(poppy & warner) + one of us

Warner avait quitté son appartement dans le but d’accomplir une mission importante, une mission qu’il repoussait depuis quelques jours déjà. Mais il avait assez attendu et aujourd’hui était le jour où il devait faire face à Eliza. Ou Poppy. Ou peu importe le nom qu’elle se donnait maintenant. Au bout de sept ans, il était temps qu’ils aient une petite conversation. Sept ans quand même… On aurait pu croire que depuis le temps, il aurait tourné la page.Et c’était le cas d’une certaine manière mais son départ avait laissé trop de questions sans réponses. Alors, quand en faisant des recherches pour un article l’autre jour, il avait retrouvé sa trace, il n’avait pas pu laissé passer l’occasion. Surtout qu’ils vivaient dans la même ville. Il devait aller la voir.

En cherchant un peu plus, il avait trouvé qu’elle travaillait à brooklyn brewery et c’est là qu’il se rendait à présent.Il n’était pas sûre qu’elle travaille là. Quelque part, une part de lui espérait qu’elle ne travaille pas parce qu’il n’était pas certain d’être vraiment prêt à la voir. Mais bon, comme il faisait le déplacement, il aimait autant que ce ne soit pas pour rien tant qu’à faire. Il découvrit bien vite qu’elle était bel et bien là. Il cherchait la meilleure manière de l’aborder mais il n’était pas certain qu’il y ait vraiment une bonne entrée en matière pour ce qui lui voulait. Il hésita aussi à attendre qu’elle ait terminé mais il n’avait pas envie de passer une éternité, il s’avança donc vers elle. “C’est drôle, c’est sûrement la dernière chose que je t’aurais imaginé faire.” C’est vrai quand il pensait à ce qu’elle avait pu devenir, il ne l’aurait jamais imaginé à brooklyn en train de servir des bières.

Ce n’était pas ce qu’elle avait rêvé de faire depuis toute petite mais Poppy aimait assez le fait d’être serveuse. C’était le contact avec les gens qu’elle appréciait le plus, même si certains, voire la plupart, étaient lourds et malpolis, il y en avait certains qui en valaient la peine et pour qui elle aimait venir travailler. Ils lui donnaient le sourire. De manière générale, elle ne regrettait pas d’être venue vivre à New York. La vie l’y avait un peu forcée mais elle ne changerait rien de ce qui lui était arrivée parce qu’elle aimait sa vie telle qu’elle l’était. Elle avait beau galérer, elle préférait ça plutôt que de rester emprisonnée en Angleterre, sous le joug de sa famille. C’était son pire cauchemar, il lui arrivait de penser à ce que serait sa vie si elle n’était jamais partie et elle n’aimait pas vraiment ce qu’elle voyait. Elle préférait nettement galérer ici. Surtout qu’elle s’était créée une vie avec des habitudes qu’elle aimait et elle ne se voyait pas revenir en arrière.
Elle fut forcée d’y retourner lorsqu’elle vit quelqu’un de son passé l’aborder alors qu’elle ne s’y attendait pas du tout, alors qu’elle était en train de travailler. « Warner ?! »  s’écria-t-elle presque sans s’en rendre compte, n’ayant pas eu le temps de réagir autrement. S’il y avait bien une personne qu’elle s’était attendue à ne jamais revoir c’était bien lui. Elle jeta un regard désolé aux clients, posa le plateau qu’elle avait dans les mains et pris Warner à l’écart, signifiant à sa collègue qu’elle prenait ses cinq minutes de pause maintenant. Celle-ci la foudroya du regard mais peu importe, elle avait plus important à faire. « Warner Eaton, je n’aurais jamais pensé te revoir de mon vivant. »  Elle avait des sentiments partagés quant au fait de le revoir. Il y avait leur passé commun assez lourd et compliqué, et pas forcément réjouissant, mais elle s’était sentie bien avec lui et ils avaient de bons souvenirs aussi. « Et j’aimerais savoir ce qui te fait penser que je ne peux pas être serveuse ? »  Les clients et son patron étaient contents d’elle, ça parlait bien en sa faveur non. « Qu’est ce que tu fais ici, si loin de cette chère reine et des bus à deux étages ? » Elle ne l’aurait jamais, jamais imaginé quitter l’Angleterre un jour.

