Rutherford, dans le New Jersey. Ce n’est qu’à une vingtaine de kilomètres de New-York et pourtant, quand on rentre dans le Metlife Stadium, on se sent comme à des années lumières de sa propre vie. Le bruit des cornes de brume, le brouhaha des conversations bruyantes, les bousculades pour accéder à son siège et cette bonne odeur de graisse et de malbouffe qui flottent dans les gradins. Le paradis pour tout bon américain qui se respecte. Ricardo est tellement en admiration devant la course folle des joueurs qu’il a à peine réagit quand sa mère lui a demandé s’il voulait manger quelque chose. Inutile d’essayer de le tirer du spectacle, surtout quand il a les yeux rivés sur le numéro 23.
Elle se fraye un chemin entre les sièges et les genoux des autres spectateurs, ne prend pas la peine de s’excuser. Personne ne fait vraiment attention, pas quand les Giants affrontent les Jets. Les mains au-dessus de la tête, elle sent de la moutarde couler sur son poignet et accélère pour éviter d’en avoir dans les cheveux. Elle se laisse enfin tomber dans le siège vide près de son fils, avec un soupir et remercie la mère de famille à côté d’elle pour avoir jeté un œil à son garçon. Elle se tourne pour lui tendre son hot-dog, au moment où l’adversaire marque un touchdown. La foule proteste, crie, râle que l’adversaire marque de nouveaux points et Ricardo en lâche sa bouteille de soda dans un « Putain » sonore. Un putain, en temps normal, c’est pas de dessert pour le dîner mais quand on est au Metlife Stadium, les règles ne s’appliquent plus et Christina ne relève même pas, essuyant ses poignets avec une petite serviette en papier avant de mordre dans son casse-croûte.
Tim, son compagnon, il n’aime pas vraiment le football. Et au final, ça arrange la famille entière. Il a du temps pour traîner seul à la maison, ou avec des amis, et elle a un moment privilégié avec son fils, qu’elle voit rarement à cause du boulot. Le match touche à sa fin et si les Giants sont victorieux, Ricardo n’a qu’un nom à la bouche. Henstridge. Il n’a que six ans et pourtant, il doit connaître la vie de son héros sur le bout des doigts. Il suffit de le regarder, avec son tee-shirt floqué au numéro de son idole et sa casquette toujours enfoncé sur le crâne. Et comme elle ne peut rien refuser à son fils, elle s’est acheté la même casquette. « J’aimerai bien faire du football » lance le petit alors que la foule commence à quitter les gradins. « Et le baseball ? Ca fait à peine un mois que je t’ai inscrit ». L’enfant fait une grimace, hausse une épaule et elle soupire. « Si tu veux faire du foot alors tu feras du foot. Peut-être que dans quinze ans, c’est toi que je viendrais voir foutre une raclée aux Jets ». Ils échangent un sourire et quand les gradins sont assez vidés, le petit se lève, essuyant ses doigts gras sur son pantalon avant de tendre la main à sa mère. Le rituel d’après match voudrait qu’ils aillent s’enfiler une glace bien calorique, pour aider à faire passer le gras d’un hot-dog. Mais aujourd’hui, il y a une surprise qui attend le petit Ricardo. « Ca te dirait de rencontrer Henstridge ? »
Les vestiaires d’un stade de football, c’est encore plus gardé que la maison blanche. Mais que ce soit pour rencontrer un joueur célèbre ou le président, il faut toujours quelque chose : un complice à l’intérieur. Ricardo serre tellement la main de sa mère qu’il pourrait la lui broyer, s’il avait plus de force. Il ne cesse de lui demander si c’est réel, murmure qu’il rêve sûrement et Chris regrette de ne pas avoir pu le faire plus tôt. En quittant les gradins, ils ont rejoint un ancien policier, reconverti dans la sécurité. Une aubaine puisqu’il est leur laissez-passer pour la rencontre que l’enfant attend depuis toujours. Ils avancent dans un couloir, le bruit de la foule s’atténue, remplacé par les rires et les cris de joie des joueurs qui doivent se trouver à seulement quelques mètres. « Je vais le chercher » annonce l’ancien flic, avec