if you got issues, i got them too. (jiloy)

Leroy est pensif ce soir. Alors que tous les colocataires partagent un repas, l’une manque à l’appel et pas n’importe laquelle : Jill a refusé de descendre manger. Ça ne lui ressemble pas, ça. La demoiselle est toujours la première à réclamer à manger lorsqu’elle rentre du travail, l’estomac creux. De plus, elle refuse rarement de passer du temps tous ensemble. Pour cause, ça ne se produit pas souvent et la brunette est du genre à aimer profiter de ces moments de partage. Ces deux choses mélangées à l’étrange impression que lui donne sa meilleure amie ces derniers temps l’empêchent de profiter pleinement du dîner. Encore plus silencieux que d’habitude, le métis ne participe que rarement à la conversation. Ça le tracasse cette affaire. Il déteste la simple idée que quelque chose puisse déranger Jillian et pour le coup, son intuition lui dit que peu importe ce qui se passe dans sa vie, ça ne fait pas qu’uniquement la déranger. La fin du repas sonne comme une délivrance, il en profite pour monter au premier étage où se trouve la chambre de Jillian. Sans hésiter, il toque à la porte, deux coups comme il a en l’habitude sans même s’en rendre compte. Sa meilleure amie ne ferme jamais sa porte à clef alors malgré l’absence de réponse, il l’ouvre. D’abord un peu, juste histoire de passer sa tête puis entièrement. Jillian est allongée sur son lit, lui faisant dos. Pas près de se démonter, Leroy entre et ferme la porte derrière lui. Le métis contourne le lit. Il soulève les jambes de sa meilleure amie et les repose sur ses cuisses une fois assis. Un long échange silencieux s’en suit. Son regard plonge dans celui de la belle brune, il attend qu’elle prenne la parole mais celle-ci semble vouloir se faire désirer. Alors, Leroy lance la conversation. Bon, parle-moi. Il n’y va pas par quatre chemins, Leroy mais sa voix est loin d’être brusque. Au contraire, elle est douce et se veut encourageante. Je vois bien que quelque chose ne va pas.  Et il ne quittera pas sa chambre tant qu’elle ne lui aura pas dit quoi. Elle doit bien le savoir. Même si Leroy est du genre à respecter la vie privée de ses colocataires, Jillian n’est pas qu’une simple colocataire. C’est sa meilleure amie et quel genre d’ami serait-il s’il lâchait l’affaire facilement ?

@Jillian Dunn  

Pas l’envie de faire semblant. Pas l’envie de me mélanger à mes colocataires. Non, ce soir, je broie du noir. Je n’ai aucune envie particulière, si ce n’est de rester dans ma chambre, seule. À l’abris des regards, là où l’on ne me posera pas de question. Mon lit comme refuge, je reste immobile, allongée. Je ferme les yeux, sans pouvoir espérer dormir un peu. Non, je n’y arrive pas. Parce que ça me travaille, ça me bouffe. J’ai beau vouloir passer au dessus de tout ça, je ne peux pas. Ma mère qui me hante, me tourne les tripes. Elle ne voudra donc jamais parler et laisser cette ordure en liberté. Ce n’est pas ce qu’il mérite, clairement pas, mais ça, ma génitrice ne semble pas s’en rendre compte. Une visite qui a encore mal tourné, une de plus depuis quelques mois. J’espérais que le temps fasse les choses, mais je me suis bien trompée. C’est l’effet inverse. Viendra le jour où je devrais m’avouer vaincue, et rien que d’y penser, j’en suis malade. Qu’est-ce qu’elle ne comprend donc pas ? C’est de sa fille décédée que l’on parle. De sa fille qui a souffert en silence, qu’elle n’a même pas sauvé en sachant ce qu’elle endurait. Et moi, qui ignorais tout ça ... Je sors de mes pensées en entendant deux coups sur ma porte. Je sais de qui il s’agit, et je ne réponds même pas. Je sais qu’il va entrer, et c’est ce qu’il fait, Leroy. Je suis de dos, et je peux le voir que lorsqu’il prend place sur le lit. Silencieuse, je ne décroche pas un seul mot. Lui non plus. J’ai un peu de courage pour le regarder, ou peut-être que c’est ça, le courage que j’espère trouver dans ses yeux. Je sais qu’il veut que je parle, que quelque chose ne va pas. Il me connait, le métis. Et je ne peux pas lui en vouloir de jouer son rôle de meilleur ami, de confident, toujours là dans les bons et mauvais moments. J’inspire un peu, me frotte le visage. Je suis allée la voir, que je chuchote, pour que lui seul entende. Comme si quelqu’un pouvait écouter derrière la porte. Leroy, il va directement savoir de qui je parle, parce qu’il n’y a que ces sales histoires de famille pour me tourmenter ainsi. Je n’imagine même pas mon état quand ce sera le paternel que je croiserais. Je crois que j’ai trop espéré en me disant qu’elle accepterait de parler. C’était trop beau pour être vrai. Espoir anéanti, et peut-être que jamais ces histoires ne se termineront. Frustration et colère, voilà ce que je ressens et continuerais de ressentir.  