@Warner Eaton

Warner avait réussir à franchir le pas. Non seulement il était venu jusqu’à la brasserie mais en plus il s’était même résolu à aborder Eliza. Bien sûr, ce n’était sûrement pas l’entrée en matière dont il aurait rêvé. Mais il s’était trouvé devant elle sans savoir quoi dire et il ne pouvait résolument pas rester muet devant elle. A en croire la réaction de la jeune femme, elle ne s’attendait pas à le trouver ici. En même temps, il pouvait le comprendre. Elle avait quand même mis un océan entre eux, en plus du fait qu’elle soit partie sans un mot. Il aurait sûrement été impossible qu’il la retrouve aussi facilement. Elle en pensait tout autant car c’est la première chose qu’elle lui dit après l’avoir attiré à l’écart. “Parce que tu aurais pensé me revoir de ton pas vivant ?” demanda-t-il sceptique. C’était une autre remarque stupide qu’il n’avait pas pu retenir. Alors qu’il y avait tant de choses qu’il aurait pu répondre à ça, concernant le fait qu’elle ne devait pas en avoir envie notamment. Il n’eut pas le temps de chercher sur quoi embrayer puisqu’elle repris la parole en demandant pourquoi elle ne pouvait pas être serveuse. “Oh, tu es sûrement très capable. Ce n’est pas tes compétences que je remets en doute. C’est juste que dans mes souvenirs, t’étais plus du genre à devoir embaucher des serveuses qu’à faire le service toi-même.” La famille d’Eliza était importante après tout. Cela l’amenait encore plus à s’interroger encore plus sur l’exactitude des rumeurs qui avait suivi le départ de la jeune femme. Chaque chose en son temps, il imaginait. Il avait encore le temps d’obtenir les explications qu’il attendait. Il ne fallait juste pas qu’il attende trop non plus car elle lui avait déjà montré qu’elle était très douée pour disparaître. “Je pourrais te retourner la question. Mais en gros,j’habite ici maintenant. Le monde est très petit apparemment.” En partant tout les deux de leur pays natal et sans se consulter, ils avaient fini par se retrouver exactement au même endroit. “J’avais une offre de travail trop intéressante pour la refuser donc j’ai du me résoudre à partir. Pas un choix facile à faire. Enfin pour moi en tout cas.” Parce que pour certaines autres personnes de sa connaissance, comme celle qui se tenait face à lui, ça n’avait pas eu l’air d’être si compliqué.

