need you now / jalista (-18)

Il fait froid. Il fait même beaucoup trop froid et il n’y a rien qu’elle puisse faire. Tristement seule dans l’appartement, incapable de se déplacer comme bon lui semble à cause de sa jambe, Calista ne peut que grogner. Et grogner seule. Pas un seul colocataire dans les parages et Avalon est à l’école. De toute manière qu’est-ce que sa fille de sept ans aurait pu faire contre une chaudière qui semble décidée à n’en faire qu’à sa tête ? Rien. Absolument rien. Elle non plus d’ailleurs. En équilibre sur un pied, ses béquilles abandonnées contre le mur afin de lui permettre de maintenir son plaid fermé d’une main tout en lisant le manuel d’une autre, la jeune femme continue de pester dans sa barbe. Parce qu’il fallait que ça arrive maintenant alors qu’elle est toute seule dans l’appartement et que l’agence ne semble pas décidée à l’aider. En fin de semaine. On lui a annoncé qu’on pourrait s’occuper de sa chaudière qu’en fin de semaine, d’ici là, eh bien elle a le temps de mourir de froid comme chaque personne vivant sous ce toit. Hors de question. Elle n’a pas envie de payer des frais de réparation et un médecin parce que sa fille sera tombée malade. Sauf qu’elle n’a pas la moindre idée de ce qu’elle peut faire. Tout ce qu’elle tente ne semble pas fonctionner et au bout de plusieurs tentatives la chaudière se contente de s’éteindre pour ne plus se rallumer. Désespérée, Callie en jette le livret au sol. Non pas que ça va l’aider à grand-chose mais ça libère un peu sa frustration. Ses béquilles à nouveau en main, elle se bat avec son plaid et ces dernières pour atteindre le salon où elle a laissé son portable. Peut-être trouvera-t-elle dans ses contacts quelqu’un à même de l’aider ? Elle les fait vite défiler et remonte sur celui qui lui a sauté aux yeux : Jamal. Il est pompier, sans doute est-il capable de s’occuper d’une chaudière ? De toute manière, elle ne risque rien à le lui demander. Ça lui donne une excellente excuse pour le revoir aussi. Généralement, elle n’en a pas besoin, mais après le petit incident d’il y a un quasiment un mois, leurs moments tous les deux ont été plus rares. Pas inexistants, mais plus rares. Pourtant, il ne cesse de lui manquer et ça la travaille un peu trop. Elle joue avec le feu en le faisant venir, mais tant pis. De toute manière, elle a besoin qu’on vienne la sauver, chose qu’elle tape dans son message sans pour autant expliquer que c’est seulement à cause d’une chaudière. Elle oublie même de préciser son état mais il le verra bien de ses propres yeux. Et en attendant qu’il arrive elle va tenter de se réchauffer avec son plaid dans le canapé en zappant.

Mais comment peut-il faire aussi froid ? Et pourquoi est-il sorti dehors alors qu’il savait pertinemment qu’il ferait froid ? Deux questions qui tournent dans la tête de Jamal alors qu’il marche dans les rues de New York. Il aurait mieux fait de prendre un taxi, mais par ce temps, il s’était dit qu’une voiture irait moins vite que ses pieds. Comme il regrette maintenant. Il a l’impression que ses pieds vont congeler malgré les deux paires de chaussettes. Vraiment, que fait-il dehors ? Déjà qu’il n’est pas ravi par l’idée d’être à New York alors que le froid frappe durement la ville, pourquoi n’est-il pas resté au chaud ? La question tourne en rond dans sa tête, mais il n’a pas besoin de réfléchir pour avoir la réponse. Parce qu’il y a autre chose qui tourne dans sa tête, et c’est la vision du corps nu d’une certaine grecque. Elle lui a demandé de venir l’aider, il n’allait quand même pas lui poser un lapin. Ça serait irresponsable, surtout si elle est coincée sans chauffage. Et puis il n’en a pas envie. Oh non, pas envie du tout. Le vent fouette son visage, mais il continue d’avancer, traverse une route rendue boueuse par la neige. Qu’est-ce qu’il a froid. Quel temps pourri. Il grogne sans cesser d’avancer. Il ne va pas faire demi-tour maintenant, il est presque aussi loin de son appartement que de celui de Callie. Ça serait ridicule. Même si en allant à un endroit sans chauffage, il prend un risque considérable. Encore une route, et voilà qu’il se met à neiger un peu. Il ne manquait plus que ça. Il accélère un peu plus, et il sonne à l’interphone quelques minutes plus tard. Invité à monter, il prend l’ascenseur par pure flemme et essaye de se réchauffer les mains en soufflant dessus. Peut-être aurait-il pu prendre des gants. « Tu n’as pas idée à quel point... » Prêt à se plaindre et à se faire plaindre pour gagner quelque chose en échange, il s’interrompt cependant en voyant Calista. « T’as changé tes cheveux. » Dit-il en faisant un mime avec sa main. Il paraît que les femmes aiment bien qu’on remarque ce genre de choses. Même si Jamal ne fait pas tellement un compliment, juste un constat. « Qu’est-ce qui est arrivé à ta jambe ? » Plus important quand même. Il ne s’attendait clairement pas à la voir ouvrir en béquilles.

