let me live in your eyes, let me love you tonight (anton) / -18

Soirée improvisée à la dernière minute dans un hôtel chic de Manhattan, jamais Naleya n’aurait cru pouvoir se permettre ça. Et elle ne peut toujours pas d’ailleurs, si elle est en train de fouler le sol marbré de ce restaurant c’est juste un coup de chance. Si on peut appeler ça comme ça. Même le plafond est dingue, ses yeux y restent accrochés plusieurs secondes, et absolument tous les clients sont sur leur 31. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne elle n’a jamais vu ça, et ils doivent surement la trouver étrange à regarder tout autour d’elle avec d’aussi grands yeux. « Eh bah, ton pote s’est vraiment pas foutu de toi. » Pote très généreux pour laisser l’occasion a un de ses amis d’en profiter à sa place, bien qu’il n’aurait pas pu le faire de toute façon. Il avait vraiment sorti le grand jeu pour sa copine et n’avait pas fait les choses à moitié. Tout ça pour rien. Le pauvre. C’est assez malheureux à dire, mais pour le coup, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Mais la brune a cependant un peu de mal à se sentir très à l’aise avec tous ces gens autour d’elle qui ne sont pas de son milieu. Elle a l’impression de faire tâche, elle n’est tellement pas habituée à tout ça, à cet étalage de luxe. Elle ne va pas dire que ça lui déplaît, elle a de la chance d’être là, c’est loin d’être donné à tout le monde, elle s’en rend bien compte et c’est plaisant d’en profiter au moins une fois, mais elle a aussi bien conscience qu’au contraire de la majorité des personnes présentes, elle n’a pas du tout les moyens de venir dans ce genre d’endroit souvent. Par réflexe sa main attrape celle d’Anton et ses doigts se mêlent aux siens alors qu’ils s’avancent vers la personne qui les accueille, ça l’aide à se donner un peu de contenance et à se sentir un peu plus à sa place.

Debout sur le trottoir, j’observe l’immeuble qui nous fait face à Naleya et moi. Malgré tout le fric de mes parents, je n’ai jamais mis les pieds dans cet hôtel. Je n’en ai jamais eu besoin, en même temps, ayant toujours eu un endroit où crécher en cas de pépin. Ce soir est une grande première et, connaissant le lieu par réputation, j’ai bien évidemment sorti le costard pour être raccord. La jeune femme à mes côtés n’est pas en reste, vêtue de sa superbe robe, vêtement qui lui va tellement à merveille que j’ai beaucoup de mal à ne pas la dévorer du regard. Je songe à l’entraîner directement dans la chambre, c’est vraiment tentant, mais je résiste. Pour une fois qu’on peut profiter de cet hôtel de luxe gratuitement, c'est le moment de tout faire. Déviant le regard vers la jolie métisse lorsqu’elle parle, j’hoche positivement la tête. « Je suppose qu’il faut au moins tout ça lorsque tu demandes ta copine en mariage. » J’hausse ensuite les épaules, je n’en sais trop rien en fait, je ne me suis jamais imaginé demander la main d’une femme. Je ne me vois tout simplement pas marier, pour faire plus simple, et savoir que l’un de mes potes allait le faire, c’est une drôle de sensation. Malheureusement, il ne pourra pas tenter de m’expliquer les sentiments que ça procure, sa copine l’ayant plaqué le jour même. On entre dans le bâtiment et, alors qu’on se dirige vers l’hôtesse d’accueil, Naleya glisse sa main dans la mienne et entrelace nos doigts. Je n’ai pas loupé sa nervosité et, pour tenter de l’apaiser, mon pouce caresse le dos de sa main. « Bonsoir, nous avons eu une réservation sous le nom Thompson. » Le nom de mon pote. Tous ses malheurs ayant eu lieu à la dernière minute, il n'avait pas pu faire les modifications nécessaires. Pendant que l’hôtesse cherche la réservation, je rapproche ma belle de moi, dénouant nos mains pour passer mon bras autour de sa taille, puis glisse à son oreille : « Détends-toi, tout va bien se passer. » avant de poser mes lèvres contre sa tempe. « Et oublie pas que t’es la plus magnifique ici. » Qu'elle n'en doute pas une seule seconde, je ne vois que par elle, sa beauté m'éblouis.

