walk to home

Cette soirée-là, Kate devait normalement rester dormir chez des amis étant donné qu’ils devaient passer une nuit des plus enjouée mais une fois sur place, elle n’avait finalement pas trouvé l’ambiance à son goût. Certes il y avait de l’alcool mais pas vraiment de bons camarades avec qui rire.
Kate ne prenait jamais le volant, ou très rarement et même si elle n’avait pas le droit de consommer de l’alcool pendant encore quelques semaines, il était hors de question qu’elle monte à bord d’un véhicule aussi dangereux qu’une voiture, ce pourquoi elle marchait dans les sous terrains menant au métro, un écouteur enfoncé dans oreille dans une conversation palpitante avec une de ses amies, Sasha. « Quoi ? Non, il n’y avait absolument rien d’intéressant là-bas, je t’assure ils étaient vraiment chiant. Il n’est même pas vingt-trois heures et je vais rentrer chez moi. Oh et puis attends, hier matin je me suis faite réveiller par un connard qui tambourinait à la porte d’entrée, j’ai mes soupçons sur le coupable. » discutait Kate, en marchant en regardant vaguement devant elle.
Il était rare qu’elle porte des jupes et celle qu’elle avait mise ce soir était en jean, et couvrait le haut de ses cuisses, le haut rentré dans sa jupe assez près de son corps et sa paire de basket qu’elle ne quittait jamais. La jeune blonde tourna vaguement la tête pour regarder derrière elle, personne n’était là, elle pouvait donc continuer sa conversation. « La dernière fois que j’étais resté avec eux, je pouvais boire c’était sûrement ça qui m’avait fait tenir. » moqua t-elle en descendant les marches qui menait au quai, puis se tourna à nouveau, cette fois-ci un homme était derrière elle. « Y a quelqu’un derrière moi, oh je le sens que ça va être un gros lourd. » râla t-elle en s’empressant de rejoindre le quai essayant de ne pas regarder trop souvent dans son angle mort. « Il n’est pas moche à regarder, mais il doit avoir un truc comme trente, trente-cinq ans. » puis jetant un regard discret derrière elle. « Il arrive vers moi, arrête de raconter n’importe quoi il va me prendre pour une folle qui parle et rigole toute seule. » murmura t-elle en tenant son micro entre ses doigts, retenant un sourire à la suite d’un commentaire de son amie lui suggérant de lui faire un détail et un commentaire quant au fessier du dit ‘ gros lourd possible ‘. Kate osa le regarder un peu plus que quelques secondes mais non pour le commentaire tant attendu par Sasha « Je suis sûr que je le connais, il me dit quelque chose. » continua t-elle de murmura en se raclant la gorge en prenant garde de ne pas le faire de façon trop explicite. « Sasha, je pense que si j’avais couché avec un trentenaire je m’en souviendrais et surtout un comme lui, puis y’en a pas eu tant que ça ! » dit-elle en se tournant a l’exact opposé de l’homme pour éviter qu’on ne l’entende de trop, elle ne put cette fois-ci contenir un rire.

Kate savait très bien que même si elle tentait de ne pas scander sa conversation, elle n’était pas non à l’abri d’être entendu, cependant avoir l’audace d’intervenir sans y être inviter c’était bien quelque chose à laquelle elle n’était pas habituée et c’est pourquoi lorsque l’homme prit part volontairement à la conversation, qu’elle se tourna vers lui, s’arrêter de parler quelques secondes. « Je te rappelle Sasha. » dit-elle en souriant, puis retira son écouteur en coupant l’appel. Evidemment qu’elle avait quelque chose à répondre mais il ne lui en laissa pas l’occasion, pour une bonne raison : elle ne l’avait pas imaginé, elle le connaissait bien.
« Vous êtes celui qui passe son temps à regarder les mouches volées, oh désolée j’ai du mal à remettre les gens qui sont aussi modeste et aimable que vous. » dit-elle en lui rappelant premièrement qu’avoir une telle confiance en soi pouvait être dangereux mais d’autant plus, que la politesse n’était pas en option quand on s’adressait à Kate Rhodes.
« Je me serais souvenu de quoi au juste ? A quel point j’aurais perdu mon temps, ou à l’envie incontrôlable que j’aurais eu à rentrer vite chez moi à toute jambe ? Je suis sûr que vous allez pouvoir m’éclairer. » répondit-elle en croisant les bras, un sourire absolument agaçant et insolent sur son visage.
Ce soir, avait-elle donc trouvé à nouveau un adversaire avec qui elle pourrait se prendre le bec sur un quai de métro ? S’il ne se passait pas une semaine sans qu’elle fasse preuve d’insolence, d’agacement ou de témérité c’était une semaine ratée.
« Puis pour quelqu’un qui me rappelle une plante verte, je ne m’avancerais pas trop sur les conditions de rappel d’une soirée fictive où nous aurions couchés ensemble. C’est plutôt mauvais signe. » insista t-elle en grimaçant quelques peu comme pour appuyer le fait irritant qu’il ne serait pas assez énergique.
Jouer avec le feu était un passe-temps favori pour la jeune blonde, elle maitrisait cet art à la perfection et, même si on l’avertissait du possible danger de se brûler, elle ne prenait jamais feu. L’immunité dont elle faisait preuve jusqu’à présent l’avait toujours bien servi, à sa plus grande chance.