Leroy sait que la faire parler est à double tranchant. Une fois que Jillian lui aura confié ce qui la tracasse ces derniers temps, cela deviendra automatiquement son problème à lui aussi. C’est comme ça, il n’y a rien que le métis puisse faire pour l’empêcher. Cependant, à ses yeux, c’est aussi ça l’amitié : tout partager, pas seulement que les bonnes choses. Une amitié est réellement solide lorsqu’elle est capable de surmonter les problèmes de l’un et de l’autre. En tout cas, c’est le point de vue de Leroy. Seul, on va plus vite. A deux, on va plus loin. C’est peut-être bateau mais il y croit. Puis, dans leurs cas, ça s’est déjà prouvé. Je suis allée la voir. Leroy hoche doucement la tête, fixant le mur en face de lui. C’est donc ça. Au fond, il aurait pu ou même dû s’en rendre compte par lui-même. Rien ne joue autant sur le moral de la brunette que sa famille. Ce qu’il en reste malheureusement, n’est pas la meilleure partie. Sa défunte sœur ne dirait pas le contraire. Je crois que j’ai trop espéré en me disant qu’elle accepterait de parler. C’était trop beau pour être vrai. Jillian est une éternelle optimiste, un trait de caractère que même ses parents en carton ne semblent pas près de lui enlever et tant mieux. Même si au final, ça entraine ce genre de désillusions, Leroy n’aimerait pas voir sa meilleure amie perdre de son optimisme. Elle croit en les autres et c’est plutôt beau même si certains ne sont pas à la hauteur. Je crois qu’elle a fait son choix il y a longtemps. Le métis parle à voix basse comme pour atténuer ses paroles. Si Jillian est optimiste, lui est réaliste. La femme a couvert son mari pendant des années alors évidemment, il a du mal à envisager l’idée qu’elle puisse parler un jour surtout que cela reviendrait à avouer sa complicité. Ne rien dire, c’est participer. Dans ce cas-là, ça l’était. C’est un sujet sensible, Leroy le sait et du coup, le métis cherche ses mots. Il n’aimerait rien dire de déplacé. Jillian souffre suffisamment, inutile d’en rajouter. Si tu veux y retourner un jour, dis le moi. Clairement, il n’aime pas l’idée mais il préfère encore l’accompagner. Il resterait dans un coin à ne rien dire, si il faut mais il ne veut pas prendre le risque qu’elle tombe sur son père ou pire encore, qu’elle se retrouve seule avec lui.

