there's a lot that you don't know. (naleya)

Il faut croire que ce repas n’aura apporté que son lot de conversation éprouvante, puisqu’on en a encore une. À nouveau. Et cette fois, ma mère ne cache même pas les larmes qui coulent sur ses joues, de quoi me foutre vraiment mal. Ce n’était clairement pas l’effet attendu lorsque j’ai décidé de répondre à l’interrogation de ma coloc. Le silence se fait autour de la table, la tension flotte dans l’air, c’est palpable. Par contre, je ne m’attendais pas à découvrir que la jeune femme à mes côtés est aussi très tendue par ce sujet. Je fronce légèrement les sourcils, bien décidé à creuser un peu plus sur ce point-là lorsque nous serons seuls. Une fois de plus, mon père détend l’atmosphère et je déclare que je vais aller prendre le dessert, demandant son aide à la belle. Elle accepte, on débarrasse et on se rend dans la cuisine pour remplir le lave-vaisselle. Naleya se rapproche de moi pour me murmurer quelques paroles. Des mots qui me touchent vraiment. Comment ne pas l’être lorsque je vois qu’elle se sent mal d’avoir fait pleurer ma mère ? Jetant un coup d’œil vers mes parents pour m’assurer qu’ils ne regardent pas dans notre direction, et une fois la chose vérifiée, je dépose un baiser rapide sur les lèvres de la belle. Ce n’est pas dans mes habitudes, je préfère nettement savourer la douceur de ses lèvres longuement et jouer avec sa langue le plus de fois possible, mais je ne peux guère le faire à présent. Alors je me contente d’un simple contact entre nos bouches, un truc bref, mais quand même rageant à la fois. « Tu sais que t’es adorable comme nana ? » Je penche légèrement la tête sur le côté, souriant à moitié amusé par mes propres mots. Si on m’avait dit que je la traiterais de meuf adorable, de vive voix et devant elle en plus, je n’y aurais pas cru. « Mais t’en fais pas, elle est juste très sensible, ça lui arrive souvent de lâcher une larme. » Elle est comme ça, ma mère. Bien trop sensible pour ce monde de brute. C’est sûrement pour ça que j’ai tendance à la surprotéger, oubliant parfois que c’est l’inverse qui est sensé se produire. « Et puis, crois-moi, elle est loin de te trouver horrible, Naleya. » Je lui offre un léger sourire, comme pour attester mes propos. Oh non, ma mère est loin, très loin, de la trouver horrible. Je la connais assez pour dire avec assurance qu’elle l’apprécie déjà, ce qui pourrait être assez dérangeant dans le fond. Alors que ce n’est pas le cas. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi, ni comment ça a pu se produire, mais je suis plutôt satisfait à l’idée que mes parents aiment bien la jeune femme. Je ne cherche pas à comprendre mon raisonnement, je me perds bien trop dans mes pensées qui ne sont pas très logique depuis quelque temps. Dire qu’il y a à peine quelques minutes, sa présence dans la maison me troublait plus qu’autre chose… Ce n’est définitivement plus le cas, et je crois bien que je commence vraiment à aimer sa présence avec nous aujourd’hui, quand bien même elle en apprend plus sur moi. Des choses que je ne lui avais jamais dévoilées, et que je n’aurais jamais dévoilées sans aucun doute possible. Elle saisit le plat du dessert et on rejoint mes parents, s’installant à nos places. Sa nouvelle question me fait doucement rire. « Celui de ma mère, elle raffole de chocolat, une vrai accro. » Mon ton se veut taquin, chose qui fait rire mon père, tandis que ma mère affiche une légère moue boudeuse. Le chocolat, son péché mignon. « Ne te moque pas chéri, toi aussi t’aimes ça ! » Bien évidemment que j’aime le chocolat, mais pas autant qu’elle. « Il y a aimé et être accro. Je suis pas accro au chocolat moi. » Par contre, je suis accro à la demoiselle à mes côtés, j’en ai conscience, et je ne peux m’empêcher de lui jeter un coup d’œil. « Dites-moi que vous aimez ça Naleya. Ne me laissez pas seule face à ses deux vilains. » Je tourne totalement la tête vers la concernée, attendant avec attention sa réponse. Parce que, mine de rien, ça m’intéresse d’en apprendre un peu plus sur ses goûts. J’ai cessé de me voiler la face et assume désormais mon envie de la découvrir de jour en jour.

