i must've crossed a line / warner

Elle a rendez-vous avez Daisy ce soir. Depuis qu’elles se sont retrouvées, elles essayent de se voir au moins une fois par semaine, soit pour dîner soit pour déjeuner, dépendant des horaires de travail des deux soeurs. Elles sont tous les deux dans des corps de métier qui ont des horaires décalés, et c’est parfois compliqué pour elles de s’accorder. Ce soir, c’est bien tombé : Poppy a fini le travail en milieu d’après-midi, et Daisy est en jour de repos. Comme à chaque fois, elle a pas mal de choses à lui dire, elle veut notamment lui raconter sa soirée d’Halloween. Il ne s’est rien passé de spécial, mais c’est ça la beauté de leur relation qu’elles retrouvent peu à peu : elles peuvent parler des choses les plus insignifiantes, ça les intéresse quand même. Elle est repassée rapidement chez elle avant de se rendre au restaurant où sa soeur lui a donné rendez-vous. Le trajet en transport a été rapide, et elle est arrivée en premier au restaurant, c’est pizza ce soir. Elle commence à s’inquiéter lorsque, dix minutes après l’heure de rendez-vous convenue, sa soeur n’est toujours pas là. Elle commande un verre de vin pour patienter, et, alors qu’elle allait porter son verre à sa bouche pour une première gorgée, elle voit quelque chose qui ne lui plait pas : Warner est là, et il avance dans sa direction. Elle ne comprend pas, et elle n’est pas capable d’avoir une quelconque réaction, même quand elle le voit s’installer en face d’elle. Elle ne l’a pas revu depuis la fois où elle lui a justement dit qu’elle ne voulait plus le voir, plus d’une semaine auparavant. Elle a repensé au problème encore et encore, et elle n’a pas réussi à trouver de solution. Elle a commencé à comprendre pourquoi il a menti, mais ça n’a pas rendu la chose plus facile à accepter. Peut-être qu’il ne s’est pas passé assez de temps. Peut-être qu’elle se voile tout simplement la face. Quoi qu’il en soit, elle repose son verre dès qu’il s’assied, sourcils froncés. « Tu ne peux pas rester là, j’attends quelqu’un. »

Elle se sent mal lorsqu’elle voit Warner. Avant, elle était contente de le retrouver. De savoir qu’elle l’avait de nouveau dans sa vie. Mais depuis ce qu’il s’est passé entre eux, leurs mensonges notamment, rien n’est plus pareil. Elle a ressassé pendant plusieurs jours, mais elle n’a pas réussi à trouver de solution miracle qui pourrait sauver leur relation. Pourtant, elle a essayé, et c’est pas faute de vouloir que les choses s’arrangent. Mais leur passé commun rend difficile toute tentative d’amitié. En tout cas selon elle. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle veut le sortir de sa vie. En tout cas, elle n’est pas encore prête à le revoir et à lui parler. Pas tant que ce qu’elle veut ne sera pas clair dans son esprit. Elle ne se montre pas très aimable avec lui, et elle s’en veut presque. Elle n’a même pas besoin qu’il lui montre le message de sa soeur pour savoir que c’est elle qui est derrière tout ça. Elle qui a voulu tout arranger entre eux. Comme s’il suffisait qu’elle les réunisse tous les deux pour que les choses redeviennent à peu près normales. Pour le coup, elle se sent encore plus contrariée qu’on lui ait forcé la main. Daisy, elle ne va pas la louper, c’est certain. Elle est un peu décontenancée par son attitude. Plus ouverte et avenante qu’elle, pour une fois. Elle veut partir, c’est sûr, mais pourtant elle n’arrive pas à se lever de son siège. « Je finis mon verre d'abord. » Une excuse qui n’est même pas valable. Mais quelque part, elle a envie de voir ce que ça va donner. Elle soupire alors, déjà vaincue. « Je hais ma soeur. » Ce n’est même pas vrai, elle sait qu’elle n’avait que des bonnes intentions. « Tu veux partir ? » Parce que bon, c’est bien beau de lui proposer à elle, mais il est libre de faire demi-tour lui aussi. Par contre, s’il choisit de rester, ils vont devoir parler.

Elle dit qu’elle hait sa soeur, mais c’est tout bonnement impossible de la détester en réalité. Elle le dit sans le penser, parce qu’elle sait que Daisy a pensé à bien en faisant ça. Elle sait que Warner est important pour Poppy, alors elle a voulu bien faire. C’est une bonne chose, parce que peut-être qu’ils ont besoin de ce coup de pouce pour que les choses s’arrangent. Mais malheureusement, ce n’est pas aussi simple. Déjà, elle n’a pas envie de partir. Ca a pourtant été sa première pensée lorsqu’elle a vu Warner s’asseoir en face d’elle, mais après réflexion, peut-être qu’elle doit rester et profiter de ce cadeau que sa soeur lui fait. Cadeau empoisonné ou non, elle verra bien comment se déroule la soirée, mais elle veut voir ce que ça va donner. Peut-être que lui a trouvé une solution. Il suffit juste qu’elle l’écoute, et si elle voit que ça ne mène à rien, elle peut toujours partir, à n’importe quel moment. « Oui, je sais. Mais j’aurais préféré qu’elle m’en parle d’abord. » répond-elle en soupirant. Elle ne serait peut-être pas venue, mais au moins, sa soeur ne lui aurait pas menti. Elle tient quand même à savoir ce que Warner pense de tout ça. Soit disant qu’il a été pris au dépourvu lui aussi. Et il ne s’est pas enfui, il s’est même assis et là, il s’est commandé un verre. Il a l’air plus ouvert au dialogue qu’elle, mais ça lui semble logique comme c’est de lui qu’est la dernière erreur commise. Pas qu’elle tienne les comptes de qui a fait quoi dans leur relation, parce que c’est sur qu’elle est loin devant lui niveau atrocités. « C’est encourageant. » De voir que tous les deux sont prêts à faire des efforts. Comme quoi, ils y tiennent tous les deux à cette relation. Ils ne s’acharneraient pas autant autrement. Il lui demande ce qui a poussé Daisy à faire une telle chose, et elle ne sait pas vraiment pour être honnête. Elles ont bien parlé de Warner, naturellement, mais elle ne savait pas que ça lui tenait tant à coeur qu’ils se réconcilient. « Elle sait à quel point tu comptes pour moi, c’est tout. » Elle ne lui a rien dit de spécial pourtant, mais elle a du sentir qu’il y avait un problème. « Et je sais que tu comptes pour elle aussi, t’as bien dû lui dire un truc qui lui a fait penser que c’était mieux si on se reparlait. »