Elle n’en revenait pas et elle aurait sans doute du mal à réaliser avant un long moment. Warner Eaton, le Warner de son passé avait si soudainement refait surface dans sa vie qu’elle ne savait pas comment réagir. Ca ne lui arrivait pas souvent d’être prise au dépourvu de cette façon mais elle devait bien avouer qu’il avait réussi son coup. Elle ne savait même pas s’il avait tenté de la surprendre mais il avait bien réussi son coup. Il avait dû bien galérer à la trouver, elle n’avait pas forcément essayé de dissimuler sa trace ou de rendre la tâche plus difficile qu’elle ne l’était déjà, mais elle était quand même partie de l’autre côté de l’océan et avait cessé de se faire appeler par son nom usuel. Elle avait tellement de question que ses cinq minutes de pause ne suffiraient pas. Elle ne fit pas attention à sa première remarque, préférant rebondir sur la deuxième. « C’est vrai que cette vie me correspondait tout à fait. » répondit-elle en levant les yeux au ciel. Il était censé savoir qu’elle ne s’était jamais sentie à l’aise dans ce monde plein de règles et d’étiquettes, beaucoup trop étouffant pour elle. « Si tu veux tout savoir je ne me suis jamais sentie aussi bien que depuis que j’ai commencé à travailler ici. » Elle ne disait même pas ça pour lui le clouer le bec. C’était entièrement vrai, jamais elle ne pourrait regretter une époque, une vie où elle ne se sentait pas à sa place et où elle avait l’impression d’être en prison. En revanche, elle avait plus de mal à comprendre comment Warner s’était retrouvé ici, lui qui était bien plus fait qu’elle pour la vie qu’ils menaient tous les deux par le passé, si ses souvenirs étaient exacts. C’était tout de même sept ans en arrière… « Et New York encore plus... » souffla-t-elle de manière presque inaudible. Quelles étaient les probabilité pour qu’ils se croisent dans une ville à la population aussi dense que New York ? Qu’ils y vivent tous les deux n’était pas si étonnant en soit, c’était une destination prisée et pleine d’opportunités. Cela ne faisait que la conforter dans l’idée qu’il l’avait cherchée et qu’il n’était pas là par hasard. Sa dernière remarque ne fit qu’achever de lui confirmer cette idée. « Qu’est ce que tu fais réellement là Warner ? » lui demanda-t-elle sur un ton tout autre que le précédent, la surprise et la joie de le revoir malgré tout étant passées. Elle n’aimait pas qu’on lui mente et qu’on la prenne pour une imbécile, et elle n’avait pas le temps d’attendre qu’il se décide à miraculeusement tout lui dire. « Tu ne vas pas me faire croire que c’est le hasard qui nous a réuni ici. Impossible. » ajouta-t-elle en secouant la tête, les lèvres pressées entre elles.

Evidemment que Warner n’aurait jamais pensé retrouver un jour Eliza en train de faire le service. Après tout, elle évoluait dans une autre sphère et même s’il savait bien que ça ne convenait pas forcément à la jeune femme mais bon de là à l’imaginer devenir serveuse, il y avait un monde. Il ne savait pas trop ce qu’il s’imaginait à son sujet d’ailleurs quand il pensait à elle. Ce qu’elle était devenue était un mystère total parce qu’elle avait tout fait pour en partant à l’autre bout du monde. Enfin, apparemment, elle était heureusement maintenant. Elle lui fit même savoir qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien que depuis qu’elle travaillait là. C’était une bonne chose pour elle. Après tout, elle méritait d’être heureuse.

N’empêche, le hasard faisait parfois des choses étranges. Qui aurait cru qu’ils se retrouveraient à vivre dans la même ville après tout ce temps ? Certainement pas lui en tout cas. Il avait cessé de la chercher depuis longtemps et s’il n’avait pas trouvé sa trace par hasard, ils auraient pu continuer à vivre tranquillement dans la même ville sans jamais se croiser. Il se serait peut-être mieux porté comme ça d’ailleurs. Enfin, il ne savait pas trop mais il n’eut pas le temps de s'appesantir plus que ça sur la question car la jeune femme lui demanda ce qu’il faisait réellement là. Apparemment, elle ne croyait pas que ça puisse juste être le fruit hasard. “Quoi, tu n’es pas contente de me voir alors ?” demanda-t-il sur un ton moqueur même si la réponse était évidente. Elle ne pouvait pas être contente de revoir quelqu’un elle avait qui cessé tout contact. “Si tu me demandes si j’ai traversé l’océan et atterri ici juste pour te retrouver, la réponse est non. Je l’aurais peut-être fait à un moment donné mais l’eau a coulé sous les ponts depuis. Je n'ai retrouvé ta trace que par hasard en faisant des recherches pour un article.” Mais au début, quand elle était parti, s’il avait pu retrouver sa trace à ce moment-là, il n’aurait absolument pas hésité à partir. Parce qu’il tenait à elle et que les choses ne pouvaient pas se terminer comme ça. C’est en tout cas ce qu’il croyait mais il se trompait. “En revanche, je ne suis clairement pas ici aujourd’hui pour boire des bières. Ca n’a jamais été ma boisson préférée et ça n’a pas changé. Mais tu savais déjà que je n’étais pas venu là pour ça.” Il ne savait même pas pourquoi elle lui avait posé la question. “Je te dirais bien que je suis venu pour voir ce que tu devenais mais c’est faux aussi. En réalité, je suis venu pour te demander l'explication à laquelle j’aurais eu le droit il y a sept ans quand tu as disparu du jour au lendemain. Les gens ont beaucoup parlé tu sais.” Tout le monde semblait avoir sa version sur son départ mais en l’absence de la principale concernée, il avait été compliqué de discerner le vrai du faux.