Naleya elle se sent mal, parce que l’atmosphère pesante qui s’est installée c’est de sa faute et la mère d’Anton qui pleure aussi. Alors quand elle se retrouve seule avec lui, vérifiant qu’ils ne l’entendent pas, elle est obligée d’en parler et de s’excuser. Ce n’était vraiment pas du tout son but que ça se passe comme ça et si elle pouvait revenir en arrière elle ne referait pas la même chose. A son tour il détourne le regard vers ses parents, occupés à discuter ensemble et à ne pas regarder vers eux, puis il vient déposer un simple baiser sur ses lèvres. Rapide, pour ne pas être vus, mais le geste la surprend quand même. Quand ils ne sont que tous les deux, dans un lit, et que ça précède ou suit un acte bien plus charnel, ça lui semble normal. Mais là, juste comme ça, elle ne s’y attendait pas. Elle ne va pas s’en plaindre pour autant, ni même y chercher une explication, parce que ça lui plait bien et qu’elle préfère laisser aller comme si c’était naturel et banal, sans faire une remarque qui risquerait de faire changer quelque chose. « Tu sais que t’es adorable comme nana ? » Encore un truc qui la surprend. Qu’il la complimente sur autre chose que son corps, ce n’est pas habituel. Faut croire que sa mère a vraiment un ingrédient magique en fait. Ça l’amuse, tout comme la tête qu’il fait, et elle lâche un léger rire. « Ta mère a encore mis un soupçon de gentillesse dans son plat ? » La première fois qu’il avait été vraiment tout gentil avec elle c’était le soir où il avait ramené quelque chose qu’elle avait cuisiné, alors elle va peut-être finir par croire que ce n’est pas une coïncidence si c’est toujours comme ça. « Mais t’en fais pas, elle est juste très sensible, ça lui arrive souvent de lâcher une larme. Et puis, crois-moi, elle est loin de te trouver horrible, Naleya. » Malgré le sourire d’Anton elle ne peut pas empêcher la petite moue qui apparait sur son visage. Elle a quand même abordé un sujet dont elle se doutait déjà qu’il était sensible avant même de poser la question, alors qu’elle aurait très bien pu se taire et ne pas demander devant eux. « Je m’en veux quand même. » Sa seule consolation c’est d’avoir eu la réponse, elle n’est pas sûre que ça aurait été le cas s’il n’y avait eu que lui. Elle a bien compris qu’il aimait beaucoup les éviter les questions sur sa vie. La vaisselle sale mise à laver, elle attrape le dessert pour le ramener à la table, engageant un sujet beaucoup moins lourd que les précédents. Au moins en parlant de leurs goûts il y a peu de risques que la tension revienne. « Celui de ma mère, elle raffole de chocolat, une vraie accro. » Alors que son père rit à la taquinerie, sa mère par contre boude un peu. « Ne te moque pas chérie, toi aussi t’aimes ça ! » Et Naleya ça la fait rire sourire de les voir comme ça, parce qu’elle sait que c’est bon enfant et que c’est mignon de voir leur relation. « Il y a aimé et être accro. Je suis pas accro au chocolat moi. » Elle sent le regard d’Anton et elle ne peut pas s’empêcher de tourner la tête vers lui pour le capter, avant de la tourner à nouveau quand elle entend son prénom prononcé par Nora. « Dites-moi que vous aimez ça Naleya. Ne me laissez pas seule face à ses deux vilains. » Son sourire s’agrandit. Aimer est presque un faible mot, elle ne serait pas étonnée d’être même pire qu’elle. Le chocolat c’est sa passion et selon elle une journée sans chocolat ce n’est pas une journée réussie d’ailleurs.  « J’aimerais pouvoir ne me nourrir que de chocolat. Mais pour les kilos ce serait un peu compliqué. » Ça lui conviendrait vraiment bien, mais son corps serait un peu moins d’accord avec ça lui. Haussant les épaules elle jette un coup d’œil vers les deux hommes présents à la table, puis pose un regard complice sur Nora et, avant d’amener sa cuillère à sa bouche, elle ajoute : « Les hommes peuvent pas comprendre. » Même si elle dit ça en taquinant, elle pense quand même que parfois les hommes ne sont parfois vraiment pas doués pour comprendre les choses.

