you know you make my world light up / jalista (-18)

Dans l’ascenseur, Jamal remonte la veste sur ses épaules. Se regarde dans le miroir, et sourit. Il a chaud, mais tant pis. Il sait l’effet que ça va faire à la blonde quand elle va ouvrir la porte et découvrir qu’il porte son uniforme. Elle a dit elle-même que ça lui plaisait. Cela n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Il avait pourtant pris le temps de repasser chez lui après la fin de son service, le temps de prendre quelques affaires. Moins spontané que la dernière fois, il sait qu’il risque de passer la nuit chez elle. Après tout, elle l’avait invité, et ils savaient tous les deux pourquoi. Chez elle directement. Et s’il en croit son charme en uniforme, ça devrait commencer aussitôt qu’il aura franchi la porte. Il vérifie le numéro de l’appartement sur le message qu’elle lui avait envoyé, comme c’est la première fois qu’il vient chez elle et non pas l’inverse. L’adresse vérifiée, il frappe à la porte, prêt à passer aux choses sérieuses. Il a même préparé une blague sur sa lance à incendie à lui. Autant jouer la carte ‘pompier’ à fond. Ça fonctionne toujours. Et puis il sait que ça fera plaisir à Calista. Tant pis si son uniforme se retrouve sali, ou directement retiré. Lorsqu’il entend du bruit derrière la porte, il prépare son plus beau sourire. « Sal… » Interrompu dans son élan quand il découvre que Callie n’est pas seule derrière la porte, son large sourire diminue. La petite fille dans ses bras ne devrait pas être là. Ce n’était pas prévu comme ça. « Je suis en avance ? » Ce n’est pas son genre pourtant. Jamal, il a plutôt tendance à être en retard, à prendre son temps pour les choses. Là, aurait-il été tellement impatient qu’il est arrivé plus tôt que prévu ?

Épuisée comme jamais, elle meurt d’envie que cette journée cesse enfin, qu’elle puisse retrouver le confort de son lit et dormir ne serait-ce que quatre petites heures. C’est tout ce qu’elle demande et même si ce n’est pas grand-chose, Calista sait qu’elle ne pourra dormir que lorsque sa fille sera parvenue à en faire de même. Supposée la laisser à son frère, Arthur, pour la soirée afin d’avancer sur un shooting qu’elle doit faire dans la semaine, la fièvre d’Avalon lui a fait changer tous ses plans. Journée bousculée, la blonde a dû courir ici et là, gérer tellement de choses en même temps qu’elle a forcément oublié un détail. C’est obligatoire. Mais ce soir ce qui la préoccupe le plus c’est l’enfant dans des bras, brûlante. Ses pleurs ont résonné dans tout le logement, amenuisant la patience de Calista qui, pourtant, ne laisse rien paraître. Avalon lavée, en pyjama, il ne lui reste plus qu’à lui donner ses médicaments et à manger. Sauf qu’elle refuse de quitter ses bras ce qui la ralenti considérablement. À plusieurs reprises elle l’a fait remonter contre sa hanche, sent sa fatigue augmenter, son calme disparaître. « T’es sûre que tu veux pas regarder la télé ? » Lui demande-t-elle pour la énième fois, mais elle secoue la tête, s’accroche au cou de sa mère de peur que celle-ci aille vraiment la poser sur le canapé. Et elle soupire à l’instant où quelqu’un sonne chez elle. Abandonnant la purée de carottes maison, elle gagne l’entrée et se fige une fois la porte ouverte. Merde. Merde, merde, merde ! Elle a bien oublié quelque chose : prévenir Jamal qu’ils doivent repousser. « Je … non, non t’es à l’heure. » Enfin pour le peu qu’elle connait l’heure. Mal à l’aise, elle sent le visage brûlant d’Avalon dans son cou. Impossible d’oublier alors que Jamal les regarde toutes les deux. « Entre. » Décalée sur le côté, elle le laisse passer referme derrière eux. Repassée devant Jamal, elle ouvre le chemin vers le salon. Dans son épuisement, elle n’a même pas fait attention à son uniforme. « Ava, je vais te poser. » Grognement de la part de la petite qui s’accroche tandis que la blonde se penche sur le canapé. « Ne me force pas à me fâcher, Avalon ! » Enfin elle la lâche et Callie retient son soupire de satisfaction. À la place, elle passe près de Jamal et l’entraîne à sa suite dans la cuisine, pièce où enfin elle réalise ce qu’elle porte. « Je suis désolée. » Débute-t-elle en mordant sa lèvre. « Avalon est malade, j’ai dû courir partout avec elle collée à moi et j’ai oublié de te prévenir. » Main passée dans ses cheveux blonds en bataille, elle le détaille en plus. « Ce qui est dommage parce que tu es vraiment très sexy comme ça. » Elle va jusqu’à passer ses mains sous sa veste pour l’attirer à elle et l’embrasser. Callie a besoin de tout le réconfort qu’on peut lui proposer et si c’est dans ses bras à lui, c’est mieux encore.

