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| Invité a posté ce message Ven 30 Aoû 2019 - 15:14 # |
| Il y a un proverbe, en Afrique du Sud, qui dit qu’il est dur d’être pauvre, mais qu’il est encore plus dur d’être seul. Yolanda n’était pas friande de proverbes, convaincue qu’il n’y avait pas besoin d’inventer l’eau chaude pour raconter ce genre de bêtises et que ce n’était au fond que quelques phrases bateau que l’on se répétait comme un mantra dans l’espoir de positiver, de faire avancer les choses. Mais pour la première fois de sa vie lorsqu’elle arriva à New York, elle décida de faire confiance à ces quelques mots sortis d’on ne sait quelle bouche ou notés dans un bouquin probablement tombé dans l’oubli : il lui fallait des contacts pour ne pas se noyer dans la Grosse Pomme, des gens sur qui compter, des débuts de liens à tisser afin de découvrir la ville et d’égayer son quotidien. En cherchant parmi les contacts de son téléphone avant le grand départ, elle s’était souvenue de cette femme, Jordan, qu’elle avait rencontrée lors d’un séjour en amoureux à Paris avec Sam, petit ami de l’époque et père d’Eliott. Elles n’avaient discutées qu’à quelques reprises depuis, par messages différés, mais Yolanda était convaincue qu’elle parviendrait à renouer contact et à s’assurer une arrivée en douceur à New York.
C’est ainsi que depuis près d’un mois et demi, elles sortent à raison d’une fois par semaine – plus si leur emploi du temps le leur permet – afin de permettre à la sud-africaine et à son fils de découvrir un peu plus la ville. Les expéditions n’ont pas toujours été très convaincantes, les différences de goûts et de moyens financiers entre les deux femmes étant énormes, mais Eliott appréciait toujours ces petits moments. C’est pourquoi Yolanda n’insistait généralement pas, se laissait porter par le mode de vie new yorkais même si elle s’en mordait les doigts en faisant l’état des comptes à la fin du mois. Aujourd’hui, c’est à Central Park que le trio décide de s’attaquer : les sud-africains avaient prévenus Jordan qu’ils la rejoindraient sur place, afin de ne pas abuser de son temps et de s’assurer qu’il n’y aurait pas de retards. Heureusement, Yolanda commençait à se faire aux métros labyrinthiques et à leurs changements, à la façon dont les gens se comportaient dans les rames et à la cohue qui se formait à chaque arrêt. Elle s’extirpa fièrement du tunnel à l’aide de l’escalator, son bout de chou dans les bras, avant de vivement se diriger vers Jordan.
- Salut, toi. J’espère que tu as prévue ton coup, parce qu’Eliott est persuadé qu’il pourra voir des girafes à Central Park.
Elle lui fit la bise, dût un peu insister pour que le petit fasse preuve de politesse et salue la femme à son tour, puis lui adressa un grand sourire.
- Blague à part, comment tu vas ? J’espère que ça t’embête pas qu’on te fasse sortir aujourd’hui. |
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