Le baiser que je lui offre la surprend. Elle n’imagine pas à quel point je le suis moi-même, n’étant clairement pas un mec à avoir ce genre de geste tendre avec une femme qui n’est pas ma petite-amie. Je ne sais même pas pourquoi je l’ai fait. Une envie parmi tant d’autres. Je ne cherche plus à comprendre à ce stade. De même que pour mon compliment. Chose qui l’étonne tout autant que le baiser et son interrogation me fait doucement rire. Il s’agit clairement d’une référence au soir où j’ai pris soin d’elle. À cette nuit où elle a dormi dans mon lit, dans mes bras, pour la toute première fois. Une nuit ensemble que j’ai apprécié bien plus que ce que je pourrais avouer. « Il faut croire que oui. » Je lui lance un clin d’œil, puis tente de la rassurer. Elle n’a pas à se sentir coupable des larmes de ma mère, cette dernière étant bien trop sensible pour se contenir. Une fois au zoo, elle a pleuré en voyant une maman panda câlinant son petit… Oui, elle est super émotive ma mère. Malgré tout, ça n’empêche pas Naleya de s’en vouloir et j’arbore une petite moue. « Y a vraiment pas de quoi t’en vouloir, je t’assure. » Il faut qu’elle arrête, ce n’est pas nécessaire qu’elle s’en veuille pour si peu. Ma mère ne lui en tient pas rigueur de son côté, alors c’est encore plus débile. Dessert et assiettes en main, on retourne rejoindre mes parents et la demoiselle ne peut s’empêcher de nous interroger à propos du gâteau. Impossible pour moi de manquer l’occasion de taquiner ma mère sur sa passion pour le chocolat. Elle rétorque, comme je m’y attendais, demandant par la suite à ma coloc de la soutenir. M’attelant à couper le gâteau, je commence à servir les parts lorsque Naleya exprime son amour du chocolat. Cependant, je fronce légèrement les sourcils quand elle aborde le sujet de prise de kilos, levant ensuite les yeux au ciel sur son petit pic final. « Des kilos ? Mais enfin Naleya, vous êtes toute fine. Vous n’avez pas à craindre les kilos en trop contrairement à moi. » Il faut croire que je ne lui pas le seul à avoir tiqué sur ce cas. Elle est bien loin de l’obésité la demoiselle, ce n’est pas quelques kilos supplémentaires qui vont changer ça. Mince ou pas, je ne me lasserais pas de nos moments intimes de toute façon. « Tu n’as pas de kilos en trop chérie. » Je souris légèrement en entendant mon père, servant sa part à ma coloc. Habituée à ce qu’il lui sorte ça à chaque fois, ma mère fait signe à mon père de se taire avec ses bêtises et je contiens mon rire. Non mais ces deux-là, je vous jure. Déposant ma part dans mon assiette, je m’installe confortablement sur ma chaise, prêt à déguster, pensant la conversation close. C’était sans compter sur ma mère. « Si seulement j’avais la possibilité de retrouver mon corps de jeune femme. Quel est votre secret pour garder la forme Naleya ? » Forcément, au lieu de me taire ou de réfléchir à mes paroles, je m’entends lâcher à voix haute : « Du sport intensif. » Le silence. Et merde. Je lève les yeux de mon assiette, arquant légèrement un sourcil. « De la boxe. Elle fait de la boxe. » Je tente de me rattraper, du mieux possible, prenant ensuite une bouchée de ma part de gâteau, l’air de rien. Je joue l’innocence des propos jusqu’au bout, alors que clairement, ils sont tout sauf innocents. J’avais juste omis le fait qu’on se trouve avec mes parents et pas que tous les deux, alors le filtre, il n’est pas resté en place comme il aurait dû.