Jamal avait été d’excellente humeur toute la journée, ce qui est rare. Très rare. Bien sûr, la perspective d’une nuit passionnée de sexe y était pour beaucoup. Ce n’était pas dit explicitement dans l’invitation, mais ça paraissait logique. Peut-être qu’ils discuteront un peu aussi. Manger pourrait être une option aussi. Peut-être que ça sera ce soir qu’elle mangera à même son corps. Tout un tas de possibilités qui avaient rendu Jamal très impatient pour ce soir. Si bien que sa surprise doit se lire dans son regard quand il se retrouve nez à nez avec non pas juste Calista, mais aussi sa fille, qui n’a pas l’air dans un très bon état. Un peu de déception aussi, forcément. Parce que ce n’était pas ce qui était prévu. Elle lui avait dit qu’elle devait être seule. Il entre quand même quand elle se pousse de la porte pour lui libérer le passage. Il ne sait pas vraiment ce qu’il doit faire ou penser. Il observe Calista poser la petite sur le canapé, remarque forcément qu’Avalon doit être malade vu ses joues rouges et son visage épuisé. Et sa mère semble tout autant fatiguée. Il la suit dans l’appartement, jusqu’à la cuisine. Il n’a toujours pas réagi, et ne sait même pas quoi en penser. Pour l’instant, c’est surtout la déception qui l’emporte, alors qu’il s’était imaginé une soirée très chaude toute la journée. Calista confirme ce qu’il avait déduit en observant la scène. Avalon est malade, et elle a oublié de le prévenir pour annuler. Il soupire, essayant de réfléchir à ce qu’il doit faire. Et il n’a pas le temps de réfléchir que Callie l’attire vers elle, et l’embrasse. Un baiser doux, mais qui réveille tout de même cette envie qui avait sommeillé en lui toute la journée. « Pourquoi est-ce que ça tombe malade si facilement les enfants ? » Le front posé sur celui de Calista, il fait une grimace. Il sait que ce n’est la faute de personne, mais il ne peut s’empêcher d’être déçu. Il s’écarte de son visage, et la regarde à nouveau. Même les cheveux en bataille et avec des vêtements sales, elle reste séduisante. « Ça va, toi ? Avalon ne t’a pas contaminée ? » Il n’en est pas complètement sûr, et Jamal n’aime pas être malade. Enfin il ne s’écarte pas d’elle pour autant. « Tu as besoin d’aide pour quelque chose ? » Tant qu’à être là, il peut se rendre utile. Même si ce n’était pas du tout ce qu’il imaginait pour ce soir.