Elle haussa les épaules et roula des yeux quand il ironisa sur ses passe-temps, que pouvait-elle en avoir à faire de ce qui le passionnait ou non. Elle lui aurait bien dit le fond de sa pensée, mais au final il n’aurait rien eu de bien intéressant à répondre, enfin c’est ce que pensait Kate. Elle n’avait pas eu la réaction voulu, c’était ça ‘ la réponse intéressante ‘.
« Oh mais je vois qu’on affaire à un comique en plus. » dit-elle en marquant volontairement une pause pour se racler la gorge. «Un comique pas très perspicace ou qui s’amuse sciemment à l’être. Désolé j’ai pas pris avec moi mon bouquin pour pouvoir expliquer le sens de l’ironie et des sous-entendus, normalement j’en ai toujours un exemplaire sur moi, vu le nombre de personnes comme vous que je croise. » rétorqua t-elle en glissant un léger sourire en coin, se demandant bien quand est-ce que ce métro allait arriver mais au vu de l’heure, elle en avait encore pour un bon quart d’heure.
« Oh, mais si ça vous fait plaisir de le croire. Je pense pas être le genre à décevoir qui que ce soit, parce que je suis sûr que pour un mec comme vous, arriver à ses fins avec une seule femme ça doit pas être une mince affaire. »
Ce ton agaçant, cette manière d’avoir toujours réponse à tout, d’être désagréable et se permettre de juger un inconnu était le meilleur moyen de résumer Kate. Elle n’avait pas si facilement ployer le genou, hors de question de lui laisser cette satisfaction.
« Je paris que c’est votre truc de les trouver sur un quai de métro. » elle l’envoya en pleine figure, sans le moindre ton d’énervement mais plutôt de moquerie, d’amusement, de toute façon ça n’était qu’un jeu pour elle, un moyen de tuer le temps.

On ne pouvait pas retirer l’assurance éternelle de Kate, peu importe la situation elle avait toujours quelque chose à dire, à répondre pour vous taper encore plus sur le système, rien n’y ferait exception. Pour répondre sa réputation, elle s’apprêtait à répondre celle qu’elle avait sur le bout de la langue, pour lui faire part de son avis dont il devait surement se foutre, mais elle, elle ne pouvait s’en empêcher de lui déverser toute son ironie.
« C’est sur que ouvrir le livre plutôt que.. » elle fut aussitôt interrompu par l’arrivée d’un petit groupe d’hommes en uniforme, visiblement des agents de polices qui venaient vérifier que tout se passait bien même sous terre. Cependant, l’un d’eux connaissait que trop bien Kate, puisque la dernière fois qu’elle lui avait adressé la parole, elle avait été particulièrement insultante avec ce dernier. Immédiatement son attitude changea, et elle ne décrochait plus un mot, pourtant toujours à quelques mètres de son interlocuteur de la soirée, elle priait pour qu’il ne reconnaisse pas, mais comment pouvait-on oublier une jeune femme à l’attitude si désagréable ? De manière générale on se souvenait mieux des mauvais événements que des bons. ‘ Oh mais c’est notre comique de service. ‘ lança t-il en arrêtant ces collègues devant elle, Kate ne manqua pas de leur faire un sourire crispé. ‘ Ça fait un petit moment qu’on t’a pas vu.’ dit-il en regardant ensuite son petit sac qu’elle tenait ses doigts, sachant très bien pourquoi elle s’était faite arrêter la dernière fois. ‘ Tu nous montre l’intérieur de ton sac ? ‘ demanda t-il sans vraiment le demander, elle soupira longuement et étant en présence d’un individu devant lequel elle avait fièrement assurée qu’elle n’était pas du genre à se dégonflé elle ouvrit son sac et laissa donc l’agent regarder avec une lampe torche l’intérieur. ‘ Vous avez vos papiers ? ‘ demanda un autre, la jeune blonde soupira en roulant des yeux. « C’est de l’acharnement. » rétorqua t-elle en sortant son portefeuille pour leur montrer sa carte d’identité, dont l’agent se pressa de prendre. ‘ Ah, cette fois-ci c’est sa vraie carte, c’est bien la première fois que je la vois. ‘ dit-il, alors qu’elle n’essayait pas de perdre la face, mais cette situation ne la tirait pas à son avantage et l’agaçait plus qu’autre chose, pendant que l’autre agent prenait un malin plaisir à examiner sa carte sous toutes les coutures, pour finalement lui rendre au bout d’un temps. ‘ A la prochaine. ‘ lança t-il en regardant la jeune femme qui prit sa carte avec un sourire plus que narquois.

Il ne pouvait pas non plus comme Kate s’empêchait de faire des remarques, et elle ne se garda pas de l’imiter avec une grimace qui ne lui rendait pas grâce, ni à elle, ni pour l’inconnu au répondant un peu trop acerbe. Se contentant de croiser les bras, en le fusillant du regard, de toute évidence elle venait de se ridiculiser en public avec une attaque non programmé d’un policier qui venait sans doute exercer son pouvoir de manière que Kate comprenne qu’on ne la manquerait pas s’il la croisait.
« Oh, je peux être tellement impressionnante par moment, surtout quand je peux taper sur le système de celui qui se mêle un peu trop près de ce qui ne le regarde pas. » balanca t-elle, en entendant par la suite le bruit irritant des rails du métro qui arrivait. Elle se tourna vers l’horloge qui ne devait sûrement pas être à l’heure, les sourcils froncés, c’était donc décidé : elle allait devoir partager son métro avec lui. « C’est le moment de vous jeter dessous avant que je vous rende fou. » dit-elle à l’approche du métro sur le quai, lui souriant encore une fois le plus faussement du monde.
Kate monta dans le wagon qui se trouvait devant elle et, ne put s’empêcher de jeter un regard à l’homme avec qui elle allait bientôt partager une haine sans fin, ou au moins un agacement partagé. « Je peux aussi vous emmerder à distance, ça marche tout aussi bien. » dit-elle à voix haute, en cherchant une place des yeux où elle pourrait voir l’homme, et également se trouver à distance raisonnable de ce dernier.