@Poppy Moran

Ce n’était définitivement pas de cette façon qu’elle voyait sa journée se terminer. Elle n’était même pas finie en fait, et elle avait un peu peur de ce qui l’attendait encore, parce que si revoir Warner n’était pas sa plus grosse surprise de la journée, elle n’avait pas envie de savoir. En soit, elle était contente de le revoir. Il lui avait vraiment manqué et elle avait eu le coeur brisé de devoir partir comme ça, sans rien pouvoir lui dire. Elle avait surtout voulu le protéger et elle n’aurait jamais pu lui demander de la suivre à l’autre bout du monde. Elle ne savait même pas s’il l’aurait fait de toute façon, ils n’avaient pas été ensemble très longtemps, mais ça avait été plutôt intense, en tout cas pour elle. Ses parents l’avaient même accepté, ce qui avait été un miracle. Il fallait dire qu’il était un plutôt bon parti, peu importe qu’il soit majeur et elle non à l’époque. Mais bon, tout ceci appartenait au passé et elle avait tout gâché. Elle ne voyait pas quel bénéfice il y aurait à tirer du fait qu’elle lui dise tout maintenant. C’était beaucoup trop tard et la vérité lui ferait plus de mal qu’autre chose. Malheureusement quelque chose lui disait qu’elle n’allait pas avoir la tâche facile. Déjà il semblait avoir une idée derrière la tête en étant venu ici, il ne pouvait pas s’agir que d’un simple hasard. Pas après tout ce temps, pas à des milliers de kilomètres de leur passé.
Dans un premier temps, il tenta de jouer la légèreté. « Bien sûr que je suis contente de te voir, pourquoi en serait-il autrement ? » Elle comprenait aisément pourquoi il pouvait penser une telle chose, mais elle n’avait pas envie d’aborder le sujet, pour tout un tas de raisons. Il était cela dit coriace : ill avait besoin de réponses, sans grand étonnement, et il lui demanda des réponses. Malheureusement, ces réponses, elle ne pouvait pas les lui donner. Elle aurait bien voulu, mais il ne servait à rien de remuer le passé. Et puis de toute façon, elle devait retourner travailler. Elle tenait tout de même à relever quelque chose d’abord, parce qu’évidemment que les gens avaient parlé sur elle. Elle aurait presque pu jubiler pour le coup, parce qu’elle avait eu raison de penser que son départ n’était pas passé inaperçu et qu’il avait fait parlé, il n’aurait pas pu en être autrement, surtout dans un monde comme celui qui était le sien auparavant. « Les gens parlent, étonnant. Moi qui pensais que personne n’avait remarqué mon absence. J’imagine qu’ils ont été tendres ? » Comme si une telle chose était possible. Peu importe, elle était loin de tout ceci, et elle avait probablement déjà entendu pire de toute façon. Puis elle n’avait pas le temps d’en demander plus même si elle le voulait, sa collègue commençait à la regarder avec insistance et elle allait très vite se faire taper sur les doigts si elle ne se remettait pas à travailler. « Il n’y a rien à dire, vraiment. J’avais besoin de partir, une opportunité s’est présentée et je l’ai saisie. C’est bien ce que tu as fait toi. » Sauf que ce n’était absolument pas pareil, elle le savait et il le savait lui aussi. Elle savait  aussi qu’elle n’allait pas s’en tirer comme ça et qu’elle allait devoir trouver une explication un peu plus convaincante. Mais pas maintenant, pas ici. « Il faut vraiment que je retourne travailler par contre, je vais finir par me faire virer si le patron pense que je passe mon temps à flirter avec les clients. » Si seulement c’était ce qu’elle était en train de faire, mais non. « Si tu veux on pourra parler quand j’aurais fini, dans une heure. » Ou il pouvait accepter ce qu’elle lui avait dit et partir, mais elle ne tenait pas à le chasser. Elle n’était bizarrement pas prête à le voir partir, même si c’était elle qui était partie la première fois et qu’elle n’était pas en droit de réclamer quoi que ce soit venant de lui.