Ça fait mal de penser à une famille qu’on pensait parfaite jusque là. Surtout quand c’est la notre, et qu’elle a détruit l’un des membres, divisant tout le reste. Parce que quand Cali est décédée, une partie de moi s’est envolée à tout jamais. Si le temps m’a fait comprendre des choses, jamais je ne serais la Jill d’avant. Heureusement qu’il y a eu Leroy, pour me tirer de là, pour m’aider. Et c’est ce qu’il fait aujourd’hui, une fois de plus. Je déteste tellement étaler mes problèmes, même quand il s’agit du métis. Pourtant, il m’a toujours dit que mes problèmes sont les siens. Et je sais qu’il a raison quand il dit que ma mère a choisi depuis longtemps. C’est évident, mais j’ai toujours un espoir en moi. Je ne devrais pas. Certainement... je me disais juste qu’un jour ça aurait pu changer. Mais tu as raison, comme souvent. J’ai envie d’esquisser un sourire mais je n’y arrive pas. Je me contente d’observer Leroy, longuement. Sa présence me rassure un peu, et il est bien le seul que j’ai envie de voir dans ces moments-là. Il a ce truc spécial, lui. Merci. Merci beaucoup. Cette fois, j’arrive à étirer mes lèvres. Un peu, mais un sourire qui se voit. C’est la moindre des choses, entre tout ce que fait l’agent immobilier pour moi et ce qu’il pourrait aussi faire. Il n’a jamais eu peur de mes problèmes, et qu’est-ce que je lui en suis reconnaissante. Je ne sais pas si j’y retournerais. C’est à chaque fois pire alors bon. C’est ce qu’il faut : que je me fasse une raison. Mais il y a aussi mes petites sœurs là-bas, alors ce n’est pas envisageable de couper tous les ponts. Et toi, ça va ? que je demande à Leroy. Peut-être pour changer de sujet, au fond. Et car je ne lui ai pas parlé de la journée à part pour dire que je ne venais pas manger. Je suis toujours inquiète de savoir comment il va. Le monde ne tourne pas uniquement autour de ma petite personne — surtout que je déteste parler que de moi.

Dire qu’il a vécu chez eux, sous leur toit et qu’il n’a rien vu. Certes, il n’a fait qu’un passage de quelques mois, avant sa majorité. Certes, personne n’a rien vu mais Leroy s’est déjà dit que lui aurait pu avoir des soupçons. Des familles tordues, il en a connu quelques-unes après que sa mère ait perdu leur garde, la sienne et celles de ses deux petits frères. Ça n’a pas duré un an mais ça a suffi à le faire atterrir dans des endroits où il était bien difficile de fermer l’œil la nuit. Il dormait bien chez les parents de Jillian. Il mangeait à sa faim, avait toujours des vêtements propres sur lui, ect… Ça parait normal mais ça ne l’était pas partout où il a été placé. Il a passé de bons mois chez eux tandis que Cali a vécu l’enfer pendant trop longtemps. Comment est-ce possible ? Certainement... je me disais juste qu’un jour ça aurait pu changer. Mais tu as raison, comme souvent. Il aimerait avoir tort là-dessus. Parfois, il n’aime pas avoir raison, Leroy et dans ce cas présent, il souhaiterait que ce ne soit pas le cas. Certes, dire la vérité maintenant ne changerait rien au passé mais ça reste tout de même la chose à faire. Merci. Merci beaucoup. Jill sourit. C’est faible mais c’est là et ça suffit à Leroy. Il prend ça comme une petite victoire. Tu n’as pas à me remercier. C’est normal pour Leroy d’être là pour elle. Dans bien des cas, elle était et est toujours son plus gros soutien alors ce n’est qu’un juste retour. Parfois, sans même le savoir, elle l’aide, sa présence suffisant. Je ne sais pas si j’y retournerais. C’est à chaque fois pire alors bon. Au fond, Leroy sait que tant que ses deux petites sœurs n’auront pas quitté le domicile familial, jamais elle ne couperait définitivement les ponts avec ses parents. Ça signifierait laisser ses sœurs derrière elle ce que Jill ne ferait jamais. Et toi, ça va ? Leroy ne sait pas s’il doit laisser sa meilleure amie changer de sujet aussi facilement. Le fait-elle par réelle envie ou simplement pour éviter le sujet ? Il sait que la brune n’aime pas parler d’elle mais dans certains cas, c’est nécessaire. On s’en moque de moi, aujourd’hui. Il aimerait relancer la conversation mais la vérité, c’est qu’il ne trouve rien de plus à dire. Il aimerait aider Jill, aider ses petites sœurs mais il ne sait pas comment s’y prendre.

