“ Boys issues. ” & Ma voiture se traîne dans les artères de New York, s'insérant assez mollement à la circulation à la même image que mon regard concentré qui ne l'était pas vraiment. Vague à l'âme, douleur sourde. Bordel de coeur qui secoue dans ma poitrine mais qui me fait un mal de chien. Je croyais avoir versé toute ma peine quand ma soeur jumelle a été arrachée à ce monde. Il faut croire qu'elle n'a emportée que la moitié de ma capacité à souffrir finalement. Parce que l'autre moitié, Billie a fini par se tirer avec. J'en reviens toujours pas. C'était pour moi impensable. Je n'ai presque rien vu venir. De dernières paroles, me disant que c'était mieux pour elle, pour moi. Qu'en sait-elle réellement, alors qu'elle a disparue de la circulation? Qu'elle laisse un coeur morne et brisé. Ressentis ignobles, putain de sentiments de 3 ans qui partent en fumée, comme s'ils n'importaient finalement pas. J'ai mal. Le paysage défile alors que je me demande encore comment j'ai réussi à accepter cette soirée. Parce qu'il faut rester fort, parce qu'il faut avancer, alors que j'ai la foutue envie de tout laisser tomber. Je replonge encore, comme si je n'avais pas assez trimé avec la mort de ma soeur. Et pourtant, par je ne sais quelle force, je conduis, pour retrouver un visage ami. Un autre type d'affection sans doute plus sincère qu'un amour qui m'est pourtant vital, tellement il était fort. Mais c'est fini. Plus que des ruines, et moi à tenter de survivre à son absence. Et sans doute que le temps ne fera pas l'affaire, car je compte bien le noyer dans le bourbon, au regard bienveillant d'un frère.
Alors que je m'approche de l'Union Pool, ce bar que j'affectionne tout particulièrement depuis son ouverture, c'est en passant la grille du parking que je commence à rentrer dans une pensée plus ou moins positive. Je vois du monde, ce qui est assez courant pour un vendredi soir et surtout que l'ambiance y est aussi douce que d'habitude. Douce, à coup de bonne musique et d'une blonde Irlandaise dressée dans sa pinte, et un bon pote avec qui palabrer, sans pression aucune ni jugement. Que demande le peuple de plus, si ce n'est que d'un peu d'amitié de temps à autre ? Remarquant alors non loin la rutilante voiture de Davon déjà garée, je ne tarde alors pas à me trouver une place, avant de couper le souffle de ma voiture. Habillé sobrement d'une veste grise, une chemise noire bien taillée et d'un jean bleu nuit, je reste dans une certaine élégance sans pour autant chercher à attirer l'attention. Mes courts cheveux blonds sont gommés d'un peu de gel, routine quotidienne que j'ai gardé du travail et ce même si la soirée se veut détente. Je ne perds pas de temps pour quitter le parking après avoir verrouillé ma voiture pour me diriger vers l'établissement, étant alors quasiment sûr que Davon y est déjà présent. Et je ne me fourvoie pas, je le vois déjà au bar, semblant perdu dans la contemplation du groupe de musique jouant sur la scène à quelques mètres. Je le rejoins alors, me mêlant aux autres gens, et m'appuie sur le comptoir, en y posant d'une douceur presque féline mes avant-bras : « Que tu m'attendes aussi sagement sans reluquer une cliente un peu de trop énamourée, oserais-je penser qu'il y a du progrès ou je dois m'en inquiéter ? » M'annonçais-je alors, d'un petit rictus moqueur, mais assurément avec sympathie. « Salut Davon. » Ajoutais-je plus franchement, de ma voix rauque et lui ouvrant ma main prêt à lui faire une sincère accolade. C'est pas le moment de flancher, Rainer, penses plutôt à passer une bonne soirée avec ton pote et patron.
