cause every time i see you, i don't wanna behave (anton) -18

Cette soirée elle en a vraiment besoin. En fait elle ne se souvient même pas de la dernière fois où elle a autant eu envie de sortir, de profiter et de se lâcher complètement. Elle n’a plus envie de penser à rien ce soir, à part s’amuser entre potes, boire, danser, et oublier de réfléchir. Parce que des ruptures elle en a déjà vécues, plusieurs, ce n’est jamais facile évidemment, mais elle ne pensait pas que ça pouvait être aussi horrible que celle qu’elle vient de vivre. Pas parce qu’il était le petit ami auquel elle a le plus tenu, ce n’était pas le cas, mais parce que penser au fait que ce qui lui a fait le plus mal ce n’est même pas de se séparer de lui et de se dire qu’elle ne vivrait plus jamais rien avec lui, mais bien les mots qu’il lui a dit et qui l’ont fait se sentir minable, ça ne l’aide pas du tout à aller mieux. Pourtant elle ne peut pas s’en plaindre et pleurer sur son sort parce qu’il a eu raison et qu’elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même s’ils en sont arrivés là. Tout est de sa faute. Mais c’était la meilleure chose à faire, elle ne pouvait pas laisser la situation continuer comme ça et maintenant elle regrette de ne pas l’avoir fait bien avant. Raison pour laquelle elle veut tout oublier, même si ce n’est juste qu’un soir. Elle n’a pas eu de mal à traîner ses copines dans une boite qu’elle aime bien, et qui n’est pas celle où elle bosse surtout, préférant éviter de croiser les gens qu’elle voit habituellement. Et à peine son premier verre entamé elle s’est précipitée sur la piste de danse, n’ayant pas envie de perdre du temps pour se défouler. Sa robe moulante, peut-être un peu trop, ne met pas longtemps à attirer les hommes et elle les laisse bouger contre elle sans rien dire. Elle n’a plus à les repousser maintenant qu’elle est célibataire et il n’y a rien de mal à danser, même si elle est la seule à savoir qu’elle ne leur donnera pas plus, la tête bien trop prise par un autre pour ça. Un autre dont elle croise le regard en jetant un coup d’œil vers le bar. Elle se fige aussitôt, surprise, choquée, se demandant presque si ce n’est pas une blague et où sont les caméras.

Une soirée en boite, selon mes potes, c’est ce qu’il me faut. Ils ont bien remarqué que je n’étais pas trop dans mon assiette ces derniers jours et comment je pourrais leur dire que c’est à cause d’une femme sans qu’ils se foutent de moi ? Ce n’est que sur le plan sexuel, mais ça reste dur. Tirer un trait sur son meilleur plan cul, ça ne sera jamais facile de toute façon, et c’est ce que je dois faire. Elle semblait vraiment déterminer à mettre un terme à nos relations charnelles, tant pis, je m’en trouverais une autre qui me fera oublier à quel point c’était bon. Et pour ça, le passage en boite est obligatoire, ainsi que le premier verre au bar, toujours selon mes potes. Assis avec eux au comptoir, je sirote tranquillement mon verre, discutant de tout et de rien avec ces derniers. Bien évidemment, je garde un œil sur les alentours, à la quête de la proie parfaite, et alors que je m’attaque aux personnes sur la piste de danse, je me stoppe sur une vision. Naleya qui danse et deux hommes qui la collent un peu trop. C'est une blague ? On ne doit plus coucher ensemble pour le bien de son couple, par contre se frotter à d'autres, ça semble permis. J’en recrache presque ma boisson. Comme si elle avait senti mon regard sur elle, Naleya tourne la tête vers moi et nos regards se trouvent. À l'instant même où ça se produit, elle se fige, laissant les mecs seuls dans leurs déhanchés. Mes yeux dévient quelques secondes sur la main de l’un des mecs, cette dernière se posant sur le corps de la belle, un peu trop bas dans son dos à mon goût. Ma main se resserre autour de mon verre, ma mâchoire se crispe, et je ressens soudainement l’envie de lui foutre une droite. Putain, je ne comprends même pas pourquoi je réagis ainsi, elle ne me doit rien. Et pourtant, c'est comme ça, je ne pourrais même pas expliquer pourquoi cette vision me dérange à ce point. Mon regard remonte vers celui de la jeune femme qui, elle, ne paraît pas m'avoir quitté des yeux une seconde. Je me lève alors, bois d'une traite la fin de mon verre, dis quelques paroles à mes potes, puis me dirige d'un pas décidé vers ce charmant petit trio. « Ça va, je dérange pas trop ? Tu t’amuses bien ? Ton mec sera pas trop jaloux ? » Que je lui demande une fois à leur hauteur, sans prêter la moindre attention aux deux idiots à ses côtés, essayant en même temps de garder mon calme. Parce que le mec jaloux, en ce moment, c’est moi et je voudrais me frapper pour ça. À quel moment je deviens comme ça pour une femme ? Ce n’est jamais arrivé et ça n’aurait jamais dû se produire. Elle me retourne la tête cette femme, c’est dingue.