@Warner Eaton

Eliza lui avait demandé ce qu’il faisait vraiment là et cela les amenait dans le vif du sujet bien plus rapidement que Warner ne s’y était attendu. Il aurait bien aimé perdre un peu plus de temps en banalités. Mais de toute évidement, la jeune femme devait avoir hâte de se débarrasser de lui et du désagrément qu’il lui posait en venant là. “Je pourrais te donner au moins un million de raisons.” Enfin, un million, c’était peut-être un peu exagéré. Mais il pouvait lui en donner au moins une donc c’était déjà bien assez. En revanche, il y avait à peu près zéro raison qui laissait supposer qu’elle pouvait être heureuse de le revoir. Soit, il se moquait bien dans le fond qu’elle soit heureuse de le revoir ou non, ce n’est pas ce qu’il cherchait en venant ici. Et le moment était venu de lui faire savoir ça puisqu’elle lui avait posé la question. Il voulait juste essayer de comprendre ce qui s’était passé. Et à en juger par le comportement de la jeune femme, il n’était pas certain que même sept ans après elle soit disposée à lui donner des explications. Elle préféra d’abord s’intéresser au fait de savoir si les gens avaient été tendres. Comme si cela avait la moindre importance ici et comme si elle s’y intéressait vraiment. Tout ça pour lui dire ensuite qu’il n’y avait rien à dire. Bien sûr que si, il y avait forcément à dire. “Non, ce n’est pas ce que j’ai fais moi.” répondit-il calmement. Elle avait choisi la mauvaise comparaison et si elle faisait ça pour l’énerver, elle n’y avait pas encore réussi. “Je suis parti en disant au revoir à mes proches et je suis retourné le voir plusieurs fois depuis. Quand est-ce que tu as pris le temps d’en faire autant toi ?” Il avait clairement manqué un épisode si elle avait effectivement fait ça. Ou peut-être n’étaient-ils pas assez proches tous les deux. Dans ce cas, il ne voyait pas qui était assez proches d’elle pour avoir garder contact quand même sa propre famille ne semblait plus vouloir entendre parler d’elle. Les gens s’accordaient bizarrement tous sur ce point. “En tout cas, je suis curieux de savoir quelle merveilleuse opportunité t’as amené à devenir serveuse.” Pas qu’il veuille se montrer méprisant, mais il avait rarement entendu parler de gens qui s’exportaient parce qu’ils avaient une opportunité pour travailler dans une brasserie. Elle le prenait évidemment pour un imbécile. Elle mentionna ensuite le fait qu’elle doive retourner travailler mais comme elle finissait dans une heure, il imaginait qu’il pouvait attendre. Apparemment, elle était prête à parler à ce moment-là, Warner était curieux de voir ça. “Très bien, quelle bière me conseillerais-tu pour patienter ?” Il n’était toujours pas fan de cette boisson mais puisque il avait une heure à tuer maintenant...