un clin d’œil pour l’enfant qui est à deux doigts du malaise. Sa mère s’agenouille à sa hauteur, lui appuie sur la visière de sa casquette alors que le petit s’inquiète. « Tu crois qu’il peut faire une photo avec moi ? Signer mon maillot ? ». Elle fait mine de réfléchir avant de sourire. « S’il dit non, je le mets en prison ». « Et comment on bat les Jets sans lui ? ». Question pertinente à laquelle elle n’a même pas le temps de répondre parce que son fils semble avoir vu Dieu, par-dessus l’épaule de sa mère. Elle a à peine le temps de se relever qu’il s’est élancé, à toute allure, vers le numéro 23, sous son regard attendri. Elle se met derrière son fils, pose ses mains sur ses petites épaules alors que Ricardo s’emballe, revivant le match. « … Et quand vous avez couru, et que le ballon il a volé super haut, et quand vous avez plaqué et… ». Une vraie petite boule de nerfs qui cherche ses mots alors que plus calmement, sa mère reprend. « C’est super gentil de votre part d’avoir accepté, monsieur Henstridge. Ricky est votre plus grand fan, pas vrai mon chéri ? ». Elle baisse les yeux pour regarder son fils mais il ne peut retirer les siens du joueur avant de lancer. « Vous êtes trop cool »
Invité a posté ce message Dim 11 Aoû 2019 - 17:32#
meet your hero
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Premier match de la saison et l'ambiance est déjà bien présente dans les vestiaires. Après tous les entraînements que nous avons eu ce été, c'est le moment que nous attendions tous avec impatience et c'est surtout ma période préféré de l'année. Seulement quelques matchs en pré-saison avant que la saison régulière commence. J'adore jouer, j'adore tout donner pour aider à faire gagner mon équipe surtout et je crois que tout le monde est d'accord avec moi pour affirmer que nous voulons gagner le plus de matchs possible cette année. Entraînement bien officiel ce matin, j'ai ensuite passé la journée à me concentrer sur le match de ce soir, envoyé seulement quelques textos pour ensuite ranger mon téléphone cellulaire pour vraiment ne penser qu'au match. C'est un rituel qui me fait du bien, mais surtout ça m'aide à ne pas penser au monde extérieur, rien qu'à mon petit monde qu'est le football le temps d'une soirée. Équipement et maillot tout enfilé, je suis prêt à entrer sur le terrain. Attendant qu'on nous appellent sur le terrain, je discute avec quelques autres joueurs alors que nous entendons les cris provenir des gradins. C'est tellement le meilleur sentiment au monde de se faire encourager de la sorte et surtout lorsque nous jouons sur notre propre terrain. Tellement que ça me donne l'énergie nécessaire pour commencé le match. Encouragé par tous les spectateurs et leurs cris, nous entrons sur le terrain et après plusieurs minutes la match commence. Me donnant comme à mon habitude, je fais tous mon possible pour bloquer les joueurs de l'équipe adverse. Tout semble bien fonctionner, tout se passe bien et évidemment tout le monde donne son 110% pour le gagner ce match. La foule est en feu et continue de crier et de nous encourager jusqu'à la fin du match que nous gagnons. Tous fiers de nous et de retour dans les vestiaires, les mecs pensent déjà à sortir pour aller fêter alors que je suis en train de me demander si je vais les accompagner ou seulement retourner à la colocation pour profiter du reste de ma soirée, seul. Douche déjà prise, je termine de me changer lorsque l'assistant coach entre dans les vestiaires. « Henstridge, viens ici. » Dit-il en me faisant signe de la main. Je laisse toutes mes choses à ma place et le rejoins dans le couloir. En sortant, je vois un agent de sécurité et mon assistant-coach l'un à côté de l'autre. En fronçant les sourcils, je les regardent simplement, tentant de comprendre ce qu'il peut bien me vouloir. « Apparemment, y a un gamin qui aimerait bien te rencontrer, tu veux y aller ou non? » Je ne sais même pas pourquoi on me pose la question. J'adore les