Elle ne comprend pas, vraiment pas. Comment est-il possible que la température de son appartement tombe aussi vite et aussi brutalement ? Elle grelotte dans son canapé et son plaid n’aide pas. Peut-être qu’enfiler un pull ne serait pas une mauvaise idée, seulement elle n’a pas le courage de sautiller jusqu’à sa chambre. Trop loin. Trop fatiguant. Non, elle préfère se plaindre toute seule en attendant qu’on vienne la secourir. Jamal va être son super-héros et elle n’est pas sûre qu’il sache à quel point. Elle le remerciera de toutes les manières qu’il le voudra, elle lui devra bien ça une fois qu’il ne fera pas moins huit milles chez elle. En attendant, elle regarde défiler des chaînes plus inintéressantes les unes que les autres jusqu’à entendre frapper. Télévision éteinte, elle abandonne son plaid à contre cœur, attrape ses béquilles et rejoint la porte d’entrée qui, à peine ouverte, laisse apparaître un Jamal visiblement gelé et mécontent. Il n’aime pas le froid, ça lui revient maintenant. Ils sont deux. « Euh … je les ai coupés. » Bon et elle a aussi demandé à revenir à sa couleur naturelle, mais ça paraît assez évident, il n’y a plus que quelques mèches blondes ici et là dans sa chevelure. Surprise qu’il parle de ça en premier, elle met un temps à réaliser qu’il fixe ses béquilles et sa jambe pour ensuite lui demander ce qui s’est passé. « La tempête. » L’informe-t-elle comme si ça suffisait comme explication. Pour l’instant, elle pense surtout à le faire entrer chez elle avant que le froid ne s’invite plus à l’intérieur. « Le plafond du supermarché où j’étais s’est effondré, je me dis que j’aurais pu avoir pire. Malheureusement, je n’ai eu un beau pompier pour voler à mon secours. » Calista n’est pas certaine qu’elle aurait réellement prêté attention à lui dans la panique et alors qu’elle était un peu en train de se vider de son sang. « Mais tu peux te rattraper, parce que je meurs de froid et que je ne sais pas quoi faire pour que la chaudière reparte. » Elle ne sait pas quoi faire hormis empirer la situation et sans doute casser la chaudière. Si c’est le cas, le propriétaire va adorer, elle n’en doute pas.

Jamal sait. Il sait qu’il n’aurait pas fait ça pour n’importe qui. Lui qui déteste la neige et le froid par-dessus tout, réussir à le faire sortir par ce temps relève du miracle. Miracle que Callie a réussi. Il sait. Mais il choisit de l’ignorer. Ou préfère se dire que c’est parce qu’il espère du sexe en récompense de ses services. Enfin s’il arrive à l’aider, il n’en sait rien. Dans tous les cas, il sera chez elle, dans son appartement, et espère bien qu’elle sera seule. Sinon ses projets risquent d’être perturbés. Mais quand elle ouvre la porte, personne d’autre qu’elle. Un peu différente de ce à quoi il est habitué, mais toujours parfaitement à son goût. Les cheveux plus courts. Plus foncés aussi. Et surtout, des béquilles. Il s’inquiète un peu, s’étonne de ne pas être au courant. Qu’est-ce qui lui est arrivé. La tempête, qu’elle répond. Jamal ne comprend pas les détails mais il hoche la tête tout de même, parfaitement conscient que la neige peut, en plus d’être particulièrement froide et énervante, causer des accidents. Une autre raison de ne pas aimer cette météo. Les détails qu’elle lui donne ne le rassurent pas vraiment. Il en a entendu parler et elle a raison, elle a sans doute eu de la chance. « Sérieusement ? Mais t’aurais dû me le dire, je t’aurais envoyé mes plus beaux collègues pour te secourir. » Ou bien il serait venu lui-même, même s’il était occupé ailleurs. Mais il préfère la jouer un peu plus détaché. Déjà qu’il vient à son secours aujourd’hui, il ne voudrait pas en faire trop. « C’est parti alors. Elle est où cette fameuse chaudière ? » Il remonte un peu ses manches, prenant un ton plus assuré qu’il ne l’est réellement. A moins d’un coup de chance, elle découvrira vite qu’il n’y connaît rien en chaudière.