« Au moins oui. » Elle pouffe légèrement de rire à ce qu’il vient de dire, mais à surtout à sa façon de le dire. Vraiment pas le genre de trucs qui lui correspondent et ça ne l’étonne pas du tout, elle ne s’attendait pas au contraire. Et ça lui fait aussi revenir en tête une conversation qu’ils avaient eu des mois plus tôt déjà, alors que leur relation était bien différente de celle qu’ils ont maintenant. A l’opposé même en fait. « Tu vois que les histoires de prince charmant c’est pas des conneries, prends-en de la graine. » Son regard tourné vers lui, un sourire en coin sur les lèvres, elle lui donne un petit coup de coude dans les côtes. Lui qui l’avait charriée sur son envie de, soi-disant, trouver le mec parfait, son pote avait l’air de bien s’en sortir à ce niveau en tout cas, comme quoi ce n’est pas impossible. « Bon ça lui a pas réussi mais, il avait juste pas trouvé la bonne princesse, c’est tout. » A son tour d’hausser les épaules. Ils finissent alors par arriver dans le restaurant et Anton donne le nom de son ami. Naleya quant à elle observe tout autour d’elle, étonnée par tout ce qu’elle voit, n’ayant pas l’habitude d’avoir ça sous ses propres yeux. Elle est sortie de ses pensées par le tatoué qui la prend par la taille et murmure quelques mots rassurants à son oreille avant de déposer un baiser sur sa tempe. « Merci. » Au moins ça fait son effet et son sourire s’agrandit. L’avoir à ses côtés, en train de la soutenir, ça l’aide à se sentir plus à l’aise. Mais si elle ne peut pas s’empêcher de jeter à nouveau un regard sur les personnes présentes, notamment les femmes et leurs robes magnifiques surement hors de prix, et de douter de ce qu’il dit. Mais peu importe, son attention est à nouveau détournée quand l’hôtesse les devance pour les amener à leur table. Le temps qu’ils s’installent et rapidement ont leur apporte les cartes. Quand elle l’ouvre ses yeux se posent naturellement d’abord sur le nom des plats qu’ils proposent, puis glissent sur les prix. Et là elle veut tout faire en même temps. Parler, inspirer, sortir un bruit d’étonnement. C’est bien trop d’un seul coup, l’air passe de travers dans sa gorge et elle manque de s’étouffer, une quinte de toux venant attirer l’attention sur elle et rendre ses joues toutes rouges. Mon dieu il faut vraiment qu’elle se détende et se contente de profiter, il va vraiment finir par la trouver ridicule et regretter d’être venu avec elle.

Elle rit et je lève les yeux au ciel, fronçant les sourcils lorsqu’elle évoque le fameux prince charmant. J’avais presque oublié qu’elle était ce genre de femme, à rêver du grand amour, à être fleur bleue. Elle est pourtant obligée de faire le constat que ça n’a pas été une réussite pour mon pote. Moi, je trouve que ce n’est jamais une réussite, tout simplement. « Dans la vraie vie, il semblerait que la princesse finisse par se tirer. » J’affiche un petit sourire au coin des lèvres, dissimulant parfaitement ce pincement qui me prend au cœur. Songer au fait que pour moi, la princesse qui se tire pourrait être Naleya, ça ne me plaît vraiment pas. Je sais bien que ça arrivera tôt ou tard parce qu’un jour, ce que je lui offre ne lui suffira plus. Elle vient de me convaincre encore plus avec son histoire de prince charmant, mais ça n’empêche pas le fait que ça me fera du mal. Je me suis attaché, bien trop, et peut-être même que ça va plus loin que ça. Sauf que je ne veux pas y penser, préférant entrer dans le bâtiment en sa compagnie et zapper ce genre de pensées. Remarquant sa nervosité quand on se trouve à l’accueil, je rapproche la belle de moi, murmurant quelques mots à son oreille pour la rassurer. Ça semble marcher, ses remerciements et son sourire vont dans ce sens en tout cas. Pourtant, ça s’envole bien vite une fois qu’on est à table. Alors qu’on lit la carte, fraîchement apporté par un serveur, la belle tousse fortement, me faisant lever les yeux du menu pour l’observer, les sourcils froncés. Je crois deviner ce qui lui a pris et je sais que ça ira mieux dans quelques minutes, mais je sais aussi que les regards qui sont désormais sur elle ne vont pas aider. Posant la carte sur la table, je tends la main et viens saisir la sienne à plat sur la table, entrelaçant nos doigts. « Respire Naleya, focalise toi sur moi, deux secondes. » Je ne la lâche pas du regard, attendant qu’elle capte le mien pour continuer à parler : « Je sais ce que ça fait et on est pas obligé de rester ici, tu sais ? » Non, bien sûr que ce n’est pas une obligation. Ce restaurant ne fait que partit des choses qu’à réserver en avance mon pote, mais nous, on n’est pas forcé de nous servir de tout ce qu’il avait en tête. « On peut aller dans la chambre, juste entre nous, et commander quelques choses avec le room service. Tu préférerais ça ? » Pour ma part, les deux me vont, bien qu’être seul, qu'avec elle, est une idée très alléchante.