gamins et si cela peut faire plaisir au garçon que je prenne un peu de mon temps pour aller le voir, je vais le faire. « Ouais j'y vais. » Retournant dans les vestiaires, je prends mon sac avec mon équipement à l'intérieur, le mets sur mon épaule et suis l'agent de sécurité. Marchant en direction de ce gamin, je le vois, accompagné de sa mère au loin et arrête le garde de sécurité. « Merci, mais ça va aller, je peux gérer un garçon et sa mère. » Je souris poliment même si au fond de moi, je veux qu'il comprenne que je n'ai pas besoin de lui pour ça. Je déteste me faire suivre par des gardes. S'il y a quoique ce soit, je suis persuadé que je suis capable de me défendre, peu importe la situation. Il me regarde un instant, ne semble pas être persuadé que me laisser seul est une bonne idée, mais il comprend rapidement que ce n'est pas non plus une blague que je lui fais. Je m'approche donc d'eux et le sourire au visage du petit me confirme que j'ai fait la bonne chose en acceptant de venir le rencontrer. Rapidement, je le vois courir vers moi et c'est d'une voix très excité qu'il me raconte tout ce qu'il a adoré du match de ce soir, ce qui me fait tout autant sourire. « … Et quand vous avez couru, et que le ballon il a volé super haut, et quand vous avez plaqué et… » Debout devant lui, je me baisse à son niveau pour pouvoir lui parler plus facilement avant de voir sa mère s'approcher de lui. Je lève les yeux vers la jeune femme pour la regarder lorsqu'elle prend la parole. « C’est super gentil de votre part d’avoir accepté, monsieur Henstridge. Ricky est votre plus grand fan, pas vrai mon chéri ? » Les yeux de son fils sont toujours bien concentrés à me regarder et ce qu'il me dit me fait encore plus sourire. « Vous êtes trop cool » Sa mère, je ne sais pas comment elle a fait pour réussir à ce que quelqu'un vienne me chercher, mais comme c'est toujours très protégé ici, elle a probablement été très persuasive, ce qui ne me dérange pas puisque j'adore rencontrer les gamins. « Ça me fait plaisir et, vous pouvez m'appeler Jake. Et votre nom? » Ouais parce que monsieur Henstridge, j'me sens plus vieux que je le suis même si je sais que c'est avant tout une forme de politesse. « Alors, tu veux faire du football plus tard Ricky? »
Invité a posté ce message Mar 13 Aoû 2019 - 21:30#
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Il y a des femmes qui traversent des brasiers pour leurs enfants, d’autres qui soulèvent des voitures ou tiennent tête à des animaux sauvages. Une mère est capable de tout pour sa progéniture et si Christina n’a jamais eu l’occasion de sauver son fils d’un danger –et elle espère ne jamais avoir à le faire- elle pourra toujours se vanter d’avoir affronter la sécurité d’un stade comme le Metlife, juste pour rendre le sourire à son fils. Ils savent tous les deux que, son anniversaire étant passé depuis quelques temps déjà, ils auraient dû partir en famille pour DisneyWorld, en Floride. Un voyage pour lequel elle avait économisé de longs mois, avant que Tim ne décide d’investir cet argent dans une tentative foireuse de monter sa propre entreprise. Le petit Ricardo est, comme sa mère, habitué au déception mais celle-ci lui a tout de même laissé un goût amer. Alors, voir Jake Henstridge, c’est un peu sa façon de se racheter. De lui montrer que sa mère pense à lui.
Le petit garçon est aux anges et sa mère doute de l’avoir déjà vu aussi heureux. Il a des étoiles dans les yeux, encore plus que lorsqu’elle l’emmène voir le père noël dans ces attractions qui fleurissent à l’approche des fêtes de fin d’année. Sa plus grande peur était que le joueur refuse, après son match, d’accorder un peu de temps à son fils. Après tout, s’il était un héros sur le terrain, il pouvait très bien ne pas être du genre sociable à l’extérieur ou peut-être était-ce un homme occupé. Alors, quand il était apparu, ce fut une grande joie pour l’enfant mais un plus grand soulagement encore pour la maman.