Ce n’est pas qu’elle n’a pas pensé à le prévenir de ce qui lui est arrivé, c’est surtout qu’elle a supposé que ça ne l’intéresserait pas. Ou, tout du moins, qu’elle n’avait pas à le déranger avec ça. Un peu bête de sa part, surtout maintenant qu’il n’a pas d’autre choix que de remarquer qu’elle n’a pas au top de sa forme. Sans être gênée pour autant, elle hausse les épaules une fois son explication donnée et la porte de l’appartement fermée derrière eux. Elle survit de toute manière et quand ce n’est pas le cas, elle peste contre ses béquilles et sa maudite jambe qui soigne trop lentement à son goût. Rien qui ne change de l’ordinaire en fait. « J’ai bien fait de pas appeler dans ce cas, parce que j’aurais préféré t’avoir toi comme pompier. » Ça sort naturellement. Calista ne pense pas un instant à ce que sa phrase peut signifier et probablement qu’elle s’en moquerait totalement si elle y avait fait attention. Elle ne cache pas qu’elle est fortement attirée par lui, elle ne l’a jamais fait. Jamal sait pertinemment qu’elle ne lui résiste pas, qu’il la rend faible puisqu’à chaque fois qu’ils se voient ça se termine de la même façon. Confirmer verbalement qu’elle le trouve beau et qu’elle aurait aimé qu’il soit le pompier volant à son secours, ça lui semble normal. « Elle est dans le fond, je te montre. » Ayant bien assez de forces dans ses bras, elle peut sautiller jusqu’à la bonne porte plutôt que de le laisser se débrouiller et ça la réchauffera un peu. « Si tu n’arrives pas à la faire repartir, je sais pas comment je vais faire. Je vais probablement mourir de froid en fait. » Ses colocataires trouveront un autre endroit où aller, Calista l’espère. Elle pourra toujours envoyer sa fille chez sa mère voire même s’y rendre elle aussi si elle ne meurt pas de froid d’ici là. Mais avant de devoir appeler un réparateur spécialisé ou même son propriétaire, elle préfère essayer un autre moyen. « T’as le droit d’enlever ton manteau même s’il fait pas chaud. »

« Le principal, c’est que tu ailles bien. » Est-ce qu’il est heureux de l’entendre dire qu’elle aurait souhaité que ça soit lui qui vienne la sauver ? Sans doute. Sa fierté gonfle un peu, comme souvent quand il est avec elle. En fait, le simple fait qu’elle soit attirée par lui, le laisse faire tout un tas de choses avec son corps, est une fierté en soit. Et en général, il n’y a pas que sa fierté qui gonfle. Mais chaque chose en son temps. Elle ne l’a pas appelé pour qu’il vienne s’occuper d’elle, même s’il se doute que cette idée n’est jamais bien loin, mais de sa chaudière. Jamal, sans son rôle de héros qui vient sauver la demoiselle blessée et gelée, a sans doute un peu trop confiance en lui. Le bricolage, ça n’a jamais été son truc. Il n’a pas la patience et agit plutôt comme un bourrin qu’autre chose. Autant dire que les rares fois où il a acheté des meubles à monter n’ont pas été très fructueuses. Il suit Callie dans l’appartement, n’allant pas trop vite pour ne pas la presser, même si elle semble se débrouiller avec ses béquilles. « En tant que pompier, je ne peux pas permettre ça. Si ça ne marche pas, on trouvera une autre solution pour rester au chaud. » Et ça, il peut trouver plusieurs solutions. Enfin une seule en vérité, mais qui peut se décliner sous différentes formes. « Même blessée, tu essayes déjà de me déshabiller. Tu es incorrigible. » Et lui, ça lui plaît bien trop de jouer l’innocent. Comme s’il n’était pas venu ici en grande partie pour ça. Surtout qu’il le retire tout de même, son manteau mouillé par la neige, et le pose sur le dossier d’une chaise. Devant la chaudière, il observe la machine, avec un air presque professionnel. Appuie sur un bouton qui ressemble à un interrupteur, sans résultat. « Donc qu’est-ce que tu as exactement à la jambe ? Elle est cassée ? » Demande-t-il pour distraire un peu la jeune femme, qu’elle ne réalise pas qu’il n’y connaît rien et appuie juste sur quelques boutons au hasard, espérant un miracle.

