coming back for you (tomessina)

Un vrai moulin à paroles, une pipelette. Une fois lancée, j’ai été incapable de m’arrêter. J’ai tout lâché d’un coup pour être certaine que mon courage n’allait pas me filer entre les doigts. Et, bon sang, autant dire que j’ai un gros poids en moins sur les épaules. Il n’y a plus que la crainte d’être repoussée, la peur qu’il refuse mon compromis et que ça signe la fin de notre histoire. Ça me noue l’estomac. Alors que j’étais incapable de le regarder droit dans les yeux plus tôt dans la journée, maintenant je n’arrive pas à m’en détourner comme pour deviner par avance ce qu’il va répondre et me préparer à encaisser un rejet. J’ai aussi besoin de retrouver cette connexion qui nous définit, qui nous a toujours permis de nous comprendre sans avoir à utiliser de mots. Je veux la sentir m’envahir à nouveau, me rassurer quant à notre relation. Je ne veux pas le perdre parce que j’ai mis trop de temps à accepter de voir les choses en face et que j’ai laissé la peur me dicter mes gestes. Que j’ai laissé celle-ci me faire douter. Sans rien dire pendant plusieurs secondes, on se contente de se regarder dans les yeux. Je sens mon cœur battre à tout rompre et j’arrête même de respirer un instant dans l’attente. Ses mains me tirent vers lui et sans me faire prier, je m’installe sur lui et contre lui. Instantanément, tout mon corps se détend. Quelques larmes viennent même envahir mes yeux sous l’effet du soulagement que j’éprouve en sentant que tout en moi se calme alors qu’il me serre dans ses bras, que son nez vient se nicher dans mon cou. Je la sens cette belle connexion. Elle nous enveloppe et fait disparaître les quelques tensions qui restaient encore présentes entre nous. « Je suis désolé … J’aurai jamais dû te dire ses horreurs. J’ai totalement vrillé. Je peux pas te perdre, Tessa. Je peux pas » J’attrape ses mains et les caresse tendrement. Une larme commence déjà à m’échapper bien que je fasse mon possible pour ne pas me transformer en fontaine. « Non. T’as bien fait de le dire. Même si ça fait mal à entendre, c’est la vérité. Avec les années j’ai fini par être celle qui poussait les autres à me rejeter pour anticiper la souffrance due à un nouvel abandon. C’est ce que j’ai commencé à faire parce que j’ai eu peur. » Mon visage tourné de sorte à pouvoir embrasser ses mains, je le laisse les dessus appréciant que trop ce contact. « Je peux pas non plus. Tu aurais pu me tromper que je serais revenue. C’est pas très digne mais je m’en fous. » Très franchement lorsqu’il s’agit de Tommy, ma dignité peut aller se faire foutre. « Je … Je t’aime, Tessa. Je t’aime plus que ma propre vie. Plus que n’importe qui. Je ne désire personne d’autre que toi. J’ai besoin que tu me crois, quand je te dis ça. (…) Et je crois que j’en ai toujours besoin, mais j’ai encore plus peur de te perdre si je ne surpasse pas ça. » Sans l’interrompre cette fois – comme il l’a fait avec moi – je me contente d’agiter la tête et de l’écouter. « Je suis pas encore prêt pour une officialisation. Je veux le faire en homme, pas en petit garçon, parce qu’aujourd’hui, c’est exactement ce que je suis redevenu et ça m’a foutu un coup. » Je n’arrive pas à cacher mon petit sourire attendri en l’entendant se qualifier de petit garçon. C’est à mon tour d’entourer son visage et j’approche mes lèvres pour l’embrasser. Parce qu’à ce stade ça m’est devenu nécessaire. « Je peux encore attendre, je te l’ai dit. Je … il me faut juste plus. » Plus pour avoir l’impression que nous faisons un pas vers l’avant et pas deux vers l’arrière. « J’aurai pas dû la laisser dormir dans notre lit, je suis désolé. Il a toujours été ton lit. Alors viens vivre ici si tu ne le supportes plus bébé…Mais promet-moi de ne plus jamais me tourner le dos. Je peux supporter des colères, des disputes, des insultes…mais jamais un abandon. » Un long frisson remonte le long de ma colonne vertébrale dès que je l’entends qualifier son lit comme étant le nôtre et, oui, je me mets à sourire bêtement. « Je te le promets. » Je souffle contre ses lèvres. « Je ne partirais plus et je t’insulterai de connard et d’enfoiré à chaque fois que ça sera nécessaire. » J’ai un petit rire malgré moi, probablement mes nerfs qui lâchent. « Je suis aussi désolée d’avoir réagi comme je l’ai fait et d’avoir tout de suite imaginé le pire. Je sais que tu as un passé et j’ai fini par l’accepter, c’était juste … trop après tout ce qui s’est passé et cette distance qui me rend folle. » Je soupire, fais glisser mes mains dans ses cheveux que je masse. « Je t’aime et j’ai juste envie que toutes les filles de cette planète sachent que, merde, elles ont pas le droit de te toucher. »