Il a l’air gentil, il a l’air simple. Pas du genre à avoir la grosse tête et c’est tant mieux, ça aurait bien dérangé la brune que son fils vénère un idiot. Il est souriant, demande à ce qu’on l’appelle par son prénom et sa mère sait déjà que Ricardo ne va parler que de cette rencontre pendant les prochaines semaines. Elle lâche une des épaules de son garçon, pour tendre la main par-dessus celle-ci vers le joueur. « Je m’appelle Christina, c’est vraiment un plaisir de vous rencontrer, Jake ». Le petit lève la tête pour regarder sa mère, avec un grand sourire avant de lancer. « C’est ma maman » comme si le joueur ne s’en doutait pas encore. Une innocence qui attendrit sa génitrice, qui vient lui ébouriffer les cheveux avant que Ricardo ne réponde à sa question. « Oui je veux faire comme vous ! Ma maman m’a dit qu’elle allait m’inscrire et bientôt, on jouera ensemble vous et moi ». La brune pouffe et secoue un peu la tête, devant l’enthousiasme du petit. « Il ne fait que parler de vous. Je pense même qu’il commence à vous aimer plus que moi ». Une petite plaisanterie qui semble faire réfléchir Ricky qui lance, après un bref froncement de sourcils. « Jake, lui, il est assez fort pour plaquer les autres ». Elle rit et lance un regard à Jake, avec un haussement d’épaules. « Non en fait, il vous aime déjà plus que moi. Ca vous dérangerez de faire une photo avec lui ? ».
Invité a posté ce message Ven 16 Aoû 2019 - 21:27#
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Premier match de la pré-saison et tout se passe très bien. Visiblement, tout le monde est bien motivé, bien entraîné et nous arrivons donc à jouer vraiment bien ce soir, en équipe comme à notre habitude d’ailleurs. Je n’ai encore aucune idée de ce que je vais faire ce soir, mais je sais que plusieurs joueurs vont certainement aller fêter la victoire. Personnellement, j’ai besoin de me reposer, mais je sais que pour l’équipe, je vais très certainement aller faire un tour à leur petite soirée qui, j’espère pour eux, sera sans alcool, mais surtout pour les surveiller un peu, comme j’ai l’habitude de le faire en fait. Douche déjà prise, j’écoute les mecs parler de leur plan et rien ne semble très clair. Évidemment, comme l’organisation de dernière minute n’est pas leur fort, je ne fais qu’écouter à moitié, préférant attendre qu’ils aient pris une décision finale avant de m’imposer dans cette soirée. Heureusement pour moi, je me fais interrompre par mon assistant-coach qui me demande de suivre l’agent de sécurité qui m’explique qu’un gamin aimerait bien me rencontrer. Si j’avais pu moi aussi avoir l’occasion de rencontrer mes sportifs préférés lorsque j’étais plus jeune, je crois que je n’aurais jamais cessé d’en parler alors ça me fait plus que plaisir d’aller le voir et de pouvoir mettre un sourire sur ses lèvres. Bien déterminé à lui faire plaisir, je prends mon sac et oublie donc les plans des autres gars pour ce soir. Je préfère largement aller discuter un peu avec le petit et retourner chez moi par la suite. C’est surtout en voyant l’excitation dans ses yeux et le grand sourire sur ses lèvres lorsque je m’approche tranquillement de lui que je fais de même et sourit à mon tour. Abandonnant sa mère, il s’approche de moi et parle tellement vite que je ne capte pas vraiment tout ce qu’il dit, mais ça me fait bien rire. Clairement, c’est un gamin qui semble heureux et sa mère a probablement tout fait pour que quelqu’un accepte de venir me chercher puisque normalement, c’est une tâche presque impossible. Regardant celle-ci justement, je ne peux