Elle va bien, oui. Une fois passée la frayeur et son imagination débordante calmée, elle allait bien de toute manière. Elle en a imaginé des scénarios et ils étaient plus désastreux les uns que les autres. Au final, elle a fini aux urgences et elle a survécu. Une chance qu’Avalon n’ait pas été là, Calista ne sait pas comment elle aurait réagi dans le cas inverse. Elle aurait probablement fait taire sa panique, aurait forcé sur sa jambe, tout ça pour s’assurer que sa fille allait bien. Mais c’est derrière elle même si ses béquilles sont là pour lui rappeler ce qu’elle a enduré. Une chance, elle a évité le plâtre. « Et je suis certaine que tu as un tas de solutions en réserve. » Sourire en coin, elle ne cherche même pas à paraitre innocente. Connaissant Jamal par cœur, elle sait que c’est une des choses à laquelle il pense. Ce serait assez efficace d’ailleurs, il n’y a rien de mieux que la chaleur corporelle partagée pour combattre le froid. Et un peu d’effort aussi. Une pensée qui coïncide parfaitement avec le sous-entendu qu’il lui fait. « Je pensais copier ta règle d’être nu une fois la porte passée, mais ici c’est trop risqué. Je voudrais pas que tu perturbes mes colocataires. » Et que ses colocataires se rincent l’œil, sauf que ça, Calista préfère le garder pour elle. Porte menant au petit placard où se trouve la chaudière ouverte, elle pose ses béquilles contre le mur puis s’adosse à ce dernier. « Non, heureusement non ! » Elle serait devenue folle avec une jambe cassée et un plâtre. En plus de ça, elle aurait été obligée de reculer ses prochains voyages, l’horreur. « J’ai fini avec un débris de verre de la taille de ma main dans le mollet. Je pensais pas pouvoir perdre autant de sang à cet endroit. C’était pas très beau, mais je survivrai. C’est pas la première cicatrice que j’ai. » Bon la plupart restent discrètes. Des coupures dues à des chutes, mais elle en une belle en forme d’étoile à l’épaule qu’elle doit à une balle même si officiellement elle préfère dire être tombée et s’être enfoncée un truc dans l’épaule. Le truc dans l’épaule n’étant jamais très clair.

« Je devrais pouvoir trouver. » Il en est même certain. En plus, il s’est assez renseigné sur le froid, pour éviter de finir congelé lors de son premier hiver à New York, pour savoir qu’il n’y a pas mieux que deux corps nus pour se réchauffer. Surtout qu’en général, ils font des efforts quand ils sont nus tous les deux. Peut-être que ça sera un peu compliqué à cause de la jambe de Calista, mais vu qu’elle n’est pas la dernière pour les sous-entendus, Jamal est assez confiant pour la suite de la journée. « Je comprends, il ne faudrait pas que mon pénis bien monté les déconcentre. » Non, il n’a toujours pas oublié ce commentaire fait par Calista. Difficile à oublier. Jamal n’est pas pudique du tout, mais il préférerait éviter que les colocataires de la grecque les surprennent en pleine action. Ça serait dommage d’interrompre un si beau spectacle. Même si ça reste sans public. Alors qu’il fait semblant de bricoler sur sa chaudière, Jamal en profite pour l’interroger sur l’état de sa jambe. A part qu’elle a des béquilles, il ne sait pas grand-chose. Pas cassée, c’est une bonne chose. Il aurait sans doute remarqué si elle avait un plâtre de toute façon. Les détails qu’elle lui donne le rendent un peu inquiet, et il tourne la tête un instant pour la regarder. Elle a dû avoir vraiment peur. « Du coup, tu dois éviter de t’appuyer dessus, c’est ça ? Tu en as pour combien de temps ? » Est-ce qu’il s’inquiète vraiment ou est-ce qu’il se renseigne pour savoir ce qu’ils peuvent faire sexuellement ? Peut-être un peu des deux. « Et les cicatrices, ça a quelque chose de sexy... » Un petit sourire en coin, avant de retourner vers la chaudière, qui n’a toujours pas refonctionné par miracle. « Tu n'as pas de mode d‘emploi ? Elle m’a l’air compliquée. » Ou peut-être que toutes les chaudières le sont quand on ne s’y connait pas. Mais plutôt que de l’admettre, il préfère blâmer la chaudière plutôt que ses compétences.

