if you got issues, i got them too. (jiloy)

Désolé, c’est un mot qui n’a pas lieu d’être entre eux. En tout cas, pas dans ce genre de circonstances. Jillian n’a pas à se sentir désolée de craquer. C’est normal. Tout le monde craque un jour ou l’autre, peu importe combien de fois certains peuvent affirmer le contraire. Et Leroy, il est content d’être là pour Jill lorsque que malheureusement, elle connait ses moments de faiblesse. Il est content parce qu’au moins, il s’assure qu’elle ne traverse pas ça seule. A l’époque où sa mère a perdu la garde de ses enfants, où il s’est vu séparé de ses frères, il n’avait personne à qui parler Leroy. Les rares fois où il voyait ses frères, il préférait faire bonne figure et profiter de l’instant. Même l’aîné qu’il voyait plus souvent car déjà majeur et indépendant, n’a pas eu le droit à ses confidences. Il ne souhaite ça à personne, encore moins à sa plus fidèle amie. Au final, c’est Jill qui a été sa première confidente. D’une fille chez qui il était placé, elle est devenue une amie, une oreille attentive, une meilleure amie, un pilier. Toutes ces choses qu’il est également à ses yeux. Je me lèverai cette nuit pour manger, quand mon ventre criera famine. Tu le sais bien. Jillian et ses fringales nocturnes. Ça l’amusera toujours même si il ne comprendra certainement jamais comment la faim peut la tirer de son sommeil. Lui, quand il dort, c’est jusqu’au matin. Le reste importe peu lorsqu’il dort. La vessie, l’estomac, le bruit, ect… tout ça mis aux oubliettes. Mais… c’était bon, ce soir ? C’est plus fort que lui, le voilà qui rigole. Il la reconnait bien là, sa meilleure amie. Gourmande. Vu le menu, il n’aura pas de mal à lui mettre l’eau à la bouche même si au final, l’inquiétude causée par l’attitude de Jillian l’a empêché de pleinement savourer ce repas. Un bon poulet avec des pommes de terre et des champignons.
Tu crois que… je devrais faire partir mes sœurs de la maison ? Jillian lui effleure la peau du métis ce qui lui déclenche immédiatement un frisson mais déjà, il réfléchit à la question posée par la belle brunette. Même si au final, celle-ci ne nécessite pas une réflexion trop longue. La réponse est évidente et au fond, Leroy se doute bien que Jill a une idée de celle-ci. Elle veut simplement son avis, un avis qui ira dans son sens, sans aucune hésitation. Oui, je pense que c’est la meilleure chose à faire. La seule chose à faire, d’ailleurs. Il le pense depuis un moment mais jamais il n’a trouvé le courage d’en parler à Jillian. Il sait que parler de sa famille la rend automatiquement triste et quel genre de personne souhaite rendre ses amis tristes ? Maintenant que le sujet est lancé par Jill elle-même, il est moins hésitant. Franchement, je suis pas rassuré de les savoir au contact de ton père chaque jour et je suis sûr que c’est aussi ton cas. Alors, peu importe ce qu’il en coûte, les filles doivent déménager. Ça tombe bien, c’est justement son métier de trouver des logements.

