walk of shame (pippa)

« Oh bah tiens un revenant ! » « Bah alors t’étais passé où Gabe ? J’ai du finir ton travail pour notre plus gros client, et surtout ne me remercie pas hein ! » Shhhh… il fait un signe presque suppliant à ses collègues informaticiens de baisser d’un ton. C’est dingue. Il n’y a donc aucun moyen de passer discrètement, sans se faire appeler de tous les côtés, histoire que tout le monde sache que oui, il est revenu. Revenu d’une honte qui l’a laissé mortifié dans sa chambre de colocation où il lui était impossible de réfléchir pour se remettre rapidement ou trouver une solution. Parce que ça ne lui ressemble pas de faire ça. Non ce n’était pas lui. Bon sang, mais qu’est ce qui lui a pris… Sur toute la population de la ville il a fallu que ça se passe avec elle. Sa patronne. Depuis qu’il est à New York, c’est de pire en pire. C’est comme si la Grosse Pomme lui envoyait tous les signaux possibles pour lui dire qu’il était foutu ici. C’est sans compter le fait qu’il est presque sûr d’avoir compris qu’elle allait se marier. Ou peut être l’est-elle déjà ? Il ne sait plus. Son cerveau part en vrille. Il ne comprend même plus la tournure des événements de ces derniers temps et il ne peut que se contenter d’encaisser.
Il s’avance tête baissée, évitant tous les regards au risque de croiser celui de sa patronne. Il marche droit, fonce quasiment jusqu'à son bureau et il a l’impression que le chemin est plus long que d’habitude, ça en devient infernal ce walk of shame. Il parvient tout de même à atteindre son bureau, laisse littéralement tomber ses affaires à terre et s'assit en un rien de temps avant de descendre son fauteuil au maximum, histoire que les fines cloisons ne daignent le faire disparaître de nouveau aux yeux de tous. Il laisse retomber sa tête sur le bureau, se fichant même de s’être cogner plutôt fort. Il le mérite de toute façon. Plus con que lui, il y a pas. Il se prend la tête entre ses mains, profitant de ce court moment de répit pour fermer les yeux et penser, mais il n’y a rien à faire. Gabriel, t’es dans de beaux draps.

@Philippa Gilmore

Mais quelle merde! Quelle merde avait encore faire Pippa. Elle avait toujours eu cette tendance à agir sur le moment et pour le moment ça lui avait bien servi, mais ça la menait aussi dans de beaux draps… et on ne saurait dire mieux cette fois. La panique l’avait envahi à l’arrivée de son mariage éminent, qui avait d’ailleurs eu lieu ce week-end. Elle avait menti dans ses propres vœux en promettant de ne jamais blesser Olivia, de lui être fidèle, alors que deux jours seulement auparavant elle était dans le lit de quelqu’un d’autre, d’un homme… d’un employé. Mais dans quel bordel elle s’était fichue.  Elle avait toujours bien aimé Gabriel, un bon employé, elle connaissait son secret, elle était sa couverture et avec les années ça l’avait menée à le côtoyer et elle avait découvert sous cette carapace d’introverti un jeune homme brillant et plein d’humour.

Mais de là à sauter dans son lit ? Elle ne savait pas trop comment ça s’était produit. Elle était nerveuse à l’idée de devenir stable, une folie d’un soir pour se rassurer peut-être ? Pippa cherchait peut-être à se prouver qu’elle n’arriverait pas à rester fidèle ? Peu importe, elle avait cédé à cette tentation et aujourd’hui, en ce lundi matin, elle trouvait l’arrivée au bureau bien difficile. La brune passait à travers les bureaux en veillant à dire bonjour à tout le monde et s’assurant qu’ils aient tous passer un bon week-end. Elle retontit dans le bureau de Gabe qui semblait tout aussi désespérée qu’elle. « Gabe… peut-tu passer à mon bureau s’il te plait ? » Elle ne savait même pas ce qu’elle dirait. Ils ne s’étaient rien dit après l’incident, elle était partie sans un mot, il avait l’air tout aussi sous le choc qu’elle. Franchement, elle ne savait pas comment elle sortirait de cette merde. Pippa s’assit à son bureau, déposa ses choses et se demanda bien ce qu’elle ferait avec tout ça.


@Gabriel Rhett-Duncan

Son coeur manque un bond lorsqu’il entend la voix de Pippa à quelques centimètres de lui. Il sursaute même alors qu’il est éveillé. C’est dingue comme il a l’impression qu’il fait quarante dans cette pièce tout à coup. Il regarde sa patronne repartir vers son bureau du coin de l’oeil, avant de regarder les tête qui dépassent des paravents, au cas ou des petits curieux seraient intrigués, peut être même au courant de ce qui s’était passé… Il ne manquerait plus que ça ! Il comme à virer parano, c’est pas bon signe. Il souffle longuement, comme un athlète qui tente de faire le vide, de se délaisser de tout stress avant le grand saut, d’être concentrer. Le jeune homme n’a aucune idée de ce que sa patronne peut bien vouloir lui dire. Il se doute de l’origine de cette discussion. Il aurait aimé éviter le sujet mais il faut bien se rendre à l’évidence qu’il savait tout de même qu’il ne pouvait pas y échapper bien longtemps.Il finit par se lever et avancer d’un pas lourd vers le bureau de la brune. C’est étrange comme ces murs ont l’air de se resserrer de lui, de l’oppresser. Il pousse difficilement la porte de son bureau avant de faire face à une jeune femme qui semble tout aussi dépassée que lui par les événements récents. Quelque part, ça le rassure. Il n’est pas fou de trouver cette situation… pour le moins déconcertante. « Tu voulais… me voir ? » Il va se faire virer, c’est peut être ça. Pour le coup, ce ne serait qu’une juste mesure, et un moindre mal pour ce qu’il a fait. Il tente de faire bonne figure bien que la honte le ronge de l’intérieur, tandis qu’il attend que Pippa amorce son explication avec une épée de Damoclès au dessus de sa tête.