Le coup de la princesse qui se tire, lui ça le fait sourire, surement fier de lui montrer qu’il a raison et que ça finit toujours mal, mais Naleya ne l’entend pas de cette oreille et une petite moue apparaît sur ses lèvres. « C’était pas une vraie princesse, c’est tout. » Il ne peut pas toujours y avoir que des princes charmants et il ne peut pas toujours y avoir que des princesses non plus. Mais elle ne doute pas qu’ils finissent par se rencontrer un jour, même si ça n’arrive qu’après quelques ratés. Son petit moment de bouderie passé, ils entrent enfin, et le luxe dans lequel elle baigne soudainement met la brune un peu mal à l’aise. Ce qu’Anton remarque et rapidement il arrive à la calmer rien qu’avec quelques mots et de petits gestes d’attention. Se concentrer sur le fait que c’est avec lui qu’elle partage ça, c’est ce qui l’aide. Ça ne dure pourtant qu’un instant puisqu’une fois qu’ils sont installés à table et qu’elle se retrouve la carte entre les mains, ce n’est plus le métisse qui attire son attention mais les prix affichés. Des prix qu’elle n’a jamais eu l’occasion d’avoir sous le nez. Surprise, sa respiration la trahit et elle manque de s’étouffer, mais ce qui la gêne surtout ce sont tous les regards qu’elle sent se tourner vers elle. Ses yeux à elle restent fixés sur la carte et elle tente de se faire toute petite. C’est les doigts d’Anton qui attrapent les siens pour s’y mêler qui la font relever la tête et elle tente de faire ce qu’il dit. « Pardon, je sais pas ce qui me prend d’être aussi ridicule. » Certes ce n’est pas son milieu mais il n’y a rien de bien fou, elle n’a pas vraiment de raison de réagir comme ça. Le problème c’est que la présence du tatoué en face d’elle est aussi rassurante que stressante. Elle a tellement peur de ne pas être à la hauteur, de le décevoir, qu’il se rende compte que tout le monde autour d’eux se dit qu’elle n’a rien à faire là, avec lui. Elle ne devrait pas mais c’est plus fort qu’elle, elle pense à ce que les autres peuvent penser. Alors quand il lui propose de quitter le restaurant elle est tiraillée, mais une petite moue désolée apparaît bien vite. « Je crois que j’aimerais assez ça oui, être juste avec toi. Si ça te dérange pas. » Elle s’en veut de lui imposer ça, peut-être même de lui gâcher son plaisir, tout simplement, mais elle n’a pas envie de lui mentir. Ça lui fait plaisir d’être là, certes, mais elle se sentirait bien plus elle-même sans tous ces gens autour.