Elle a l’impression de croire à une hallucination quand elle le voit, qu’elle croise son regard déjà posé sur elle. Ça la buguer, littéralement, elle en arrête même de danser, sans se préoccuper une seconde des mecs qui continuent à le faire contre elle. Qu’est-ce qu’il fait là ? Il ne devrait pas être ici, dans cette boite, ce n’était pas prévu dans ses plans pour la soirée. Elle ne le quitte pas des yeux tandis que ceux d'Anton descendent un peu puis remontent, et après avoir fini son verre cul sec il vient vers elle. « Ça va, je dérange pas trop ? Tu t’amuses bien ? Ton mec sera pas trop jaloux ? » Est-ce qu’il dérange ? Peut-être un peu oui, il a stoppé net sa petite danse collée-serrée. Est-ce qu’elle ça la dérange vraiment cependant ? Peut-être pas tant que ça. Elle s’amusait plutôt bien par contre, assez pour penser à autre chose que ses emmerdes en tout cas, mais maintenant qu’il est là ça lui revient en pleine face. Quant à la question sur la jalousie de son mec, ça lui fait froncer les sourcils. A quel moment il s’est mis à se préoccuper de ça. « Ce que pouvait penser mon mec t’intéressait pas trop quand t’étais en train de me prendre. » Cela dit elle réalise que la question peut quand même se poser. Il y a quelques jours elle lui dit qu’ils doivent arrêter de coucher ensemble parce qu’elle est en couple et qu’elle ne veut pas le briser, aujourd’hui il la trouve en train de se frotter à des mecs. Ça peut certes porter un peu à confusion, étant donné qu’il n’a pas toutes les informations en main pour comprendre. Mais est-ce qu’elle a vraiment envie de parler ça avec lui maintenant ? Elle était venue pour arrêter d’y penser et elle se retrouve à en discuter avec l’un des principaux concernés. Ça la fait soupirer et baisser légèrement la tête tout en la secouant de droite à gauche. « De toute façon la question se pose plus puisqu’on est plus ensemble. C’est en partie à cause de toi que je me retrouve là alors viens pas me faire la morale pour une danse. » Il l’a cherché après tout, à ce qu’elle soit célibataire, alors il ne peut pas lui reprocher d’en profiter maintenant que c’est le cas. C’est même lui qui une fois lui avait dit qu’elle devrait profiter de sa jeunesse plutôt que de s’embarrasser d’un petit ami qu’elle n’aime pas. « Maintenant à moins que tu veuilles danser toi aussi, j’en ai deux qui seront contents que j’arrête de te parler. » Ses yeux fixent à nouveau les siens, pendant qu’elle croise les bras et que d’un signe de tête elle désigne les deux hommes qui sont toujours près d’eux, à continuer de leur jeter des coups d’œil et à les écouter sans rien dire et sans trop bouger. Ces mecs sont décidément pitoyables, mais peu importe, elle n’a pas vraiment besoin qu’ils soient intelligents de toute façon.