Elle s’en veut. Oui, elle s’en veut énormément d’avoir osé oublier leur soirée. Avec sa fille malade, le fait qu’elle a dû courir un peu partout, ça lui est sorti de la tête et pourtant elle l’attendait avec impatience cette soirée. Juste lui, elle et leurs envies. Si elle n’avait rien prévu et était persuadée de trouver de quoi attiser la flemme entre eux très facilement, elle était tout de même impatiente. Sauf que rien ne se passe jamais comme elle le voudrait. Avalon est tombée malade et elle a été forcée de rester coincée avec un koala agrippé à sa hanche. Maintenant qu’elle a Jamal face à elle - et dans sa tenue en plus - elle s’en mord les doigts. Parce que ça lui fait vraiment envie de le voir comme ça. Tellement envie que sa fatigue pourrait disparaitre au profit du plaisir si elle décidait à se jeter sur lui. Mais il y a sa fille. Un bambin de deux ans et demi qui attend qu’on s’occupe de lui. Ça ne l’oblige pas à se priver d’un peu de tendresse lorsqu’elle attire le brun à elle et l’embrasse. C’est tout ce qu’il lui faut pour ne pas virer folle ce soir. « Parce que c’est petit et fragile. » Lui répond-elle dans un chuchotement. Elle le garde près d’elle et sent déjà la chaleur de son corps venir l’envelopper. Maudite, vraiment. Les yeux légèrement levés vers lui, elle sourit doucement à sa question. « Non, je suis simplement épuisée. Elle n’est pas facile à gérer lorsqu’elle est malade. » Pour ne pas dire qu’elle est insupportable, mais c’est une enfant, la sienne en plus de ça, elle peut gérer. Même si elle meurt d’envie qu’elle dorme pour enfin souffler. Toujours contre lui, elle a presque envie qu’il la serre contre elle pour aller nicher son visage dans son cou, mais elle reste à l’observer. « Je m’attendais à ce que tu fuis très franchement. » Admet-elle dans un petit rire. Mais ça lui plait qu’il reste là et propose de l’aider. « Je dois lui donner à manger et ses médicaments, tu crois pouvoir supporter ça et les dessins animés ? » Il n’est pas son père et n’a aucune obligation envers Callie, mais sa présence l’aide déjà à se détendre, elle ne serait pas contre l’avoir près d’elle encore un peu. Ses doigts glissent sous son haut, caresse sa peau. « Je pourrais … » Qu’elle commence en approchant à nouveau son visage. « … te montrer toute ma gratitude après. » Termine-t-elle, proche de ses lèvres, prête à l’embrasser avant que les pleurs d’Avalon la rappelle à l’ordre. Elle soupire, lève les yeux au ciel et se détache à contre coeur de Jamal pour attraper la casserole et verser la purée dans une petite assiette en étirant son cou douloureux.

Ça serait égoïste de sa part de partir tout de suite, non ? Pourtant, l’idée lui traverse bien l’esprit. Après tout, ce n’est pas ce qui était prévu, c’est même plutôt à l’opposé de ce qu’il avait imaginé pour ce soir. Et il en avait imaginé des choses. Personne n’est responsable de ce changement radical de projet, mais il n’empêche que Jamal est déçu. Pourquoi avait-il fallu qu’elle soit malade aujourd’hui justement ? Au moins, Calista n’a pas les mêmes microbes, ce qui le rassure un peu. Bien sûr, il y a toujours un risque, surtout que Jamal n’aime pas être malade. Alors il comprend bien qu’Avalon reste accrochée à sa mère et soit énervante. Quand on a mal partout, de la fièvre et tout le reste, il faut bien se plaindre. « Moi ? Mais non. » Comme si partir ne lui avait pas effleuré l’esprit. Mais il peut faire un effort et l’aider un peu. Surtout qu’elle a l’air vraiment débordée. Lui, il est en pleine forme, même s’il pensait faire un autre usage de son énergie. Tant pis. Le programme semble assez simple pour qu’il puisse supporter. Ça fait des années qu’il n’a pas regardé de dessins animés, ça sera l’occasion. « Je devrais survivre. Et si ce n’est pas le cas, je