Une fois par mois, l’Heron ferme le vendredi soir. Pourquoi, alors que c’est le jour de la semaine où les clients affluent le plus ? Pour deux raisons : les rentre accro en augmentant leur frustration que ce vendredi-là en question, le club ferme, et parce que je refuse de faire travailler mes employés tous les vendredis soirs, alors qu’ils ont sans doute eux même des soirées de programmer. C’est un petit cadeau que je leur fais qui font que même avec un roulement, ils savent que ce ne sera pas forcément le cas ailleurs. Et puis, au fond, ça me permet à moi aussi de décompresser un vendredi soir, sans penser boulot. La journée je suis dans les bureaux d’Herondale Automobil et le soir, quand l’Heron est ouvert, j’y suis. J’ai un rythme plutôt soutenu, nul ne pourra dire le contraire. Aujourd’hui, je n’ai que les soucis technologiques de ma prochaine voiture à me soucier. Les japonais continuent de négocier leurs prix sur cette petite pièce manquante alors que je tente désespérément de trouver une autre alternative. Rien que pour leur montrer qu’à force de trop jouer avec le feu, Davon Herondale ne se plie pas. Hormis mes échanges étranges avec Ana, c’est une journée relativement calme. Je me réjouis d’autant plus que je rejoins Rainer ce soir à l’Union Pool pour une soirée détente entre mec. J’en ai sincèrement besoin, vu ces dernières semaines compliquées. C’est presque avec hâte que je sors du bureau, file chez moi tronquer mon costard contre un petit pantalon détente et un polo et file vers le club célèbre en préférant rouler avec ma Camaro, plutôt que mon Alfa Romeo. Je me faufile parmi les rues bondées avant de me garer sur le parking du club. Quelques minutes plus tard, j’entre dans ce club huppé, où la musique du groupe sur scène martèle mes oreilles. C’est un mélange de rock – électro qui semble étrange, mais c’est plutôt pas mal. M’installant au bar, je commande un bon vieux whisky – sans me soucier du prix du verre et finit par me retourner pour contempler le groupe qui semble satisfait de leur performance. Face à eux, une foule d’amateurs et de groupies, toutes presque pathétiques les unes que les autres. « Que tu m’attendes aussi sagement sans reluquer une cliente un peu trop énamourée, oserais-je penser qu’il y a du progrès ou je dois m’inquiéter ? » Je souris en secouant la tête. « Salut Davon »« A vrai dire, les minettes qui pleurent devant des idoles me donnent envie de vomir » Je lui désigne ces filles sur la scène avant de me retourner vers le bar tandis qu’il interpelle l’un des barmans. Mon regard s’attarde sur la barmaid au loin et son joli petit cul. « Elle, par contre, relève le niveau » Je sais pertinemment qu’une seule femme compte dans la vie de Rainer – cette Billie que j’ai croisé à mainte reprise, et je dois avouer que mon chef de sécurité a bon goût. Dans le genre ange et démon, il est le sainte nitouche, je suis le diable.
Invité a posté ce message Dim 19 Mai 2019 - 12:31#
“ Boys issues. ” & Après une longue période à peu près stable dans ma vie, il semble que le karma prend à nouveau plaisir à me faire toucher le fond. Comme si les coups de bâtons n'ont pas suffi à m'abattre, c'est finalement sur l'une des choses les plus précieuses à mes yeux qu'ils s'abattent encore une fois, mon amour pour une femme. Comme si toutes celles qui ont compté pour moi, sont finalement vouées à disparaître. Et ce putain de coeur qui saigne alors qu'il croyait ne plus cramer depuis la mort de ma chère soeur. Cela fait des jours que je me sens minable, que je subis l'absence de Billie, ne fourvoyant parfois dans mes chimères en l'imaginant revenir, étant même totalement prêt à accepter le fait qu'elle revienne comme une fleur, avec son doux sourire, pour me dire que c'est une grosse blague. Mais chaque soir, chez moi, je perds de longues minutes à observer une porte qui ne s'ouvre définitivement pas. C'est à en devenir fou, cette impression de ne plus savoir où l'on va, une fois que l'on s'est accoutumé à la présence d'une singulière personne. Tout est fait que, j'ai trouvé la force de sortir de ma douleur, pour retrouver Davon.
Je ne perds guère de temps pour m'asseoir à ses côtés une fois l'avoir salué. Me laissant presque tomber et poussant un long soupir de libération, alors que mon attention se détourne un peu vers la bonne musique qui chasse un peu mes mauvaises augures. Autant dire que la présence de mon patron n'est pas non plus étranger à cela, j'aurais sans aucun doute trouvé cette ambiance bien fade si je me serais rendu ici pour boire tout seul comme un trou. Pas de meilleure distraction que la présence d'un gars bien que l'on sait d'avance qu'il ne nous jugera pas. Après ce qu'on a vécu tous les deux, ce drame qui nous a rapprochés et qui a fait que je bosse pour lui, j'aime à penser que si je lui en parle, il se fera un plaisir de me changer les idées, car j'en ferais pareillement pour lui. Il me sourit, Davon, avec son éternel répartie mais aussi son côté très select envers les filles, malgré qu'il aime plutôt les enchaîner. Je lui réponds alors « Ah, mais qu'est-ce que tu veux, les groupies des métalleux en tout genre, elles ne vont pas disparaître du jour au lendemain ... » Et même, surtout, dans le milieu où on évolue tous les deux, cela reviendrait aussi à demander à la Terre de s'arrêter de tourner. Si les musiciens sont généralement le sujet de fantasmes de beaucoup de femmes, nous, nous entretenons le rêve, aussi, de laisser libre pulsions aux hommes en leur prodiguant de consentantes danseuses. Mais je retrouve soudain le côté taquin de mon ami, qui me montre alors du menton la barmaid, me doutant bien qu'il n'a pas regardé que ses yeux. Je la regarde quelques instants, chastement -et non sans pinte de douleur ... Brune qu'elle est, comme Billie- avant de retourner un regard troublé, puis me reprenant, un peu plus avenant vers mon compère : « Effectivement, je vois que c'est donc pour cette raison que tu n'a pas attendu pour commander ... Ou alors, tu la joues finement pour profiter de sa proximité en te doutant bien que j'allais l’appeler de toute manière ? » j'étais même sûr de la véracité de cette hypothèse, connaissant un peu l'Herondale. Lui, l'Homme à femmes qui gère ses affaires d'une main de maître et qui n'a pas son pareil pour se faire des petits canons dès qu'il a un peu de temps libre. Je n'en rougis pas d'être son contraste, plus posé, plus fidèle, même si ces derniers temps, ma vision de la chose n'est plus aussi optimiste et aussi belle, depuis qu'elle est partie.