Sa façon d’agir avec elle aujourd’hui, forcément ça l’étonne. Les petits gestes d’attention et les compliments ce n’est pas dans leurs habitudes alors ça lui semble étrange, mais après tout, leurs habitudes, elles ont beaucoup changé ces derniers temps et si ça ça en devient une, elle n’est pas contre. Ça ne l’empêche pas de faire une remarque par rapport à cette gentillesse et le lien avec les plats de sa mère. « Il faut croire que oui. » Son clin d’œil la fait sourire et le fait qu’il veuille la rassurer encore plus. « Y a vraiment pas de quoi t’en vouloir, je t’assure. » Elle ne se sentira pas moins coupable pour autant, mais de toute façon elle ne peut pas y faire grand-chose alors elle hausse les épaules avant d’emmener le dessert à table. Le gâteau lui permet de lancer un sujet bien plus léger que les précédents et la conversation dérive sur le fait que la mère d’Anton est accro au chocolat. Demandant ensuite le soutien de Naleya, cette dernière ne peut qu’acquiescer, elle aussi étant accro. Tellement qu’elle ne mangerait que ça si ça ne lui faisait pas prendre une tonne de kilos. « Des kilos ? Mais enfin Naleya, vous êtes toute fine. Vous n’avez pas à craindre les kilos en trop contrairement à moi. » Son sourire s’agrandit, elle n’a pas tort sur le fait qu’elle est toute fine et Naleya en a bien conscience, quelques kilos de plus ne la dérangeraient pas. Elle ne voudrait juste pas que ça augmente encore et encore. Puis après son sourire elle secoue la tête de droite à gauche, n’étant pas d’accord avec la suite de la phrase. Et son mari non plus apparemment. « Tu n’as pas de kilos en trop chérie. » Le fait qu’il la rassure aussitôt, Naleya trouve ça adorable et ça fait plaisir à voir un couple comme ça. Et quand elle les voit, en train de se taquiner, apparemment très heureux ensemble, elle a du mal à comprendre ce qu’Anton lui avait dit une fois sur l’amour et pourquoi son avis est si tranché alors qu’il a la preuve devant lui que ça peut être beau. Mais bon, elle ne cherche même plus à le comprendre parfois et elle est de toute façon tirée de ses pensées par Nora qui lui pose une nouvelle question. « Si seulement j’avais la possibilité de retrouver mon corps de jeune femme. Quel est votre secret pour garder la forme Naleya ? » En train de mâcher le bout de gâteau qu’elle vient de mettre dans sa bouche, elle ne répond pas tout de suite et sans qu’elle s’y attende c’est Anton qui le fait à sa place. « Du sport intensif. » Alors qu’elle avale enfin elle tourne la tête vers lui, interloquée, et là elle beugue. Elle ne sait pas quoi dire parce qu’elle ne fait pas du tout de sport intensif et qu’elle vient donc de comprendre à quoi il fait allusion. Elle ne sait pas comment enchaîner pour que ça passe normalement et un blanc s’installe alors que ses joues rosissent légèrement. Lui il lève les yeux en remarquant le silence et arque un sourcil. « De la boxe. Elle fait de la boxe. » Est-ce que ça a l’air crédible ? Elle n’est pas très sûre de ça mais si elle continue à rester muette ça ne va pas arranger les choses et il vaut mieux qu’elle réponde en appuyant ses paroles. Tournant la tête vers ses parents elle essaie de sourire innocemment, comme s’il disait vrai. « De la boxe oui. Pour se défouler et évacuer les tensions c’est génial en plus. » Cette phrase pourrait être tout à fait anodine dans un contexte normal, parce que c’est la vérité et qu’il n’y a rien de bizarre à dire ça, mais là maintenant, elle ne pense plus qu’à ce qu’Anton vient de dire et elle a l’impression de s’enfoncer encore plus. Se raclant légèrement la gorge, elle reprend rapidement la parole afin de ne pas laisser traîner cette conversation et de changer de sujet. « Vraiment super bon. C’est que de ce gâteau que je pourrais me nourrir finalement. » Et elle en met un nouveau morceau dans sa bouche, ne parlant plus jusqu’à ce qu’elle ait finit son assiette. A croire qu’ils pourraient parler de n’importe quoi, ça finirait toujours par finir en moment gênant.