Je lève les yeux au ciel, mais ne rajoute rien sur cette histoire farfelue de princesse, et on entre enfin dans le restaurant. Après avoir patienté pendant quelques instants, on finit par obtenir notre table. Naleya semble plus détendu qu’à notre arrivée dans le bâtiment, chose qui m’apaise à mon tour. Je ne veux surtout pas qu’elle se sente mal à l’aise et, malheureusement, c’est ce qui produit lorsqu’elle commence à lire la carte. Ses toussotements sont dus à la vision des prix, pour avoir été à sa place plus d’une fois, je le comprends sans difficulté. Reposant ma carte sur la table, j’attrape sa main et lui demande de se concentrer sur moi, avant de lever les yeux au ciel une fois de plus. « T’es pas ridicule Naleya, tu le seras jamais. » Elle n’a pas à se sentir comme ça, à mes yeux elle est bien loin du ridicule. Je souris en voyant sa petite moue si mignonne, celle qui me donne toujours envie de l’embrasser, et mon sourire s’élargit en entendant son choix quant à la suite de ce début de soirée. « Tu me demandes vraiment si ça me dérange d’être seul avec toi ? Voyons ma belle, je suis sûr que tu sais déjà la réponse. » Je la taquine, cherchant à la détendre, mais aussi à lui faire comprendre que je ne trouve pas ça dérangeant. C’est même le contraire, ça me réjouit et me rend limite impatient maintenant. Je lève les yeux pour chercher un serveur, levant ensuite ma main libre pour capter son regard et la redescend lorsqu’il vient vers nous. « Monsieur, madame, avez-vous choisis ? » Je jette un coup d’œil à la belle, vérifiant qu’elle n’ait pas changée d’avis, puis reporte mon attention sur le serveur. « Ma compagne et moi-même avons changé d’avis, nous appellerons le room service et dînerons dans notre chambre. » "Ma compagne", cette désignation pour la métisse sort naturellement, sans que j’aie à réfléchir trop longtemps sur la façon dont je devrais décrire Naleya. « Bien monsieur. » Il nous quitte donc et je me lève, tendant la main à la jeune femme. « Allons-y. » Elle récupère ma main et on se dirige tranquillement vers l’ascenseur, la carte pour ouvrir notre chambre se trouvant dans la poche intérieure de ma veste. « On va pouvoir découvrir cette chambre un peu plus tôt. » Que je lâche, alors que les portes se referment sur nous, plutôt intrigué par cette chambre. Nos affaires ont été amenées à celle-ci avant même qu’on ne puisse la voir, elle reste donc encore un grand mystère.

Une nouvelle fois ce sont les paroles d’Anton et son contact qui la rassurent et l’aident à reprendre un peu de contenance. Elle a toujours eu du mal à comprendre ce qu’il trouvait de si exceptionnel à son physique, et maintenant c’est savoir comment il fait pour ne pas la trouver ridicule qui l’interroge, il la surprendra toujours. Mais dans tous les cas il réussit comme souvent facilement à la faire sourire et même à la faire rire légèrement. « Je veux juste pas t’empêcher de profiter de tout ça. » Il pourrait en avoir envie, ce serait normal. Mais visiblement ça ne semble vraiment pas le déranger et de la main il appelle le serveur. Son regard se pose alors sur Naleya et d’un signe de tête elle lui confirme qu’elle a toujours envie de partir. Et pendant qu’il répond au serveur elle ne le quitte pas des yeux, sourire sur les lèvres, étonnée du mot qu’il a employé la concernant. L’échange terminé il se lève et lui tend la main, qu’elle prend tout en attrapant son sac de sa main libre. Mais sa maladresse ne semble décidément pas décidée à la laisser quitter le restaurant sans plus de gêne puisque que le sac lui échappe des doigts et s’écrase au sol, s’ouvrant sous le choc et répandant son contenu sur le sol. Ses joues redeviennent aussitôt toutes rouges et elle se baisse pour ramasser précipitamment tout ce qui traîne. Heureusement pour elle il n’y avait que peu de choses dedans. C’est tout aussi précipitamment qu’elle se dirige vers la sortie, sans même regarder plus longtemps à ses pieds, de plus en plus pressée de quitter l’endroit. Ce n’est qu’une fois dans l’ascenseur et quand Anton ouvre la bouche, qu’elle souffle un bon coup. Se tournant vers lui elle ne répond pas tout de suite, préférant aller resserrer ses bras autour de sa taille, sa tête posée contre son épaule. Ce n’est qu’après quelques secondes, pendant lesquelles elle prend le temps de se détendre un peu plus, qu’elle se recule enfin. « J’ai surtout hâte de sauter sur le lit pour voir s’il est confortable. » C’est ce qui l’intéresse le plus, le lit. Elle ne doute pas que même ça ça doit être d’une qualité incroyable ici et elle meurt d’envie de le tester. Puis son regard se fait un peu espiègle et un petit sourire en coin réapparaît. « Oh et, "ma compagne" hein, je suis surprise de cette façon de me désigner. »