Ayant capté son regard, je parviens ensuite jusqu’à elle et son duo de danseurs collant et les questions pleuvent. Ça sonne en reproche par moment et je ne parviens même pas à me contenir. Elle se stoppe totalement dans ses mouvements, fronçant les sourcils, puis me répond. Je lève les yeux au ciel. « Tu marques un point. D’ailleurs, ça m’intéresse toujours pas en fait. » Ça ne m’intéressera jamais, j’en ai vraiment rien à foutre de son mec. Mais l’utiliser comme moyen pour cacher que le jaloux dans l’histoire, c’est moi, ça m’arrange pas mal. Et puis elle lâche la bombe. "On est plus ensemble". Ça fait comme un bug dans mon cerveau. Comment ça, ils ne sont plus ensemble ? Je n’étais pas au courant, comment ça se fait ? En plus, dans tout ça, elle m'accuse d’être en partie responsable de cette rupture. Alors ok, je ne suis pas blanc comme neige, j’ai fait en sorte qu’elle faute en la tentant plus que de raison, mais elle n’avait qu’à pas céder si vraiment elle tenait à rester une sainte aux yeux de son mec. Ex mec, pardon. Elle est bien mignonne, j’ai mes torts, mais la grande coupable, c’est elle, pas moi. Je ne lui devais rien à son ex moi, contrairement à elle. Bien avant que je ne puisse répondre, elle continue sur sa lancée, me faisant clairement comprendre qu’elle ne va pas se gêner pour s’amuser avec les deux autres. Je serre les dents, sentant mon agacement monté un peu plus, mais je me contiens bien que je lui demande d’un ton amer : « Si je t’avais pas croisé ici, tu me l’aurais dit quand ? Avant ou après t’être faite baiser par un de ces deux mecs ? » Et je montre de la tête les deux guignols qui gigotent toujours à ses côtés. J’évite volontairement de répliquer sur son rejet de la connerie sur ma personne. On s’expliquera là-dessus plus tard, pas besoin de deux idiots comme spectateurs sur ce genre de sujet. Elle me fixe du regard, les bras croisés contre sa poitrine, patientant. « Ouais, j’ai envie de danser. » Que je finis par lancer dans un premier temps, déviant ensuite mon regard sur d’autres demoiselles se trouvant derrière elle. Elles m’ont remarqué elles aussi, vu la façon dont elles gloussent en captant mon regard et ça me fait doucement sourire. Au pire des cas, une de celles-là fera un bon plan B. Parce que ouais, elle a beau m’agacer, je ne compte pas encore lâcher l’affaire. Reposant le regard sur la belle, je finis par ajouter : « Tu veux quoi toi ? Que je parte ou que je reste ? » Et j’attends qu’elle prenne une décision. Je ne doute pas vraiment de son choix, je suis plutôt confiant même, mais on ne sait jamais. Elle a peut-être envie de faire ce que je lui avais conseillé une fois, s’amuser et profiter. Avec d’autres. Une pensée qui me dérange un peu trop, sans que je ne sache pourquoi.