Invité a posté ce message Jeu 30 Mai 2019 - 21:30#
boys issues.
Times waits for no man neither a does good woman
« Ah, mais qu’est-ce que tu veux, les groupies métalleux en tout genre, elles ne vont pas disparaître du jour au lendemain. » Hélas, oui. Mais ça m’insupporte. Leurs cris hystériques, leur façon de dévorer ce type des yeux, de crier son nom, de lui donner plus que de simple indication. Je ne comprends pas comment une fille qui se respecte peut devenir aussi vulgaire en une fraction de seconde. On a compris les filles : vous voulez tous coucher avec lui. Autant j’aime une fille entreprenante, une fille qui sait ce qu’elle désire et qui n’hésite pas à me le montrer. Mais j’aime une fille qui le fait avec classe…pas une traînée qui se dandine comme jamais. Non, c’est presque honteux envers la gente féminine. Je reporte mon attention sur Rainer, tandis que mon regard ne cesse de contempler cette barmaid aux courbes voluptueuses. « Et heureusement, y’a des filles comme elle, non plus. » Le genre de beauté naturelle qui fait bander n’importe quel homme. Maëlys faisait partie de ce genre de nana. Audacieuse, rebelle, et imparfaite – mais putain c’est ce qui faisait sa beauté. Elle n’avait rien à faire des talons ou des tenues sexy…elle était juste elle-même. Bon d’accord, lorsqu’elle finissait par bien s’habiller, cette divine créature était un parfait ange descendu du ciel…juste pour moi. J’avais beaucoup de mal à me contenir lorsqu’elle faisait attention à son image. Mais je l’ai toujours trouvé belle qu’avec une simple chemise sur le dos, ses cheveux lâchés retombant sur ses épaules. Et ses fines jambes…bonté divine ! « Effectivement, je vois que c’est donc pour cette raison que tu n’as pas attendu pour commander… » « J’avais soif » dis-je en haussant les épaules. « Ou alors…tu la joue finement pour profiter de sa proximité en te doutant bien que j’allais l’appeler de toute manière ? » Je me mets à rire hausse les sourcils : « Peut-être bien. » Il ne saura jamais. Dans les deux cas, cette barmaid nous aurait servis plus d’une fois dans la soirée et je sais que je finirai par la draguer à un moment donné. Mais ce soir, c’est réservé à Rainer. On a tous deux besoins de s’évader en ce moment. Taquin, je tape sur le bar et ajoute presque en riant : « Allez, commande mon petit » Juste pour pouvoir contempler ce décolleté de plus près. Il se met à rire aussi avant de lever le bras et de capter l’attention de cette nana. Elle nous fait signe de patienter une seconde et j’ajoute doucement : « T’as besoin d’un truc fort ? » Je jauge un peu son degré de désespoir à sa simple commande. Au fond, un homme qui a besoin d’un remontant puissant est bien plus mal à l’intérieur qu’il ne laisse paraître. La seule question est pourquoi ? Je ne le jugerai jamais, mais s’il veut en discuter, il sait toujours que je suis présent. Je le serai toujours depuis que sa sœur a payé le prix de sa vie pour mon club.
“ Boys issues. ” & Ma voiture se traîne dans les artères de New York, s'insérant assez mollement à la circulation à la même image que mon regard concentré qui ne l'était pas vraiment. Vague à l'âme, douleur sourde. Bordel de coeur qui secoue dans ma poitrine mais qui me fait un mal de chien. Je croyais avoir versé toute ma peine quand ma soeur jumelle a été arrachée à ce monde. Il faut croire qu'elle n'a emportée que la moitié de ma capacité à souffrir finalement. Parce que l'autre moitié, Billie a fini par se tirer avec. J'en reviens toujours pas. C'était pour moi impensable. Je n'ai presque rien vu venir. De dernières paroles, me disant que c'était mieux pour elle, pour moi. Qu'en sait-elle réellement, alors qu'elle a disparue de la circulation? Qu'elle laisse un coeur morne et brisé. Ressentis ignobles, putain de sentiments de 3 ans qui partent en fumée, comme s'ils n'importaient finalement pas. J'ai mal. Le paysage défile alors que je me demande encore comment j'ai réussi à accepter cette soirée. Parce qu'il faut rester fort, parce qu'il faut avancer, alors que j'ai la foutue envie de tout laisser tomber. Je replonge encore, comme si je n'avais pas assez trimé avec la mort de ma soeur. Et pourtant, par je ne sais quelle force, je conduis, pour retrouver un visage ami. Un autre type d'affection sans doute plus sincère qu'un amour qui m'est pourtant vital, tellement il était fort. Mais c'est fini. Plus que des ruines, et moi à tenter de survivre à son absence. Et sans doute que le temps ne fera pas l'affaire, car je compte bien le noyer dans le bourbon, au regard bienveillant d'un frère. 
