small world, isn't it ? (paco)

Désolé, parfois, j’oublie qu’il faut que je cesse de me mêler des affaires des autres. Le pilote d’avion qui dit cela à l’agent du FBI, c’est plutôt ironique. D’ailleurs, ça l’amuse Eris à tel point qu’un nouveau sourire s’affiche sur son visage. Elle commence à se dire que ce n’était pas une si mauvaise idée de sortir ce soir. Certes, au début, elle n’était pas bien emballée mais au final, elle ne regrette pas d’être venue même si ça veut dire mentir à Luis un peu plus longtemps. Certaines habitudes sont bien difficiles à effacer surtout les mauvaises. Elle-même n’est pas parfaite, elle est même loin de l’être. Certes, elle ne pose pas de questions indiscrètes à des étrangers, pas dans le cadre du travail du moins mais elle a d’autres défauts.
Confronter Newt sur son infidélité a déjà été une épreuve pour elle alors lui annoncer qu’il y a encore quelque chose de très important les unissant – un foetus – ça lui semble infaisable. Pourtant, elle est forte. Elle le sait, elle sait aussi qu’elle le fera. Eris n’a jamais reculé devant une conversation, peu importe la difficulté de celle-ci. Ce n’est pas aujourd’hui que ça allait commencer. Tu n’as pas à te justifier auprès de moi, tu fais comme tu le sens et tu prends le temps qu’il te faut pour le lui dire. Du temps. Du temps, elle n’en a pas tellement. La brunette n’exclue aucune option, pas même l’avortement et elle sait que si cela devient son choix final, le temps presse. Elle doit agir vite et c’est surtout pour ça qu’elle doit arrêter de reporter sa discussion avec Newt. Je ne dois pas trop traîner quand même, qu’elle finit par répondre au brun. Elle n’en peut plus de cette situation. Être enceinte et ne pas savoir quoi faire, c’est horrible. Ça l’empêche de dormir la nuit, ça la rend folle. Elle ne pense qu’à ça et elle déteste être obnubilée de la sorte. Son iPhone sonne, lui annonçant l’arrivée d’un sms, la sortant de ses pensées par la même occasion. Meghan qui lui demande si ça va. Voilà plusieurs minutes qu’elle a menti en annonçant aller aux toilettes. C’est Meghan. L’excuse des toilettes ne peut pas durer indéfiniment. Un léger sourire amusé étire ses lèvres. Merci encore.

« Je ne peux qu’approuver tes dires. » Les mauvaises habitudes sont comme les défauts. Même si on tente de les cacher ou de les réfreiner, elles finissent toujours par revenir au triple galop. Heureusement pour moi, elle semble le comprendre et est en accord avec l’idée de me répondre. Elle me fait comprendre qu’elle a du mal à aborder le sujet avec son ex fiancé. Et moi, de mon côté, je veux lui faire réaliser qu’elle est en droit de prendre son temps. Pas trop non plus, vu qu’il s’agit d’une grossesse et que ça se verra forcément au bout d’un moment si elle garde le bébé, mais elle a le droit. « Oui, mais je pense que tu comprends ce que je veux dire. » Du moins, j’espère qu’elle a compris le sens de mes paroles, qu’elle n’a pas à se forcer pour ce type. Elle lui parlera quand elle s’en sentira capable ou quand elle aura pris une décision, pas avant. Pas le temps de s’attarder plus longtemps sur le sujet que la sonnerie de son portable se fait entendre. Eris m’apporte un élément de réponse concernant le message qu’elle vient de recevoir. Sa meilleure amie se fait du souci, ce qui est assez logique. Le temps passe trop vite et, visiblement, on en a pris énormément lors de notre discussion. « C’est vrai que ça fait longtemps que t’es allée aux toilettes. » Tout comme moi, je suis allé me chercher un verre, chose qui s’est produite depuis un bail maintenant. Étonnant qu’on n’ait pas encore vu Luis en train de nous chercher depuis tout ce temps. « Tu n’as pas à me remercier. » Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi elle le fait. Si c’est parce que je ne vais rien dire à Luis de moi-même, c’est normal à mon avis. « Tu devrais rentrer la première. » Expliquer que le temps d’attendre mon verre a été long sera bien plus crédible et simple à faire avaler. Lui souriant, je me décale pour qu’elle puisse entrer et, plusieurs minutes après elle, je finis par retourner à l’intérieur à mon tour pour rejoindre les autres. Non sans être passé par le bar avant, me récupérant le verre que j’étais allé prendre à la base, histoire de me procurer un alibi de taille.

the end.