« Tu marques un point. D’ailleurs, ça m’intéresse toujours pas en fait. » Elle le regarde, perplexe. Il lui pose une question pour finalement changer d’avis la minute d’après. Parfois elle a du mal à le comprendre. Mais elle a fini par avoir l’habitude avec lui, il est loin d’être la personne la plus facile à suivre et il n’est pas non plus très avare en explications. Et ce soir elle n’a pas envie d’en chercher à son comportement, enchaînant sur le fait que la question ne se pose plus de toute façon. « Si je t’avais pas croisé ici, tu me l’aurais dit quand ? Avant ou après t’être faite baiser par un de ces deux mecs ? » Il les désigne d’un signe de tête et même si lui ne la regarde plus, elle elle ne quitte pas ses yeux des siens. Et ça monte d’un seul coup, la colère explose en elle, c’est comme s’il venait de jeter de l’huile sur le feu. Un feu qui n’avait vraiment pas besoin d’être ravivé. Elle voulait oublier ce soir et lui il met les pieds en plein dans le plat. Son regard devient noir, elle serre les dents, très fort, tout comme les poings, sentant ses ongles s’enfoncer dans sa peau. Elle fait tout pour se retenir de le gifler malgré l’envie qui la dévore. Et quand elle lui répond elle essaie de ne pas se mettre à lui crier dessus, gardant un ton calme mais glacial. « Je suis ravie de savoir que toi aussi tu penses que je suis qu’une connasse qui saute sur le premier mec venu pour le baiser, merci beaucoup Anton. Tu peux dire que je suis une fille facile et une pute aussi, je suis plus à ça près, je connais déjà la chanson. » Est-ce qu’elle est vraiment en train de s’engueuler avec lui en plein milieu de la piste de danse d’une boite de nuit ? Elle se sent vraiment ridicule à cet instant précis. Elle n’a pas du tout envie d’être comme toutes ses hystériques qu’on voit souvent hurler sur leur mec après avoir trop bu. Parce qu’elle trouve ce genre de meufs lamentables et surtout parce qu’il n’est pas son mec et qu’elle ne comprend même pas pourquoi ils se retrouvent dans cette situation alors qu’ils s’ignoraient royalement il y a quelques semaines. « Ouais, j’ai envie de danser. » Elle se tourne pour suivre son regard et voit des filles glousser quand elles remarquent qu’il les regarde. Elle se remet alors face à lui, les yeux qui s’ouvrent un peu plus grands et le regard un peu dédaigneux. Elle se passe de commentaires mais n’en pense pas moins. « Tu veux quoi toi ? Que je parte ou que je reste ? » Qu’il saisisse l’occasion, c’est ce qu’elle aurait voulu qu’il fasse quand elle a cherché à savoir s’il voulait danser lui aussi. Sauf qu’il semble préféré vouloir la saisir avec d’autres. « Moi je t’ai demandé si tu voulais danser, mais apparemment toi t’es plus intéressé d’aller le faire avec ces pimbêches. » Si c’est de ça dont il a envie, grand bien lui fasse, mais dans ce cas-là elle ne voit pas où est le problème à ce qu’elle le fasse avec d’autres mecs elle aussi. Elle au moins elle ne cherche qu’une danse. Lui, elle a du mal à imaginer qu’il ne voit pas plus loin dans la nuit avec ces filles.

Prétendre qu’elle va se faire sauter par l’un des deux mecs ne semble pas lui plaire. Son regard devient noir et je sens la tension grimper en intensité. À la place des deux idiots, je m’enfuirais vite, très vite, avant que tout explose. Ils risqueraient d’être blessés dans le feu de l’action, ça serait bête. J’observe ses traits tirés, ses poings qui se serrent de plus en plus et il ne m’en faut pas plus. Je sais qu’elle est énervée, que je risque de m’en prendre une à tout moment, et pourtant, je reste à ma place. Je ne bouge pas d’un poil. Qu’elle me cogne si elle en a envie, ça la soulagera peut-être, elle qui n’a pas l’air dans son assiette. Parce qu’il ne faut pas croire que je n’ai pas capté qu’il y a un truc qui cloche. Elle est bizarre ce soir, bien trop. Et lorsqu’elle parle enfin, son ton se veut froid, glacial, me faisant bien comprendre à quel point elle m’en veut. Sur le coup, je ne saisis pas vraiment pourquoi elle me dit tout ça. Je me sens même vexer qu’elle s’imagine une seule seconde que je pense ça d’elle et je rétorque presqu’à la suite : « Mais qu’est-ce que tu racontes ? J’ai jamais insinué que t’étais une connasse et encore moins une pute. Calme toi deux secondes et... » Mais je me stoppe net, fronçant légèrement les sourcils en me repassant ses paroles en tête. Vu la tournure de sa phrase, je ne suis pas celui qui l’a dit en premier -bien que je ne l’ai pas dit du tout personnellement-. Il ne peut s’agir que d’une seule personne, je viens de le réaliser, et ça me fait redescendre d’un coup. « Il t’a dit ça ? » Son ex, cet abruti fini. Ok, elle est en tort, elle l’a trompée et c’est moche. Il est blessé, je peux le comprendre, mais ce n’est pas une raison pour la traiter ainsi. Les erreurs, c’est humain, quand bien même elles sont énormes. Elle a au moins eu le courage de l’assumer en lui disant les vraies raisons de leur rupture, chose qu’elle aurait très bien pu lui cacher pour le préserver. Par la suite, elle me demande si je veux danser, ce à quoi je réponds positivement, non sans avoir regardé les filles derrière elle. Forcément, Naleya le pige et m’incendie à nouveau sur place. Putain, elle me saoule. « T’es casse-couille, Naleya. » Elle ne comprend donc toujours pas que celle qui m’intéresse, c’est elle ? Ouais, je les ai regardé ces meufs, mais ça ne veut pas dire que j’ai envie de finir la soirée avec l’une d’entre elles. Enfin si, mais seulement si celle que je veux me repousse, autrement dit, celle que j’ai en face de moi. Je ne la quitte d’ailleurs plus des yeux, soupirant, avant de tendre la main vers elle. « C'est toi que je veux, viens avec moi. » Je ne veux pas qu’on reste là, pas alors que visiblement, elle a besoin de se lâcher, de vider son sac, et, invraisemblablement, j’ai juste envie d’être là pour elle. Je ressens le besoin insensé de la réconforter et je ne cherche même plus à me comprendre. C'est trop de prise de tête.

Faut croire qu’il y a pas de juste milieu avec Anton. Soit elle le trouve vraiment adorable, ou a envie de lui sauter dessus pour qu’il la prenne, soit elle a les nerfs contre lui et a envie de lui arracher la tête. Ou parfois les deux en même temps, ça arrive aussi. Mais ça se résume à ça, ce n’est jamais juste neutre, normal, tout simple. En tout cas là elle a très envie de le frapper, il doit l’avoir compris, elle ne cherche pas à le cacher, mais il reste immobile face à elle, comme si ça ne le dérangeait pas si elle se décidait à passer à l’action. Ce qu’elle ne fera pas, évacuant sa colère dans ses mots plutôt que dans ses gestes. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? J’ai jamais insinué que t’étais une connasse et encore moins une pute. Calme toi deux secondes et... Il t’a dit ça ? » Son ton change sur ses derniers mots, il parait tout à coup moins agacé et bizarrement ça se répercute aussi sur elle, l’énervement laissant place à la déprime de se souvenir de leur conversation. Y a pas de doutes, ça l’a vraiment mise en vrac tout ça, elle a l’impression d’être bipolaire ce soir, qu’elle est sur des montagnes russes des sentiments depuis quelques minutes. « Il a pas tort sur tout. Je l’ai trompé, il peut bien me dire que je suis une connasse, même si j’ai du mal à avaler le reste. » Elle sait bien qu’elle a complètement merdé et qu’elle est impardonnable, alors elle était prête à encaisser certaines insultes, mais le coup de la fille facile qui vaut pas mieux que certaines qui ouvrent les cuisses dès la première seconde lui est resté en travers de la gorge. Elle est pas comme ces filles vers lesquelles Anton tourne le regard et elle peut pas s’empêcher de s’énerver un peu à nouveau. « T’es casse-couille, Naleya. » Hey, c’est lui qui en regarde d’autres alors qu’elle lui parle de danser. Et c’est avec elle qu’elle voulait qu’il le fasse, elle s’était pas attendue à ce qu’il jette un coup d’œil autour d’eux pour chercher d’autres proies. Pas alors qu’il est venu lui reprocher d’être collée contre deux mecs. C’est elle qui devrait lui dire ça. « C’est moi qui suis casse-couille ? T’es chiant aussi hein, avec ton comportement que j’arrive pas à comprendre là. » Elle est peut-être juste conne, c’est pas impossible. Ou elle a peut-être déjà trop bu pour sa capacité et son cerveau n’assimile plus bien les choses, c’est pas impossible non plus. Ou bien il tout simplement aussi chiant qu’elle et c’est la probabilité à laquelle elle croit le plus. « C'est toi que je veux, viens avec moi. » Elle n’hésite pas une seconde avant d’attraper la main qu’il lui tend, elle en a envie. Après tout c’est la raison pour laquelle elle a rompu, parce qu’elle continue d’avoir envie de lui et pas seulement de leurs doigts qui se mêlent ensemble, alors il peut bien l’emmener où il veut, elle ne résiste plus. Mais elle s’interroge quand même, il n’y pas cinquante mille endroits dans cette boite où ils pourraient être plus tranquilles. Et elle ne sait même pas pourquoi il tient à l’emmener ailleurs en fait. « Où est-ce que tu veux qu’on aille ? Tu veux faire soirée confidences dans les chiottes comme un groupe de copines ? » En parlant de copines, elle a complètement zappé les siennes d’ailleurs. Tant pis.