J’ai ouvert la bouche trop rapidement. Je sais me tenir avec mes parents, ayant l’habitude de parler correctement lorsque je me trouve à leur côté, mais là, la présence de Naleya, je crois bien qu’elle m’a grillé les neurones. Le besoin de la taquiner, de la provoquer comme tout le temps, il se fait ressentir fortement. Trop fortement. Et je viens de le faire, encore une fois, zappant bien vite que mes parents se trouvent face à nous, parlant tout en mangeant d’une façon naturelle. C’est un silence qui accueille ma réponse, le genre pesant qui te fait comprendre que t’as sûrement dit une connerie, une grosse. Je relève alors la tête, un sourcil arqué pour me donner l’air de celui qui ne comprends pas ce silence et développe les choses. De la boxe. C’est le premier sport qui m’est passé par la tête et j’ai limite envie de me cogner. Ça n’a pas du tout l’air crédible et l’air amusé que je vois sur le visage de ma mère me le fait encore plus réaliser. Elle observe la jeune femme et, pour la première fois depuis ma bourde, je tourne la tête vers la demoiselle, découvrant ses joues rosies en raison du sens caché de mes paroles. Je ne suis pas sûr qu’elle soit la seule à avoir saisi le sous-entendu pour le coup, mais je préfère me persuader du contraire. Nos regards se rencontrent l’espace de quelques secondes, juste le temps qu’elle se ressaisisse et se décide à rebondir sur mes propos concernant la boxe. Je me retiens de rire à l’entente de ce qu’elle déclare sur ce sport en question. Ça ne ferait qu’empirer la situation et on n’en a réellement pas besoin. Un raclement de gorge de la part de Naleya et elle revient sur le début du sujet, bien moins épineux : le délicieux gâteau. Elle en vante les mérites, avant de remettre un bout de sa part en bouche et de se taire de nouveau. « Vous faites la paire avec mon épouse dans ce cas. » Dit mon père avec un ton taquin au moment où ma mère se sert une nouvelle part de gâteau. Dans tout ça, je n’avais même pas réalisé qu’elle avait déjà dévoré sa part et, à présent, elle fusille mon père du regard parce qu’il vient de la dénoncer. Ça me fait lâcher un léger rire. « Vous n’êtes pas tenables vous deux. » L’amusement se ressent dans le ton de ma voix. Une fois de plus, je remercie mon père de relancer la conversation et de la rendre plus détendue. La suite de la dégustation du dessert se passe dans un esprit bon enfant, à tel point que je commence à me dire que rien ne viendra foutre en l’air la fin de ce déjeuner. Sauf que ma mère n’est pas résolue à ce que ça soit le cas. Alors que je fourre la dernière bouchée de mon assiette dans ma bouche, elle lâche sans aucun filtre : « Ton médecin m’a appelé Anton. T’as manqué ton dernier rendez-vous. » Et je manque de m’étouffer. Non mais sérieusement ? Je relève la tête pour la foudroyer du regard, mais elle n’en démord pas. S’il y a un bien un sujet sur lequel elle ne lâche jamais, c’est celui-là. Ma foutue maladie. Pourtant, elle ne dépasse jamais les bornes, les limites que j’ai imposées dès le début. Elle n’en parle jamais en présence d’une tierce personne. Jamais avant aujourd’hui, d’où mon regard. Elle va trop loin et elle ne compte pas s’arrêter là puisque je l’entends ajouter : « Tu prends toujours tes cachets ? Tu sais, je... » « Chérie, on en parlera une autre fois. » Mon père la coupe, lui montrant Naleya de la tête d’une façon qu’il veut discrète -sans l’être-, puisque je le remarque sans mal. Forcément, elle a dû le voir elle aussi. Serrant les poings, bouillonnant face à ce qu’elle vient de provoquer, je me fais violence pour ne pas parler avec froideur. « C’est ma vie, maman, ne t’en mêle pas. » Je la fixe du regard, ne jetant pas un seul coup d’œil à ma coloc, et je vois ma mère déglutir. Elle capte enfin qu’elle vient de faire la plus grosse bêtise à mes yeux. Évoquer ce sujet devant une autre personne. Mon père se racle la gorge, se levant ensuite d’emblée. « Ce fut un agréable repas, mais nous allons devoir vous quitter. Ravi de vous avoir rencontré, Naleya. » Je quitte ma mère des yeux pour me lever à mon tour, quittant la table pour me diriger jusqu’à la porte, suivi par mon père, ce dernier ayant pris le temps de faire une bise à ma coloc. « Je suis aussi ravie de vous avoir rencontré. J’espère qu’on se reverra bien vite. Bonne journée à vous. » Une embrassade à la jeune femme en guise d’au revoir et elle me rejoint à la porte. J’échange une accolade avec mon père, embrasse ma mère et les laisse sortir avant de refermer la porte. Je soupire, reste quelques minutes contre la porte, puis pose les yeux sur la demoiselle. « Je t’assure, c’est pas toujours aussi mouvementé nos repas. » Et j’affiche un petit air amusé, tentant de me détendre de nouveau. J’espère qu’elle ne me posera pas de questions, bien que j’en doute fortement.