t’accuserais. » S’il attrape les microbes de sa fille, elle aura intérêt à s’occuper de lui. Enfin il espère quand même que ça n’arrivera pas. Et puis elle pourra s’occuper de lui d’une autre façon. Comme elle le suggère en glissant sa main sous son haut, juste sur le bas de son ventre. Assez pour lui donner envie de plus. Surtout avec ce qu’elle lui dit. Assez pour le frustrer quand Avalon fait entendre son mécontentement depuis l’autre pièce. « Tu aurais dû commencer par me dire ça. » Il l’observe se détacher de lui, et retourner vers la cuisine. Lui, il prend la direction du salon, pour retrouver la petite fille qui arrête de pleurer dès qu’elle le voit. Se souvient-elle de lui ? Ou est-elle juste impressionnée de voir quelqu’un d’autre que sa mère ? Il se penche par-dessus le dossier du canapé et la regarde. « Donc toi, t’es assez douée pour te faufiler dans un trou mais pas assez pour éviter les microbes ? » Et la gamine qui en profite pour lui tirer la langue, visiblement pas ravie de sa présence ici. Pas décontenancé du tout, Jamal lui retourne même sa grimace, ce qui arrache un rire à la petite fille. « Elle a quoi en fait ? » Demande-t-il à Calista quand elle revient dans la pièce. Dans quoi s’est-il embarqué ?

Ses yeux se plissent quelque peu. En silence, elle le fixe et n’est pas convaincue par ce qu’il affirme. Elle le connait un minimum, sait pertinemment que s’il est là ce soir c’est pour une chose précise et ça n’a rien à voir avec le fait de supporter une enfant malade. Qu’importe l’attirance qu’il peut y avoir entre eux, le plaisir mutuel et tout le reste, il n’a pas signé pour ça. Alors oui, la blonde a des doutes mais son sourire finit tout de même par apparaître, appréciant qu’il la contredise même sans le penser. Et puis ça l’arrange. Ça l’arrange de pouvoir profiter de sa présence un peu plus longtemps, même si ce n’est pas collé à elle, son corps nu contre le sien. En elle de préférence. « M’accuser, carrément ? » Répète-t-elle dans un rire. « Je me demande bien comment tu me punirais. » Taquine, elle ne tarde pas à proposer un moyen de se rattraper. Plus tard. Et elle savait que cette proposition ferait son petit effet sur lui, autant que cette uniforme qu’il porte lui en fait à elle. Malheureusement ramenée à la réalité par les pleurs de sa fille, elle n’a même pas l’occasion de pouvoir profiter encore de Jamal. Séparés, elle s’occupe plutôt de la nourriture d’Avalon tandis que lui disparait déjà de la cuisine. Biberon d’eau coincé sous son bras, elle attrape l’assiette et les médicaments puis les rejoint. Le tout posé sur la table basse, Callie se laisse tomber sur le canapé, sa fille la séparant de Jamal. « Une angine, pas la contagieuse rassure-toi. » Ça aurait été pire que tout, elle-même aurait fini malade et de mauvaise humeur, vraiment pas dans l’état adéquat pour gérer une enfant. Doliprane dosé par pipette, elle parvient à le donner sans mal à Avalon dont le regard reste posé en direction de l’écran de télévision. Ce n’est pas aussi facile lorsqu’elle tente d’approcher une cuillère de purée. Sa tête l’évite et elle grogne. Son petit index va se poser sur la cuisse de Jamal, les yeux levés vers sa mère. « T’as une bouche il me semble, non ? » À comprendre par là que si elle veut quelque chose, elle le demande verbalement qu’importe que Callie ait compris. « C’est lui qui donne. » Voilà qui est bien plus clair et à la tête de Jamal, elle a du mal à retenir son rire. Cuillère dans l’assiette, elle tend celle-ci vers le brun. « La princesse à parlé. Elle mangera pas si tu lui donnes pas et j’ai très envie qu’elle aille dormir. » Autant pour pouvoir souffler que pour pouvoir profiter de lui. Le plus vite sera le mien parce qu’elle n’en peut vraiment plus, qu’elle a grandement besoin de se détendre.