J’écoute ce qu'elle me dit, pas très heureux de ce que j’entends. Il n’a donc pas fait que la traiter de connasse, c'est allé plus loin. Mais je ne veux pas qu'on en parle ici, pas avec toutes ses personnes autour et surtout pas avec les deux idiots qui la collent. Il faudrait peut-être qu'ils réalisent qu’ils nous dérangent à un moment ou un autre. Dans tous les cas, ça l'affecte, au point où son regard colérique affiche désormais une tristesse non feinte. Ça me peine à mon tour, la voir dans cet état, c’est tout sauf cool. Mon regard vers les filles derrière elle ne fait que jeter de l'huile sur le feu. La traitant de casse-couille, elle réplique que moi je suis chiant, ce qui me fait rouler des yeux. Y a encore quelqu'un qui ne le sait pas, ça ? « J'ai jamais dit que j’étais pas chiant et je l'assume pleinement. » Qu'elle assume son côté casse-couille, ça ne lui fera pas de mal, parce qu'elle l'est. Aucun doute là-dessus. Malgré tout, même si on se prend la tête depuis ce début de soirée et qu'on s'agace mutuellement, lorsque je lui tends la main, elle la saisit sans attendre une seule seconde, sans aucune hésitation. Ne disant rien de plus, je me mets à marcher, mes doigts entrelacés aux siens pour ne pas la perdre dans la foule. Sauf que, forcément, il faut qu'elle se mette à sortir des conneries. « Tu peux pas juste te taire deux secondes et me suivre ? Je sais que c'est trop te demander, mais fais moi un peu confiance, pour une fois. » Je parle avec un ton agacé parce que c'est le cas, elle m'agace à faire la gamine. Pour le coup, son silence ne serait pas de refus. J'aime sa voix, j'aime quand elle parle, notamment quand elle prononce mon prénom au moment de la jouissance, mais ouais, là, j'ai envie qu'elle se taise. Au moins juste le temps de l'amener dans ce coin isolé que je connais plutôt bien. En fait, je la connais assez bien cette boîte, pour y venir assez régulièrement. Et rapidement, on parvient à un endroit tranquille, avec peu de passage, ce lieu se trouvant au côté opposé à la piste de danse et à tous bruits sonores. « On sera un peu plus tranquille ici. » C'est sûr et certains. De plus, la musique résonne moins fortement à cet endroit, de quoi nous permettre de nous parler sans avoir à hurler pour bien s'entendre. Je me tourne vers elle et m'avance dans sa direction. Je viens me placer face à elle, une main se positionnant sur sa joue pour lui prodiguer une légère caresse, et sans dire un mot de plus, mes lèvres se joignent aux siennes pour un baiser léger, doux. Il n'y a rien de précipiter dans mes gestes, dans ce contact entre nos deux bouches. Ce soir, on a tout notre temps, on a toute la nuit pour profiter l'un de l'autre avec plus de passion. Rompant le baiser après quelques minutes, je laisse ma main se diriger sur sa nuque, mes doigts glissant dans la naissance de sa chevelure. J'aime vraiment trop ça, passé ma main dans ses cheveux. « Pour célébrer ta liberté. » Sa liberté de pouvoir coucher sans aucun remords, avec moi surtout, hein. Pas pour en profiter avec d'autres, quoi que j'ai pu lui conseiller par le passé. Je reviens cependant très vite au sujet sensible, à ce qu'il s'est produit lors de la rupture. « Qu’est-ce qu'il t'a dit d'autres et qui te cause autant de peine ? » Que je lui demande, mon regard rivé sur le sien.