Il y a des moments où on aimerait pouvoir aller se cacher dans un trou de souris, là, c’est un de ces moments-là pour Naleya. Avec ce que vient de dire Anton, dont le sens caché n’a pas été compliqué à saisir, elle a senti ses joues chauffer et elle sait que, malgré le fait qu’elle ait essayé de le rattraper, ça n’a surement pas aussi bien marché qu’elle l’aurait voulu. Ce serait prendre ses parents pour des idiots ignorants de le croire. Alors elle redétourne la conversation sur le gâteau, sujet moins gênant devant les parents de son coloc qu’elle vient à peine de rencontrer que le sexe. « Vous faites la paire avec mon épouse dans ce cas. » La remarque la fait sourire, encore plus lorsqu’elle voit le regard que Nora lance à son mari, qui attire l’attention sur elle juste quand elle se sert une nouvelle part. « Vous n’êtes pas tenables vous deux. » Tout le monde est à nouveau détendu, tout se passe bien et Naleya se dit qu’au moins ça finira sur une bonne note. Ils sont au dessert, presque à la fin, elle ne voit pas ce qui pourrait arriver d’autre. Eh bien c’était se mettre le doigt dans l’œil. « Ton médecin m’a appelé Anton. T’as manqué ton dernier rendez-vous. » Certes, à leurs âges, elle trouve ça étrange qu’une mère soit au courant des rendez-vous chez le médecin de son fils, mais elle n’aurait pas tiqué là-dessus si Anton n’avait pas manqué de s’étouffer. Forcément là elle se met à y réfléchir et à se poser des questions, se faisant la remarque que ce n’est pas vraiment normal. Et elle a apparemment raison vu l’échange de regards qui s’en suit. « Tu prends toujours tes cachets ? Tu sais, je… » « Chérie, on en parlera une autre fois. » C’est à cause d’elle qu’il dit ça, elle l’a vu le signe de tête vers elle. Est-ce qu’elle pourrait se sentir moins à sa place que maintenant ? Elle en doute. Elle se sent de trop, encore plus vu le fait qu’elle n’aurait pas dû être là et manger avec eux ce midi, et à nouveau elle voudrait rentrer dans un trou de souris. « C’est ma vie, maman, ne t’en mêle pas. » Finalement, ça ne se terminera pas du tout dans la bonne ambiance. Son père se racle la gorge puis se lève, marquant ainsi la fin de leur moment passé ensemble. « Ce fut un agréable repas, mais nous allons devoir vous quitter. Ravi de vous avoir rencontré, Naleya. » Tout le monde l’imite alors et vient l’heure de se quitter. « Je suis aussi ravie de vous avoir rencontré. J’espère qu’on se reverra bien vite. Bonne journée à vous. » Elle l’espère aussi, même si elle doute pas mal que ce sera le cas, mais malgré certains sujets elle a aimé ce repas avec eux. « Moi aussi, c’était un plaisir. Bonne journée. » Les parents d’Anton le rejoignent ensuite à la porte après avoir dit au revoir à Naleya et, pendant qu’ils se disent tous les trois au revoir, cette dernière en profite pour les laisser entre eux et commencer à débarrasser la table. « Je t’assure, c’est pas toujours aussi mouvementé nos repas. » Assiettes dans les mains, elle lève le regard vers lui et s’arrête une seconde pour le regarder afficher son air amusé, tandis qu’elle elle fronce le nez en riant légèrement. « Pas sûr que ce soit très rassurant pour moi ça. J’aurais préféré ne pas y être pour quelque chose. » Et s’il lui dit encore fois que ce n’est pas de sa faute, là elle n’y croira pas une seconde. Elle sait très bien que c’est en partie à cause d’elle les moments de tension qu’il y a eu, elle n’est pas bête. Tout en mettant les derniers couverts sales dans le lave-vaisselle, elle jette quelques coups d’œil vers lui. Comme bon nombre de fois durant le repas, elle hésite à dire ce qui lui passe par la tête. Au vu de la façon dont il a répondu plus tôt, elle sait que ce n’est pas un sujet tranquille, mais pour maintenant, ils ne sont plus vraiment à ça près. Au pire, il l’enverra chier elle aussi et elle se contentera de ne plus lui en parler. « Tu prends des cachets ? » Elle essaie de prendre le ton le plus innocent possible, comme si c’était une simple question banale, mais en réalité ça l’étonne cette question que sa mère lui a posée, parce qu’elle ne l’a jamais vu prendre de cachets. Si ça ne lui aurait pas semblé bizarre il y a plusieurs semaines étant donné qu’elle passait trop peu de temps avec lui pour voir ce genre de choses, aujourd’hui ça la surprend un peu plus. Ils sont tellement souvent ensemble maintenant que si c’était le cas elle l’aurait vu faire, au moins une fois.