« Oh je trouverais. » Il se la joue mystérieux, mais c’est surtout qu’il n’a d’idée directement en tête. Bien sûr, ça viendrait. Calista l’inspire toujours. Mais là, il a du mal à avoir la tête à ça, maintenant que ses plans pour la soirée ont changés du tout au tout. Enfin peut-être pas complètement, quand il entend Callie proposer de le remercier plus tard. Il comptait déjà rester, même s’il avait un peu hésité. Maintenant, il est certain. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu, mais il peut bien faire un effort. Rester et l’aider à s’occuper de sa fille malade. Il se retrouve seul avec elle quelques instants, le temps que Calista ramène à manger, et les deux se découvrent un peu. Plus que la première et unique fois où ils s’étaient rencontrés. Jamal n’a pas l’habitude d’être avec des enfants, si bien qu’il parle à la petite fille comme à une adulte. Tout en sachant qu’elle ne comprendra pas tout. En fait, ce n’est pas si mal. Pas trop difficile non plus. Il s’assoit sur le canapé quand Callie les rejoint, et s’inquiète quand même un peu de savoir ce qu’a la petite fille. Il ne voudrait pas être trop proche des microbes, au cas où. Même s’il y gagnerait une punition pour la blonde qui partage son lit, il serait aussi malade. Pas sûr qu’il soit complètement gagnant. Elle le rassure vite, et il tourne la tête vers la télé, curieux de voir à quoi ressemblent les dessins animés maintenant. On croirait presque un film, tellement les dessins sont bien faits. Mais il n’a pas le temps d’essayer de comprendre l’histoire qu’il est dérangé par Avalon, qui a décidé de prendre son repas donné par un pompier ce soir. Il fait un peu la grimace, mais accepte tout de même l’assiette que Callie lui donne. Pourquoi est-ce qu’il se retrouve à faire ça ? Une première cuiller termine dans la bouche d’Avalon. Pas trop compliqué. Le temps qu’elle mâche, il analyse un peu la nourriture. « T’aimes bien la purée toi alors ? Moi aussi. » Malgré la fatigue évidente sur le visage de la petite fille, celle-ci semble vraiment apprécier la situation. Une deuxième cuiller, et encore une. Oui, c’est gérable. Il remplit un peu plus les cuillers suivantes, espérant que ça se termine plus vite. Sauf qu’Avalon le remarque bien, et refuse les cuillers trop pleines. « Tu sais que la dernière fois que j’ai donné à manger à un enfant, c’était pour ma sœur ? J’devais avoir huit ans. En fait, c’est comme le vélo, ça s’oublie pas. » Juste parce qu’il arrive à la nourrir, il pense pouvoir se débrouiller. Et peut-être que ça le fait envisager un peu plus de devenir père à l’avenir. Ça fait à peine cinq minutes qu’il est là. Peut-être qu’il s’emballe un peu trop.