J’ai la chance de pouvoir clamer haut et fort que j’ai cette personne toujours à mes côtés. Cet ami, avec qui j’ai tant passé de bons moments, puis parfois des moins bons. Leroy, il n’a pas été seulement l’un des enfants recueillis par ma famille. Non, il est devenu bien plus. Il est devenu ce meilleur ami irréprochable, il est devenu une personne sans qui je ne peux imaginer ma vie. Alors le remercier, ça me parait être la moindre des choses. Ce n’est même rien à côté de ce qu’il m’apporte. Il n’aime pas les mercis, Leroy, il me le dit. Mais c’est comme si j’avais besoin de prononcer ce mot, malgré tout. Merci d’être toi. Merci d’être dans ma vie. C’est tout ce que je pourrais lui dire, et il y aurait tant d’autres raisons. Mais un petit merci ou plusieurs, ça n’égalera jamais ce qu’il a fait pour moi. Je ne trouve rien de mieux que de trouver une issue de secours par le biais d’un retournement de conversation. M’intéresser lui, parce que ça m’importe et m’évite d’avoir à trop parler de mes problèmes. Mais le métis, il a bien vite compris. Il semble plutôt déterminé à étudier chaque aspect du souci. Mais ça va Leroy. C’est juste que ... ça me chagrine à chaque fois mais voilà... ça passera. Je ne sais même pas pourquoi je dis tout ça, parce que je ne pense aucun de ces mots. Ce n’est pas un petit chagrin, non, c’est une tristesse et haine profondes. Ça n’ira pas mieux en un claquement de doigt. Et rien que d’y penser, j’ai envie de chialer. Je me redresse alors, désormais assise, mes jambes toujours passées sur celles de Leroy. Et mon refuge le plus rassurant, ce sont certainement les bras de mon meilleur ami. Là où tout m’apaise, là où je peux pleurer, silencieusement. Et c’est bien la première fois en quelques mois que je craque autant, si « facilement », si ouvertement. Étrangement, je me sens peu à peu soulagée d’un lourds poids, comme si au final, ce moment aurait dû se passer bien plus tôt.

Ça ne lui fait pas plaisir à Leroy d’avoir cette conversation. D’une parce que c’est loin d’être un sujet facile à aborder, encore moins joyeux et de deux parce qu’il voit à quel point ça touche Jillian. C’est évident, c’est de sa famille dont il s’agit : de ses parents aussi coupables l’un que l’autre, de sa sœur qui n’est plus là pour en parler et des deux dernières qui tous les jours risquent ce que Cali n’a pas évité. Cette pensée fait mal, cette pensée fait peur et elle est bien réelle. La possibilité est réelle et Leroy sait que ça tourmente Jillian. Même lui, ça l’empêche de fermer l’œil certaines nuits. Si jamais les deux petites sœurs de sa meilleure amie finissent par subir le même sort que Cali, une part de lui ne se le pardonnerait jamais parce qu’il sait. Alors, il n’ose imaginer comment ça serait pour Jillian. Mais ça va Leroy. C’est juste que ... ça me chagrine à chaque fois mais voilà... ça passera. Toutes ces raisons et bien d’autres font qu’il ne croit absolument pas la brunette lorsqu’elle lui dit aller bien. C’est impossible. Ça voudrait dire qu’elle ne se soucie pas de tout ça or Leroy sait pertinemment que c’est tout le contraire. Ils ont ça aussi en commun : la famille, c’est important peu importe à quel point elle est ravagée. Alors, il s’apprête à répliquer Leroy mais il ne le fait pas lorsqu’il voit sa colocataire se relevait. Elle se colle contre lui et dans un geste naturel, il l’entoure de ses bras. Il sent ses larmes dans son cou et aussitôt, son cœur se serre si fort qu’il en peine à respirer. Il souffre parce qu’elle souffre. C’est inévitable. Il ne peut pas aller bien lorsqu’elle va mal. Doucement, il se laisse tomber sur le matelas, Jillian toujours dans ses bras et il laisse le silence régner en maitre. Il caresse ses cheveux tandis que les larmes de la brunette ne semblent plus vouloir s’arrêter. Alors, il la serre encore plus fort. Il est là, Leroy. Jamais il ne partira.