Le métis, il finit par rire. Et qu’est-ce qui est plus rassurant que ce son là ? Entendu des tas de fois, et à chaque fois cette sensation de bien-être que je ressens. Pour rien au monde je n’échangerai son rire. Il vaut de l’or. Il me fait même sourire, un peu plus que les fois précédentes. Son rire, ou lui, Leroy. Il me vend un bon repas, qui bien sûr pourrait me donner faim si je n’avais pas une idée en tête. Ou une question, que je lui pose après une petite hésitation. Mes sœurs doivent-elles s’échapper de la maison ? Je sais la réponse, parce qu’elle est évidente et logique. Ce n’est même plus une question d’argent à ce stade, mais de sécurité. Au fond, je sais ce que Leroy en pense, ou du moins je le connais assez pour imaginer sa pensée. Qu’il m’expose finalement. Elles doivent partir, c’est ce qu’il y a de mieux. Il est clair et précis dans ses mots, qui me font hocher la tête lentement. Mais est-ce que c’est possible ? Je veux dire ... elles sont majeures, c’est pas le souci.  Mais elles iront où ? Et si elles ont eu l’obligation de rester là-bas ? Car je ne sais pas ce qu’il se passe quand j’ai le dos tourné. Peut-être qu’elles ont été menacées pour rester, ou qu’elles ont des récompenses. Elles ne savent rien de l’histoire. Si j’ai pu cacher la vraie raison de mon départ, jusqu’à quand est-ce que ça sera possible ? Elles ne sont pas dupes, et peut-être même qu’elles se doutent de quelque chose. Je n’en suis pas rassuré moi non plus, ni Leroy. Je me demande même ce qu’elles font en ce moment ? Est-ce qu’elles vont bien ? Je ne veux même pas y penser... C’est trop dur. Ce monstre. Cette ordure. Qu’il ne les approche pas. Tu crois que je dois leur dire ? Par tous les moyens ? On m’a toujours empêché de leur parler, rien qu’elles et moi. Toujours présents, ma "mère", mon "père". Comme des rapaces. L’impression d’avoir un flingue dans le dos pour ne pas que je parle. Sauf que ça ne peut plus durer. Je ne peux plus faire semblant auprès de mes sœurs, ni les protéger à ce point en passant sous silence la vérité. Ça revient à les mettre en danger, si on y réfléchit bien.  Un soupir lâché, mon regard qui grimpe peu à peu jusqu’à celui de Leroy. J’espère toujours qu’il a les bonnes solutions, comme souvent, mais je ne dois pas oublier qu’il n’a pas réponse à tout. Peut-être qu’il n’y a vraiment rien à faire.

Parler de leurs problèmes et les régler ensemble, Jillian et Leroy sont plutôt doués pour ça. Etrangement, d’ailleurs. Aucun des deux n’est réellement expressif pourtant avec l’autre, ils parviennent toujours à passer cette difficulté. Comme Jill le fait actuellement. Leroy sent que cette fois, la brunette veut faire plus qu’avoir une simple discussion, elle veut des solutions. Juste une serait suffisante. Elle veut faire sortir ces sœurs de cet enfer et bien évidemment, ça ne se fait pas sans un minimum de réflexion. Mais est-ce que c’est possible ? Je veux dire ... elles sont majeures, c’est pas le souci.  Mais elles iront où ? Et si elles ont eu l’obligation de rester là-bas ? Ça fait beaucoup de questions d’un coup. Leroy réfléchit notamment à la dernière, celle dont il n’a pas encore la réponse. Les autres, il y a déjà réfléchi auparavant. Par contre, ça ne lui a jamais traversé l’esprit que d’une façon ou d’une autre, elles se voient obligées de rester, sous la menace par exemple. Plus rien venant de la part des parents Dunn n’étonnerait le métis. Il faudrait que tu réussisses à les voir seule, comme ça tu pourrais leur demander si quelque chose les retient. Quelque chose ou quelqu’un. Il le pense si fort qu’il n’a pas besoin de le dire, Jillian le déduira. Après, on pourra envisager le reste mais oui, je pense que c’est possible. Tout est possible dans la vie avec un peu de volonté. Une belle phrase d’optimiste. Leroy est plutôt réaliste mais sur le coup, il y croit.
Je ne veux même pas y penser... C’est trop dur. Il ne peut qu’approuver, Leroy. Pour lui, c’est avant tout une source d’angoisse. Si ça se trouve, elles vont très bien et n’ont rien à craindre. Peut-être que Cali avait quelque chose qu’elles n’ont pas. Ça le dégoûte, Leroy de penser comme ça, d’essayer de penser comme ce psychopathe mais c’est plus fort que lui. Il pense trop, à tel point que ça le bouffe parfois ou pire, l’empêche d’agir. Tu crois que je dois leur dire ? Par tous les moyens ? Voilà une question sur laquelle il sèche. Sa raison lui dit qu’il faut être honnête, qu’elles aussi ont le droit de savoir mais son cœur lui dit que ça ne ferait que leur apporter de la souffrance. Il le voit avec Jill, que ça la fait souffrir. Un silence s’installe, preuve qu’il réfléchit trop à nouveau mais malheureusement, il n’a pas de réelle réponse à donner à la belle jeune femme. Je sais pas, Jill, qu’il avoue dans un souffle. C’est… c’est compliqué mais je ne t’apprends rien. Il marque une pause avant de continuer, expliquant son hésitation. D’un côté, je pense qu’elles ont le droit de savoir elles-aussi mais d’un autre, je me dis que ça va forcément leur faire mal. Leroy ne connait pas la relation des filles avec leur père. Si elles en sont proches, très proches, c’est même un risque qu’elles coupent les ponts avec Jillian. Ce n’est pas quelque chose qu’il souhaite voir se produire.