« J'ai jamais dit que j’étais pas chiant et je l'assume pleinement. » Un bon point pour lui. Ce n’est pas pour autant qu’elle a envie de prendre exemple. Et puis elle ne l’est pas tant que ça, au moins elle attrape sa main sans le repousser. « Tu peux pas juste te taire deux secondes et me suivre ? Je sais que c'est trop te demander, mais fais moi un peu confiance, pour une fois. » Une petite moue boudeuse apparaît sur ses lèvres. Elle est un peu vexée qu’il lui dise de se taire, surtout elle qui n’est pas la plus grande bavarde qui soit, pour une fois qu’elle n’arrête pas de faire des remarques on lui dit de la fermer, ça ne va pas l’aider à devenir quelqu’un de plus loquace. Qu’il lui dise ensuite que c’est trop lui demander de lui faire confiance, l’air de dire qu’elle en est presque incapable, n’arrange pas les choses. Et si on ajoute à ça son ton agacé qui montre qu’elle le soûle, ouais, elle est un peu vexée. Pas de là à râler et faire la gueule cependant, elle le suit juste en fermant la bouche. « On sera un peu plus tranquille ici. » Contrairement à elle, qui n’est venue dans cette boite que deux ou trois fois, lui semble plutôt bien connaitre les lieux et l’a attirée vers un petit coin assez isolé où la musique est étouffée. Elle attend qu’il prenne la parole, voulant savoir pourquoi il tenait à l’amener ici, de quoi il voulait parler, mais il ne dit rien. A la place il s’approche d’elle, met la main sur sa joue qu’il caresse un instant et colle ses lèvres contre les siennes. C’est différent de d’habitude, plus doux, plus calme, mais il ne lui en faut pas plus pour se laisser aller. L’effet est immédiat, ça la détend. Encore plus quand sa main glisse dans ses cheveux. Elle aime ces gestes et elle se rend compte qu’elle n’aurait pas réussi à y résister définitivement. « Pour célébrer ta liberté. » Le choix du mot la fait sourire un peu plus. Ça lui donne l’impression qu’on vient de lui ôter des chaines, bien que ce n’était pas le cas, mais elle comprend où il veut en venir. « La liberté a un petit arrière-gout amer, mais je peux pas dire que j’aime pas ça. » Ne plus culpabiliser de l’embrasser, ça lui enlève un poids et c’est vraiment plaisant. Ça surpasse les inconvénients, bien qu’égoïstes, qui l’empêchaient de rompre. Tant pis si avec Anton elle n’a rien d’autre que du sexe, tant pis si elle n’a plus le côté rassurant d’être en couple, de savoir qu’il y avait toujours les petits gestes d’affection, n’importe quand, quand elle en avait besoin et que maintenant ce ne sera plus le cas. Et tant pis quand l’un des deux se sera lassé de coucher avec l’autre. Ça durera le temps que ça durera, autant qu’elle en profite en attendant de trouver la vraie bonne personne avec qui se poser sérieusement. Elle aurait juste dû se dire tout ça bien avant de fauter. « Qu’est-ce qu'il t'a dit d'autres et qui te cause autant de peine ? » Il plante les yeux dans les siens mais elle n’arrive pas à faire de même et regarde un point imaginaire derrière lui. Réfléchissant à ce qu’elle va dire avant d’hausser les épaules. « Rien de spécial, les trucs normaux qu’on sort quand on vient d’apprendre qu’on s’est fait tromper j’imagine. C’est légitime. Il me faut juste le temps d’avaler. » C’est elle qui a fait n’importe quoi, elle le mérite alors elle n’a pas à se plaindre de tout ça. Ce n’est déjà pas son genre de se lamenter sur ses problèmes, encore moins quand elle sait qu’elle n’a récolté que ce qu’elle a semé.