Le cœur qui fait mal. Il pince, il cogne trop fort aussi. Je n’arrive plus à contrôler mes larmes, ni même le reste. Ce sont j’ai envie, c’est de me lâcher, laisser la pression retomber. Pleurer, ça fait du bien, il paraît. Je ne me sens même pas idiote là, dans les bras de Leroy. Aucune raison de cacher mon chagrin à celui qui m’a toujours compris. Leroy, qui une fois de plus est là quand il faut. Un héros, vraiment. Je sens que l’on bascule, ma tête toujours enfouie dans le cou rassurant du garçon. Ses bras aussi le sont, et c’est sûrement pour ça qu’au bout d’un moment, j’arrive à me calmer. La petite crise qui passe, les larmes qui cessent peu à peu. Leroy, il a toujours été mon remède. Je passe ma main sur mes joues, j’inspire comme pour me donner du courage. Et puis j’essuie le cou du métis, involontairement humide de larmes. Désolée, que je lui dis, dégageant tout juste mon visage. Je déteste que l’on me voit dans un état pareil, parce que passer pour la fille forte, c’est tellement mieux. Leroy, lui, je n’ai en rien besoin de lui cacher. Et puis c’est trop tard de toute façon. J’ai craqué trop facilement. Heureusement que je n’ai pas de mascara. Les ravages que ça aurait fait. Je peux apercevoir son regard, son visage pourtant plus haut que le mien. Il parait toujours si calme et posé, Leroy. Il en est apaisant. Demain j’aurais encore les yeux rouges. On va croire que j’ai passé la nuit à fumer. J’en fais presque une moue, parce que je sens d’avance les petites blagues là dessus. Alors que ça n’a rien de drôle au fond, ces yeux rouges. Je m’en passerais bien. Et c’est aussi pour combler ce silence qui au fond m’angoisse. Comme si je cherchais à entendre la voix du métis, comme si par tous les moyens j’avais besoin d’être rassurée. Il ne suffit que de Leroy et sa présence pour que tout ça opère. Il suffit qu’il me prenne dans ses bras, caresse mes cheveux, et tout semble aller mieux. Ce sentiment d’être soutenue, d’être entourée. C’est inégalable. Et qui pourrait le faire mieux que Leroy ?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille contrairement à ce que prétend le titre du célèbre film. Lorsqu’on a tendance à l’oublier, celle-ci nous envoie une petite piqûre de rappel dont on se passerait pourtant bien. En voilà une de piqûre, Jillian qui pleure dans ses bras. Ça pique littéralement. Leroy fait le fier devant la demoiselle parce qu’actuellement, c’est ce dont elle a besoin mais ça le touche de la voir comme ça. Cependant, comme tout le monde, elle a le droit à ses moments de faiblesse et au soutien d’un ami quand ça se produit. C’est ce que Leroy lui offre actuellement, sans rien demander en retour. De toute façon, elle lui donne tellement déjà. Là, allongés sur le lit de la demoiselle, Leroy oublie tout le reste, comme si la vie autour n’existait plus. Il oublie complètement les cinq autres personnes peuplant cette grande maison. Il oublie New-York et son immensité. Jill essuie ses joues puis le cou du jeune homme. Désolée. Il ne veut pas l’entendre ce mot, Leroy, pas de la bouche de sa meilleure amie et certainement pas dans un tel contexte. T’as aucune raison de l’être. Il sait qu’elle déteste se montrer en position de faiblesse mais c’est lui. Heureusement que je n’ai pas de mascara. C’est plus fort que lui, Leroy esquisse un léger sourire. Les femmes et leurs soucis bien à elle. Même si là, c’est uniquement pour faire la conversation, elle ne le dupe pas, c’est bel et bien un véritable problème pour ces dames. Demain j’aurais encore les yeux rouges. On va croire que j’ai passé la nuit à fumer. Peu importe. Jillian est belle, naturellement belle en plus de ça. Même défoncée, elle le resterait. Leroy n’a aucun doute là-dessus et c’est le meilleur ami qui dit ça. Celui qui l’a vu se réveiller de soirées bien trop arrosées. T’es sûre que tu veux rien manger ? qu’il finit par demander à la brunette. Cette maison est certes remplie de ventres sur pattes mais ce soir, ils ont les yeux plus gros que le ventre de quoi permettre à Jill d’empocher les restes, si l’envie lui vient.