Je secoue la tête, soupirant légèrement. « La seule chose dont je veux profiter ce soir, c’est d’être avec toi. » Ce qu’il y a autour, que se soit le restaurant ou même l’hôtel, je n’en ai strictement rien à foutre. Tout ce que je veux, c’est pouvoir passer du temps avec elle. Depuis le Coachella, on n’a pas vraiment eu de moment juste elle et moi et, oui, ça me manque à un point inimaginable. Le serveur nous rejoint et je lui explique que nous allons prendre le repas dans notre chambre, allant jusqu’à qualifier Naleya comme ma compagne. Je ne trouve même pas ça bizarre de l’avoir renommé de cette façon. Je me lève ensuite, tendant la main à la métisse pour qu’on s’en aille, mais c’est sans compter sur sa maladresse ce soir. Alors qu’elle se lève, son sac à main glisse sur le sol, étalant son contenu à la vue de tous. Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle s’attèle déjà à tout ramasser en vitesse, remettant le tout dans son sac avant de me suivre. Je la sens presque en apnée tout le long du trajet jusqu’à l’ascenseur, et ce n’est qu’une fois les portes refermées qu’elle se détend, venant se blottir dans mes bras. J’entoure son corps de mes bras pour la resserrer contre moi, embrassant son crâne, tout en gardant le silence. Je lui laisse le temps de retrouver son calme et lorsqu’elle semble être bien plus apaisée, elle recule et parle enfin, me faisant légèrement rire. « Personnellement, le confort du lit m’intéresse, mais pour une toute autre chose. » Je me mordille la lèvre suite à mes propos, ne cachant pas la chose à laquelle je fais référence. Oh oui, ce lit va être réellement bien tester ce soir, je n’en ai aucun doute. Forcément, elle ne peut s’empêcher d’évoquer ce que j’ai pu dire au serveur et un sourire prend place sur mes lèvres. « T’aurais préféré que je t’appelle comment ? Boo ? » Elle a peut-être récupéré ses affaires rapidement, ça m’a quand même laissé le temps de voir sa carte d’identité. Naleya Boo Pharrell. Peu commun son second prénom. L’ascenseur s’arrête, signe que nous sommes arrivées, et nous en sortons pour rejoindre notre chambre. Cette dernière n’est pas dure à trouver et je sors la carte magnétique de ma poche pour déverrouiller la porte, laissant Naleya entrée avant de le faire, refermant derrière nous pour finir bouche bée face à ce que je vois. On se trouve dans une suite et donc, actuellement dans le salon, mais le plus frappant est ce qu’il y a dans cette pièce. Des pétales de rose sont étalés un peu partout, la lumière est tamisée et du champagne nous attends sur la table. Une ambiance purement romantique. « Il avait vraiment sorti le grand jeu. » Et dire qu’on n’a même pas encore vu la chambre.

Elle est rassurée, et surtout très touchée, de voir que ce qui l’importe surtout c’est d’être avec elle et de savoir qu’ils n’auront finalement pas à manger dans ce restaurant. Elle aurait fini par s’y faire et par se détendre, mais la proposition qu’il lui a faite est bien trop alléchante pour ne pas sauter sur l’occasion. Etre juste tous les deux, c’est bien trop rare pour ne pas avoir envie que ça arrive le plus rapidement possible. Une fois le serveur prévenu ils se lèvent pour partir et c’est ce moment que choisit la maladresse de Naleya pour refaire surface. Le contenu de son sac finit au sol et elle s’empresse de tout ramasser aussi vite qu’elle le peut, suivant ensuite Anton jusqu’à l’ascenseur sans un regard derrière elle. Elle est tendue, les joues encore un peu rosies, et ce n’est que lorsqu’ils ne sont enfin vraiment plus que tous les deux qu’elle se calme, allant entourer ses bras autour d’Anton alors qu’il fait de même autour d’elle. Le silence s’installe quelques secondes, qu’elle finit par briser avec une remarque qui le fait rire. Et ce qu’il répond la fait aussi rire en retour. « C’est vrai que ce dont tu