(poppy & warner) + i'm a little drunk

Elle doit bien avouer qu’elle est surprise de voir que Warner ne se souvient de rien. Elle a bien pensé à cette éventualité la veille, et elle mentirait si elle disait qu’elle ne l’avait pas un peu espéré. Mais maintenant qu’elle est devant le fait accompli, elle ne sait pas trop comment réagir. Elle est soulagée, certes, mais elle se dit aussi qu’elle a été honnête envers lui et que ça n’a servi à rien, absolument à rien. Même pas à soulager sa conscience puisqu’au final il ne se souvient de rien. Puis c’est quand même lui qui a fait le premier pas hier. Plus ou moins. Lui le premier à agir en tout cas, et s’il la fait, ce n’est pas seulement pour échapper à une conversation compliquée. Il devait en avoir au moins un peu envie, sinon il n’aurait rien fait. Ou alors il est très bon comédien… L’alcool a du beaucoup l’aider. D’ailleurs, il doit bien regretter d’avoir autant bu hier. Il n’a pas l’air bien, et cela n’a rien d’étonnant. « Tu veux prendre quelque chose, une aspirine peut-être ? » Elle ne sait pas vraiment comment l’aider, peut-être qu’il a juste besoin de manger. « Tu as faim ? » demande-t-elle en lui montrant tous ces pancakes qu’elle a déjà préparés. Elle pourra en laisser à ses colocataires, mais elle ne compte pas tout manger toute seule. « Thé, peut-être ? » Elle abandonne sa poêle un instant, et boit une gorgée de son café. Un coup d’oeil à l’heure, et elle se rend compte qu’elle a encore un peu de temps devant elle, même si elle a hâte de se retrouver loin de Warner pour remettre un peu d’ordre dans ses idées. Là, elle est complètement déstabilisée. La perspective de lui retracer la soirée de A à Z la met d’autant plus mal à l’aise. « Tu m’as appelé vers une heure du matin pour me dire que tu avais perdu tes clés et que tu ne pouvais pas rentrer chez toi. Du coup je t’ai accueilli et… voilà. » Elle n’a pas le courage d’aller plus loin, alors elle pince les lèvres et se tait.

Tandis qu’elle essaye toujours de savoir comment réagir face au fait qu’il ne se souvienne de rien, elle fait tout pour que Warner se sente mieux. Peut-être que la mémoire lui reviendra s’il arrive à se concentrer suffisamment, et pour ça il faut qu’il se sente mieux. Une aspirine et un thé sont un bon début, et elle s’empresse de lui donner tout ça. Elle prend bien son temps pour tout faire, parce qu’elle ne sait toujours pas quoi dire de plus. Elle commence par récupérer l’aspirine, puis met de l’eau à bouillir. Elle sort, une tasse, une assiette, des couverts, puis la boite à thé, et pose le tout devant Warner. « Fais comme chez toi. » Elle se retourne alors pour récupérer les pancakes encore chauds et poser la pile également devant lui. Elle en profite d’ailleurs pour se servir, et commence à manger en silence. Puis c’est là qu’il lui demande ce qu’il s’est passé la veille. Comment il est arrivé jusqu’ici, sans lui demander comment il s’est retrouvé dans son lit. Quelque part, ce n’est pas plus mal, mais elle se pose tout de même la question de savoir si elle doit lui dire la vérité ou non. Sur ce qu’il s’est passé entre eux, et sur ce qu’elle lui a dit. Et s’il finit par se souvenir de quelque chose et qu’elle ne lui dit rien ? Et s’il ne se souvient jamais de rien et qu’elle lui dit tout ? Elle ne sait pas comment il va réagir cette fois, sans l’alcool. Elle ne peut pas risquer de mettre en péril la relation qu’ils ont aujourd’hui. Avec du recul, c’est mieux que rien. « Je ne pouvais pas te laisser dormir dehors. » Elle aurait peut-être dû au final. « On est amis, rappelle-toi. Si tu ne peux pas compter sur moi, quel genre d’amie suis-je ? » Elle a l’impression de revivre en boucle la soirée d’hier, elle lui a dit exactement la même chose. Elle ne va rien dire d’autre pour le moment, elle a pris sa décision. Elle verra bien par la suite, mais elle espère qu’elle n’aura rien à dire. « Tu es allé dans un bar, puis dans une boîte, tu ne m’as pas dit lesquels donc je ne peux pas t’aider mais peut-être que si tu appelles un ami avec qui tu es susceptible d’être sorti… » Elle s’interrompt puis pince les lèvres. « Quoi qu’il en soit je ne peux pas t’aider, il faut que j’aille travailler. » Il faut qu’elle prenne sa douche, notamment, et qu’elle s’habille. Tout un tas de choses qui font qu’elle va bientôt devoir lui demander de partir, elle ne peut décemment pas le laisser rester ici toute la journée.

Elle trouve tous les moyens pour ne pas avoir à parler à Warner. Elle prend son temps pour lui donner son thé, son aspirine, son assiette. Parler de la nourriture ou de choses banales, ça lui convient tout à fait. Elle n’a juste pas envie d’avoir à aborder un sujet plus fâcheux, celui qu’elle a abordé hier justement. Elle trouve dommage que Warner ne s’en souvienne pas, parce qu’elle a vraiment fait un effort pour lui. Elle s’est livrée, a ouvert son coeur tout en sachant qu’elle pourrait en souffrir. La réponse de Warner n’a pas été celle qu’elle attendait, et si ça a été très agréable de l’embrasser plusieurs fois, elle s’est rendue compte que c’est bien ça qui allait la faire souffrir le plus. Quelque chose dont elle avait pourtant très envie, et dont elle ne sait même pas si c’était sincère. Pour le peu qu’elle en sait, il a juste fait ça pour la divertir. La preuve, il a déjà oublié. Ca lui fait plus de mal qu’elle ne l’aurait pensé, mais ça n’a rien d’étonnant. Il a été très clair avec elle, il a tourné la page, lui, et elle n’a plus le droit d’espérer quoi que ce soit. Peut-être que ce sera le déclic qui lui permettra d’avancer pour de bon. En tout cas, elle n’espère plus rien de Warner, et elle se dit que c’est mieux de ne rien dire et ne de pas insister. S’il ne se souvient de rien, c’est peut-être la façon qu’a la vie de lui montrer que c’est peine perdue. Et quelque part, ça l’aide. Elle s’en veut presque de devoir le chasser, mais elle n’a pas le choix. Il faut bien qu’elle aille travailler. Sourire désolé, de sa part, elle tient quand même à lui présenter des excuses : « Je suis désolée si tu as l’impression que je te chasse, mais je ne peux pas louper le travailler encore. » Elle a trop besoin d’argent. « Mais tu me tiens au courant ? » Quelques minutes plus tard, il est parti et elle est déjà sous la douche, brûlante.