Quand Avalon décide, le monde n’a qu’à bien se tenir. Bornée, elle se demande parfois si elle n’aurait pas déjà trop déteint sur sa fille. Mais surtout malade, Callie n’a pas le courage de lui tenir tête, pas dans son état de fatigue. Alors, lorsqu’elle dit vouloir que Jamal s’occupe d’elle, elle n’insiste pas. Et difficile de ne pas avoir envie de rire à la grimace qu’il fait. S’il veut qu’elle se fasse pardonner et bien, faire l’effort de se plier aux exigences de princesse Avalon est une bonne idée. Sans compter que c’est un régale pour les yeux que de le voir s’occuper de la petite. Elle peut se reposer aussi. Débarrassée de l’assiette, elle replie ses jambes sous ses fesses, pose sa tête sur sa main, son bras accoudé au dossier du canapé. Dans cette position elle a tout le loisir de les observer. « Elle aime la purée maison. Essayer de lui faire manger de l’industrielle c’est risquer de finir avec tout sur tes vêtements. » Ce qu’elle peut comprendre. Elle l’a habitué à de la nourriture de qualité depuis tout bébé, la purée en flocons ce n’est pas mauvais mais ça ne vaut pas celle faite maison. Une chance que Calista aime assez cuisiner autrement elle aurait appelé sans arrêt sa mère à la rescousse. Pas très mature pour une jeune mère c’est certain. « Non, je crois même que j’ignorais que tu avais une soeur. » Admet-elle sans bouger. Il faut dire que malgré quelques conversations par-ci, par-là, ils n’ont jamais pris le temps d’apprendre à se connaître et que sa fille soit malade c’est sans doute l’occasion de le faire. « Vous avez combien de différence avec ta soeur ? Je crois pas avoir nourri une seule des miennes, pas avec le peu différence d’âge qu’on a. Par contre mes frères ont sûrement dû le faire. » Qu’elle dit, pensive. Braeden a sûrement dû être forcé et … et bien Arthur aussi. Mais elle, elle n’a jamais eu à le faire, pas avant la naissance de ses neveux en tout cas. « Donc tes parents tiennent un restaurant, j’aime bien cette coïncidence. » Petit sourire aux lèvres, elle aime surtout le fait qu’ils aient quelque chose en commun autre qu’un désir ardent et une passion pour le sexe. De sa main libre, elle replace une mèche de cheveux blonds derrière l’oreille de sa fille qui - dieu soit loué - mange sans trop rechigner. À cette vitesse, elle sera au lit plus vite que prévu.

Il est plus à l’aise qu’il ne l’aurait pensé, étrangement. Avalon semble l’apprécier, ce qui facilite sans doute les choses. Et la nourrir n’est pas non plus compliqué, même si ça doit avoir quelque chose à faire avec le fait que la purée soit faite maison par sa mère. « Au moins, ça fait une bonne excuse de les retirer. » Encore que ce n’est pas vraiment sexy, et ils n’ont pas vraiment d’excuses pour ça. Même si pour l’instant, ils doivent se montrer un peu patients. Ce qui ne les empêche pas d’en profiter pour discuter. Ça n’a rien d’étonnant que Callie ignore qu’il a une sœur. Il leur reste beaucoup de choses à découvrir l’un sur l’autre. Elle, elle doit venir d’une famille nombreuse, mais il ne sait pas exactement combien ils sont. « J’avais sept ans quand elle est née. J’étais tellement terrible gamin que mes parents ont dû hésiter avant d’en faire un deuxième. » Quand il était adolescent, il disait même que c’était un accident, juste pour emmerder sa sœur. « Vous êtes combien vous ? » C’est bien l’occasion de demander. Avalon continue de manger la purée sans se plaindre, n’acceptant que les cuillers remplies raisonnablement. Elle ne se plaint pas mais ça prend un moment quand même. « C’est vrai que ça semble fou que nos parents fassent la même chose. » Quelles étaient les chances ? Même si ce n’est pas dans le même pays, ça reste le même métier. « Enfin moi, je n’ai pas tout leur talent. Il faut dire que j’ai rarement l’occasion de faire de la cuisine caribéenne. » Et il manque de courage en général, surtout quand il faut passer trop de temps en cuisine. Et quand on cuisine pour une personne, c’est compliqué de faire de vrais bons plats. Le bol de purée se vide progressivement, Jamal restant concentré malgré leur conversation. Plus vite elle mangera, plus vite elle sera au lit. Et eux aussi accessoirement. Calista a parlé de le récompenser, il ne peut qu’avoir hâte. « Tout fini, t’es une championne ! » Il frappe son poing contre celui de la petite fille, qui sourit malgré la maladie. Le médicament semble avoir fait effet. Son regard se reporte rapidement sur la télévision, où le médecin animé tourne toujours. Jamal regarde aussi à son tour l’écran, posant le bol vide sur la table devant lui. « Pourquoi est-ce qu’il n’y a qu’une seule fille dans… » Mais Jamal n’a pas le temps de finir sa question qu’Avalon râle. « Chuut, j’entends pas. » Il fait la moue, un peu déçu de ne plus pouvoir discuter. Et finalement, il s’appuie contre le dossier du canapé et se prend dans l’histoire des voitures parlantes. Jusqu’à sentir la petite tête d’Avalon sur son bras, tomber un peu plus à mesure que le sommeil l’envahit.