C’est une excellente question qu’il lui pose. Est-ce-qu’elle serait venue si sa soeur lui avait dit qu’elle allait passer la soirée avec Warner ? En y réfléchissant bien, probablement pas, et pas seulement par esprit de contradiction. Elle n’est pas prête à lui parler pour le moment, elle a besoin de plus de temps. Mais de plus de temps pour quoi, au juste ? Elle n’a pas de solution miracle, et ce n’est pas en ressassant qu’elle va en trouver. Alors cette confrontation surprise, c’est peut-être une bonne chose finalement. « Au début, non. Mais là, je commence à me dire que c’est peut-être une bonne chose. » La preuve, elle est restée alors qu’elle a dit qu’elle comptait partir après avoir fini son verre. Or, son verre est fini là, et elle compte bien en commander un autre quand le serveur reviendra. Il est bien temps qu’ils parlent sincèrement. Qu’ils essayent de régler leurs problèmes une bonne fois pour toute. C’est dingue, depuis qu’ils se sont retrouvés, c’est les montagnes russes entre eux. C’est pourtant censé être plus simple maintenant qu’ils sont adultes, vraiment adultes. Mais non, c’est encore plus compliqué et ça lui donne mal à la tête. Peut-être qu’ils ne sont pas fait pour être dans la vie l’un de l’autre. C’est une chose à laquelle elle ne veut pas penser, mais il faudra peut-être qu’elle se rende à l’évidence. En tout cas, même si elle ne l’aurait pas pensé au début, Daisy a finalement eu une bonne idée en les réunissant, et ce n’est pas étonnant qu’elle y ait pensé toute seule, vu qu’aucun des deux ne lui a parlé de l’autre. Eviter le sujet Warner, c’est quelque chose qu’elle sait faire à merveille. Le serveur revient et il leur amène une carte. Elle en profite pour commander un autre verre. « J’ai faim, puis on est là, alors autant en profiter. » Il ne lui faut pas longtemps pour décider ce qu’elle va prendre, et elle repose le menu devant elle, attendant que Warner ait fait de même. « Il faut vraiment qu’on parle Warner, même si c’est pas agréable ou si l’issue de la discussion ne nous plait pas. » S’il tient à rester lui aussi, il ne va pas avoir le choix. Et il ne sera même pas obligé de lui répondre en fait, juste de l’écouter. Et cette fois, il ne pourra pas lui faire croire qu’il ne se souvient de rien.

Elle a l’air de ne pas savoir ce qu’elle veut, et c’est exactement ce qu’elle ressent. Une minute elle veut tuer sa soeur, celle d’après elle veut presque la remercier. Comme quoi Daisy la connait toujours aussi bien, et sait ce dont elle a besoin. Parler avec Warner, c’est encore une fois plus que nécessaire. Ils sont ridicules tous les deux. Leur relation n’a aucun sens, et ils s’acharnent pour quelque chose qui ne fonctionne pas. Peut-être qu’ils ne font pas les choses correctement, ou peut-être que ça ne sert à rien de continuer, mais ils sont obstinés. Même Warner, qui ne voulait plus entendre parler d’elle, semble s’acharner. Tant mieux quelque part, c’est qu’ils le veulent tous les deux. Mais s’ils ne communiquent pas mieux, ça va vraiment finir par se retourner contre eux. En fait, c’est déjà le cas. « Ouais, et j’en suis la première surprise, mais je sais pas, tu penses pas que ça vaut le coup d’essayer ? Si elle a fait ça, c’est pour une bonne raison. » Elle les connait tous les deux très bien, elle doit savoir ce dont ils ont besoin. Du coup, Poppy compte bien profiter un maximum de cette soirée, c’est le moment où jamais de lui dire tout ce qu’elle a sur le coeur. Peu importe s’il veut lui répondre ou pas, il a juste à l’écouter, ça lui ira très bien. Mais visiblement, il a des choses à lui dire, il ne sait juste pas comment les lui dire. « Essaye quand même. » Elle, ça l’intrigue, forcément. Elle veut savoir ce qu’il a dans la tête, parce qu’elle a beaucoup de mal à le suivre ces derniers temps. « Je reste ouverte, je ne prendrai rien de ce que tu diras mal. » Il faut bien qu’ils commencent quelque part, et s’il tient à lui parler, elle va l’écouter, et elle pourra rebondir, ou en tout cas, elle parlera à son tour. C’est bien le but de cette soirée. « Moi, tu le sais déjà, mais tu m’as blessé en me mentant comme ça. Et le baiser… ça a été le pire je crois. » Ouais, en sachant que ça ne voulait absolument rien dire pour lui.