Une fois arrivé dans ce petit coin tranquille, je ne résiste pas plus longtemps pour l'embrasser. Un baiser tout simple, doux, complètement à l’opposé de tout autre baiser qu’on a eu l’opportunité d’échanger avant celui-ci, mais tout autant appréciable. Peut-être même un peu plus, il a une autre saveur, celle de sa liberté retrouvée et je lui en fais part. Ça a pour résultat de lui décrocher un sourire et je souris à mon tour. « Tu vas en profiter, de ta liberté ? » Que je lui demande, dissimulant plus que bien ma petite inquiétude. Une partie de moi aimerait qu'elle s'amuse à présent, qu'elle puisse savourer cette nouvelle vie de célibataire qui s'offre à elle, avec plusieurs conquêtes pour expérimenter un peu les choses. Mais l'autre partie de moi ne le désire pas dû tout. Cette deuxième partie voudrait que je la garde seulement pour moi, que son corps ne soit parcouru que par mes mains et que ses gémissements n’appartiennent qu'à moi. Comme un putain d'égoïste, en fait, et je n’ai pas le droit de l’être. Chassant ces pensées de mon esprit, je la questionne sur ce que son ex lui a dit et elle détourne le regard. Mauvais signe quand elle fait ça. Je soupire suite à ses paroles. « Regarde-moi, Naleya. » Et je reste silencieux jusqu’à ce qu’elle fasse ce que je lui demande. « T'aurais dû m’écouter quand je t'ai dit de rompre avec lui avant de faire une connerie. » Que je ne peux m’empêcher de lâcher. Je ne cherche pas à la faire culpabiliser encore plus, juste à lui faire réaliser qu’elle aurait réellement dû m’écouter dès le début. Parce que je savais qu’elle céderait et qu’elle le savait elle-même au fond, j’en suis persuadé. « Enfin, peu importe. Je sais pas ce qu'il t'a dit exactement, mais c'est un homme blessé. Il t'a dit tout ça parce que son ego de mâle en a pris un coup. » Je secoue négativement la tête avant d’ajouter : « Mais t'es pas une connasse, ou tout autre chose qu'il a pu te dire. » Une femme têtue, qui ne veut pas assumer son attirance physique, qui ne peut supporter l’idée de se dire que son couple n’est pas fait pour durer. Ça, elle l’est. Du moins, elle l’a été avant sa rupture. Mais elle ne pensait pas à mal, elle a fait de son mieux pour ne pas lâcher prise, pour ne pas me laisser "gagner". Au fond, c’est moi, le pauvre type qui ne lui a pas laissé une seule seconde de répit. « Et je suis vraiment désolé pour les choses qu’il t’a dites, t’aurais pas dû subir tout ça. C’est ma faute, j'aurai pas dû te faire céder. T'en serais pas là, triste, avec un type chiant qui peut rien t'offrir de plus que quelques bonnes parties de baises. » J'arbore une légère grimace. Finalement, elle n’avait pas complètement tort en m’accusant à moitié pour ce qui semble être son malheur. Une rupture pour pas grand-chose en plus, parce que je ne pourrais jamais lui offrir plus que ça. Plus que du sexe. J’en suis incapable et je ne peux tout simplement pas de toute façon. Ça serait voué à l’échec parce que je vais crever tôt ou tard -sûrement plus tôt que tard d'ailleurs-. Ce que je désire le moins au monde, c'est qu'une personne s'attache bien trop sentimentalement à moi, ça serait vraiment égoïste de ma part. Et à côté, elle a perdu peut-être l’opportunité de vivre une belle histoire d’amour avec un mec potable -bien qu’ennuyant à mourir-.