m’empêcher de lui demander son prénom puisque pour moi, c’est une chose importante à savoir avant de continuer avec le gamin. « Je m’appelle Christina, c’est vraiment un plaisir de vous rencontrer, Jake » Bien heureux d’avoir pu échapper à cette soirée avec mes coéquipiers, je suis moi aussi, bien heureux de la rencontrer. Serrant sa main, un sourire toujours bien affiché sur mes lèvres, je la regarde toujours avant de m’abaisser au niveau de son fils. « Le plaisir est partagé. » Les grands yeux de son fils qui me regardent, il semble tellement impressionner de me voir devant lui et ça me fait chaud au cœur de savoir que le simple fait de me voir devant lui le rend heureux. « Oui je veux faire comme vous ! Ma maman m’a dit qu’elle allait m’inscrire et bientôt, on jouera ensemble vous et moi » Cette phrase ne peut que me faire sourire encore plus puisque je sais très bien que le temps qu’il arrive au niveau où je suis, je ne vais peut-être même plus jouer dans les Giants ou jouer tout court, mais bon, je ne veux pas lui briser ses rêves. « T’as bien raison, je suis certain que tu vas être un très bon joueur et peut-être même que viendras me voler ma place dans l’équipe. » Il semble apprécier ce que je lui dit. J’essaie évidemment de l’encourager à vraiment le faire si c’est ce qu’il veut. On a toujours besoin de quelqu’un qui nous encourage à suivre nos rêves après tout. « Il ne fait que parler de vous. Je pense même qu’il commence à vous aimer plus que moi », « Oh je ne voudrais pas prendre la place de ta mère quand même. Elle est importante dans ta vie et je suis certain qu’elle fait un bon boulot avec toi. » Je ne la connais pas du tout cette femme, mais le simple fait qu’elle soit ici avec lui démontre qu’elle l’aime beaucoup. « Jake, lui, il est assez fort pour plaquer les autres » Encore une fois, sa remarque me fait rire. C’est certain que je vois bien mal sa mère jouer parmi les Giants. « Non en fait, il vous aime déjà plus que moi. Ca vous dérangerez de faire une photo avec lui ? », « Mais non, je suis certain qu’il vous aimes plus. Et oui je veux bien prendre une photo. Et même si tu veux, on peux se lancer le ballon après si vous avez tu temps évidemment? » Je regarde le gamin qui, évidemment acquiesce déjà, mais c’est surtout l’accord de sa mère que j’attends.
Invité a posté ce message Mar 27 Aoû 2019 - 20:07#
Meet your hero
La maman est attendrie, et concède à lâcher les épaules de sa progéniture qui voudrait déjà faire le grand garçon, face à cet homme qu’il admire. Qu’il admire sans doute plus que son propre père, si on en juge pas le peu de mots qu’il adresse à ce dernier. Sans doute Jake l’a-t-il entendu plus jacasser en cinq minutes que Tim dans toute une semaine. Mais ce n’est pas la faute de l’enfant si celui-ci cherche à éviter de créer des conflits entre ses parents, tant leurs méthodes d’éducation sont aux antipodes. Le joueur l’encourage et elle sait qu’elle est fichue et que le football va devenir la nouvelle activité du moment. Si le baseball a déjà coûté la vie à une fenêtre et à la plupart des bibelots en céramique qui ornent la cour arrière de la maison familiale, un ballon semble moins dangereux. Mais ce sera également beaucoup plus de temps à passer avec Ricardo, pour lui apprendre à rattraper le ballon ovale en dehors des entraînements. Et si Christina sait que son métier lui inflige un emploi du temps assez conséquent, elle n’est pas certaine que Tim prenne le temps de s’en charger. Peut-être Hazel pourrait-elle prendre du temps pour s’en occuper, avec un peu de chance.