La tournure de cette soirée je ne l’avais pas vu venir. En même temps, c’est ça être couple avec Tessa Goldstein. C’est être pris dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Cette tornade elle vous soulève, vous fait perdre pied, vous submerge. Vous êtes obligé de subir ce dont elle a envie, parce qu’elle ne sait pas faire les choses à moitié. Soit le verre est vide. Soit il déborde. Mais je l’aime pour ça. Je l’aime pour sa franchise sans filtre, son audace et sa manière de me pousser hors de ma zone de confort. Parce que l’aimer devrait me donner des ailes, devrait enlever n’importe quelle crainte, devrait me rendre fort et fier. Pourtant, j’ai toujours cette impression d’avoir des poids à mes chevilles qui m’empêche de m’élever avec elle. Ce soir, à nouveau, elle me tend une main pour atteindre le paradis, et bien que j’ai peur de la saisir, je finis par le faire. Parce que je sais ce qu’il m’attend si je ne le fais pas : cet enfer vide de sens.  « Non. T’as bien fait de le dire. Même si ça fait mal à entendre, c’est la vérité. Avec les années j’ai fini par être celle qui poussait les autres à me rejeter pour anticiper la souffrance due à un nouvel abandon. C’est ce que j’ai commencé à faire parce que j’ai eu peur. » « Je n’aurai pas du vouloir les utiliser pour te faire du mal » Parce que même si c’était la vérité, mon esprit en colère est sournois, et je sais qu’une partie de moi voulait lui faire autant mal que le rejet qu’elle m’avait offert sur un plateau d’argent. « Je peux pas non plus. Tu aurais pu me tromper que je serais revenue. C’est pas très digne mais je m’en fous » Le soucis c’est que je ne pourrais jamais le faire, les autres ne m’intéressent plus. Une nana comme Valentina, que j’ai tenté pendant des années d’apprivoiser et d’avoir dans mon lit, ne m’a même pas donné envie d’aller plus loin. Et rien que ça, c’est la preuve qu’elle a tout changé. Elle m’a changé. Elle m’a donné une autre perspective, une perspective que je n’avais pas pu envisager avant longtemps. Elle m’a donné de l’espoir, de l’amour. Tout ce dont je n’avais pas eu le droit depuis des années. Voilà pourquoi je l’aime plus que ma propre vie, parce qu’elle m’a sorti du brouillard dans lequel j’étais depuis deux ans, parce qu’elle a illuminé toutes les chances d’avenir qui s’offre à moi. Putain, je n’ai que 30 ans, j’ai toute la vie devant moi. Et cette vie, je sais que j’ai envie de la vivre avec cette fille. « Je peux encore attendre, je te l’ai dit. Je…il me faut juste plus » Je suis prêt à vivre avec elle, pour le moment. Mais pas à plonger dans le grand bain, parce que je sais qu’une fois que ce ricochet sera lancée, les répercussions seront nombreuses. J’ai besoin de m’assurer que nous…c’est réel. Qu’il est assez fort pour tout vaincre. Qu’il soit assez solide face aux tornades qui viendront vite entacher ce tableau. Je le sais, je les connais. Ma vie a toujours été ainsi. « Je te le promets » fit-elle finalement devant mon supplice et ma demande. Je n’ai pas pour habitude de faire des promesses, encore moins d’en demander. Mais j’ai surtout besoin de m’assurer qu’elle ne le refera plus jamais – parce que ce petit garçon a trop souffert de ça, et dès que je me prends le revers, je le retrouve inlassablement. Ça fait mal, juste mal. « Je ne partirais plus et je t’insulterai de connard et d’enfoiré à chaque fois que ça sera nécessaire. » J’émets un rire en l’accompagnant, le regard qui commence déjà à s’adoucir progressivement. Mes épaules se détendent, en voyant que les compromis ont été trouvé. « Je suis aussi désolée d’avoir réagi comme je l’ai fait et d’avoir tout de suite imaginé le pire. Je sais que tu as un passé et j’ai fini par l’accepter, c’était juste…trop après tout ce qui s’est passé et cette distance qui me rend folle » Encore notre amie la distance. J’avais espéré que ce soit mieux pour nous deux, mais en réalité je réalise que ce n’était bon que pour moi. Je soupire devant ce constat pitoyable. Sa proximité pourtant me transperce et alors qu’elle joue avec mes cheveux, j’ajoute simplement : « J’aurai jamais dû te l’imposer une seconde fois. C’était égoïste. » J’avais simplement pensé qu’elle avait été d’accord avec tout ça alors qu’en réalité, elle n’avait émis aucune objection. Elle n’avait rien émit, à vrai dire. Elle s’était contentée d’éviter le sujet. Quel imbécile ! « Je t’aime et j’ai juste envie que toutes les filles de cette planète sache que, merde, elles n’ont pas le droit de te toucher » Mes bras l’enveloppent et la ramène complètement sur moi, tandis que mon dos se calent de nouveau dans la chaise longue. Position trouvée, j’embrasse sa tempe en jouant avec ses cheveux que j’enroule autour de mes doigts. « Il n’y a que toi, bébé. Il n’y a jamais eu que toi. » Je repense à la première fois que je l’ai vu, lors de cette soirée. Ce n’était pas qu’elle qui m’avait attiré, c’était comme si d’une manière ou d’une autre, nos destins s’étaient liés ce soir-là, et bien qu’invisible, ce lien avait toujours existé. Aujourd’hui, depuis longtemps, je sais qu’il est vrai. Je sais qu’il est juste. Je sais qu’il est assez fort. Mes yeux se ferment devant la colère, la frustration, et toutes mes forces qui commencent à se dissiper. Je suis fatigué, complètement vidé. Je sais que, sa tête sur mon torse, puise en mon être ce qu’elle a besoin pour se rassurer et se savoir en sécurité, je me laisse engouffrer par cette plénitude qu’elle m’offre. Seules mes lèvres finissent par trahir mes pensées : « T’es l’amour de ma vie, Tessa… » Cet amour est si puissant qu’il m’a submergé sans crier gare, si vite, si puissamment, si désordonné que je n’ai pas réussi à l’encaisser comme j’aurai du. Pourtant, la vérité est là : Ma vie tourne rond parce qu’elle a enfin trouvé son soleil, elle.

THE END

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