Seules, oui … Sauf que j’en ai jamais la possibilité. C’est dur. Je suis certaine qu’elles sont contrôlées, limite comme dans une dictature. Jillian n’est peut-être pas si loin de la vérité que ça ou alors, au contraire, elle en est très loin. C’est tout simplement impossible pour eux de savoir ce qui se passe dans cette maison. Pour ça il faudrait y vivre et dieu merci, ce n’est plus le cas de sa meilleure amie depuis quelques années. Leroy se souvient encore du jour où Jill a rejoint la colocation et du soulagement qu’il a ressenti. Il savait alors qu’elle ne risquait plus rien. C’est un sentiment que Jill aimerait ressentir pour ses sœurs et il n’y a rien de plus normal. Il faudrait que j’aille les voir quand elles sont en ville… Leroy hoche la tête. Il est bien évident qu’elle ne doit pas aller les trouver chez elles, ça serait mission impossible. En ville, loin de leurs parents, est une bien meilleure idée. A la fac ou au travail, que complète le métis.
Les voir pour leur dire quoi ? La question principale, c’est bien celle-là. Est-ce que Jillian doit se montrer entièrement honnête avec ses sœurs ? C’est une bonne question à laquelle Leroy n’a pas de réponse. Il est partagé, le jeune homme tout comme la brunette et ensemble, ils en discutent, tentent de trouver la meilleure des solutions. Si j’étais dans leur position, je sais que je n’aimerais pas qu’on me cache des choses. Mais elles sont différentes de moi … Alors, je sais pas trop. Une nouvelle fois, l’agent immobilier hoche la tête. Il est d’accord avec Jill. Lui aussi n’aimerait pas être gardé dans l’ignorance. Il prendrait ça comme un manque de confiance, il se sentirait peut-être même trahi. Lui qui aime en savoir le plus possible sur quelqu’un pour se faire un véritable avis. Là, c’est à tous les coups une information qui changerait le regard des filles sur leur père… si elles décident de croire, Jillian. Ça, c’est un autre problème. Mais je ne veux pas non plus qu’elles me détestent parce que je leur ai caché des trucs, ou alors si elles ne me croient pas… Je veux être une bonne grande sœur. Comme toi t'es un super grand-frère. Le regard du métis descend vers le visage de la brunette où il découvre un joli sourire et automatiquement, il sourit à son tour. Elle est sincère, Jill comme toujours et ça le touche parce qu’il a à cœur d’être un exemple pour ces petits-frères et un soutien pour son aîné. Il lui adresse un sourire à son tour, reconnaissant. Tu le seras toi aussi si elles t’en laissent l’opportunité. Parce que malheureusement, pour l’instant, leur relation est quasi inexistante. Les filles sont bien gardées par leurs parents. Tu sais quoi ? Ce n’est malheureusement pas quelque chose qu’on réglera en un soir alors on va y réfléchir et trouver quoi faire. Leroy, ce n’est pas le genre à balancer des paroles en l’air. Jillian le sait tout comme elle sait, qu’ensemble, peu de choses ne leur résistent.

~ fin.