Ricky hausse une épaule en regardant le Giant et fait une petite moue. « Ouai elle est cool » concède-t-il, ce qui tire un large sourire à sa génitrice. Elle n’est pas vexée de voir qu’il l’occulte totalement face à son héros, c’est même plutôt le contraire. Elle ne peut pas rivaliser, sur le terrain sportif du moins, avec le véritable géant qui a accepté de les voir. Elle, qui semble si petite devant lui. Il accepte la photo et le petit saute déjà de joie, à l’idée d’afficher ce beau souvenir sur le mur de sa chambre, déjà couvert de posters de l’équipe et du joueur. « Merci, vraiment. Qu’est ce qu’on dit Ricky ? ». Il sourit, de toutes ses dents –si on en oublie l’incisive qu’il a perdu il y a quelques jours. « Merci monsieur Jake ». Bien élevé, ce petit. Surtout avec une mère qui fait en sorte de le reprendre à chaque fois qu’il oublie une formule de politesse. Mais elle n’a pas le temps de sortir le téléphone de son sac à main que déjà, le joueur propose de passer plus que quelques minutes avec le petit. Ricardo hoche déjà vigoureusement la tête, oubliant la traditionnelle glace post match. Il lance un regard à sa mère, une supplique silencieuse car il sait que la chance ne se présentera pas de si tôt. La mère, taquine, jette un œil à sa montre. Finalement, elle sourit et pose une main sur le crâne de son enfant, pour le décoiffer. « Oui on a du temps. C’est vraiment très gentil de votre part. Ricky, tu veux mettre ta casquette pour la photo ? ». L’enfant l’arrache presque des mains de sa mère et va se coller à son héros, qu’il ne peut pas quitter des yeux. Elle recule d’un ou deux pas, cadre avec son portable et lance. « Tout le monde dit : ouistiti ». Le petit accepte de quitter Jake des yeux, comme s’il a peur que son héros ne disparaisse en une fraction de secondes et la maman mitraille ce qu’elle sait être un moment magique. « Je crois qu’elles sont réussies » leur lance-t-elle avant de remettre son téléphone dans son sac. Ricardo, lui, ne tient plus en place et plutôt que de tenir la main que lui tend sa mère, il attrape celle du joueur. « Comment vous faites pour être aussi grand ? Maman dit que c’est les légumes mais je crois qu’elle ment ». La perspicacité de ce garçon est terrifiante tant ses stratagèmes tombent à l’eau avec le temps. Alors, elle fait les gros yeux au joueur pour qu’il l’aide dans ce mensonge que tous les parents ont du utiliser.
Je n’ai pas l’habitude de refuser de rencontrer des fans, sauf évidemment lorsqu’il s’agît de folles hystériques dans les gradins, ça, je préfère me tenir loin. Pour ce qui est des enfants normalement, je ne refuse jamais. D’abord parce que je les adore, mais aussi parce que je sais que j’aurais adoré rencontrer mes joueurs préférés moi aussi à leur âge. Bon, avec les parents pitoyables que j’ai eus, c’était impossible de le faire. Je me considère même chanceux d’avoir tout de même réussi à réaliser mon rêve de devenir joueur professionnel. Faut dire que j’ai travaillé fort pour y arriver. Je passais la moitié de mon temps à m’entraîner et l’autre à m’occuper de mes sœurs. Ce n’était pas véritablement une enfance et une adolescence normale, mais ma place dans les Giants est sans aucun doute bien méritée. C’est un peu pour ça aussi que j’aime bien prendre le temps de rencontrer ceux qui semblent m’admirer – pour une raison que j’ignore – surtout dans le but de les encourager à continuer si c’est vraiment ce qu’ils veulent, mais aussi parce qu’eux, ils ont la chance d’avoir de bons parents qui les emmènent voir des matchs et qui font aussi des efforts pour arriver à rencontrer certains joueurs après le match. D’autant plus que ce n’est vraiment pas une tâche facile, la sécurité est tellement bonne, c’est presque impossible d’y arriver. Il faut certainement avoir des contacts, ce que, je suis persuadé, Christina a certainement. « Ouai elle est cool » Je souris en l’entendant confirmer que sa mère est cool. J’aurais adoré avoir une mère qui se souci autant de mon bonheur à l’époque, mais sans doute qu’il ne se rend pas compte de la chance qu’il a. Acceptant de prendre une photo avec le gamin avec plaisir, je lui propose même de rester un peu avec lui sur le terrain. Je n’ai rien d’autre à faire de toute façon et je sais très bien ce que cela va signifier pour lui. Même si ce n’est