Ils partent enfin et je me sens soulager. Je les aime hein, ce n’est pas méchant, mais vu le nombre de conneries qu’à fait ma mère aujourd’hui, je ne peux qu’être ravi de leur départ. Maintenant, il va falloir que j’affronte Naleya et sa tonne de questions, parce qu’elle en a forcément après toutes ses énigmes. Avant toute chose, je tente de la rassurer sur nos repas, aussi peu tendu habituellement et ça la fait légèrement rire. Une petite moue s’affiche sur mon visage face à ce qu’elle me répond et je secoue la tête. « T’y es pour rien. » Tout est de la faute de ma mère, en fait. Elle sait qu’on ne doit pas discuter de certains sujets en présence d’autrui, elle n’avait qu’à bien se tenir. La demoiselle s’attèle à débarrasser les assiettes et à la mettre dans le lave-vaisselle. De mon côté, je récupère le reste du gâteau et le range dans le frigo. Ce sont les colocs qui vont être contents, ou plutôt leurs estomacs. Fermant la porte, je me retourne pour voir ce qu’il reste à faire, mais me fait interrompre pour ma jolie coloc. Je m’y attendais à cette question, je m’y étais préparé. Je ne compte rien lui dire, bien évidemment. D’une, ça ne la regarde pas et, de deux, je ne souhaite pas aborder mon état de santé avec quelqu’un, que ça soit elle ou une autre personne. « Tu veux vraiment qu’on parle de ça ? » Tout en la questionnant, je me rapproche tranquillement d’elle, avec clairement une idée derrière la tête. Je ne veux pas qu’elle m’interroge sur ce sujet, détourner la conversation me semble de rigueur et je sais déjà comment je vais procéder. Je me stoppe une fois devant elle, posant mes mains sur ses hanches sans une once d’hésitation, un petit sourire au coin des lèvres. Sans demander sa permission, je la soulève pour la poser assisse sur le lave-vaisselle et me glisse entre ses cuisses, ne laissant qu’un petit espace entre nos deux corps. « On est enfin seuls à la maison, les autres ne doivent pas rentrer avant un bon moment… » Je murmure pour qu’elle seule puisse m’entendre alors que même en le criant, personne d’autre ne pourrait m’entendre étant donné que, justement, il n’y a personne d’autre dans les parages. Lentement, mes mains remontent sur ses cuisses, tandis que mes lèvres parsèment son cou de baisers légers, grimpant jusqu’à son oreille où je complète dans un murmure : « Et, tu vois, j’ai terriblement envie de faire de la boxe avec toi depuis ton arrivée. » J’emploie volontairement le sport utilisé lors de la conversation avec mes parents, puis lui mordille l’oreille, avant de me replacer correctement, mon visage face au sien. Le sourire que j’avais au coin est désormais tout ce qu’il y a de plus coquin et je me mords la lèvre inférieure lorsque je l’attire encore plus contre moi, son sexe se retrouvant collé au mien. Sexe qui se réveille déjà, toujours prêt à passer à l’action quand il s’agit d’elle.

La porte se referme derrière les parents d’Anton, marquant ainsi complètement la fin de ce repas ensemble. D’un côté Naleya est un peu déçue, parce que malgré tout elle a bien aimé ce moment avec eux et elle a surtout aimé en apprendre plus sur son colocataire, elle aurait voulu que ça continue. D’un autre elle est contente de ne plus se sentir gênée et de trop dans certaines conversations. Mais elle n’est pas forcément très rassurée après ce qu’il lui dit. « T’y es pour rien. » Elle s’était doutée qu’il dirait ça, il l’avait déjà fait un peu plus tôt. Elle se retient de lever les yeux au ciel, mais elle n’en pense pas moins, n’étant pas vraiment d’accord avec ce qu’il dit. Ça ne servirait à rien qu’elle ajoute quelque chose de plus, alors elle se contente de mettre au sale les assiettes et couverts. Avant de finir par poser la question qui lui trotte dans la tête. « Tu veux vraiment qu’on parle de ça ? » Répondre à une question par une autre question, elle n’est même plus étonnée quand il fait ça, c’est sa spécialité. Et avant qu’elle réponde il tente de détourner le sujet en s’approchant d’elle et en la prenant par les hanches pour la soulever et l’asseoir sur le lave-vaisselle. Elle savait qu’il ferait quelque chose comme ça, mais tant pis, elle aura essayé. « On est enfin seuls à la maison, les autres ne doivent pas rentrer avant un bon moment… » Même s’ils n’ont pas besoin d’être seuls à la maison pour faire ça, elle les apprécie encore plus ces moments où ils le sont et où elle n’a pas à se retenir en se préoccupant du bruit qu’ils peuvent faire. Alors ces mots ils ne peuvent pas la faire résister bien longtemps, encore moins quand il y ajoute ses mains glissant sur ses cuisses et sa bouche qui parcoure son cou jusqu’à son oreille. « Et, tu vois, j’ai terriblement envie de faire de la boxe avec toi depuis ton arrivée. » Elle rit en l’entendant évoquer ça, rire bien vite remplacé par un léger grognement quand il lui mordille l’oreille puis la tire vers lui pour coller son corps au sien. « Toi tu le veux pas en tout cas, qu’on parle de ça, j’ai bien compris. » Elle est un peu déçue, elle ne le cache pas et affiche clairement une petite moue sur son visage. Le sujet a l’air important et c’est ce qui attise sa curiosité, mais c’est aussi la raison pour laquelle elle n’a pas envie d’insister plus. Il ne lui doit rien après tout et elle n’a pas le droit de se mêler de ça s’il ne veut pas lui répondre. Croisant les jambes autour de sa taille et les bras autour de son cou, elle rapproche sa tête, leurs lèvres à quelques millimètres de distance. Il sent le chocolat et ça lui donne encore plus envie de lui. « Peut-être que je pourrais oublier ma curiosité. Mais faudrait des uppercuts vraiment, vraiment, très puissants pour ça. Faut évacuer les tensions. » A son tour elle affiche un sourire tout aussi coquin que le sien, tout comme le regard qu’elle lui lance, et elle réutilise les sous-entendus par rapport au sport qu’il lui a inventé. Et qui marche décidément très bien pour les allusions, il n’a vraiment pas choisi le meilleur pour faire passer ses paroles innocemment. Laissant retomber l’un de ses bras, elle descend la main jusqu’au bouton du lave-vaisselle pour le mettre en marche, faisant alors légèrement vibrer son corps tout contre le sien.