parles est beaucoup plus intéressant. » Se recollant un peu plus à lui, elle approche ses lèvres des siennes pendant qu’elle parle, les yeux plantés dans les siens. Avant d’afficher un énorme sourire. « Mais ça m’empêchera pas de sauter dessus. » Elle est comme les enfants, un lit ou canapé qui a l’air tout moelleux, c’est fait pour servir de trampoline. Faisant ensuite une remarque sur la façon dont il l’a décrite au serveur, ce qu’il réplique la prend par surprise et ça se voit sur son visage. « Comment tu… » Ses affaires tombées sur le sol, dont sa carte d’identité, il a eu le temps de la voir. Sa petite moue habituelle réapparaît sur ses lèvres et ses sourcils se froncent. « T’aurais pas dû voir ça. Jamais. » Pas le temps d’en discuter plus longuement puisque les portes de l’ascenseur s’ouvrent, mais elle espère qu’il oubliera vite ce petit détail sur elle. En tout cas pour l’instant leur attention est totalement occupée par la découverte de la suite qui les laisse un instant sans voix. Rien que le salon est immense et l’ambiance qui s’en dégage, elle a l’impression de se retrouver dans une comédie romantique. « J’ai quand même vraiment de la peine pour lui. Il devait être fou d’elle. » Au vu de tout ce qui a été mis en place, il n’y a pas vraiment de doutes à avoir. Cette rupture a dû être vraiment horrible pour lui. Faisant le tour de la pièce tout en la contemplant, elle finit par ouvrir la première porte sur laquelle elle tombe. Et elle reste les yeux grands ouverts sur le pas de la porte. « Ok, je crois que j’ai très envie d’un bain là. »

L’ascenseur enfin atteint, la jeune femme vient se blottir dans mes bras, chose que j’apprécie grandement, et je la serre un peu plus contre moi. Après quelques minutes de silence, elle fait part de son envie qui me fait rire, puis j’en fais de même, la faisant rire à son tour. Je souris à ses paroles pendant qu’elle vient se recoller à moi, ses lèvres flirtant avec les miennes, puis ris de nouveau. Je dépose un baiser sur ses lèvres, avant de lâcher : « Tu pourras sauter dessus, ma petite Naleya. » Taquin, je la compare sans aucun mal à une gamine face à ce qu’elle déclare. Parce que c’est connu, ce sont les gamins qui s’amusent à sauter sur les lits, que ça soit dans un hôtel ou chez eux d’ailleurs. À cet instant présent, Naleya se rapproche de ces gosses-là, en bien plus grande, sexy et attirante, cela dit. Sa petite réplique sur le terme que j’ai employé pour la désigner ne tarde pas à arriver, je me doutais qu’elle allait l’aborder, et pour la contrer, je lui dévoile le fait d’avoir vu son second prénom. Son sourire se déforme dans une grimace, son visage exprimant clairement son étonnement, et il y a de quoi, jusqu’à ce que sa moue habituelle prenne possession de ses traits. Je souris à ces propos, n’ayant toutefois pas le temps de m’y attarder à cause des portes qui s’ouvrent, et on file droit vers la chambre. À peine entrée dans la suite que la décoration et les dispositions appelant à une soirée romantique me laissent con. Mon pote avait vraiment sorti le grand jeu ce soir et c’est ce que je dis à voix haute, faisant part de mes pensées à la belle. J’hoche tranquillement la tête face à ce qu’elle sort à son tour, ajoutant doucement : « J’en ai aussi, je te rassure. » J’en viens presqu’à regretter de me trouver ici, dans cet hôtel, à sa place. Ce n’est vraiment pas le genre de chose que je serais prêt à mettre en place pour une femme. Ou peut-être bien que je le prétends parce que je n’ai jamais été amoureux, du moins pas avant de flancher pour celle avec qui je me trouve ce soir. Mais bref, ce n’est pas le moment pour penser à cette conversation que j’ai eu avec Miles il y a peu, et la métisse me tire de mes pensées quand elle annonce avoir envie d’un bain. Un rapide coup d’œil m’indique où elle se trouve et je vais la rejoindre sans attendre, me plaçant dans son dos, mes mains saisissant ses hanches et mes lèvres se posant au creux de son cou. « Tu préfères pas qu’on mange avant ce bain, ma belle ? » Parce que j’ai quand même faim moi, et pas que d’elle. Pour une fois, j’ai envie de nourriture avant. Repensant ensuite à sa réaction dans l’ascenseur, je remonte ma bouche vers son oreille pour lui demander dans un murmure : « Je trouve ça mignon, Boo, tu sais ? »