pas pour une grande période, il sera tout de même heureux et ça me convient. « Merci, vraiment. Qu’est ce qu’on dit Ricky ? », « Merci monsieur Jake » Le monsieur qu’il ajoute me fait sourire. Je sais qu’il veut simplement être poli, mais je me fais rarement appeler monsieur. « Tu peux juste m’appeler Jake, c’est mieux que monsieur. » Dis-je un sourire aux lèvres en m’approchant du terrain avec le gamin et sa mère, faisant signe aux gardes de sécurité que tout va bien, mais ils restent quand même présent peu importe ce que je leur dit, évidemment. « Oui on a du temps. C’est vraiment très gentil de votre part. Ricky, tu veux mettre ta casquette pour la photo ? » Le petit s’empresse de mettre sa casquette et je me baisse à son niveau pour m’installer pour la photo. Un grand sourire sincère s’installe sur mes lèvres, sous le regard constant du petit. Sa mère prend ce qui me semble, être une tonne de photos, mais je sais que c’est pour être absolument certaine qu’il y en a au moins une de bonne et que personne ne ferme les yeux. « Je crois qu’elles sont réussies » Confirmation que les photos sont réussies, je me relève et regarde Ricky, un sourire toujours aux lèvres, bien content de lui faire plaisir. « Comment vous faites pour être aussi grand ? Maman dit que c’est les légumes mais je crois qu’elle ment » Un regard de la part de sa mère qui veut tout dire, je sais que là-dessus je dois être d’accord avec elle et confirmer au gamin qu’elle a raison même si honnêtement, je ne sais pas pourquoi je suis aussi grand. « Ta maman a raison, c’est définitivement les légumes. »
Une chance que Ricardo ne soit pas fan d’une star de cinéma ou de quelqu’un de plus difficile à atteindre. Déjà qu’elle a du faire jouer de ses relations pour accéder aux vestiaires de Giants, la chance leur a sourit en faisant de Jake une personne qui sait s’y prendre avec les enfants mais aussi qui offre de son temps, alors qu’il vient de jouer un match sans doute épuisant. Le petit, qui a l’autorisation d’appeler son héros par son prénom, ne pourrait pas être plus heureux. Et les dizaines de photos que sa mère a réussi à prendre finiront sans doute toutes sur les murs de sa chambre, et tant pis pour celles où il ferme les yeux : il voudra les exposer, c’est certain.
Sur la pelouse abîmée par les foulées et les plaquages des joueurs, Jake accepte un mensonge, qui fait sourire Christina. Dans le dos du petit, elle lève le pouce en l’air alors qu’elle mime un « merci » sur ses lèvres. De quoi lui faire avaler des légumes le soir même, pour tenter de compenser le hot dog qu’il s’est enfilé dans les gradins. Ricky, il est déjà entrain de courir partout et elle l’a bien vu, même s’il tente d’être discret, arracher quelques brins d’herbe pour les fourrer dans sa poche. Second souvenir de cette journée. Le lieutenant fait quelques pas, lève la tête pour regarder les gradins et tourne sur elle même. Dans l’immense stade, elle ne s’est jamais sentie aussi petite, dans ce grand terrain vide. « Ca doit être étrange » commence-t-elle avant de baisser la tête vers le joueur. « D’avoir tous ces gens qui vous regardent et qui vous acclament. C’est pas un peu pesant ? ». Elle qui aime la tranquillité, le calme et le silence, elle est bien heureuse que son métier ne la mette pas sous le feu des projecteurs. Le bruit, c’est quelque chose qu’elle fuit en général. Sauf dans les stades, où elle est prête à endurer pas mal de décibels pour crier à son tour son amour pour son équipe. « J’veux dire, même en dehors du stade, vous devez pas vraiment être tranquille ». Les Giants sont une grande équipe – encore plus grande aux yeux des Muñoz qui les mettrait volontiers en haut du classement sans même leur demander de faire leurs preuves – et si les américains ne sont pas tous fans de ce sport, elle pense savoir qu’une grande partie ont tout de même un minimum de culture à ce sujet. De quoi reconnaître les joueurs et leur rendre la vie impossible. « Je sais pas comment vous faites. Mais encore une fois, merci ». Elle va sûrement le remercier encore des dizaines de fois, avant qu’il ne se sépare. Et peut être même qu’après ça, elle lui enverra une carte de remerciements. Parce que ce qu’il offre à Ricky, c’est le plus beau des cadeaux. Et ce qu’il offre à sa mère, c’est le sourire de son enfant.
