamment pour moi. Le fait qu'elle sache ma peur d’être bloqué dans un ascenseur est déjà bien trop à mon goût. Il n'aurait jamais dû se stopper ce con, on serait dans la voiture à l'heure actuelle, avec moi cherchant sûrement à la faire succomber encore dans l'espoir d'avoir au moins un nouveau baiser. « C'est bête alors, je crois pas au karma. » Je n'y crois pas, en effet, il s'est bien trop foutu de ma gueule depuis ma naissance celui-là. La suite de la conversation me surprend. Elle met sur le tapis le baiser que je lui ai donné la dernière fois avant d'aller dans ma chambre. Je la regarde -du moins, du mieux que je peux dans le noir et si c'est bien son visage que je fixe-, me questionnant sur ce qui la dérange le plus. Que je l'ai embrassé ou que je ne lui ai rien dit avant ? J'opte pour la deuxième option, celle qui m'est la plus favorable. « T’aurais préféré que je te prévienne ? » Que je lui demande, enlaçant mes doigts aux siens, avant d’ajouter : « Et si je te préviens là, que j'ai envie de goûter encore à la douceur de tes lèvres, tu me diras quoi ? » Doucement, ma main glisse de sa hanche au bas de son dos et j'appuie pour la rapprocher de moi, satisfait lorsque je sens son souffle sur mes lèvres. « Dis-moi, Naleya, est ce que tu veux que je t'embrasse ? » Le choix lui revient, entièrement, et je me plierais à sa volonté. Je ne la forcerais en rien, ça serait être un gros connard alors qu'elle tente de m'aider. Surtout qu'elle y arrive très bien. Je suis tellement focalisé sur elle, sur son souffle sur mes lèvres, sur sa poitrine contre mon torse ou encore sur nos doigts entrelacés, que j'en viens à zapper ce qu'il se passe autour. Naleya a cet effet-là sur moi et je ne préfère pas me poser de questions sur ce que ça représente.