« Je préfère en avoir une autre de raison pour retirer mes vêtements tu vois. » Elle n’essaye même pas d’être subtile, sourit largement en posant son regard sur Jamal. De toute manière sa fille est bien trop jeune pour comprendre ce qu’elle sous-entend et elle fait toujours attention à ce qu’elle dit. Seulement, dès qu’il est question de retirer ses vêtements – et surtout en présence du pompier – elle ne peut pas tenir sa langue. Il lui tarde le moment où elle pourra prendre plaisir à retirer chaque tissu qui couvre ce corps qu’elle aime tant. Elle doit patienter. Patienter qu’Avalon ait terminé de manger et surtout qu’elle dorme. Elle a un minimum de décence et remercie surtout le ciel que sa fille ait un sommeil lourd, ça lui évitera d’être réveillée par les bruits qu’ils risquent de faire. Discuter semble être un bon moyen de faire passer le temps et de faire taire leur impatience. Sans compter qu’elle aime en apprendre plus sur lui, partager autre chose que le sexe. « Parce que tu n’es plus aussi terrible maintenant ? » Plaisante-t-elle. « Hm … on est sept Vryzakis. » Commence-t-elle sans cesser de caresser les cheveux de la petite tête blonde entre eux. « Deux frères et une sœur aînée. Deux jumelles … enfin on est de fausses triplés. Et une petite sœur. Mais ma mère et mon beau-père ont adopté Lennon y a quelques années et sont aussi devenus les tuteurs légaux de mon meilleur ami. Donc neuf en tout et oui, ça fait de sacré réunion de famille. » Ce qui ne l’a jamais dérangé en soit. Callie n’a connu que ça toute sa vie, une grande famille, des prises de tête avec sa fratrie et des repas interminables. Surtout lorsqu’elle vivait encore en Grèce et que le côté paternel de la famille s’invitait. Une époque lointaine maintenant. « Je comprends. Je dois t’avouer que ma mère m’apporte régulièrement des repas, avec mes heures je galère un peu. Mais j’aime quand même cuisiner, surtout tout ce qui est pâtisserie. Puis j’aime prendre des risques et l’aventure donc parfois je tente d’autres choses. » Et ces mêmes fois se sont des catastrophes mais la blonde ne s’avoue que très rarement vaincue et recommence jusqu’à réussir. La purée complètement terminée, Callie essuie sa bouche et attrape le sirop, dernier médicament à lui administrer ce soir. Il ne reste plus qu’à attendre la fin du dessin animé qu’elle regarde avec tant d’attention qu’elle ordonne à Jamal de se taire ce qui fait rire sa mère. Et, lentement, elle sent son corps glisser vers le brun, attirant son attention. « Dieu soit loué, j’ai cru que l’endormir allait être aussi fatigant que m’occuper d’elle aujourd’hui. » En douceur, de crainte de la réveiller tant qu’elle ne sera pas dans un profond sommeil, elle se lève et se penche vers la petite pour la prendre dans ses bras. « Je voulais te demander … » Lance-t-elle une fois redressée, prête à prendre la direction de la chambre d’Avalon. « Pourquoi pompier ? Et ne me dis pas que c’est pour les filles, je ne te croirai pas. » Même si rien qu’à elle ça lui fait beaucoup d’effets, mais il doit y avoir plus, forcément.