@Poppy Moran

Sans grande surprise, Warner n’était pas convaincu par le fait qu’elle puisse être contente de le revoir. Elle l’était réellement, c’était ça le pire. Il lui avait manqué beaucoup plus qu’elle n’aurait pu l’admettre et elle avait fini par se faire à l’idée qu’elle ne le reverrait plus. Elle pouvait comprendre qu’il ne la croie pas et qu’il puisse lui donner un million de raisons qui la pousseraient à ne pas être contente de le revoir. En toute logique, elle aurait pu en trouver au moins une ou deux. Elle avait des choses à se reprocher après tout, mais non, la joie de le revoir et de se rappeler ce qu’elle avait pu ressentir en sa présence allaient bien au delà de tout ça. « Et pourtant il ne m’en faut qu’une pour t’assurer que je suis contente de te voir. Crois le ou non, ce n’est pas à moi de décider de ça. » Mais elle imaginait que le débat allait très vite devenir et qu’il n’allait pas la croire tant qu’il n’aurait pas reçu les explications qu’il ne cessait de lui réclamer depuis maintenant plusieurs minutes. Minutes qu’elle n’aurait jamais dû se permettre de prendre et elle tenait trop à son emploi pour élaborer maintenant. S’il pouvait attendre une heure de plus, elle le ferait. En tout cas elle le ferait autant que possible, elle n’était pas sûre d’être prête à tout lui dire si vite. Lui même n’était certainement pas prêt. A sa grande surprise, il accepta, même s’il y avait plusieurs questions auxquelles elle n’avait pas répondu. Elle voulut le faire, mais se ravisa au dernier moment préférant garder tout ceci pour plus tard, quand ils auraient le temps de parler. Elle le guida donc à une table, lui ramenant ce qu’il avait commandé. Elle était contente d’avoir un peu de répit, mais le temps passa un peu trop vite et comme promis, elle le rejoignit une fois son service terminé. « Désolée de t’avoir fait attendre comme ça, mais merci d’être resté. » C’était presque un soulagement qu’il ne soit pas parti, malgré tout. « La bière était à ton goût ? » Elle essayait de gagner du temps, une fois de plus, mais cela ne servait à rien de retarder l’échéance. Pas à ce niveau-là. Elle inspira un grand coup, comme pour se donner du courage. Ca n’allait pas être agréable mais il fallait le faire, c’était inévitable, alors autant de lancer. « Je suis désolée d’être partie sans rien dire et de ne pas t’avoir donné de nouvelles, mais je savais que si je te revoyais je n’aurais jamais trouvé le courage de partir. » avoua-t-elle en baissant les yeux l’espace d’un court instant, avant de les relever vers lui et de sourire un peu tristement. « Et il fallait que je parte, je ne pouvais pas rester. Je ne pouvais pas non plus te demander de venir avec moi, même si crois moi quand je te dis que j’aurais voulu le faire. » Bien plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Tout aurait peut-être été différent s’ils étaient partis tous les deux. Elle n’avait jamais regretté d’avoir mis sa fille à l’adoption mais parfois elle se prenait à s’imaginer ce qu’aurait été sa vie si elle l’avait gardée. Ca n’avait pas l’air si horrible que ça. Alors imaginer Warner dans le tableau en plus… ça n’aurait pas pu être pire non plus. « J’aimerais savoir ce que tu as entendu avant de t’en dire plus. » Il devait y avoir du vrai, mais elle imaginait qu’il y avait également beaucoup de faux. « Qu’est ce que toi, tu as pensé ? »