Elle ne rechigne pas quand je la pose sur le lave-vaisselle, encore moins lorsque je commence à la caresser. Elle rit même au moment où je remets la boxe sur le tapis, son rire faisant tressauter mon sexe. Putain, si même son rire me rend dur, je ne suis pas sorti de l'auberge. Je lui mords l'oreille et elle grogne de plaisir. Puis elle parle et c'est à mon tour de grogner, de mécontentement. Si elle pouvait oublier ce qu'elle a entendu aujourd'hui, ça serait cool. « Non. » Ça sort de la manière la plus simple possible, je n'ai aucun intérêt à lui raconter des mensonges. Je ne compte pas lui en parler, que ça soit là ou plus tard. Sa petite moue de meuf déçue ne me fera pas flancher sur ce point-là, même si ça ne me plaît pas tellement d'être le responsable d'une de ses déceptions. Mais tant pis, je ne peux rien y faire. Elle a qu’à être moins curieuse, elle sera confronté à bien moins de retour négatif. Heureusement pour moi, elle ne m'en tient pas rigueur et semble en accord avec mon envie. En effet, elle enroule ses jambes et ses bras autour de ma taille et de mon cou, nous rapprochant encore plus l'un de l'autre, nos bouches flirtant ensemble à présent. Je souris contre ses lèvres, clairement amusé par les propos qu'elle sort, la demoiselle faisant référence à son tour au sujet de discussion de tout à l'heure. « Ça tombe bien, je suis un spécialiste des uppercuts vraiment, vraiment, très puissants. » À peine la chose dit, je viens choper ses lèvres des miennes, nous lançant dans un baiser langoureux, passionné. Dans le même temps, mes mains se glissent sous son haut, cherchant déjà à le lui retirer. Naleya décide que ce moment est opportun pour lancer la machine, ce qui provoque des vibrations sous ses fesses. Forcément, ça entraîne des frottements entre nos deux corps, notamment entre nos entrejambes. Nos langues liées dans un baiser fougueux, nos corps qui vibrent l'un contre l'autre, mon sexe qui frotte contre le sien. Tout ça me donne un plaisir monstre, tellement que j'en gémis contre sa bouche. Mon érection, qui ne fait que grossir de plus en plus, est désormais à l’étroit dans mon boxer. Pas de temps à perdre, je ne peux plus attendre. Je veux être en elle, j'ai envie de la posséder, encore. C'est même plus que ça. J'en ai besoin. Tirant mon portefeuille de mon jean, j’en sors un étui et le pose à nos côtés. Rapidement, nos pantalons finissent au sol, suivi par nos sous-vêtements, et après avoir enfilé la capote sur ma virilité tendue, la jeune femme me guide pour qu'on ne fasse plus qu'un. Nous voilà ainsi parti pour une baise puissante et rapide à la fois, sur le lave-vaisselle dans la cuisine, lieu commun de la maison où il est formellement interdit de baiser. Mais pour le coup, je crois bien qu'elle et moi, on s'en fiche actuellement, bien trop occupés à nous donner à l'un et l'autre un premier orgasme. Ouais, le premier de la journée. Parce qu'une fois ce dernier atteint, on récupère nos affaires et on grimpe dans ma chambre, désireux de se faire encore du bien ensemble. Insatiables, l'un de l'autre. Je crois que c'est ça le mot qui peut le mieux nous définir désormais.

the end.