« Je n’en doute pas un instant. » Rien que d’y penser, elle commence à avoir très chaud. Comme quoi, même s’il ne parvient pas à réparer cette satané chaudière, sa simple présence suffit à la réchauffer. Elle sent même ses joues s’empourprer en laissant son imagination créer des scénarios plus sexy les uns que les autres. Elle se racle la gorge pour se reprendre et pince les lèvres autant parce qu’elle imagine Jamal nu devant ses colocataires que parce qu’il lui rappelle ce petit détail qu’elle a donné à Naleya le concernant. « Ça et je n’ai pas envie de partager en ce moment. » Jamais en fait. L’idée d’un plan à trois, ça peut parfois exciter, mais étrangement ce n’est pas du tout ce qu’elle ressent en imaginant une autre femme le toucher. Vraiment pas. Et elle n’apprécie pas plus l’idée d’imaginer un homme autre que lui la toucher. Ce genre de pensées, elle ne devrait pas les avoir mais elles s’imposent de plus en plus à elle sans qu’elle ne parvienne à se contrôler. Elle n’est pas si jalouse d’habitude, seulement dès qu’il s’agit de Jamal elle perd un peu les pédales. Ça l’inquiète sans qu’elle soit capable d’y faire quoi que ce soit. Elle l’avait déjà dans la peau avant que se voir devienne plus régulier, c’est encore pire maintenant. Et pourtant, elle est trop bornée pour l’admettre. Ou effrayer si elle doit être franche. Parler de sa blessure, c’est un bon moyeu de lui changer les idées même si ce n’est que pour quelques minutes. Vaut mieux ça que rien du tout. « Environ un mois, un peu moins, le temps de laisser le temps à ma jambe de se remettre complètement. Le kiné fait aussi des miracles. » Du moins ses massages en font, ses exercices lui donnent l’impression d’empirer l’état de sa jambe. Elle repart souvent en sueur et avec une désagréable douleur au mollet. « Je ne suis pas sûre qu’on peut considérer celle-ci comme sexy, mais j’accepte le compliment. » Elle n’est pas certaine d’avoir envie qu’il la voit cette cicatrice. Autant celle à son épaule ne la dérange pas, mais celle-ci … elle ne voudrait pas qu’elle le fasse fuir. Elle s’estime déjà heureuse qu’il ne soit pas reparti comme il est venu en la voyant en béquilles. « Non, juste ce que tu vois écris dessus. J’ai tout essayé et elle a fini par s’éteindre pour ne plus se rallumer. » Elle grimace un peu inquiète de l’avoir cassé, ça ne la surprendrait pas tellement d’ailleurs. « Je vais devoir appeler un professionnel c’est ça ? » Ce n’est pas l’argent le souci, elle est loin d’être pauvre, mais elle espérait éviter ça.

Peu importe que la raison officielle de sa venue soit pour la chaudière - alors qu’il n’y connaît absolument rien – ils savent tous les deux comment ça finira. Visiblement, elle est seule, et l’esprit de Jamal s’évade déjà vers quelque chose de beaucoup plus torride que cette chaudière qui ne veut pas redémarrer. « Parce que parfois, tu as envie de partager ? » Non pas qu’il soit intéressé, et de toute façon, il ne compte rien faire avec ses colocataires. Calista suffit amplement à le satisfaire dans cet appartement. Ou n’importe où ailleurs. Enfin en attendant, il essaye de bricoler un peu, sans trop y croire. Ou même pas du tout. Pour autant, il ne l’avoue pas, et gagne un peu de temps en parlant de sa blessure à Callie. Aussi, ça l’intéresse vraiment, et pas uniquement pour savoir ce qu’ils vont pouvoir faire sexuellement. Au moins, ça ne semble pas être trop grave, juste un peu handicapant pour quelques temps. « Tant mieux alors. J’espère que tu seras vite guérie. » Jamal, il n’a jamais supporté d’avoir des béquilles, même quand il aurait dû en avoir. Pas la patience. « Il faudra attendre qu’elle cicatrise pour le savoir. Même si c’est vrai que, plus c’est proche du bassin, plus c’est sexy. » Mais dans tous les cas, Callie est particulièrement sexy, et ce n’est sûrement pas lui qui ira dire le contraire. La chaudière ne se rallumant toujours pas, il commence à s’avouer vaincu. Enfin ce n’est pas sa faute, mais celle de l’appareil. Il fait la moue devant l’air déçu de Callie. Il aurait bien voulu la sauver mais il ne s’y connait pas assez pour ça. « Je crains que oui, désolé. » Il n’avait pas grand espoir de réussir mais quand même. « Enfin tant qu’à être là, je peux toujours servir de bouillotte humaine. » Entre autres choses. Il est loin de perdre le nord. « En plus, il neige dehors. »