@Warner Eaton

Warner ne pouvait pas vraiment dire qu’il était satisfait de la manière dont se déroulaient les choses pour le moment. Eliza avait beau lui assurer qu’elle était contente de le voir, le jeune homme avait quand même de sérieux doutes. En plus de ça, elle ne semblait pas vraiment décidée à lui répondre. Quand elle retourna travailler, le jeune homme décida néanmoins de l’attendre. elle lui avait dit qu’elle finissait dans une heure et qu’ils pourraient parler à ce moment-là, il attendit donc. Pour patienter, il avait même une délicieuse bière devant lui. Quel bonheur. Il aurait mieux fait d’aller commander quelque chose ailleurs et de revenir une fois l’heure terminée mais bon… Au bout d’une heure, la jeune femme le rejoignit comme elle l’avait promis. Warner en fut presque étonné, il n’aurait pas été totalement surpris de la voir disparaître en catimini. “C’était… une bière. Je n’ai jamais été tellement fan du goût.” Celle-ci n’avait pas réellement fait exception. Mais ce n’était pas très important et pas du tout ce qui intéressait Warner là. Heureusement, la blonde poursuivit toute seule en expliquant qu’elle n’aurait pas trouvé le courage de partir si elle l’avait vu avant et qu’elle devait partir. Il ne comprenait toujours pas ce qui avait motivé ce désir si pressant et il comprenait encore moins pourquoi elle ne lui avait pas demandé de partir si elle le voulait. Parce qu’il l’aurait suivi sans la moindre hésitation. Au final, ce qu’elle venait de lui dire suscitait plus de questions que de réponses chez Warner. Et il devrait attendre avant d’avoir une vraie réponse parce qu’elle voulait savoir ce qu’il avait entendu et ce qu’il avait pensé. Quel était l’intérêt de lui demander ça vraiment ? Il n’en savait rien. Pourquoi c’était elle qui se retrouvait à lui poser des questions. “J’ai entendu plein de choses. Certains disaient que tu t’étais mariée en secret et que t’étais partie. Ce qui revenait le plus souvent ce que tu étais tombée enceinte et que tes parents t’avaient chassé à cause de ça.” Il s’interrompit un bref moment et soupira. “Et je ne savais pas trop quoi penser, tout ce que je voyais c’était que tu étais partie comme ça et que ça aurait pu être pour n’importe quoi.” Elle aurait pu être capable de n’importe quoi à partir du moment où elle l’avait laissé tomber alors qu’elle n’imaginait pas ça possible.

@Poppy Moran

Elle n’aurait pas dû accorder tant d’importance à ce que les gens disaient sur elle. Elle s’était imaginé tout un tas de choses, la plupart avaient sans doute visé juste malgré tous les efforts de ses parents, et en particulier sa mère, pour taire ce qui était arrivé, taire les raisons de son départ. Si elle avait pu, elle serait restée. Il n’y avait aucun doute là-dessus. Si elle avait pu rester, cela aurait voulu dire que sa famille, sa mère en particulier, acceptait cette grossesse inopinée. Que peut-être, elle aurait eu une chance de garder sa fille et de l’élever. Peut-être même avec Warner. Elle n’aurait jamais osé l’espérer mais on l’avait privée de la chance de le savoir. Un bien pour un mal, elle avait réussi à se libérer de sa prison, mais elle avait perdu beaucoup en même temps. Rien n’avait été simple et pourtant Warner semblait croire le contraire.
Sans grande surprise, les gens avaient touché juste, selon les dires du jeune homme. En même temps, il n’y avait pas mille et unes raisons qui pouvaient pousser une adolescente à quitter sa famille sans donner de nouvelles et sans qu’on ne donne aucune justification à ce propos. Elle tenta de ne pas réagir et de garder un visage impassible lorsqu’il le mentionna et elle ne savait pas si cela avait fonctionné. Elle l’espérait, elle ne pouvait pas se résoudre à tout lui dire tout de suite, au beau milieu d’une foule d’inconnus, sur son lieu de travail. Ils méritaient mieux tous les deux qu’une scène en public. Parce qu’honnêtement, elle ne voyait pas comment il pourrait bien prendre la chose. « Et si je te disais qu’il n’y avait rien d’aussi fou, rien d’aussi choquant ? Qu’ils ont simplement accepté de me laisser aller vivre chez une des soeurs de mon père qui avait émigré aux Etats-Unis ? » Il y avait quand même du vrai là-dedans : au départ, sa mère avait voulu l’envoyer dans un pensionnat en Suisse. Poppy aurait quitté une prison pour se rendre dans une autre. Impensable. « Ce serait si difficile à croire ? » Avec un peu d’effort, elle ne voyait pas en quoi c’était si difficile justement. Parfois les choses étaient comme elles l’étaient, il n’y avait pas toujours une bonne raison pour tout. C’était ce qui rendait la vie si dure, si imprévisible. « Tu serais venu si je te l’avais demandé ? » Cette question lui brûlait les lèvres depuis plus de sept ans maintenant, et elle n’avait pas pu la retenir plus longtemps.

@Warner Eaton